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ORIENTALE, 'MESSE. FUT ANTIOCH1EN


coptes n’ont rien de byzantin ; elles sont plutôt calquées, sur l’anaphore de saint Jacques ou de saint Cyrille.

Avant le schisme monophysite, les Alexandrins se servaient du texte grec de la liturgie de saint Marc, retouché par saint Cyrille. Depuis lors, les coptes célèbrent leur liturgie, en copte et en arabe ; le texte est presque une traduction de l’ancien texte grec.

Jusqu'à présent on ne possède pas d'études approfondies sur chacune de ces anaphores, ni un texte critique. C’est pourquoi il est impossible de faire, maintenant, une étude d’ensemble sur ces différentes anaphores. CA.Dict. d’archéol., ail. Alexandrie (Liturgieà") ; Grecque (Liturgie) ; saint Jacques (Liturgie de).

7° Valeur de l’argument théulugique emprunté à la liturgie orientale. — Dès le xvii° siècle, avec les auteurs de la Perpétuité de la foi, et de nos jours encore, on voit certains théologiens catholiques faire appel à l’existence d’une fête, d’un sacrement, d’un rite en usage chez les Orientaux séparés pour conclure d’emblée à son existence dans l'Église universelle avant la séparation de ces hérétiques. La raison qu’ils en donnent se ramène à ceci : ces hérétiques n’ont pu recevoir ces particularités de l'Église catholique après la séparation, puisqu’ils ne considéraient pas celle-ci comme la véritable Église. Donc ils les possédaient avant la séparation.

Il faut l’avouer, l’argument est liés spécieux, mais il n’en est pas moins inexact. Il ne prouve pas, car les faits d’une influence réelle de l'Église catholique sur les hérétiques et d’une influence mutuelle d’une secte sur une autre ruinent toute cette argumentation. Il suffit de se rappeler que plusieurs livres catholiques de spiritualité et même de catéchisme ont été simplement traduits par les schismatiques.

La Confession de Pierre de Moghila, cf. art. Moghila, t. x, col. 2076, ne peut donner une idée exacte du développement du dogme au moment de la séparation ; par exemple sur le nombre des sacrements limité à sept ; sur les conditions, ministres, sujets et effets de chaque sacrement.

Les nestoriens ne sont pas unis aux byzantins, pourtant l’influence byzantine sur leur liturgie est claire. L'Église d’Alexandrie, on le sait, a toujours été en lutte avec le siège de Constantinople. Ce qui n’empêche pas de constater que les Coptes empruntèrent la solennité de leur prothèse à la liturgie byzantine. Aussi nous n’avons pas le droit de dire que la prothèse existait avec toute sa solennité dès l’origine de la liturgie d’Alexandrie et d’Antioche.

Tout ceci ne veut pas dire qu’on ne puisse jamais se servir de l’argument liturgique ; bien au contraire, il est à souhaiter que l’on s’en serve plus souvent, et surtout des liturgies orientales qui ont généralement mieux conservé leur texte ancien. L’argument liturgique a une grande valeur, surtout s’il est empiunté aux anciennes anaphores, dont on a parlé plus haut. C’est le cas d’employer l’adage : lex orandi, lex credendi, mais il faut prouver d’abord, documents en mains, l’authenticité du texte ou l’antiquité de la fête liturgique. Pour le moins on doit prouver que la secte qui pratique ces rites ou utilise ces textes, ne les a pas reçus de l'Église romaine après la séparation.

Manuscrits et éditions.

Les théologiens désireux d'établir l’authenticité des textes trouveront

dans le Dictionnaire d’archéologie et de liturgie, toutes les références nécessaires pour retrouver les manuscrits, les éditions et les traductions de toutes les liturgies anciennes et modenies.

Liturgie grecque de saint Jacques : ail. Antioche, t. i, col. 2432 sq. ; pour la liturgie syriaque du même saint, ibid., col. 2436 sq. On y trouvera l’indication de tous les manuscrits des jacobites, maronites et syriens

uniates. — Pour la liturgie byzantine, voir art. Grecque (Liturgie), t. vi, col. 1643 sq., 1647 sq., 1650 sq. — Pour la liturgie arménienne, ibid., col. 1646 sq., 1650 sq. ; art. Caucase, t. ii, col. 2680. — Pour le rit copte : cf. art. Alexandrie, t. i, col. 1194 sq., 1197 sq. — Pour le rit éthiopien, loc. cit., col. 1201 sq.

9° Remarques sur le rôle du diacre et du peuple dans les liturgies orientales. — Pour bien comprendre les liturgies orientales, il faut faire grand cas du rôle qu’accomplit le diacre ; car, il faut le remarquer, les liturgies orientales devraient toujours être célébrées solennellement. C’est ce que font encore les dissidents, en ne célébrant qu’une liturgie par église et seulement les dimanches et fêtes. Les uniates disent la messe quotidiennement et font passer au seul servant de messe les trois rôles, qui devraient être remplis par le diacre, les chantres et le peuple. C’est le servant qui lit les épîtres, adresse la parole au peuple, au célébrant, répond pour l’assistance, chante les psaumes et les hymnes… Les offices du diacre qu’un laïque ne peut pas remplir sont réservés au célébrant, car le diacre chante une grande partie des prières de la messe avec le prêtre, lit dans certains rits, l'évangile. Le diacre est surtout ministre du calice. C’est lui qui le prépare, qui l'élève, qui le porte vers l’assemblée, qui souvent distribue lui-même le précieux sang. D’ailleurs c’est le rôle des diacres, dans les anciennes liturgies, et dans l'Église des premiers siècles.

De par son ordination, le diacre est le ministre de l’assemblée des fidèles. Après avoir prêté son concours au célébrant, le diacre revient vers les fidèles. Il doit les avertir des moments solennels de la messe, de ce qu’ils doivent faire, leur lire les Écritures et surtout faire participer l’assemblée au sacrifice. C’est pourquoi on l’entend répéter les mêmes litanies, les mêmes demandes auxquelles le peuple répond par le : Kyrie eleison. Les prières sous la forme de conversation reviennent continuellement dans les liturgies orientales. La messe romaine en garde un vestige dans le dialogue qui précède la préface. Les fidèles, en Orient, sont conscients que le prêtre offre le sacrifice en leur nom. Comme la prière du diacre, celle des fidèles est une partie essentielle à la liturgie orientale. Outre les réponses aux litanies, les fidèles font d’autres acclamations, récitent le Credo. Comme le diacre, avec lui et sous sa direction, ils prennent une part à la célébration de la liturgie. La messe orientale garde ainsi, toute sa signification d’acte public.


II. La messe dans le rit antiochien. —

La description en sera faite suivant le rit jacobite, tel qu’il est pratiqué par les uniates, quitte à signaler les divergences dans les rits maronite et persan.

La prothèse.

- Ce nom est donné par les Byzantins, à la cérémonie de la préparation des oblats, nécessaires au sacrifice. C’est dans ce sens qu’il est pris ici.

A l’origine aucune préparation ne se faisait, le diacre recevait du peuple les pains et le vin du sacrifice. Un mémento des diptyques de la liturgie de saint Jacques, en fait foi : Mémento eorum qui oblulerunt oblaliones islas… et eorum pro quibus singuli oblulerunt ; cf. Renaudot, Liturgiarum orientalium collectio, t. ii, p. 35.

Avant la messe, le prêtre ou le diacre se présente, sans aucun ornement, devant l’autel. Il prie le Seigneur de le rendre digne de monter à son autel et pour cela il récite le psaume Miserere, et demande pardon à l'évêque, s’il est présent, au clergé et à toute l’assistance : Orale, (ralres et carissimi, pro me, propler amorem Domini noslri, ut suscipiat oblalionem meam. — En montant les degrés de l’autel, il chante le seul verset de Vlntroibo, et ajoute : In domum luam ingressus sum, procidique coram throno tuo. Rex cœtesle, rcniitle omnia quain te peccavi ; cf. Renaudot, t. ii,