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    1. ORIGÈNE##


ORIGÈNE. DIEU, LA TRINITÉ

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col. 128 ; cf. In Joan., vi, 17, col. 257 ; In Isai., honi. iv, 1 : Non iis sufflcit semel clamare sanctus neque bis ; sed perfeclum numcrum Trinilalis assumant, ut multitudinem sanctitalis manifestent Dei, quæ est trinse sanctilatis repetita communitas, sanctitas Palris, sanctitas unigeniti Filii et Spirilus Sancti. Cf. aussi De princ, I, iii, 2 ; vi, 2 ; IV, iv, 1 ete : Si plusieurs des textes où il est question de la Trinité ne sont conservés que dans la traduction latine et ont pu être retouchés ou même ajoutés par Ru fin, il reste assez de passages certainement authentiques dans lesquels Origène affirme sa foi à la Trinité pour que nous ne puissions en mettre en doute la réalité.

Les trois personnes divines sont réellement distinctes l’une de l’autre. Origène avait connu le monarchianisme sous ses différentes formes : il ne cessa jamais de le combattre. Il y a des gens, dit-il, qui regardent le Père et le Fils, comme n'étant pas distincts numériquement (àp10u.cp), mais comme étant un, è'v, où [xôvov oùaîa, àXXà xal ûîrox£iu, éva>, et comme différent seulement xarâ xivaç ÈTUvolaç, où xarà U7TÔoiotaw. In Joan., x, 21, P. G., t. xiv, col. 376. « Ils crient sans cesse : Mon cœur a proféré une bonne parole, comme si le Fils de Dieu était une simple manifestation du Père consistant en syllabes, ol6u.evoi Tcpotpopàv 7raTptXY)V olovei èv auXXaêaîç X£t, (j.év7)v. Si on les interrogeait exactement, on verrait qu’ils n’accordent pas au Fils d’hypostase, qu’ils n'éclairent en rien son essence ; je ne dis pas qu’ils n’expliquent pas qu’il est tel ou tel, qu’il a telle ou telle essence, mais ils n’expliquent pas son essence en quelque manière que ce soit. Il est facile, même au premier venu, d’entendre ce qu’est le Verbe proféré ; mais qu’ils nous disent donc si ce Verbe-là vit par lui-même, qu’ils nous disent ou bien qu’il n’est pas séparé de son Père et n’est point Fils, n’ayant pas d'être propre, ou bien qu’il est séparé, qu’il a une essence et qu’ainsi le Verbe est Dieu. » In Joan., i, 23, P. G., t. xiv, col. 65.

Ailleurs encore, Origène précise que Exspoç xaO' Ù7roxsî[i.evov eo-tiv ô Ylôç toù LTaTp6ç, De oral., 15 ; que le Père et le Fils ôvxa Sùo xfj ùnoaT&Gzi. 7rpày[i.aTcx, sv Se TÎj ôu, ovola xal Tyj au[i.<pwv[a xai iji toujtott]titou PouXr, u.a-roç. Contra Cels., VIII, 12. Il y a ici des expressions qui ne souffrent aucune équivoque, et nous aurons tout à l’heure l’occasion de relever d’autres formules encore, où Origène affirme nettement la distinction réelle du Père et du Fils.

Le Verbe, ainsi distinct du Père, n’est pas créé, mais engendré de toute éternité : « Au regard des hommes qui, avant la venue du Christ, n'étaient pas capables de recevoir le Fils de Dieu, le Verbe devient, ô Aôyoç ylyvExai ; mais, au regard de Dieu, il ne devient pas, comme si, auparavant, il n’avait pas été auprès de Dieu. Mais, parce qu’il a toujours été avec le Père, le texte de l’apôtre porte : « et le Verbe était auprès de Dieu ». Car il n’est pas devenu en Dieu, où yàp èyévsTO Trpoç tôv ©e6v : le mot rjv, était, marque qu’il existait dans le principe étant en Dieu, sans jamais être séparé du principe, sans jamais quitter le Père, oûte tyjç àp/^Ç xcopi^6[izvoç, oûte toû Ilarpôi ; à710), £iTr6|i.£voç. Le Fils n’a point p ; issé du non-être dans le principe à l'être dans le principe, du non-être en Dieu à l'être en Dieu, xal 7râXiv oûte inb toû u.7) Eivoa èv ipxjl yi.v6u.evoc Èv àpyfj, oûte ànb toû (X7) Tuy^âveiv repôç t6v Qeov èni t£> 7rp6ç tôv 0e6v elvai yw6|i.£voç. Mais, avant tous les temps et tous les siècles, le Verbe était dans le principe, et le Verbe était Dieu. » In Joan., ii, 1, P. G., t. xiv, col. 108-109.

De même, ailleurs, Origène dit encore : « Dieu n’a pas commencé d'être père à la façon des hommes, auxquels la nature interdit de devenir pères, avant un certain temps. Car si Dieu est parfait, s’il a le pouvoir d'être père et s’il lui est bon d'être appelé le Père d’un tel Fils, quel motif aurait-il de différer et de se priver de ce bien ? Pourquoi ne serait-il pas père aussitôt qu’il le peut ? » In Gen. fragm., dans Eusèbe, Contra Marcel., i, iv, 22 ; cf. Pamphile, Apol., 3.

Comment s’accomplit cette éternelle génération ? Origène déclare que le Fils n’est pas une partie de la substance du Père : celui-ci n’a pas détaché de lui son Fils en l’engendrant, car le Fils n’est pas une prolation. Il est une image, un reflet de sa lumière, et comme la lumière ne cesse pas de resplendir, Dieu ne cesse pas de produire son Verbe, si bien qu’il n’y a jamais eu de temps où celui-ci n’existait pas : Non enim dicimus, sicut hærelici putanl, parlent aliquam subslanliæ Dei in Filium versam aut ex nullis subslanlibus Filium procreatum a Paire, id est extra subslanliam suam, ut fuerit aliquando quando non fuerit ; sed, abscisso omni sensu corporeo, ex invisibili et incorporeo Deo Verbum et Sapienliam genilam dicimus absque ulla corporali passione, velut si voluntas procédaie mente… Sicut ergo nunquam lux sine splendore esse poluit ita nec Filius quidem sine Pâtre intelligi potest, qui et figura expressa subslanliæ ejus et Verbum et Sapientia dicitur. Quomodo ergo potes t dici quia fuit aliquando quando non fuerit filius ? Nihil enim aliud est nisi dicere quia fuit aliquando quando veritas non erat, quando sapientia non eral, quando vila non erat, cum in his omnibus perfecte Dei Palris subslanlia censeatur. De princ., IV, iv, i (28). Cf. De princ, I, ii, 6, P. G., t. xi, col. 135. Il est à remarquer que le texte du 1. IV que nous venons de citer nous est parvenu en partie dans le grec original, grâce à saint Athanase, De décret. Nicœnæ synodi, 27, P. G., t. xxv, col. 465 ; nous sommes assurés de la sorte que Rufln n’a pas trahi la pensée de l’auteur.

Faut-il alors déclarer que le Fils de Dieu, le Verbe, est consubstantiel au Père ? Origène déclare que le Fils est inséparable du Père, quoique distinct de lui, qu’il est Fils par participation à son essence, non par adoption et par grâce, où xocrà uxTOUstav, àXXà xa-r' oùalav Èaxl Qeôç. Selecla in Psalm., hom. xiii, 131. Le terme ô|i.ooûa'.oç lui-même ne figure pas dans les œuvres grecques d’Origène, du moins dans les textes certainement authentiques. On le rencontre dans une scholie sur saint Matthieu, xxviii, 18, P. G., t. xvii col. 309, et encore dans un fragment sur l'épître aux Hébreux que cite l’apologie de Pamphile : Sic et Sapientia a Deo procedens ex ipsa subslanlia Dei generatur. Sic nihilominus et secundum simililudinem corporalis aporrheea esse dicitur, aporrheea gloriæ omnipotentis pura et sincera. Quæ utrseque simililudincs manifeslissime ostendunt communionem subslanliæ esse Filio cum Paire. Aporrhœa enim ôu, ooùmoç videtur, id est unius subslanliæ cum illo corpore. ex quo est vel aporrhœa vel vapor. Apol. pro Orig., 5, P. G., t. xvii, col. 580-581. M. Tixeront écrit ici : « Origène exclut absolument l’anoméisme. Si l’on remarque qu’il exclut également plus haut tout partage de la substance du Père et toute TCpoêoXr), on en conclura qu’il admet le consubstantiel strict. » La théologie anlénicéenne, 9e édit., p. 306.

Le troisième terme de la Trinité divine est le Saint-Esprit. Origène affirme que les chrétiens ont été les seuls à le connaître : « Tous ceux, dit-il, qui pensent, de quelque manière que ce soit, qu’il y a une Providence, confessent qu’il y a un Dieu éternel qui a tout créé et ordonné et le reconnaissent pour le Père de l’univers. Nous ne sommes pas non plus les seuls à déclarer… que Dieu a un Fils, car cette opinion a été celle de quelques grands esprits lorsqu’ils ont confessé que tout a été créé et est gouverné par le Verbe de