Page:Alfred Vacant - Dictionnaire de théologie catholique, 1908, Tome 11.2.djvu/211

Cette page n’a pas encore été corrigée

1555

    1. ORIGÈNE##


ORIGÈNE. LES SACREMENTS

1556

! a plénitude harmonieuse des dogmes communs à

l’Ancien et au Nouveau Testament. In Joart., n.

Le baptême.


On entre dans l'Église par le baptême qui remet tous les péchés, In Joan., tr. xxxvi, éd. Preuschen, p. 5Il et, comme les petits enfants euxmêmes sont pécheurs, l'Église leur administre ce sacrement, selon qu’elle en a reçu la tradition des apôtres. In Rom., v, 9 ; In Luc, hom. xiv ; In Levit., hom. viii, 3. Le martyre est un baptême de sang, qui peut suppléer au baptême d’eau, qui même lui est supérieur, Exhort., 30, 34, 50, si bien que celui qui a rendu au Seigneur le témoignage suprême est digne d’entrer immédiatement dans le royaume des cieux.

La pénitence.


Il peut arriver cependant que le baptisé retombe dans le. péché. Lui reste-t-il, pour guérir, des remèdes efficaces, ou bien est-il conriamné sans rémission ? Origène sait que plusieurs moyens de salut sont à sa disposition : le martyre, l’aumône, le pardon des injures, le zèle pour la conversion des pécheurs, l’amour de Dieu et enfin la pénitence. In Levit., hom. ii, 4, P. G., t.xii, 417-419. Ce dernier mode de salut doit être étudié soigneusement.

Les chefs des Églises ont reçu de Dieu le pouvoir de lier et de délier, de remettre et de retenir les péchés. In Jud., hom. ii, 5, P. G., t.xii, col. 961 ; In Matth., xii, 14, P. G., t. xiii, col. 1012-1013. Les pécheurs doivent donc s’adresser à eux pour obtenir le pardon de leurs fautes : qu’ils ne rougissent pas de confesser leurs péchés aux prêtres du Seigneur et de chercher auprès d’eux la guérison. In Levit., hom. ii, 4. Ce n’est que lorsque les ministres et les prêtres de l'Église connaissent les péchés du peuple qu’ils peuvent, à l’exemple du Maître, accorder au peuple la rémission des péchés. In Levit., hom. v, 3, P. G., t.xii, col. 451.

La confession se fait d’abord en secret, et, semblet-il, ce n’est pas nécessairement l'évêque qui la reçoit ; dans une homélie sur le psaume xxxvii, Origène s’exprime ainsi :

Quoniam iniquitatem meam pronuntio. Pronuntiationem iniquitatis, id est confessionem peccati frequentius diximus. Vide ergo quid edocet nos Scriptura divina, quia oportet peccatum non celare intrinsecus…Tantumniodo circunispice diligentius cui debeas confiteri peccatum tuum. Proba prius niedicum, cui debeas causam languoris exponere, quia sciât infirmari cum infirmante, flerecum fiente, qui condolendi et compatiendi noverit disciplinam, ut ita demum, si quid ille dixerit, qui se prius et eruditum niedicum ostenderit et misericordem, si quid consilii dederit, facias et tequaris, si intellexerit et prarviderit taleni esse languorem cuum qui in conventu totius Ecclesiæ exponi debeat et jurari ex quo fortassis et ceteri sedificari poterunt et tu ipse sanari, multa hoc deliberatione, et satis perito medici llius consilio procurandum est. In Psalm. XXXV11, liom.n, 6, P. G., t.xii, col. 1386.

Il semble qu’il y ait ici l’indication d’un double aveu, l’un privé, que le pécheur fait à un prêtre de son choix, l’autre, public, qui est déterminé en vertu d’un accord entre le confesseur et son pénitent, et qui fait partie de l’administration de la pénitence.

La pénitence elle-même est dure et laborieuse :

Est adhuc et septima, licet dura et laboriosa per pasnitentiam remissio peccatorum, cum lavât peccator in Iacrimis stratum suum et fiunt ei lacrirna ; sua ? panes die ac nocte, cum non erubescit sacerdoti Domini indicare peccatum et quærere medicinam… Si autem in amaritudine fletus tui fueris luctu, lacrimis et lamentatione confectus, si carnem tuani maceraveris et jejuniis ac multa abstinentia aridam feceris et dixeris quia sicut frixorium confrixa sunt ossa mea, tune sacrificium similam a sartagine vel a craticula obtuleris. In Levit., hom. ii, 4.

Mais elle est toujours efficace. Origène distingue deux sortes de fautes. Les fautes, même graves, peuvent être pardonnées, semble-t-il, autant de fois que l’on recourt au ministère sacerdotal. Les crimes énormes, sans doute l’adultèie, l’homicide et l’idolâtrie, ne sont remis qu’une seule fois. Les textes d’ailleurs ne sont pas toujours aussi clairs qu’on pourrait le désirer ; nous lisons dans l’homélie xv, 2, sur le Lévitique :

Sed quoniam accidere solet ut etiam qui bene aadificaverit et domum sibi cælestem bene agendo et bene vivendo ac recte credendo construxerit, incurrat alicujus peccati debitum et hanc a crudelissimo fœneratore venumdare cogatur ac labores suos transfundere in alium, pietas et clementia Iegislatoris occurrit ut intra certum tempus redimi possit. Si tamen invenerit, inquit, manus tua pretium quod restituas. Quale pretium ? Pænitentiæ sine dubio lacrimis congregatum et manibus, id est labore boni operis inventum… Istas ergo donios, si forte aliquis… lapsus acciderit, semper est recuperandi facultas, ut verbi gratia dicamus, si nos aliqua culpa mortalis invenerit, quæ non in crimine mortali non in blasphemia fidei, quae muro ecclesiastici et apostolici dogmatis vincta est, sed vel in sermonis vel in morum vitio consistât, hoc est vendidisse domum, quæ in agro est, vel in vico cui murus non est. Hæc ergo venditio et hujusmodi culpa semper reparari potest, nec aliquando tibi interdicitur de commissis hujusmodi pænitudinem gerere. In gravioribus enim criminibus semel tantum pænitentiæ conceditur locus ; ista vero communia, quæ fréquenter incurrimus, semper pænitentiam recipiunt et sine intermissione redimuntur.

Est-ce absolument r la même doctrine qui est enseignée, In Levit., hom. xi, 2, col. 534 :

Quod et si aliquis est, qui forte præventus est in hujuscemodi peccatis, admonitus nunc verbo Dei ad auxilium confugiat pænitentiæ ut, si semel admisit, secundo non faciat, aut, si et secundo jam aut etiam tertio præventus est, ultra non addat. Est enim apud judicem justum peenae moderatio, non solum pro qualitate, verum etiam pro quantitate.

On peut se demander si, en ce dernier texte, la pénitence ne semble pas accordée deux ou trois fois pour les fautes, qui, d’après le passage précédemment cité, ne pouvaient être remises qu’une seule fois.

Dans la plupart des passages relatifs à la pénitence, Origène paraît déclarer que tous les péchés sont susceptibles de pardon : In Levit., hom. ix, 8 ; In Psalm. xxxvi, hom. i, 5 ; hom. ii, 1 ; In Jerem., hom. xxi, 12 ; In Exod., hom. vi, 9, etc. ; P. G., t.xii, col. 520-521, 1328, 1330 ; t. xiii, col. 541 ; t.xii, col. 338, etc. Notons seulement Contra Cels., III, 71 : « Ceux qui condamnent énergiquement leurs propres fautes, qui se désolent et gémissent en proie à une sorte de désespoir et se convertissent réellement, Dieu les admet en considération de leur pénitence, lors même qu’ils se convertissent de la vie la plus criminelle. »

N’y a-t-il pas cependant des péchés tellement graves qu’ils sont irrémissibles ? Dans les commentaires sur saint Mathieu, on lit au sujet du reniement de saint Pierre que cette faute était pardonnable, parce qu’elle a été commise avant le chant du coq, c’est-à-dire avant l’aurore du Nouveau Testament. Mais de la part du chrétien, pour qui s’est levé le soleil de justice, le reniement serait sans excuse, parce qu’il se produirait en pleine lumière. In Matth. comment, ser., 114, P. G., t. xiii, col. 1763. Dans le commentaire sur saint Jean, on lit également qu’il y a une grande différence entre les péchés commis avant l’effusion du Saint-Esprit et les péchés commis depuis cette effusion : aux premiers, Origène appliquerait volontiers la parole évangélique : Tout péché et tout blasphème sera remis aux fils des hommes, mais aux seconds il appliquerait la menace qui suit : quant au blasphème de l’Esprit, il ne lui sera pas remis, In Joan., xxviii, 15, P. G., t. xiv, col. 713. En de nombreux passages de ses œuvres, Origène parle de même de fautes incurables : De orat., 28 ; In Joan., xix, 13, etc.

Particulièrement controversé est un texte du De orat., 28, P. G., t. xi, col. 528-529 : * Celui qui est inspiré par Jésus, comme les apôtres, et qu’on peut