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OSEE — OSIANDEH


ont été, au cours des siècles, leur sort commun, dont la menace toutefois ne les a pas empêchés de poursuivre leur œuvre jusqu’au bout.

A l’ensemble des vérités transmises par ses devanciers et qu’il rappelle en les marquant de son empreinte personnelle, Osée ne laisse pas que d’apporter sa part d'éléments nouveaux. Comme Amos avait été le prophète de la justice, Osée le sera de l’amour. La pensée qu’entre Jahvé et son peuple un lien a été contracté, analogue à celui du mariage, domine toute son œuvre et commande ses jugements sur l’attitude d’Israël envers un Dieu qui, dans le passé comme dans le présent, lui a prodigué les marques de son amour ; on sait à quel point cette pensée a été féconde dans la suite de l’histoire religieuse d’Israël. Si la nature profondément sensible et religieuse d’Osée laisse éclater parfois la violence de son indignation et de sa colère dans L’invective ou la menace, toujours, dans l'âme du prophète, comme un écho divin, c’est la bonté et l’amour qui triomphent. Non sans raison on a parlé à ce sujet de nature johannique : « Il y a dans sa façon (d’Osée) de décrire l’amour de Dieu, à la fois paternel, passionné et tendre, quelque chose de johannique. Rapprocher Osée du quatrième évangile et de la première épître de Jean, c’est peut-être la meilleure manière de faire comprendre la place et l’importance de ce prophète dans l’Ancienne Alliance. » L. Gautier, Introduction à l’Ancien Testament, 2e édit., p. 472.

Pour les commentateurs de l’ensemble des douze petits prophètes, voir la bibliographie des articles déjà parus dans le Dictionnaire de théologie catholique sur ces prophètes. On pourra y ajouter la 2e et 3e édition du commentaire de E. Sellin, Dos Zwôlfprophetenhuch, Leipzig, 1930.

Parmi les ouvrages spéciaux sur le livre d’Osée on peut mentionner les commentaires suivants : Simson, Der Prophet Hosea erklàrt und ùbersetzt, 1851 ; A. Wiinsche, Der Prophet Hosea ùbersetzt und erklàrt mit Benutzung der Targumin und der jiidischen Ausleger Raschi, Aben Esra und David Kimchi, Leipzig, 1868, c. 1-vn ; Schmoller, Die Proplieten Osea, Joël und Amos, Bielefeld et Leipzig, 1872 ; W. Nowack, Der Prophet Hosea erklàrt, Berlin, 1880 ; Ant. Scholz, Commentar zum Bûche des Propheten Hoseas, Wurzbourg, 1882 ; Guthe, Der Prophet Hosea, Fribourg, 1892-1922 ; T. K. Cheyne, Hosea with notes and introduction, Cambridge, 1899 ; W. R. Harper, .4 crilical and exegetical commeniarij on Amos and Hosea, Edimbourg, 1905 ; B. Kutal, Liber prophétise Hosea, Olmiitz, 1929.

Travaux. — Oort, Hozea, dans Theologisch Tijdschrifl, sxiv, 1890, p. 345-364, 480-505 ; J. P. Valeton, Amos en Hosea, Nimégue, 1894, traduction allemande par Echternacht, Giesen, 1898 ; O. Seesemann, Israël und Juda bei Amos und Hosea, Leipzig, 1898 ; S. Œtli, Amos und Hosea, dans Beitràge zur Fôrderung christlicher Théologie 1901 ; J. A. Bewer, Text crilical suggestions on Hosea, dans Journal o/ biblical lileralure, 1902, p. 108 sq. ; du même, Thestory o/ Hosea’s marriage, dans American journal oj semilic languages and literalures, 1906, p. 120 sq. ; Bohmer, Die Grundgedanken der Predigt Hoseas, dans Zeilsclirift fiir wissenschuftl. Théologie, t. xi.v, 1902, p. 1-24 ; Halévy, Le/i’we d’Osée, dans Revue sémitique, t. x, 1902, p. 1-12 ; 97-133 ; 193-212 ; 289-304 ; Millier, Textkrit. Sludien zum Bûche Hosea, dans Théolog. Studien und Kritiken, 1904, p. 124 ; K. Budde, Der Schluss des Hoseasbuches dans Toyfestschrift, 1912, p. 205 sq. ; Baumgartner, Kennen Amos und Hosea eine Heilseschatologie ? 1913 ; F. Pratorius, Bemerkungen zum Bûche Hosea, Berlin, 1918 ; du même, Neue Bemerkungen zu Hosea, Berlin, 1922 ; L. Desnoyers, J.e prophète Usée, dans Bulletin de littérature ecclésiastique, 1917, p. 97-118, 145-155 ; A. Heermann, Ehe und Kinder des Propheten Hoseas, dans Zeilschri/t fur die altleslamentliche Wissenschaft, 1922, p. 287-312 ; H. Schmidt, Die Ehe des Hosea, ibid, 1924, p. 245-272 ; K. Buddc, Der Abschnitt Hosea, 1-in, dans Theologische Sludien und Kritiken, 1925, p. 1-89 ; E. Sellin, Die geschichtliche Orienlierung der Prophétie des Hosea, dans Neue kirchliche Zeilschrifi, 1925, p. 607-608 ; Lindblom, Hosea lilerarisch unlersuchl, Abo, 1927. — A noter enfin les articles sur Osée parus dans les différentes encyclopédies : de Kaulen, dans WetzerWelte, Kirehenlexicon (1895) ; de Davidson, dans Hastings,

A dictionary <>/ the Bible (1899) ; de Smith et Marti, dans Cheyne, Encyklopsedia biblica (1899) ; de Volck, dans Haupt, Protest. Realencyklopædie (1900) ; de Fillion, dans Vigouroux, Dictionnaire de la Bible (1907).

A. Clamer.

    1. OSIANDER André##


OSIANDER André, le principal « réformateur » de Nuremberg. — I. Vie. II. La querelle osiandriste.

I. Vie.

André Osiander naquit le 19 décembre 1498, à Gunzenhausen (Rrandebourg). On a donné parfois son nom comme une transfiguration grecque d’un nom allemand, à la mode des humanistes. Mais Osiander affirme que son grand-père portait déjà le même nom.

Il étudia à Leipzig et Altenbourg, passa de là à l’université d’Ingolstadt (avant 1517) et y étudia l’hébreu sous Boschenstein. Il fut ordonné prêtre à Nuremberg, en 1520, et devint presque aussitôt professeur d’hébreu au couvent des augustins. La publication du texte de la Vulgate revue d’après l’hébreu et accompagnée de notes marginales, en 1522, le fit déjà connaître. Il fut nommé prédicateur de Saint-Laurent.

C'était le moment où, à la voix de Luther, la bourgeoisie des villes, encouragée par une partie du clergé, passait en masse à la « Réforme ». Osiander exerça une influence décisive, en ce sens, dans la cité. Dès 1522-1523, le nonce Chieregati, envoyé à la diète de Nuremberg, se plaint des prédicateurs de cette ville. Les chefs du mouvement étaient Georges Bessler, prévôt de Saint-Sebald, Hector Bôhmer, prévôt de Saint-Laurent, Wolfgang Volprecht prieur des augustins et surtout André Osiander. Sous leur impulsion, les fidèles réclamaient la communion sous les deux espèces. Les prévôts en référèrent au Conseil de la cité. Celui-ci s’adressa à l’Ordinaire, Weigand von Redwitz, évêque de Bamberg, qui repoussa la demande (1523). Mais l’année suivante, en dépit de la Diète présidée par Ferdinand d’Autriche, frère de Charles-Quint, en dépit du légat du pape, Laurent Campeggio, les augustins donnèrent la communion sous les deux espèces le jour de Pâques, à plus de 3.000 personnes, parmi lesquelles 30 à 40 seigneurs de la suite de Ferdinand. Osiander donna lui-même la communion sous les deux espèces à la reine Isabelle, sœur de l’empereur et femme de Christian de Danemark. Du haut de la chaire, il tonnait contre 1' « Antéchrist romain ». Il passait dès lors pour l’homme de toutes les audaces, instruit d’ailleurs et intelligent, mais pénétré de sa valeur, et facilement méprisant pour les autres. Tout en adoptant la doctrine de Luther, il ne se faisait pas faute de l’interpréter à sa manière. Esprit très hardi et très indépendant, il se fit très vite une place à part dans le mouvement luthérien, se fit craindre de tous et détester d’un grand nombre, même dans son parti. Il fut, avec Lazare Spengler, le promoteur de toutes les innovations doctrinales et rituelles qui aboutirent à la création d’une Église luthérienne à Nuremberg, faisant front, à l’exemple de Luther, à la fois contre les catholiques et contre les extrémistes de gauche, anabaptistes, ou même zwingliens. Comme Luther, il voulut sceller son changement religieux en contractant mariage (novembre 1525).

Osiander assista, en 1529, au Colloque de Marbourg. dont il a laissé une relation. Il y note en particulier que la discussion entre Luther et Œcolampade. sur les Pères et leur sentiment sur la présence réelle, fut prodigieusement fastidieuse. Dans les discussions entre protestants, sur la licéité d’une résistance à main armée aux ordres de l’empereur, il prit le parti opposé à celui de Luther (Congrès protestant de Nuremberg, 6 janvier 1530). Il était donc déjà partisan de la guerre ouverte contre les catholiques.