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ORIENTALE (MESSE ;


sang ; il y fait trois signes de croix ; il fait de même sur les autres hosties avec le despoticon imbibé de précieux sang. Il aurait consigné le précieux sang avec le corps du Christ et ce dernier avec le sang. Ayant terminé toutes les consignations requises, il remet le despoticon dans le calice, et achève la fraction des hosties.

I) Communion. — Le prêtre fait un acte de foi à la présence réelle.

Credo, credo, credo et confiteor, usque ad extremum vitæ spiritum, hoc esse corpus vivifîcum Filii tui unigeniti Domini Dei et Salvatoris noslri Jesu Ghristi : accipit illud ex omnium nostrum Domina, Deipara, diva et sancta Maria et unum illud fecit cura divinitate sua, sine confusione, commistione aut alteratione. Renaudot, t. i, p. 23.

En récitant cette profession de foi, il remet l’hostie qu’il avait en main dans la patène et en prend une autre. C’est, peut-être, pour exprimer que sa foi n’est pas relative à telle hostie en particulier mais bien à toutes les hosties consacrées. Le peuple récite le ps. cl, Laudale Dominum in sanctis ejus.

Avant de communier, le célébrant baise l’hostie. Suivant la hiérarchie, le clergé communiant reçoit le précieux sang directement du calice ou bien dans une cuillère. C’est le diacre qui donne la communion sous l’espèce du vin. La communion se donne aussi sous les deux espèces à la fois, dans une cuillère, ou bien par fragments d’hostie imbibés du précieux sang. La communion des tout petits enfants se fait sous la seule espèce du vin ; le prêtre plonge son doigt dans le calice, touche l’hostie et donne son doigt à sucer à l’enfant.

Le reste des saintes espèces est distribué au clergé.

g) Prière d’action de grâces. — Après les ablutions, le diacre invite l’assemblée à se tenir debout et à incliner la tête pour la prière d’action de grâces ; le prêtre rend grâces à Dieu et impose les mains à toute l’assemblée, en récitant une longue prière, dont le sujet est le même que celui des litanies. Le diacre proclame ce que le prêtre vient de dire dans le renvoi : Gralia Dei et Domini nostri Jesu Christi sit vobiscum… Ite in pace.

On récite à la fin de la messe le ps. xlvi, Omnes génies plaudile mnnibus.

La distribution de pains bénits se fait à ce moment comme dans la liturgie byzantine.


V. Conclusion. —

La liturgie romaine est sobre dans son expression et dans son développement ; la liturgie orientale, par contre, est très expansive, parce qu’elle est plus populaire et par conséquent plus primitive ; témoin les litanies diaconales qui peuvent être appelées : les invocations orientales. C’est un thème ordinaire de toute liturgie orientale. Le diacre interprète de l’assemblée, fait la demande, précise l’intention, et l’assemblée répond : Kyrie eleison. Le célébrant paraît être oublié, alors qu’il est uni aux fidèles, il intercède pour eux à voix basse et présente leurs requêtes. Les prières Iitaniques reviennent à plusieurs reprises dans la messe et presque toujours sous la même forme. Quant aux demandes et aux intentions, elles sont répétées plusieurs fois dans la même litanie et, presque toujours, dans les mêmes termes.

Dans toutes les liturgies orientales, on remarque la grande prodigalité d'épithètes, de synonymes et d’adverbes. Ils se pressent et s’entassent pour n’exprimer qu’une idée ; c’est encore un signe d’antiquité ; et c’est franchement populaire. En Orient, la piété est plus affective que raisonnée. En quelques mots l’oraison romaine formule la demande et précise les motifs de cette demande, alors qu’en Orient les mêmes idées, ou presque, sont répétées à satiété.

Par conséquent, le peuple oriental est conscient que

le sacrifice est offert pour lui et qu’il est de son devoir d’y prendre part. C’est pourquoi on l’entend répondre souvent, aux prières du prêtre et du diacre. Par les acclamations, les réponses et les doxologies, il rappelle les premiers chrétiens entourant leur évêque, à la fraction du pain.

Pendant la consécration même, il confesse sa foi en la présence réelle. C’est donc qu’il prend une part très active à la liturgie. Cette activité même dégénère en bruit et en désordre — il n’y a aucun mal en cela, c’est un signe de vie et d’intérêt. — Cela oblige le diacre à intervenir fréquemment, surtout avant chaque action un peu importante, pour réclamer le silence et l’attention. Il dit aux fidèles de se lever, de prier, d’incliner la tête, d’adorer, de se pardonner mutuellement, de se donner le baiser de paix. Il invite à la communion comme il renvoie les indignes et donne ses recommandations de veiller sur les portes.

L’allure populaire n’empêche pas la pompe et la solennité, ni les chants ; qu’on se rappelle la petite et la grande entrée avec leur magnificence byzantine. Tout se déroule et se développe normalement.

Cependant les tendances romanisantes regrettables tronquent chez les uniates ces belles liturgies. On se demande quelquefois ce que vient faire telle oraison romaine et telle formule de consécration. On a déformé ces liturgies, en voulant les abréger, à l’usage de la messe quotidienne. Les correcteurs des livres des uniates étaient trop zélés. Ils voyaient poindre partout l’hérésie, alors qu’il s’agissait d’expressions propres à la liturgie orientale. Ils ont exercé à satiété leur talent de correcteur, en remplaçant les belles expressions par d’autres moins heureuses. En modifiant, résumant, substituant, ils ont créé un nouveau type de liturgie tout à fait amorphe. Mais ces influences n’ont pas atteint tous les rits. Bien entendu, des diptyques de tous les rits à l’usage des uniates, on a supprimé les noms des hérétiques, en y substituant les noms des docteurs catholiques, du pape et de la hiérarchie unie à Rome.

Une seconde note caractéristique des liturgies orientales est l’influence de la théologie orientale. Celle-ci est, en elîet, trinitaire et christologique. Les luttes qui ont préoccupé si longtemps l’Orient à ce sujet ont déterminé ce courant d’idées et une plus grande précision de la pensée. Tout cela s’est fait sentir dans le domaine liturgique. Encore un indice en faveur de l’antiquité de la liturgie orientale : c’est le besoin de concrétiser. On ne s’adresse pas à Dieu en général ; mais à chacune des personnes de la Trinité. Si l’on prie l’une, on ne manquera pas d’adresser une prière aux deux autres. Ce qui explique l’existence de l'épiclèse. Et toujours après avoir nommé Dieu, on nomme les personnes divines. La liturgie romaine s’adresse plus volontiers à Dieu. Elle considère plus l’unité de nature que la trinité des personnes.

Mais malgré ces divergences, on a pu remarquer, et surtout dans le tableau comparatif, que toutes les liturgies ont un même cadre : des lectures, le Credo, le baiser de paix, la consécration, le Pater, la fraction et la communion.

Orientale ou occidentale, la liturgie doit être vénérée et respectée, puisque partout se rencontre l’unité liturgique, dans l’unité et l’identité du sacrifice.

I. Textes.

Liturgia sanctorum Apostolorum Ada

cl Maris (texte chaldéen, à l’usage des nestoriens), Ourniiali, 1890 ; Missale chaldaicum ex decreto sanctee congregationis de Propaganda Fide (texte chaldéen à l’usage des uniates) Rome 1767 ; Liber liturgies et lectionwn juxla ritum chaldaicum-malabar (texte chaldéen à l’usage des uniates), Rome, 1844 ; Missale juxla ritum EcclesilS Syrarum Orientalium id est Chaldaiorum, Mossoul, 1901.