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ORDRE — ORESME

§ 2). Enfin, l’ordination de chaque sous-diacre devra être notifiée au curé de la paroisse où il a été baptisé, afin que celui-ci mentionne son ordination sur l’acte de baptême. Cette notification est faite par l’Ordinaire du lieu s’il s’agit de séculiers, par le supérieur majeur, s’il s’agit de religieux ordonnés avec ses lettres dimissoriales (can. 1011).

A. Michel.


OREGGI Augustin, né en 1577 à Santa-Sofia, en Émilie, de parents d’humble condition, fut envoyé à Rome vers l’âge de 17 ans pour y suivre les cours du Collège romain ; il y fut remarqué par Bellarmin à la suite de deux incidents qui avaient fait sensation parmi la gent écolière : Oreggi avait échappé miraculeusement aux cornes d’un taureau sauvage, et héroïquement aux poursuites d’une femme de mauvaise vie. Ayant terminé brillamment ses études, et conquis le même jour ses doctorats en philosophie, en théologie et en l’un et l’autre droit, il fut nommé chanoine théologal de Faënza, s’attacha dès lors au service du cardinal Maffeo Barberini, qui était légat de Bologne ; il apprit à ce moment le grec au point de pouvoir traduire et commenter Aristote. En 1623, Maffeo Barberini devient pape, sous le nom d’Urbain VIII ; il appelle son théologien avec lui à Rome, le fait consulteur du Saint-Office et des Rites et chanoine de Saint-Pierre ; l’emploie à des affaires importantes et finalement, le 28 novembre 1633, le crée cardinal prêtre du titre de Saint-Sixte. Les cardinaux, sortant du Consistoire, en apportèrent la nouvelle au cours d’une discussion théologique qu’Oreggi soutenait contre le P. César de Bosco, S. J. La discussion, sans émotion apparente, se poursuivit pendant plus d’une heure.

Urbain VIII avait aussi nommé Oreggi archevêque de Bénévent. Quant on connaît l’emploi de son temps, on peut comprendre que ce grand homme d’Église fut considéré comme l’un des pasteurs les plus zélés et à la fois l’un des plus solides théologiens de son époque. Il prenait très peu de sommeil. Dès le grand matin, il donnait deux heures au moins à des travaux théologiques ; à table il lisait ou se faisait lire saint Thomas, Tolet, Baronius, ou les conciles, presque chaque jour il faisait le catéchisme ou une exhortation de piété à ses serviteurs ; sa maison était réglée comme un cloître. Il se plaisait à parcourir son diocèse et à réunir de grandes troupes d’enfants, qu’il catéchisait lui-même avant de leur administrer le sacrement de confirmation. Ce savant était d’une piété exquise. Il mourut à Bénévent le 12 juillet 1635, et fut inhumé dans sa cathédrale.

Œuvres : Explicatio Aristotelis de rationalis animæ immortalitate, Rome, in-4o, 1631, et in-16, 1632 ; De Deo uno et trino, Rome, 1630 ; De Deo uno, De individuo SS. Trinitatis mysterio, Rome, 1630 ; De sacrosancto incarnationis mysterio, Rome, 1633 ; De angelis et opere sex dierum, Rome, 1632 ; De ecclesiastica hierarchia, dans le t. iv de la Bibliotheca pontificia de Roccaberti ; Opera, Rome, 1637 et 1642.

Oldoinus, De vitis pontificum, t. iv, p. 594 ; Eggs, Purpura docta, t. iii, 1714, p. 353 ; Moroni, Dizionaria di erudizione storico-ecclesiastica, t. xlix, p. 87 ; Hurter, Nomenclator, t. iii, 3e édit., col. 650.

F. Bonnard.


ORESME Nicole († 1382). — Bien qu’il ait joué à la cour de Charles V de France un rôle considérable, ce personnage n’est pas bien connu. Il est Normand d’origine, sans que l’on puisse dire avec certitude s’il est né à Allemagne, petit village près de Cæn. La date de sa naissance ne peut être fixée qu’approximativement, autour de 1325. Denifle a réussi à préciser quelques-uns des points de son curriculum vitæ, Chartul. universitatis Parisiensis, t. ii, p. 641, note. En 1348, Nicole était étudiant en théologie ; en 1356, déjà docteur en cette discipline, il devient grand-maître au collège de Navarre dont il avait d’abord été boursier ; au cours des années suivantes il reçut divers bénéfices : le 23 novembre 1362 un canonicat à Rouen, le 10 février 1363 un autre à Paris, avec une demi-prébende. Le 18 mars 1364 (et non 1361 comme on l’a toujours écrit), il devient doyen de la cathédrale de Rouen ; il dut alors résigner sa charge de grand-maître de Navarre ; cf. Launoi, Regii Navarræ gymnasii Parisien. historia, part. I, l. I, c. ix, Opera, t. iv a, p. 323. Mais ces titres successifs ne l’empêchent pas de résider de façon continue à Paris ; divers documents des années 1364, 1371, 1372, 1375 le montrent comme professeur de théologie en exercice. Voir Chartul. univers. Paris., t. iii, p. 115-123, 193, 204-205, 224-225. A ces mêmes moments on le voit en grande faveur à la cour du roi Charles V. Si l’on ne peut dire proprement qu’il ait été le « précepteur » de ce souverain, il a été du moins son conseiller très écouté et, comme dit un historien du temps de Charles VII

« l’instructeur » du roi en philosophie et en religion,

C’est sur l’ordre de la cour de France qu’il se rend en Avignon à Noël 1363, pour détourner Urbain V du projet caressé par celui-ci de rentrer à Rome. Charles V récompensera Nicole Oresme de ses bons services en le faisant nommer, le 3 août (et non le 16 novembre) 1377, évêque de Lisieux. C’est dans cette ville que le prélat passera ses dernières années ; il y mourut le Il juillet 1382. Voir Eubel, Hierarchia cathol. Medii Ævi, t. i, p. 317.

Nicole Oresme est un des plus brillants et des plus complets représentants de cette première renaissance qui, dans la deuxième moitié du xive siècle, s’affirmait à l’université de Paris et trouvait à la cour de France de précieux encouragements. Avant d’être théologien, Oresme exerça à la faculté des arts une influence considérable et il ne fut pas étranger au développement d’une curiosité scientifique qui se déploya dans les domaines les plus divers ; passé à la théologie, le maître continua à s’intéresser à de multiples questions qui nous sembleraient aujourd’hui passablement étrangères aux sciences ecclésiastiques. Il est malheureusement regrettable que l’œuvre de Nicole Oresme n’ait été ni publiée, ni étudiée comme elle le mériterait. Les quelques coups de sonde donnés par les chercheurs modernes permettent néanmoins de se faire une idée de la haute valeur scientifique du personnage.

Mathématicien des plus distingués, Oresme occupe une place honorable dans l’histoire de cette discipline. Max. Curtze a donné de ses travaux, imprimés et inédits, une description exacte : Die mathematischen Schriften des Nicole Oresme, Berlin, 1870. C. Cantor, dans son histoire des mathématiques, relève toute l’importance de ses écrits : Vorlesungen über die Geschichte der Mathematik, t. ii, 1802, p. 116-125. P. Duhem surtout a montré le rôle de précurseur qu’a joué Oresme. Précurseur de Copernic, Oresme montre, dans son Traité du ciel et du monde, qu’il est possible d’admettre le mouvement diurne de la terre, et cela par des arguments dont la clarté et la précision dépassent de beaucoup ce que Copernic a écrit sur le même sujet ; cf. Un précurseur français de Copernic, Nicole Oresme (1377), dans Revue générale des sciences, 15 nov. 1909 ; voir, du même, une note dans Archivum franciscanum historicum, 1913, t. vi, p. 23-25. Précurseur de Descartes, le maître de Navarre invente la théorie des coordonnées rectangulaires et pose ainsi les fondements de la géométrie analytique, avec une claire vue de ce qu’a d’important, au point de vue philosophique, ce passage