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ORDRE. ESSAIS DE THÉOLOGIE POSITIVE


de l’ordre, tous les ordres ayant une fin unique.

c) Madère et firme du sacrement de l’ordre. — Dans le c. 7X, Bellarmin établit contre Dominique Soto, que la porrection des instruments ne suffît pas ; pour les ordres supérieurs, il faut encore l’imposition des mains. L'Écriture, en effet, ne donne pas d’autre rite pour l’ordination. Pour les anciens conciles, les anciens Pères, encore actuellement pour les Grecs modernes, l’ordination n’est que l’imposition des mains. Il n’est pas croyable que tant de Pères, de conciles, ayant si fréquemment traité du sacerdoce, aient toujours omis le seul rite essentiel. Mais la porrection des instruments, indiquée au concile de Florence, est aussi un rite essentiel. Dans l’ordination, le prêtre reçoit donc en deux cérémonies ses pouvoirs : le pouvoir sur le corps réel du Seigneur est conféré lors de la porrection du calice et de l’hostie, le pouvoir sur le corps mystique du Christ est conféré lorsque les paroles relatives à la rémission des péchés sont prononcées par l'évêque. On peut donc admettre qu’il y a deux caractères, ou plutôt un seul, mais, dans la seconde cérémonie, il est étendu. Bellarmin, sans toucher à la délicate question de l’introduction, à une date relativement récente de la porrection des instruments, se contente, en fin du chapitre, de dire qu’il est croyable que le Seigneur n’a institué toutes ces cérémonies de l’ordre que d’une manière générale, en avertissant les apôtres de conférer les ordres par la cérémonie de la porrection des instruments qui signifie le pouvoir communiqué.

d) Effet du sacrement de l’ordre. — Les catholiques admettent un double effet : un pouvoir sacré, dont le caractère indélébile est le signe ; la grâce nécessaire pour accomplir les fonctions de ce pouvoir. Les hérétiques nient surtout le caractère. Bellarmin en démontre l’existence par l’impossibilité de réitérer le sacrement et par l’inamissibilité du pouvoir d’ordre (c. x).

Les deux derniers chapitres sont consacrés, le onzième, très bref, au ministre de l’ordre, le douzième aux cérémonies. Tout en reconnaissant la nature purement accessoire de l’onction, Bellarmin en défend la valeur contre Chemnitz, et réfute les arguments de cet hérétique.

Certes, le traité de Bellarmin n’est pas parfait : il lui manque encore bien des données positives qui ne seront acquises qu’après les grands travaux historiques et liturgiques du xviie siècle, mais une voie sûre est tracée. Désormais, la théologie catholique possède le cadre précis dans lequel devra s’enchâsser la partie dogmatique de l'étude du sacrement d’ordre.

2. Autres théologiens.

Grégoire de "Valencia († 1603), dans ses Commentarii theologici, Ingolstadt, 1597, consacre la disp. IX au sacrement de l’ordre. Il y traite brièvement des différents ordres, de la distinction de l'épiscopat et de la prêtrise, contre Chemnitz, des effets, du ministre et, dans la q. v, des cérémonies de l’ordination ainsi que des ornements sacrés.

"Vasquez († 1604) a étudié le sacrement de l’ordre dans ses Commentarii et disputaliones in D. Tlwmam, in IIl am part., disp. CCXXXIII sq., avec toute l’ampleur qu’il a coutume d’apporter dans ses expositions.

Estius († 1613) accommode son commentaire In ZVum Sent., Paris, 1696, dist. XXIV-XXV, à la fois au texte du Maître des Sentences et aux décisions du concile de Trente. Ce commentaire dépasse les limites du dogme et s'étend à quelques considérations morales et canoniques. Le problème de la simonie est particulièrement étudié.

Silvius († 1649), au contraire, donne de l’ordre, Comment, in Ill^ra part. Summæ, Anvers, 1619,

un exposé purement dogmatique et d’une brièveté remarquable.

Tanner († 1632) doit être également consulté, comme présentant un bon exposé de la théologie de l’ordre, dogme et morale, après le concile.de Trente. Universa theologia…, Ingolstadt, 1626-1627, tract, de ordine.

Citons encore, comme dignes de mention, Martin de Ledesma, O. P. († 1604), Summarium de septem sacramentis, Salamanque, 1585 ; Eecanus, S. J. († 1624), Summa theologiw scholasticw, Lyon, 1690 ; Kunez, O. P. († 1614), Comment, ac disput. in III*™ part. D. Thomw cum additionibus, Venise, 1612 ; J. Granado, S. J. († 1632), Comment, ac disp. in universam doctrinam S. Thomæ de sacramentis et censuris, Anvers, 1616, disp. XX ; Bernai († 1642), Dispuiationes de sacramentis in génère et de eucharistia et ordine in particulari, Lyon, 1651 ; Gravina († 1643), Pro sacrosancto ordinis sacramento vindiciw orthodoxe, Naples, 1634 ; Aversa († 1657), De ordinis et malrimonii sacramentis, Bologne, 1643 ; G. de Bhodes († 1661), Dispuiationes Iheologicw, Lyon, 1671 ; Arriaga († 1667), Dispuiationes iheologicw in Summam S. Thomæ, t. viii, Lyon, 1669, De sacramentis extr. unct. et crdinis, disp. LV-LVIII ; Bosco († 1684), Theologia sacramentalis… cd menlem Sccli, Louvain, 166578 ; Fr. de Lugo († 1652), Traclalus de septem sacramentis, Venise, 1652 ; Esparza († 1689), Cursus theologicus, Lyon, 1685, t. X, c. xcii-cix. Bien que postérieurs à Petau et à Morin, ces deux auteurs ne semblent pas avoir tenu suffisamment compte du progrès de la théologie positive et de l’histoire des liturgies. On peut en dire autant des scotistes Mastrius († 1673) dans son Commentaire In l' am Sent., Venise, 1719, et Pontius, Theologiw cursus ad mentem Scoti, Paris, 1652.

2° La théologie positive au service de l’apologie catholique. — 1. Défense du dogme par Denis Petau. — Dans le De ecclesiastica lærarchia, Petau, pour réfuter les assertions protestantes, et notamment celles de Claude de Saumaise (1588-1658), étudie les origines de l'épiscopat et ses rapports, dans la période apostolique, avec le simple sacerdoce. Les deux premiers livres sont consacrés à cette étude dans laquelle le docte jésuite s’efforce c’e démontrer que, si l'épiscopat et la simple prêtrise étaient primitivement conférés simultanément au même sujet, les deux pouvoirs n’en demeuraient pas moins distincts. Il le prouve en exposant, dans le t. I, la doctrine scripturaire, dans le t. II, la doctrine patristique, notamment celle de Théodoret, de Jean Chrysostome, de Jérôme. Dans les 1. III et IV, il attaque vivement les positions hérétiques et prend la défense du concile de Trente, à l’aide des conclusions auxquelles il est parvenu à la suite des études positives des livres I et IL Le livre V réfute l’opinion professée par David Blondel (1591-1655) sur les évêques et les prêtres de la primitive Église.

Voici les points erronés de la doctrine protestante, auxquels Petau s’est appliqué à opposer la vérité catbolique (c’est lui-même qui signale les buts apologétiques par lui poursuivis) : 1° l'épiscopat et le presbytérat ne sont qu’un seul et même ordre, de par l’institution du Christ : 2° le prêtre, en tant que prêtre, et non en tant qu'évêque, peut imposer les mains et ordonner et confirmer ; 3° il n’existe pas dans l'Église de sacrement d’ordre, parce que le Christ n’a institué aucun sacerdoce, n’a confié à aucun prêtre le gouvernement de son Église ; 4° c’est avec raison que les vaudois ont enlevé aux prêtres leur sacerdoce, ce sacerdoce qui n’existait pas et dont on ne parlait pas au temps des apôtres. Dans l'Évangile, il n’y a aucun vestige du sacer-