Page:Alfred Vacant - Dictionnaire de théologie catholique, 1908, Tome 11.2.djvu/224

Cette page n’a pas encore été corrigée
1581
1582
ORIGÉNISME. LE Ve CONCILE


droit de condamner Théodore de Mopsueste, qui avait été loué par de saints personnages. Pour les réfuter, le pape cite le cas d’Origène qui a été condamné par l'Église, bien qu’il ait lui aussi été loué par des hommes vénérés dans l'Église, tomme Eusèbe de Césarée, Grégoire de Nysse et Jérôme. La réponse du pape aurait été bien plus topique, s’il avait ajouté que le concile qui a condamné Théodore de Mopsueste a condamné aussi Origène : mais il n’en soufïle mot, ce qui paraît bien singulier. Voir la lettre de Pelage II dans Mansi, Concil., t. ix. surtout col. 452. — 3° Dans une lettre aux patriarches d’Orient, le pape saint Grégoire le Grand donne un aperçu des décisions des cinq premiers conciles généraux. Or, il n’attribue au Ve concile que la condamnation des Trois-Chapitres. Mansi, ibid., col. 1105. — 4° Dans son oraison funèbre du patriarche de Constantinople Eutychius, qui avait assisté au Ve concile, le prêtre Eustratius, ami du défunt patriarche, ne parle en fait de décision du concile, que de celle des Trois-Chapitres. Voir P. G., t. lxxxvi, col. 2296, 2305, 2309. — 5° Le chroniqueur latin Victor de Tununna ne connaît lui aussi, en fait de décision du Ve concile, que la condamnation des Trois-Chapitres. Voir édition de Mommsen, p. 203 et 205, et P. L., t. lxviii, col. 960.

Ces témoignages ont leur importance et nous verrons en quel sens ils sont acceptables ; mais il en est d’autres que nous devons examiner. Le chroniqueur byzantin Georges le Moine († 842) nous a conservé une « lettre de l’empereur Justinien au saint synode sur Origène ». P. G., t. ex, col. 780 sq. ; Mansi, Concil., t. ix. col. 533 sq. L’authenticité de cette lettre ne saurait être mise en doute ; elle porte la marque du style des autres écrits de Justinien à cette époque ; cf. Diekamp, op. cit., p. 67. Cette lettre, on va le voir, se rapporte aux quinze anathématismes contre Origène découverts dans un manuscrit de Vienne par Pierre Lambeck au xviie siècle, et qui porte le titre Tô>v àyîtov p£s' Trarspwv -rqç èv KcovaTavTivouTCÔXsi. àytaç né(17unr)ç a’jvôSou xavôvsç Ssy.areïVTe. Mansi, t. ix, col. 395 sq. Nous donnons ici la traduction française des quinze anathématismes de Hefele-Leclercq, légèrement corrigée, avec le texte de la lettre impériale en regard. Pour le texte grec, se référer de préférence à Diekamp, op. cit., p. 90 sq.

1-ettre de l’empereur Justinien au saint synode sur Origène et ses sectateurs.

Ce fut toujours notre désir, et ce l’est encore, de préserver la sainte et apostolique

Les 15 canons des 165 Pères du cinquième saint concile réuni à Constantinople.

c. 1. Quiconque croit à la fabuleuse préexistence des âmes et à la monstrueuse apoÉglise de Dieu de toute percatastase qui s’y rattache : turbalion, comme il convient, qu’il soit anathème. et de voir condamner tout ce qui peut se produire d’opposé à la foi orthodoxe.

Comme il nous est revenu qu'à Jérusalem certains moines professent et propagent les erreurs impies de Pytha- »

gore, de Platon et d’Origène, dit aussi Adamantius, nous estimons nécessaire qu’une enquête soit faite sur ces faits, afin d’empêcher qu’un grand nombre de chrétiens soit précipité dans la perdition totale par les erreurs païennes et manichéennes.

Nous ne voulons relever qu’un petit nombre de leurs pernicieuses erreurs. Ils disent donc que les esprits (vos :) existaient, n’ayant ni nombre, ni nom, detellesorte

c. 2. Quiconque dit : la création de tous les êtres raisonnables ne comprenait que des esprits (vôjç) sans corps et tout à fait immatériels, n’ayant ni nombre, ni nom,

qu’il y avait entre eux unité de telle sorte qu’il y avait

(évâç) par l’identité de substance (ovic’aç) et d'énergie (èvspYeiaç) de même que par leur union (évedcrei) avec le Dieu Logos et leur connaissance ("pcôcrei) de ce Logos ; mais qu’ayant pris dégoût (xôpov) de l’amour divin et de le contemplation (.Ôctopt’a) de Dieu, selon le degré de leur chute dan-, le mal, ils ont été revêtus de corps plus ou moins subtils ou grossiers (XeirTOU, sp£OTEpa f 7taj(VTîpa) et ont reçu des noms en partage ;

et que c’est de là que vient l’existence des puissances célestes ;

(ils disent aussi) que le soleil, la lune et les étoiles font aussi partie de l’unité (évàç) de ces êtres raisonnables et qu’ils ne sont devenus ce qu’ils sont que par suite de leur chute dans le mal.

(Les êtres raisonnables) dans lesquels l’amour divin s'était refroidi dans une mesure plus grande, ont été appelés âmes et enfermés dans des corps plus grossiers tels que les nôtres, tandis que ceux qui ont atteint le dernier degré du mal ont été enchaînés dans des corps froids et obscurs et sont devenus et s’appellent démons.

(ils disent aussi) que la catastase de l'âme est dérivée de la catastase des anges et que de celle de l'âme provient celle des démons et des hommes.

que de toute l’unité (Évâç) des êtres raisonnables, il n’y a qu’un seul esprit qui soit resté inébranlable dans l’amour divin et la contemplation divine, et cet esprit est devenu le Christ - roi et homme.

entre eux unité (Évâç) par l’identité <le substance (oûtn’aç), de force et d'énergie (èvepyEtaç), de mêmeque par leur union (évcàrTet) avec le Dieu Logos et leur connaissance (y'/o’kjcO de ce même Logos ; mais qu’ayant pris dégoût (y.opov) de la contemplation (6s(i>pî'a) divine, ils sont tombés dans le mal, et selon le degré de leur chu le ils ont reçu des corps plus ou moins.subtils ou grossiers (/ î-ToaîpirrTcpa : r { wxyy- : EÇ, ot.) et des noms en partage, car dans les puissances supérieures il y a une différence des noms de même que des corps ; et que c’est pour cette raison que les uns sont devenus et ont été nommés chérubins, les autres séraphins et archanges et puissances et dominations et trônes et anges et tout autre ordre d'êtres célestes autant qu’il en existe : qu’il soit anathème.

c. 3. Quiconque dit que le soleil, la lune et les étoiles font aussi partie de l’unité (Évâç) de ces êtres raisonnables, et qu’ils ne sont devenus ce qu’ils sont que par suite de leur chute dans le mal : qu’il soit anathème.

c. 4. Quiconque dit que les êtres raisonnables dans lesquels l’amour divin s'était refroidi, ont été enchaînés dans des corps grossiers tels que les nôtres, et ont été appelés hommes, tandis que ceux qui ont atteint le dernier degré du mal ont été enchaînés dans des corps froids et obscurs et sont devenus et s’appellent démons ou esprits mauvais : qu’il soit anathème.

c. 5. Quiconque dit : la catastase de l'âme dérive de la catastase des anges et archanges, de celle de l'âme dérive la catastase humaine et démoniaque ; que la catastase humaine peut produire des anges et des démons et que chaque classe de forces célestes se compose entièrement d'êtres d’en haut (du ciel) ou d'êtres d’en bas (de la terre ou des enfers), ou d'êtres d’en haut et d’en bas : qu’il soit anathème.

c. 6. Quiconque dit : il y a deux espèces de démons, dont l’une comprend des âmes humaines, l’autre des esprits supérieurs déchus ; et, de toute l’unité (évâç) des êtres raisonnables, il n’y a qu’un esprit qui soit resté inébranlable dans l’amour divin et dans la contemplation divine, et cet esprit est devenu le Christ et le roi de tous les êtres raisonnables, et il a créé toute la nature corporelle, le ciel, la terre et ce qui est entre le ciel et la terre ; et le monde contient des éléments plus anciens que lui qui sub-