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ORDRE. LES THÉOLOGIENS MORALISTES


réédité avec des notes d’André Victorelli, Venise, 1604, ou avec le traité de l’ordre de Martin Fornari, S. J., Rome, 1608. — Presque au même moment, en Espagne, le bienheureux Jean d’Avila (j 1569) travaillait à la sanctification des prêtres. Les exhortations qu’il leur adressait sont résumées dans les discours qu’il a laissés sur le sacerdoce et la sainteté qu’il exige, dans Obras, Madrid, 1901, ou encore dans la traduction française d’Arnaud d’Andilly, éditée par Migne.

Saint Philippe de Néri, saint Gaétan, saint Charles Borromée se font remarquer par leur zèle pour la formation spirituelle du clergé. Voir Pourrat, La spiritualité chrétienne, t. iii, p. 381 sq.

Mais c’est surtout Antoine de Molina, chartreux († 1619), qui fut le docteur de la réforme des clercs par son célèbre ouvrage sur YInstruclion des prêtres d’après l'Écriture sainte, les saints Pères, tr. fr., Paris, 1699. « En sept traités, Molina met en relief l'éminente dignité des prêtres, leurs responsabilités, la perfection et la pureté qui leur sont nécessaires. Il expose une belle doctiine sur le saint sacrifice de la messe, sur les cérémonies que l’on doit faire quand on le célèbre. Il explique les règles de la pieuse récitation de l’office divin. Puis, passant dans une seconde partie aux questions tout à fait pratiques, il parle des dispositions intérieures requises pour célébrer la messe avec fruit, en particulier de l’attention et de l’application d’espiit nécessaires, et qu’assure l’exercice de l’oraison mentale. A propos de la préparation au saint sacrifice, Molina traite du sacrement de pénitence et du « fréquent usage » qu’il en faut faire. Enfin, il termine par une exhortation adressée aux prêtres et aux fidèles à s’approcher souvent « du saint sacrement de l’autel ». P. Pourrat, La spiritualité chrétienne, t. iv, p. 506. En Italie, nous citerons de la même époque que Molina, J.-M. Belletti († 1626), Disquisitio clericalis in qua clericorum dignitas, condiliones… elucidantur. — En France, les mêmes pieuses réflexions sont proposées par L. Abelly († 1691), dans Sacerdos christianus, seu manuduclio ad vitam sacerdotalem instilændam, Paris, 1656. Sur Abelly, voir t. i, col. 55. Cet ouvrage, adapté par l’abbé Gobaille, en 1863, parut encore une fois à Paris sous le titre : Le mois sacerdotal ou trente jours de méditations sur les principales vertus de Notre-Seigneur Jésus-Christ considéré comme le modèle du prêtre.

Les maîtres du début de la congrégation de l’Oratoire ont étudié avec amour le sacerdoce chrétien. Nous citerons particulièrement le P. Bourgoing, dans sa Préface aux Œuvres de Bérulle, édit. Migne, 1856. Il envisage le mystère du sacerdoce chrétien dans ses rapports avec le mystère de l’incarnation : le prêtre continue Jésus-Christ, prêtre éternel. On trouve la même idée fondamentale dans les Discours de controverse et le Discours de l'état et de la grandeur de Jésus du cardinal de Bérulle, et dans l’Idée du sacerdoce et du sacrifice de Jésus-Christ, Paris, 1677, du P. de Condren. M. Olier s’en inspire dans son Traité des saints ordres, IIIe partie. Saint Vincent de Paul en déduit l'éminente dignité de l'état ecclésiastique, Correspondance, entretiens, documents, éd. Coste, t. xi, passim. Et nous la retrouvons sous la plume de Bossuet, Élévations sur les mi/stères, xiii c semaine, 6e élév. ; cf. Sermon pour la fête de l’Ascension, dans Œuvres oratoires, éd. Lebarq, t. i, p. 523.

La fondation des séminaires fît éclore, au xviie siècle, toute une effloraison de traités et règlements sur la formation des clercs. Matthieu Beuvelet se fit remarquer à ce point de vue parmi ses confrères de Saint-Nicolas-du-Chardonnet. Il fut l’un des premiers, dans cette période de réforme du clergé, à proposer, sous forme de méditations, les principes de la vie

ecclésiastique. Ses célèbres méditations furent publiées sous le titre : Méditations sur les principales vérités chrétiennes et ecclésiastiques pour tous les dimanches, /estes et autres jours de l’année, 3 vol., Paris, 1655. Il a publié également les Conduites pour les exercices principaux qui se font dans les séminaires ecclésiastiques, Paris, 1654. Les évêques eux-mêmes, lorsqu’ils fondaient un séminaire, ne manquaient pas de faire un règlement détaillé. Nous avons le Traité des séminaires, Aix, 1660, et les Conférences sur les saints ordres, de Godeau, évêque de Vence ; Massillon, dans ses discours synodaux, a inséré plusieurs Conférences sur les principaux devoirs des ecclésiastiques. Au séminaire de Saint-Sulpice se trouve un manuscrit, le Règlement épiscopal de Nicolas Pavillon, évêque d’Alet († 1677) et les Règlements de son séminaire d’Alet sous le titre de Résolutions arrêtées à Paris par Messeigneurs les évesques et quelques supérieurs de séminaires avec messieurs Ferret, de Poussé et le P. Vincent (de Paul), etc., louchant les séminaires ; cf. Pourrat, op. cit., p. 374, note.

La compagnie de Saint-Sulpice a apporté une contribution considérable à ce genre d'écrits. De M. Tronson († 1700) est connu l’ouvrage primitivement intitulé : Selectæ conciliorum et Palrum sententiic de sacratissimo clericorum ordine ac de eorum vila præcipuisque virtutibus, Paris, 1664, mais repris et développé sous le titre de Forma clen, ou recueil des passages de l'Écriture, des Pères et des conciles sur la vie et les mœurs des ecclésiastiques. Autres ouvrages : Examens particuliers sur divers sujets propres aux ecclésiastiques, Lyon, 1690 ; Manuel du séminariste, recueil d’entretiens adressés aux séminaristes sur la sanctification des actions ordinaires et sur les obligations des ecclésiastiques, Paris, 1823 ; Entretiens et méditations ecclésiastiques, Lyon-Paris, 1826 ; Traité de l’obéissance, aux supérieurs…, Lyon-Paris, 1824 ; Retraite ecclésiastique suivie de méditations sur l’humilité, Paris, 1 823. Avant ïronson, M. Olier, fondateur des sulpiciens, avait donné son Traité des saints ordres, et M. de Lantages, premier supérieur du séminaire du Puy, ses Instructions ecclésiastiques. C’est de cet esprit de Saint-Sulpice qu’est pénétré Charles Démia († 1639) dans son ouvrage Trésor clérical ou conduites pour acquérir et conserver la sainteté ecclésiastique, Lyon, 1682. Mais cet auteur avoue néanmoins beaucoup devoir à Godeau, évêque de Vence.

En Allemagne, il suffira de rappeler l’influence exercée par celui qu’on appelle le fondateur de l’Institut des clercs séculiers menant la vie commune, mais qui, en réalité, s'était donné pour but d’exhorter à la vie commune les prêtres séculiers. Il s’agit du vénérable Barthélémy Holzhauser († 1658), dont nous devons citer les Constitutiones clericorum siccularium, approuvées par Innocent XI en 1680. Holzhauser explique en détail dans ses Constitutions les diveises parties du programme qu’il propose. II formule le règlement du séminaire des jeunes clercs destinés à mener la vie en commun après leur ordination. Il indique les exercices de pitié que l’on doit faire chaque jour. Les clercs et les pasteurs qu’il veut former doivent unir la vie contemplative à la vie active.

En Italie, une place de choix doit être marquée au cardinal Jean Bona († 1674) lequel, principalement dans son Traclidus ascelicus de sacrificio missiv, Rome, 1653, veut enseigner, non seulement à ses religieux feuillants, mais aussi à tous les prêtres, l’excellence de la récitation de l’office divin et de la célébration de la sainte messe. Les enseignements spirituels qu’il donne, à l’occasion des différents rites sacrés, il les tire des écrits des Pères de l'Église et des auteurs ecclésiastiques autorisés. Vers la fin du xvire siècle, nous trouvons, également en Italie, un Dircctorium