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ORDRE. LA THEOLOGIE ORIENTALE

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les deux à la fois (Maltzev, Die Sakramente der

vrthodox-katholisctien Kirche des Morgent andes, Berlin, 1808, introduction, p. ccxxxi). Un plus grand nombre d’auteurs tiennent que ce sacrement fut conféré aux apôtres après la résurrection, quand le Christ leur dit : « Comme le Père m’a envoyé, je vous envoie.., Recevez le Saint-Esprit, » etc. Joa., xx, 21-23, paroles auxquelles il convient d’ajouter, Matth., xxviii, 19-20 : « Allez, enseignez… Voici que je suis avec vous, » etc. (Gabriel Sévéros, SuvTay(i.âTi.ov, p. 04-95 ; Sylvestre Lebedinsky, Compendium theologiæ classicum, Moscou, 1805 ; Athanase de Paros, 'Ett'.tou.-/) sÏte auLXoyT) tcov Gsîcov -rijç nioxeux ; Soy(i.âtcov, Leipzig, 1806, p. 375 ; Antoine Amphitheatrow, Théologie dogmatique (en grec), Athènes, 1858, §314 ; K. J. Dyobuniotis, Ta ji.uaTr ; pia T-rjç àvocToXixîji ; ôp0056 ; ou 'ExxXY)aîaç, Athènes, 1915, p. 152, n. 2 ; Mésoloras, Su[x60)axv), t. ii, Athènes, 1904, 2e éd., p. 325). On sait que saint Thomas appuie ce sentiment : Apostoli receperunt potestatem ordinis anle ascensionem, ubi dictum est eis : Accipite Spiritum sanction, Joa., xx, 22. Suppl., q. xxxv, a. 4, sed contra. Malinovsky croit découvrir un certain rite d’ordination des apôtres dans le double signe tracé sur eux par le Christ, lorsque, leur conférant le pouvoir de remettre les péchés, il souilla sur eux et lorsque, remontant au ciel, il les bénit. Luc, xxiv, 50. C’est progressivement que les apôtres auraient été menés à la possession du sacerdoce souverain. Somme de la théologie dogmatique orthodoxe (en russe), t. ii, Serghief-Possad. 1908, p. 414-416. Beaucoup opinent que les apôtres ont reçu la plénitude du sacerdoce au jour de la Pentecôte. Ainsi, le synode de Chypre, sous Germain, dont les termes sont repris par le patriarche Jérémie 1 1 dans sa Réponse I aux théologiens luthériens de Tubingue, c. vii, dans Gédéon de Chypre, Kpi-rijç T7)< ; àXr.Œîxç, t. i, Leipzig, 1758, p. 40 ; et surtout dans Nectaire Céphalas, MsXéxou rcspi m>v 6e£wv fi’j(T-r/ ; pïov, Athènes, 1914, p. 107-108 (voir le texte dans Jugie, op. cit., p. 400). Un seul auteur place l’ordination des apôtres au moment où le Christ les choisit pour prêcher l’Evangile et fonder l'Église : G. S. Gegle. 'Op06801 ; oç y pî.GTt.avi.y.7 ; xaT/j/yjaic, Patras. 1899, p. 81.

Nombre et distinction des ordres.

1. Nombre.  —

On a vu plus haut (col. 1232) que, tandis que l'Église latine admet sept ou même huit degrés dans l’ordre, l'Église orientale n’en admet que cinq. On sait, en effet, que le psalmistat (office de chantre) est conféré, chez les Grecs, simultanément avec le lectorat. Seul l’eucologe d’AUatius, Codex Barberinus 390 (xme siècle) renferme un rite distinct pour le psalmistat et pour le lectorat ; cf. Morin, op. cit., part. II, p. 85-87. Il faut également se souvenir que si, dans l’ancienne Église gréco-byzantine, on trouve des fonctions correspondant plus ou moins aux ordres mineurs de l'Église latine, ces fonctions n’ont jamais été considérées en Orient comme des ordres véritables.

Nonobstant cette précision dogmatique incontestable des cinq ordres orientaux, il faut reconnaître que les théologiens russo-byzantins sont loin d’accepter unanimement ce chiffre de cinq.

Les uns, à l’instar des Latins, énumèrent sept ordres. Ainsi Gabriel Sévéros admet : 1° Les portiers et acolytes : 2° les exorcistes ; 3° les lecteurs ; 4° les sousdiacres ; 5° les diacres ; 6° les prêtres ; 7° les évêques. Op. cit., p. 91. Le P. Jugie, op. cit.. p. 404, note 3, émet l’hypothèse que Sévéros fait cette énumération pour capter la faveur des Latins et éviter, lors de l’impression de son livre à Venise, toute difliculté avec l’Inquisition. De Sévéros semble dépendre Mctrophane Critopoulos, qui, dans sa profession de loi, c. xi, énumère les mêmes ordres, moins les acolvtes

(dont, en effet, les Pères orientaux n’ont jamais fait mention). Kimmel, op. cit., t. ii, p. 139. La confession orthodoxe de Pierre Moghila ne semble pas distinguer le simple sacerdoce de l'épiscopat, q. cix ; mais elle cite, comme ministres inférieurs aux prêtres, les lecteurs, les chantres, les lampadaires, les sousdiacres, q. exi, Kimmel, t. i, p. 186, 188. Il n’est pas question du diaconat. Mais elle distingue le sacerdoce spirituel, qui appartient à tous les fidèles ; cf. I Pet., ii, 9, et le sacerdoce sacramentel, qui n’appartient qu’aux ministres sacrés. Du « lampadaire », il n’est question dans la liturgie grecque que comme fonction et non comme ordre ; cf. Goar, Euchologion, Paris, 1647, p. 230, 240 ; L. Clugnet, Dictionnaire grec-français des noms liturgiques en usage dans l'Église grecque, Paris, 1895, v° Aa^TraSâpioç. A. von Maltzev énumère les cinq ordres habituels et y ajoute le céroféraire, op. cit., p. ccxxxi sq. S. Lebedinsky admet l'énumération habituelle des cinq ordres ; mais il ajoute, au-dessus, les patriarches, les métropolitains, les archevêques (c’est également ce que fait le Maître des Sentences, voir col. 1303) ; au-dessous, les’acolytes les chantres, les psalmistes, op. cit., p. 521-522. L’auteur n’indique pas la différence entre chantres et psalmistes, pas plus qu’il ne définit l’acolytat. La plupart des auteurs récents se contentent de parler des trois ordres appartenant au sacrement, l'épiscopat, la prêtrise, le diaconat. Ainsi Athanase de Paros, op. cit., p. 375-376 ; Gumilewsky, Dogmatique (en russe), t. ii, p. 208-209 ; Antoine Amphitheatrow, op. cit., § 317 ; Malinovsky, op. cit., p. 420-424.

2. Distinction.

Les Grecs orthodoxes distinguent, sinon en théorie, du moins en fait les ordres majeurs et les ordres mineurs. Les premiers sont conférés à l’intérieur du sanctuaire et pendant le sacrifice de la messe, par une /Eiporovta proprement dite, précédée de la formule d'élection : Divina gratia. Sur cette formule, voir col. 99 et 106. Les ordres mineurs, sous-diaconat et lectorat, sont conférés hors du sanctuaire et sans la célébration de la messe, avec une simple -/si.çioQscsitx sans la solennelle proclamation Divina gratia. Selon Siméon de Thessalonique, le sous-diacre doit être dit x El ? ^ ZTS ^ a ^ ale t 'e l ec ~ leur açpayîÇsaGoct, . quoiqu’ils soient ordonnés tous deux par la ye'.poQeaitx de l'évêque. La açpayiç du lectorat est une tonsure en forme de croix faite sur la tête de l’ordinand. Toutefois, tonsure et lectorat demeurent pour les Grecs eux-mêmes choses distinctes, quoique inséparables dans la cérémonie de l’ordination.

Les Gréco-Russes tiennent à peu près unanimement que l'épiscopat est un ordre adéquatement distinct du simple sacerdoce. Pierre Moghila, en confondant plus ou moins l’un et l’autre, a subi certainement des influences latines. Moghila (Confession de), t. x, col. 2077. Voir, sur la dualité d’ordre dans le presbytérat et l'épiscopat, Lebedinsky, op. cit., p. 529 ; Dyobuniotis, op. cit., p. 159, n. 1. Pour les Orientaux, les ordres inférieurs, y compris le sous-diaconat, ne sont pas des sacrements possédant une origine divine, mais de simples sacramentaux d’origine ecclésiastique ; cf. N. Milasch, dans son Droit ecclésiastique (trad. grecque), Athènes, 1906, p. 334, 339 ; Dyobuniotis, op. cit., p. 157. Les trois degrés supérieurs sont seuls tenus pour sacrements. N. Bulgaris, op. cit., p. 13 ; Macaire, Théologie dogmatique orthodoxe, t. ii, Pétersbourg, 1883, p. 491-492 ; Mésoloras, op. cit., p. 329.

Le sous-diacre, dans la discipline canonique byzantine, est tenu au célibat, comme le diacre et le prêtre : il ne peut donc se marier qu’avant son ordination et les secondes noces lui sont interdites. C’est l’antique discipline des canons des Apôtres, can. 26, promul-