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ORIENTALE (MESSE). RIT ANT., CONSÉCRATION


de Matthieu le pasteur, un des soixante-dix (disciples) ; la seconde est attribuée à saint Sixte, patriarche de Rome : la troisième est de Denys, évêque d’Amid (Jacques Barsalibi) ; les deux autres portent le nom de saint l’ierre, l’une entièrement en syriaque, l’autre en grande partie en turc. Voici les paroles de l’institution telles qu’on les trouve dans les deux anaphores de saint Pierre.

Sacerdos, alla voce : Cum vellet gustare mortem pro nobis, et Pascha inter vesperas celebrare, accepit panem super manus suas sanctas, et inspexit cælum, gratias agens, benedixit tt et sanctifleavit t. et fregit, deditque turba ? apostolorum sanctorum et dixit : sumite, manducate in remissionem delictorum et in vilam sempiternam.

Populus ; Amen.

Sacerdos : Similiter et ealicem cum misceret eume vino et aqua et gratias ageret, benedixit f t. et sanctifleavit f> deditque apostolis sanctis et dixit : sumite, bibite ex eo omnes, in remissionem peccatorum et in vitam’sempiternam.

Populus : Amen.

Cité aussi par Renaudot, t. ii, p. 82, 160-161.

Voici la consécration d’après l’anaphore de saint Sixte, que le missel jacobite appelle patriarche de Rome.

Sacerdos, alla voce : Qui, cum suscepturus esset passionem salvificam, in pane, qui ab ipso benedictus t t t. fractusque et distributus est apostolis sanctis, dédit nobis corpus suuni condonans in vitam sempiternam.

Populus : Amen.

Sacerdos : Similiter et in calice, qui ab eo signatus t. sanctificatus t t » et oblatus est apostolis suis sanctis, dédit nobis sanguinem cor.donantem in vitam sempiternam.

Populus : Amen.

Cité aussi par Renaudot, t. ii, p. 82.

Bien que Renaudot, t. ii, p. 143-144, 160-161, reconnaisse que la presque totalité des manuscrits témoigne du manque de paroles consécratoires pour les deux précédentes anaphores, cependant il se fonde sur deux manuscrits récents, dont l’un porte une correction à ce sujet en marge, pour garder dans l’anaphore les paroles complètes de la consécration. Cf. Renaudot, t. ii, p. 135-136, 156.

On possède une anaphore de Denys, évêque d’Amid, (Jacques Barsalibi) où manque la formule ordinaire de consécration. On y lit après le Vere sanctus :

Sacerdos (alla voce) : Cum ad passionem salvificam paratus esset, panem quem suscepit, benedixit t t t et sanctifleavit t t t et dividit et nominavit eum, corpus suum sanctum, in viiam a-ternam suscipientibus illud.

Populus : Amen.

Sacerdos : Et ealicem quem miscuerate vino et aqua sanctifleavit t t t, sanguinemque suum pretiosum perfecit in vilain aeternam suscipientibus illum.

Populus : Amen.

Cf. aussi Renaudot, t. ii, p. 82, 449.

Fauste Nairon crut y voir des anaphores de la messe des présanctifiés ; cela n’est pas possible, car on possède actuellement de ces anciennes anaphores qui n’ont pas du tout cette allure. D’autres ont cherché la raison de cette lacune dans une erreur de copiste. Parmi ceux-là : J.-S. Assémani, Bibliotheca orientalis, t. ii, p. 175, 200, Ét.-Év. Assémani et Renaudot, t. ii, p. 82-85, 143, 161, 353, 390, 454. Ce dernier répète partout que c’est la faute des copistes et qu’on ne doit pas chercher ici une volonté bien arrêtée de l’auteur de la liturgie en question. Pour prouver sa thèse il cite un texte de Barsalibi (dont on a cité plus haut des paroles de consécration mutilées) dans son Exposition de la liturgie, c. xii : … Deinde similiter super ealicem profert etiam ea verba quic dixit Dominus noster in cenaculo quando mysterium confecil ; ut per illa verba manifestet tune quoque ab ipso Christo species sanctifleari… per voluntatem Patris et operationem Spirilus ope sacerdotis qui format cruces et verba profert. Non enim qui ministrat, sed qui invocatur

super mijsteria est consecrator. Édit. Labourt (traduction latine), dans Corpus scriptorum christianorum orientalium, p. 72-73. Mais P. Dib, p. 59-61, contredit en ce point Renaudot, et à bon droit ; le prêtre, en effet, au dire de Barsalibi, récite des paroles de l’institution (mieux encore sous une forme impersonnelle) : ul per illa verba manifestet lune quoque ab ipso Christo species sanctifleari… Noii enim qui ministrat… est consecrator. C’est donc par une théorie bien arrêtée de l’auteur que peuvent être expliquées quelques-unes de ces lacunes.

Mais il ne faut pas nier, cependant, que, dans d’autres cas, il y ait erreur de copiste. Tous les missels jacobites sont encore manuscrits et par conséquent à la merci des copistes ; de petites variantes peuvent devenir de plus en plus grandes dans les copies successives. Aussi ne trouve-t-on jamais un missel correspondant exactement à celui du prêtre voisin. Et l’on comprend ces mutilations quand on voit ces manuscrits écrits d’un bout à l’autre, sans différence de caractères, presque sans paragraphes, les prières n'étant séparées que par un simple mot écrit à l’encre rouge ; ainsi le copiste, après avoir mis cette simple rubrique : alla voce, écrit à l’encre noire de sa calligraphie ordinaire les paroles de l’institution.

On serait tenté de dire, comme on l’a fait à propos de la liturgie persane, que le célébrant complète le texte de l’institution. Or, on a posé la question au prêtre jacobite ; celui-ci répondit que les prêtres disaient exactement ce qui est écrit dans le missel et que les jacobites croient actuellement à la nécessité de I'épiclèse pour parachever la transsubstantiation.

Jusqu'à présent on a vu des anaphores où les paroles de l’institution sont ou bien complètes ou bien mutilées ; voici maintenant celles de l’anaphore de Matthieu le pasteur, un des soixante-dix (disciples) ; elle offre une curieuse particularité, l.a consécration du pain est complète mais pas celle du vin.

Sacerdos (alla voce) : Cumque testamentum novum, quod vêtus aboleret, tradere vellet, panem fermentatiim, in quo mysterium vitæ tegebatur, suscepit, et elevavit oculos ad Patrem et gratias egit, et benedixit t, et sanctifleavit t, et fregit et obtulit recumbentibus in cena sua, dicens : « Sumite, vescimini ex eo, hæc est caro mea, quoe distribuitur omnibus crodentibus qui sequuntur me ut comedatur in remissionem delictorum et in vitam novam et sempiternam. »

Populus : Amen.

Sacerdos : Similiter etiam ealicem vitse quem temperate miscuerat generatione vitis cum aqua ; gratias egit, benedixit î f, et sanctifleavit f tradiditque mysterii sui consens, commendavitque illis ut ex eo omnes communicarent, quodque in eo salus bibentibus iffum esset, deefaravit, cum eo uterentur conscientia pura in remissionem peccatorum et in vitam novam et sempiternam.

Populus : Amen.

Renaudot, t. ii, p. 347-348.

Dans l’anaphore précédente, la lacune vient, sans aucun doute, d’un mauvais copiste ; on ne pourrait penser que très difficilement à une restauration qui n’aurait touché que le premier texte ; d’autant plus que les anciens mss., tels que les a vus Renaudot, le donnent comme les récents missels jacobites. Et l’on ne comprendrait pas une restauration de la première partie du texte seulement. « Le patriarche maronite Douaïhi déclare avoir vu à Alep (Syrie), en 1656, un missel jacobite qui contenait près de cinquante anaphores dont les formules consécratoires étaient pour la plupart mutilées. » P. Dib, p. 59 sq. Voir, ibid., les mss. dont les uns contiennent les formules consécratoires et les autres non, et cf. Assémani, Biblioth. orient., t. ii, p. 199 sq. ; t. m a, p. 637 où est cité un ordo missæ maronite, dans lequel les anaphores de saint Pierre et de saint Sixte