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facilement donné son assentiment à cette condamnation, vu qu’il n’ajoutait pas grande importance à la question origéniste. Ainsi, Origène et les origénistes ont été condamnés par les évêques réunis à Constantinople pour le Ve concile général, mais avant l’ouverture de celui-ci.

Cette solution étant admise, on comprend pourquoi les Actes du Ve concile ne contiennent aucun débat sur Origène et l’origénisme ; on voit aussi pourquoi les papes Vigile, Pelage II et Grégoire le Grand, pourquoi des contemporains du Ve concile, comme le prêtre Eustratius dans son oraison funèbre du patriarche "de Constantinople, comme Eutychius et Victor de Tununna dans sa Chronique, ne disent rien d’Origène, quand ils parlent des travaux du Ve concile général. D’autre part, comme la condamnation de l’origénisme qui nous occupe a été prononcée à Constantinople, par les évêques qui y étaient réunis pour la célébration du Ve concile, avec l’approbation du pape alors également présent dans la ville impériale, il n’est pas étonnant que Cyrille de Scythopolis et Évagre, un peu éloignés du théâtre des événements, aient attribué la condamnation d’Origène et de ses sectateurs au concile lui-même.

Cette solution de Diekamp cadre bien aussi avec la parole prononcée par Théodore Askidas, Mansi, t. ix, col. 384 (ci-dessus, col. 1580), que les évêques présents et le pape Vigile venaient de condamner Origène, ruine, c’est-à-dire maintenant, mais avant la constitution de l’assemblée en concile général ; elle est aussi corroborée par le fait que, dans sa lettre adressée aux Pères pour leur communiquer le mémoire de Conon, — lettre citée plus haut, — l’empereur ne leur parle pas comme à des membres d’un concile général ainsi qu’il le fait dans la lettre impériale du 5 mai concernant les T rois-Chapitres ; dans celle-ci, l’empereur considère les Pères réunis à Constantinople comme formant le Ve concile général. Voir cette lettre dans Mansi, t. ix, col. 581 sq. ; Diekamp, op. cit., p. 129 sq.

Nous concluons donc, avec Diekamp, que la condamnation qui frappa Origène et ses sectateurs en 553 est l'œuvre d’un concile particulier, dans l’espèce, de la crûvoSoç èvS^(jioùaa de Constantinople ; elle n’a donc pas d’autorité infaillible. L’approbation qu’elle a reçue du pape Vigile ne lui confère pas cette autorité, car nous ignorons si le pape avait bien l’intention d’obliger toute l'Église par son assentiment. Il ne semble pas non plus que les évêques qui n’assistaient pas au concile lui aient donné leur approbation, comme ce fut le cas pour la condamnation d’Origène au synode de Menas en 543. Cyrille de Scythopolis dit bien que les évêques de Palestine qui n’ont pas assisté au concile de 553 ont souscrit à la condamnation d’Origène et de ses sectateurs ; cela se comprend pour la Palestine, qui était le foyer de l’origénisme à cette époque, mais rien ne nous autorise à admettre qu’il en fut de même dans les autres pays d’alentour. Le canon Il du Ve concile, qui fulmine l’anathème contre Origène et ses écrits impies, est évidemment une sentence émanant d’un concile général ; mais il ne peut être considéré comme une approbation explicite et infaillible des quinze anathématismes cités plus haut. Il ne promulgue infailliblement que l’existence de doctrines hérétiques dans les écrits attribués à Origène. Sans doute, les Pères du Ve concile étaient persuadés qu’Origène avait été un hérétique formel, mais cela ne peut être l’objet d’une définition infaillible. « Le sens qu’avait en son esprit l'écrivain (condamné), lorsqu’il composait ses ouvrages, n’est pas le sens de l’auteur, formellement en tant que tel, et ne peut être soumis au jugement de l'Église. » Billot, De Ecclesia, Prato, 1911, p. 411. Le sens condamné de l’auteur est celui qui ressort du livre lui-même. Aussi faut-il rete nir, avec A. d’Alès, « que ni le Ve concile, ni ceux qui lui firent écho n’ont prétendu définir qu’Origène avait adhéré à ces doctrines avec un esprit hérétique. » Art. Origénisme, dans le Dictionnaire apologétique de la foi catholique, t. iii, col. 1239.

3° La (in des controverses origénistes. — Dans la Vila Sabæ, Cyrille de Scythopolis nous donne quelques détails sur la fin de l’agitation origéniste en Palestine. Après la clôture du concile de Constantinople, dit-il, l’empereur Justinien en envoya les Actes à Jérusalem. Le patriarche de Jérusalem, Eustochius, rassembla les évêques, qui les approuvèrent à l’exception de l'évêque Alexandre d’Abila, lequel pour ce motif fut déposé et périt peu de temps après dans un tremblement de 'terre.

Il ne peut s’agir ici que des procès-verbaux de l’action dirigée contre les origénistes et non des Actes proprements dits du Ve concile. C’est peut-être à cette occasion que l'évêque Théodore de Scythopolis envoya à Justinien et aux quatre patriarches sa rétractation des erreurs origénistes qu’il professait auparavant. Cet opuscule est intéressant, parce qu’il contient un petit exposé des erreurs origénistes en douze chapitres. Neuf de ces chapitres répètent les anathématismes formulés par Justinien dans la lettre à Menas ; les trois autres (iv, xi, xii) donnent une doctrine apparentée à celle des quinze anathématismes de 553. Diekamp estime que Théodore de Scythopolis a écrit cette rétractation en 552 pour pouvoir être admis au Ve concile. Voir Théodore de Scythopolis, Libellus de erroribus Origenis, P. G., t. lxxxvi, col. 232-23C ; Diekamp, op. cit., p. 125 sq.

Les moines origénistes ne furent pas si malléables. Pendant huit mois, le patriarche dépensa son éloquence pour amener ceux de la Nouvelle-Laure à résipiscence. Devant leur obstination, il en fut réduit à les faire expulser manu militari, non seulement de leur couvent, mais de tout le diocèse de Jérusalem. Le 21 février 555, soixante moines orthodoxes, dont l’un était Cyrille de Scythopolis, repeuplèrent la Nouvelle-Laure. Telle fut la fin de l’agitation origéniste en Palestine. Vita Sabæ, p. 375.

A partir de ce moment, Origène n’intéresse plus que les historiens et sa doctrine ne donne plus d’occasion de controverses.

Pour la première controverse origéniste : E. Cavallera, Saint Jérôme, sa vie et son œuvre, t. i, Paris, 1922, p. 193 sq. ; Ducliesne, Histoire ancienne de l’Eglise, t. iii, Paris, 1910, p. 38 sq.

Pour la deuxième controverse origéniste : Ducliesne, L'Église au VIe siècle, Paris, 1926, p. 156 sq. ; Diekamp, Die origenislische Slreiiigkeiten im V. Jahrhundert und dus fiinfle allgemeine Concil, Munster-en-W., 1899.

G. Fritz.

    1. ORLANDO Mathieu##


ORLANDO Mathieu, théologien, général des carmes chaussés et évêque de Cefalù (1C10-1695). — Né le 10 février 1610 à Carini, en Sicile, il fit profession religieuse au couvent des carmes chaussés de Palerme le 20 octobre 1628, étudia à Rome, où il prit le doctorat en théologie. En qualité de régent il enseigna la théologie à Naples d’abord, puis à Florence et enfin au collège de Sainte-Marie-Transpontine à Rome, où il résida le plus longtemps. Consulteur de la Propagande, il présida la commission pour la traduction de la Bible en langue arabe. Il eut le titre de provincial de Dalmatie et d’Irlande. Alexandre VII le nomma, en 1658, provincial de la province carmélitaine de Rome, avec la faculté de conserver sa charge de régent de Sainte-Marie-Transpontine. Le 7 avril

1659, le même pape le fit procureur général. Élu de nouveau provincial romain par le chapitre général de

1660, il remplit cette charge pendant cinq ans et fut enfin élu généra] par le chapitre du 12 juin 1666. Le