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ORIGÈNE. ANTHROPOLOGIE

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negligenliie et stultitiæ jumentum posse fieri, et pro dolore pcenarum et ignis ardore magis eligere ut brutum animal sit et in aquis habitet ac fluctibus et corpus adsumere hujus vel illius pecoris, ut nobis non solum quacirupedum, sed et piscium corporasinl limenda. Et ad extremum ne leneretur Pythagorici dogmatis reus, qui asserit | J i£T£ l u^i>x coaLV > P osl tam nefandam disputalionem qua lectoris animum uulneravit : Hsec, inquit, juxta nostram sententiam, non sint dogmata, sed quæsita lantum alque projecta, ne penilus intractata viderentur. Epist., cxxiv, 4, P. L., t. xxii, col. 1063. La traduction de Rufm semble ici très abrégée car nous n’y trouvons rien qui corresponde à ce sermo latissimus dont parle saint Jérôme ; mais il nous est difficile d’avoir pleine confiance dans les résumés de saint Jérôme. Celui-ci ne traduit pas textuellement ; il se contente de dire ce qu’il croit trouver dans le texte d’Origène, et il y trouve surtout une discussion, dispulalio, l’examen d’une hypothèse, dont Origène conclut qu’il ne saurait en affirmer la valeur. Telle semble en effet avoir été la position du docteur alexandrin. Son esprit aiguisé le portait naturellement à multiplier les hypothèses, à rappeler les essais qui avaient été faits avant lui, à proposer des thèmes de discussion : souvent, il terminait sans conclure et laissait à son lecteur de soin de décider. C’est ce qu’il faisait en ce passage du De principiis : nous trouvons dans ses œuvres assez de condamnations de la métempsycose pour être assurés qu’il n’a jamais dû en accepter l’idée. Contra Cels., V, 29 ; In Matth., XIII. 1.

Il est vrai que ces condamnations restent purement négatives. Comme le fait remarquer J. Denis, « Si les esprits peuvent tomber, de ce corps de lumière et de gloire qu’ils avaient reçu avec la perfection originelle, dans ce corps de péché et de mort, qui est celui des hommes, à cause de leurs fautes dans une vie antérieure, on ne voit pas pourquoi ils ne descendraient pas plus bas. Car plus d’un homme sort de cette vie pire qu’il n’y était entré. Pourquoi doncce qui est devenu le corps d’un homme, après avoir été celui d’un ange ou de quelque être supérieur aux anges, ne pourrait-il pas devenir celui d’un animal ou d’une plante ? » J. Denis, De la philosophie d’Origène, p. 195-196. Il y a là une véritable difficulté, à laquelle n’est apportée aucune solution satisfaisante.

A la création du monde et aux problèmes que pose la création ne se borne pas la cosmologie origéniste. Après avoir expliqué comment le monde est éternel, bien qu’il y ait eu, et qu’il doive y avoir, une infinité de mondes, Origène explique comment tous ces mondes se succèdent les uns aux autres. Nous retrouverons plus loin ses idées sur le renouvellement des choses en étudiant son eschatologie. Restons pour l’instant dans le monde actuel, et essayons de pénétrer les opinions du maître relativement à l’homme.

VI. Anthropologie. —

L’homme, nous venons de le voir, est essentiellement un esprit déchu de son ancienne splendeur. Les âmes ne sont que des esprits refroidis. Sans doute Origène se demande quelque part si l'âme naît ex traduce, ou si elle a une autre origine. In Tit. comment., dans Apol., ix, P. G., t. xvii, col. 604 ; et il écrit encore : « Quant à l'âme, si elle est transmise par le moyen de la semence, comme si sa substance était insérée dans la semence corporelle elle-même, ou si elle a une autre origine et si son principe est engendré ou inengendré, ou du moins si elle est introduite du dehors dans le corps, c’est ce que la prédication ecclésiastique ne définit pas nettement. » De princ, I, prooem., 5. En fait, il ne s’arrête pas à discuter cette question.

Et lorsqu’il dresse la liste des problèmes qui peuvent se poser au sujet de l'âme, on voit bien que la psychologie expérimentale, ainsi que nous dirions aujourd’hui, n’a pour lui aucun intérêt. « On doit se demander, écrit-il, quelle est la substance de l'âme. Est-elle corporelle ou incorporelle ? est-elle simple ou composée de deux, de trois parties ou davantage ? Sa substance, comme quelques-uns le veulent, estelle renfermée dans la semence corporelle, et son commencement est-il contemporain de celui du corps ? Ou bien, parfaite et venant du dehors, se revêt-elle du corps lorsqu’il est préparé et déjà tout formé dans les entrailles de la femme ? Et, dans ce cas, entret-elle dans le corps au moment où elle vient d'être créée, et ne l’a-t-elle été que lorsque le corps paraissait déjà formé, de sorte que la raison de sa création paraisse être la nécessité d’animer un corps ? Ou bien, créée auparavant et dès longtemps, doit-on penser qu’elle descende pour quelque raison dans le corps, et s’il y a une raison qui l’y fait descendre, quelle est-elle ? On cherche, de plus, si elle revêt le corps une seule fois et si elle n’en a plus besoin dès qu’elle l’a quitté, ou bien si, après l’avoir quitté, elle le reprend de nouveau, si ensuite elle le conserve toujours, ou si elle le quitte un jour derechef. Et puisque, selon l’autorité des Écritures, il doit y avoir une fin du monde et que cet état corruptible doit se changer en un état incorruptible, on ne peut mettre en question si l'âme peut reprendre un corps une seconde ou une troisième fois dans la condition de la vie présente. Car, si l’on admettait cette supposition, il suivrait nécessairement que, grâce à ces migrations successives de l'âme, le monde ne connaîtrait pas de fin. De plus la connaissance de l'âme demande que l’on s’enquière s’il y a quelques espèces d'êtres ou quelques esprits de même substance qu’elle et d’autres d’une substance différente, je veux dire s’il y a des esprits raisonnables comme elle et des esprits privés de raison ; si elle est de la même substance que les anges, puisqu’on croit que le rationnel ne diffère aucunement du rationnel, ou bien si elle n’est point telle substantiellement, mais doit le devenir par la grâce au cas qu’elle mérite, ou bien si il est absolument impossible qu’elle devienne semblable aux anges, à moins que la qualité de sa nature ne le comporte. Car il paraît que ce qu’elle a perdu peut lui être rendu, et non que ce que le Créateur ne lui avait pas donné dès le commencement puisse lui être conféré. L'âme doit encore, pour se connaître elle-même, rechercher si ce qui fait sa vertu peut s’ajouter à elle et s’en retirer, si cette vertu est immuable et non accidentelle, ou bien si une fois acquise elle ne peut plus se perdre. » In Cant. cantic. il, édit. Bærhens, p. 146-147 ; cf. In Joan., vi, 7.

Ce texte devait être cité en entier pour faire bien comprendre de quelle manière Origène envisage les problèmes relatifs à l'âme. Son esprit, porté aux spéculations métaphysiques, ne s’intéresse guère aux questions que pose la vie quotidienne ; il veut plutôt connaître l’origine et la destinée de l'âme que l’exercice de ses facultés. D’ailleurs, lorsqu’il n’envisage que l’homme, comme il le fait ici, il semble laisse 7 tomber un certain nombre des solutions audacieuses, auxquelles il s’arrêtait volontiers au cours de ses recherches sur l’univers. Son horizon est plus restreint, si bien que certaines de ses interrogations nous étonnent, celle par exemple qu’il pose sur l’origine de l'âme.

L’homme, suivant Origène, se compose d’un corps et d’une âme. De princ, I, i, 6 ; Contra Cels., VI, 63 ; VII, 24 ; VIII, 23. Sans doute, en quelques passages, Origène dit bien que l’homme est constitué d’un corps, d’une âme et d’un esprit. De princ, IV, ii, 4 (11) ; In Matth., xvii, 27 ; In Joan., xxxii, 2 ; In Levit., nom. ii, 2. Mais cette seconde division, qui lui est en quelque sorte imposée par quelques passages de l'Écriture, ne joue aucun rôle dans son enseigne-