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OROSE — ORSI

nos premiers scolastiques apprennent l’histoire de l’antiquité, et l’Historia adversus paganos est une des premières œuvres vulgarisées par l’imprimerie. Les progrès de la science historique ont bien ébranlé son crédit ; il reste pourtant encore des littérateurs pour être sensibles aux qualités d’écrivain dont témoignent nombre de ses pages et des historiens-philosophes pour applaudir à plusieurs de ses idées.

N. B. — Une prétendue œuvre inédite d’Orose. — Zangemeister avait signalé, dès 1876, la présence dans les mss. duBritish Muséum, Add., 24 902, d’une Epistola Orosii presbt/teri ad Auyustinum episcopum de hæresibus. Le texte en a été publié récemment par J. Svennung, Studien zu Orosius, p. 188. C’est une énuméraîion fort sommaire (à peine une page de texte) d’un certain nombre d’hérésies réparties en diverses catégories : celles dont l’Église ne reconnaît pas le baptême ; celles dont les adhérents avant d’être rebaptisés doivent être astreints à un stage de douze ans parmi les catéchumènes : celles dont les adhérents sont réunis à l’Église catholique par la chrismation et l’imposition des mains ; les priscillianistes tonnent une catégorie spéciale, ce sont les plus exécrables de tous les hérétiques. Le contenu aussi bien que le style, qui est d’un barbare, s’opposent à l’attribution à Orose, mais on comprend que le Commonitorium de cet auteur ait attiré à soi cette médiocre pièce.

I. Textk.

1° Le Commoniiorium a partagé le sort des écrits de S. Augustin ; il a paru séparé dans Gallandi, Bibliotheca, t. ix, 1773, p. 174, d’où il passe dans P.L., t. xxxi, col. 1211-1216 (il figure aussi t. xlii, col. 665) ; édit. Schepss dans les Œuvres de Priscillien, Corpus de Vienne, t. xviii, 1889. — 2° Le Liber apologeticus a été publié d’abord par .1. Coster, avec l’épître de S. Jérôme à Ctésiphon, Louvain, 1558 ; puis par F. Fabricius, Cologne, 1574 ; A. Schott, dans la Bibliotheca Patrum de Mayence, t. xv, 1615, remarque le premier l’intercalation du texte augustinien De natura et gralia ; édition de S. Haverkamp, Leyde, 1738, puis 1767 ; de Gallandi et de Migne aux tomes cités ; édition critique de C. Zangemeister, Corpus de Vienne, t. v, 1882.

— 3° Les Historiæ ont paru à Augsbourg en 1471, par les soins de J. Schussler, il n’y en eut pas moins de 25 éditions jusqu’à la fin du xvir 8 siècle. On cite surtout celle de S. Haverkamp, Leyde, 1738, puis 1767, qui est passée dans Gallandi et Migne, aux tomes cités ; édit. critique de C. Zangemeister, Corpus de Vienne, t. v, 1882, et Bibl. Tcubncriana, Leipzig, 1889 (apporte quelques corrections). J. Svennung, Syntaklische, semasiologische und krilische Studien zu Orosius, Uppsala, 1922, fournit des corrections précieuses et des compléments au texte de Zangemeister. — La traduction anglo-saxonne a été publiée par J. Bosworth, Londres, 1859, et par H. Sweet, Londres, 1883, dans Earhj english text socieiy, n. 79 ; sur d’autres éditions, voir l’étude de H. Schilling mentionnée ci-dessous.

IL Travaux. — 1° Notices littéraires dans les divers manuels, dont les plus récents sont : O. Bardenhewer, Altkircbliche Lileratur, t. IV, 1922, p. 529-533 ; G. Kriiger, dans M. Schanz, Gesch. der rômischen Litteratur, t. iv b, 1920, § 1 191-1 193 ; R. Pichon, Histoire de la littérature latine, Paris, 1903, p. 913-920 (appréciation très favorable) ; P. de Labriolle, Histoire de la littérature latine chrétienne, Paris, 1920, p. 579-586 (un peu plus sévère).

Éludes.

Th. de Môrner, De Orosii vila ejusque

historiarum libris septem adversus paganos, Berlin, 1844 ; H. Sauvage, De Orosio, Paris, 1874 (thèse) ; J. A. Davids, De Orosio et S. Augustino priscillianistarum adversariis, thèse de Nimègue, La Haye, s. d. (1930). — Sur les sources d’Orose et particulièrement sur l’utilisation deTite-Live, voir la préface de l’édit. Zangemeister, p. xxv, et, du même auteur, Die Periochæ des Livius, Carlsruhe, 1882 ; l’état de la question relative aux divers épitomés de Tite-Live est sommairement indiqué dans Schanz, op. cit., t. n a, § 224. — Sur la version anglo-saxonne : H. Schilling, Kônig Ael/red’s angelsàclviische Bearbeitung der Weltchronik des Orosius, Halle, 1886 (dissert, inaugur.).

É. Amann.

ORPHÉE LE CHANCELIER (Cancellarius), frère mineur de l’observance de la province de Bologne, qui doit avoir vécu vers le début du xvie siècle. Prédicateur célèbre, il a écrit aussi un ouvrage remarquable sur la mode et sur les différentes manières dont les femmes se parent et s’ornent. Ce travail est intitulé : Tractatus utilissimus de ornatu mulierum, et dédié à la Sanctissimæ ac purissimæ virginum Virgini. Ce traité parut à Bologne en 1528. Il faut remarquer qu’Orphée le Chancelier est le même personnage que Wadding, Scriptores ordinis minorum, Borne, 1906, p. 87, appelle à tort Franciscus de Orpheis.

L. Wadding, Scriptores ordinis minorum, 2e édit., Rome, 1906, p. 87 ; J. H. Sbaralea, Supplementum ad scriptores trium ordinum S. Francisci, 2e édit., t. ii, Rome, 1921, p. 301 ; G. Fantuzzi, Notizie degli scrittori Bolognesi, t. iii, Bologne, 1783, p. 73-74.

A. Teetært.

ORSI (URSIUS) Joseph-Augustin, théologien dominicain et cardinal (1692-1761). (Chaudon, puis Hurter, Nomenclator… 3e édit., t. iv, col. 1505, lui donnent aussi comme prénom François. Selon le P. Faitot, contemporain d’Orsi, Catalogue manuscrit, t. i, p. 495, on lui aurait ajouté ce dernier prénom en se trompant sur le sens de la lettre F. dont Orsi faisait précéder son nom et qui signifie frère.)

J.-A. Orsi naquit à Florence le 9 mai 1692. Son père étant mort, il dut dès son enfance le remplacer comme chef de famille. Puis il fit ses études chez les jésuites et devint, à Pise, étudiant en droit. Au moment d’entrer au barreau, il hésita à prendre l’habit religieux chez les capucins. Il se décida à distribuer sa part d’héritage paternel à ses frères et sœurs et à devenir dominicain, dans la congrégation de Saint-Marc, au couvent de Fiesole, en 1709. Masetti, Monumentæt antitpiitates…, t. ii, p. 309. Il étudia d’abord les Pères de l’Église et surtout l’histoire ecclésiastique au point de ne plus dormir que trois heures par nuit. Il enseigna la philosophie puis la théologie au couvent de Saint-Marc de Florence. Devenu prieur de cette maison, il y reçut dans son ordre un futur érudit, depuis célèbre, M. —Th. Mamachi. Hurter, Nomenclator…, 3° édit., t. iv, col. 1505. Orsi avait d’abord la réputation d’un humaniste. Masetti, Monumenta…, t. ii, p. 310. Ses écrits le firent bientôt connaître comme théologien fort opposé à la morale des jésuites.

Le jésuite Charles-Antoine Cattaneo, mort en 1705, avait laissé des" Lezioni sacre qui furent réunies et publiées par son confrère Thomas Ceva, en trois volumes. Le premier volume contenait une leçon lxvi sur les restrictions mentales et sur le droit de mentir. Orsi attaqua cette leçon dans son premier ouvrage : Dissertazione dogmaticae morale conlro l’usu materiale délie parole in cui demostrasi colla tradizione de’Padri ed’altri anlichi scrittori che le parole, ne’casi eziando di grave, o estrema nécessita, non perdono per Legge délia Republica il valor del lor significato, opéra del P. L. F. Guiseppe Agostino Orsi… dell’ordine de pred… Dedicata alla santità di Nostro Signore P.P. Benedetto XIII del medesimo ordine, in-4°, Borne, 1727, xxm-236 p. Cattaneo avait soutenu qu’une personne interrogée sur un important secret par une autre personne n’ayant pas le droit de l’interroger, avait toute possibilité de répondre non, là même où la vérité pure est oui. A l’appui de cette thèse le jésuite avait établi une distinction entre l’usage matériel et l’usage formel du langage. Orsi objectait que c’était un pur mensonge de dire sciemment le faux pour le vrai, que c’était là une de ces restrictions mentales graves condamnées par le pape Innocent XI.

Le problème posé par Cattaneo et son adversaire