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ORIENTIUS — ORIGÈNE

donne le texte, la traduction française et le commentaire du Commonilorium et des deux Oraliones, à l’exclusion des pièces intercalées. Les bollandistes donnent trois vies d’Orientius, Acla sanct., mai t. i, p. 60.

2> Notices littéraires et travaux’. — D’abord les recueils généraux : C. Oudin, Comment, de scriploribus eccl., t. I, 1722, p. 1268 ; Histoire littéraire de la France, t. II, 1735, p. 231 ; M. Manitius, Gesch. der chrisilich-latein. Poésie bis zur Mitte des S. Jahrhundcrls, t. i, Munich, 1911, p. 192 ; O. Bardenhewer, Altkirchliche Literatur, t. iv, 1924, p. 640 ; G. Krûger, dans M. Schanz, Gesch. der rôm. Litteratur, t. iv b, 1920, § 1145 ; P. de Labriolle, Histoire de la littérature latine chrétienne, 1920, p. 597, 622. — Travaux spéciaux : L. Bellanger, op. cit., et de plus Recherclws sur saint Orens, êoêque d’Auch, Auch, 1903 ; cf. L. C. Purser, M. Bellangers Orientius, dans Hermalhena, 1906, t. xiii, p. 36 ; L. Guérard, Les derniers travaux sur saint Orens, Auch, 1904. É. Amann.


ORIGÈNE.—
I. Vie d’Origène.
II. Œuvre d’Origène (col. 1494).
III. L’Écriture, la tradition et la philosophie dans la méthode d’Origène (col. 1505).
IV. Les dogmes fondamentaux : Dieu ; la Trinité ; les relations des personnes divines (col. 1516). V. Cosmologie (col. 1528).
VI. Anthropologie (col. 1533).
VII. Le péché originel ; l’incarnation ; la rédemption (col. 1538).
VIII. Eschatologie (col. 1545).
IX. L’Église, les sacrements, la vie chrétienne (col. 1553).
X. L’apologie du christianisme (col. 1560).

I. Vie d’Origène. — La biographie d’Origène nous est fort bien connue, sinon dans les moindres détails, du moins dans les grandes lignes, grâce à Eusèbe de Césarée qui, au l. VI de son Histoire ecclésiastique, lui a consacré de très nombreux chapitres. Il y a, sans doute, des lacunes dans les informations rapportées par Eusèbe : celui-ci, grand admirateur du maître alexandrin, n’insiste pas sur les événements douloureux de sa carrière, en particulier sur les motifs profonds de son exil. Mais il est bien renseigné : il ne s’inspire pas seulement des ouvrages d’Origène, il recueille des traditions et des souvenirs conservés à Césarée, où Origène a passé les dernières années de sa vie ; il puise à pleines mains dans la riche bibliothèque de Césarée, où sont conservés la plupart des manuscrits du grand docteur. On peut avoir confiance en lui. Quelques renseignements supplémentaires sont dus à saint Jérôme et à Photius.

Origène est né en Égypte, et probablement à Alexandrie où il a grandi et reçu toute son éducation. La date de sa naissance ne peut être indiquée avec certitude, et l’on peut hésiter entre les années 183-184 et 185-186. Sa famille était chrétienne, ou du moins le devint lorsqu’il était encore un tout jeune enfant ; il n’y a cependant pas lieu d’insister sur le nom d’Origène, ou fils d’Horus, pour en tirer un argument en faveur des croyances païennes de ses parents. Ce qui est assuré, c’est qu’Origène reçut de très bonne heure le baptême et que son père Léonide lui donna une éducation toute chrétienne, lui enseignant les Écritures et répondant aux questions que l’enfant ne cessait de poser à leur sujet. En plus de ces leçons reçues en famille, il suivit également les cours de Clément. Aucun élève, a-t-on justement rappelé, n’a fait plus d’honneur à son maître.

En 202, la persécution éclata à Alexandrie : de nombreux chrétiens y trouvèrent la mort, et parmi eux le père même d’Origène, Léonide. Eusèbe rapporte avec complaisance l’ardeur généreuse que déploya alors le jeune homme : il ne se contenta pas d’exhorter son père à la constance ; il aurait voulu se dénoncer aux bourreaux et sa mère dut un jour cacher ses vêtements pour l’empêcher de sortir.

Naturellement, le didascalée avait été fermé au cours de l’épreuve et Clément avait quitté Alexandrie. Lorsque le calme fut suffisamment rétabli et qu’il redevint possible de reprendre l’enseignement catéchétique, Origène prit la place du maître défaillant : il avait alors dix-sept ans d’après Eusèbe mais sa science était dès lors assez étendue pour inspirer la plus grande confiance aux jeunes gens désireux d’étudier la doctrine chrétienne. Une recrudescence inattendue de la persécution vint un instant troubler les débuts de son enseignement : plusieurs des élèves d’Origène furent arrêtés et conduits au supplice ; le jeune docteur lui-même faillit être pris, il dut à plusieurs reprises changer de maison pour dépister toutes les poursuites. Un jour, la foule faillit lui faire un mauvais parti et il n’échappa que par miracle.

Puis la paix fut enfin rendue à l’Église, et le didascalée reprit le cours d’une existence paisible. Origène, toujours ardent, se mit alors à faire profession d’ascétisme. Au lendemain de la mort de son père, comme il se trouvait sans ressources, il avait été accueilli par une dame chrétienne, fort riche, mais dont l’orthodoxie n’était pas au-dessus de tout soupçon et qui subissait l’influence d’un docteur gnostique du nom de Paul : il ne tarda pas à quitter sa protectrice pour ne pas avoir à prier avec un hérétique. Puis il s’accoutuma aux pratiques les plus austères de la pénitence chrétienne : abstinence, privation de viii, privation de sommeil, pauvreté volontaire poussée aux limites extrêmes. Dans un excès de zèle, il alla même jusqu’à se mutiler, afin d’appliquer à la lettre un conseil donné par le Sauveur dans l’Évangile.

A ces mortifications corporelles, il ajouta un redoublement d’application au travail. Emporté par son élan, il avait pour un temps renoncé aux études profanes et vendu ses livres. Il ne tarda pas à se rendre compte qu’il ne pourrait pas exercer sur ses disciples une réelle influence, s’il ne connaissant pas en détail les doctrines philosophiques des Grecs, et il s’attacha à les approfondir : « Je m’appliquais à l’enseignement, écrit-il ; la renommée de ma doctrine se répandait, et il venait à moi tantôt des hérétiques, tantôt des gens qui avaient appris les sciences helléniques et surtout la philosophie : cela m’engagea à étudier les opinions des hérétiques et ce que les philosophes font profession de dire sur la vérité. Je fis cela sur l’exemple de Pantène qui, avant moi, avait rendu service à beaucoup et qui n’avait pas acquis une médiocre culture en ces matières, je le fis aussi à l’exemple d’Héraclas qui siège aujourd’hui dans le conseil de l’Église d’Alexandrie et que j’avais trouvé chez le maître des sciences philosophiques, auprès duquel il avait été assidu pendans cinq ans, avant que j’eusse moi-même commencé à entendre ses leçons. » Eusèbe, H. E., VI, xix, 12-14.

Le maître fréquenté par Origène est nommé par Porphyre dans un fragment cité par Eusèbe, H. E., VI, xix, 1-11 : c’est Ammonius Saccas, dont Plotin suivit également les leçons ; il est important de relever ce fait qui explique en partie certaines ressemblances de détail que l’on a signalées entre la doctrine d’Origène et celle de Plotin. Le même passage de Porphyre nous renseigne sur les philosophes dont Origène entreprit alors la lecture ; à l’exception de Platon, il n’y a, dans cette liste, que des modernes : les platoniciens Numénius et Cronius, les pythagoriciens Nicomaque et Modératus ; les stoïciens Chærémon et Cornutus. La plupart de ces philosophes ne sont pour nous que des noms et nous ne savons pas grand’chose de leur doctrine. Les indications fournies par Origène lui-même dans ses ouvrages nous permettent de compléter la liste et d’y ajouter tout au moins les plus grands des anciens, Aristote, Zénon, Chrysippe et Cléanthe.

Il semble bien qu’à partir du jour où il entra ainsi en contact plus immédiat avec la sagesse hellénique,