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ORDRE. CONCILE DE TRENTE


ministre récite en plaçant la main sur la tête du candidat qui se met à genoux :

En conséquence de ces déclarations et de ces promesses, et nous étant assurés, autant qu’il est en nous, que vous avez été dûment préparé pour cette charge (ici ions les minisires se lèvent et placent leurs mains sur la tête du candidat), nous qui sommes assemblés ici au nom du Seigneur, agissant par son autorité et représentant son Église, nous vous établissons et vous confirmons dans le ministère de la parole au sein de cette Église, nous vous reconnaissons le droit d’y remplir régulièrement toutes les fonctions de ce ministère, telles que la prédication de l'Évangile, l’administration des saints sacrements, l’instruction de la jeunesse, la bénédiction des mariages et tous les autres devoirs qui s’y rapportent. Nous demandons à Dieu qu’il vous fasse la grâce de remplir cette charge comme devant lui en rendre compte, afin que quand le souverain Pasteur paraîtra, vous receviez la couronne incorruptible de gloire, par Jésus-Christ Notre-Seigneur. Amen.

Une longue prière est alors récitée pendant que l’assemblée est à genoux, pour attirer la bénédiction divine sur le nouveau ministre qui reçoit le baiser de paix des ministres qui l’ont consacré et la cérémonie se termine par la bénédiction donnée par le ministre consacrant, comme à la fin des services du dimanche.

D’autres liturgies protestantes sont plus sobres que celle du pasteur Bersier. La liturgie, rédigée en allemand, pour les Églises de la confession d’Augsbourg en Alsace, Strasbourg, 1856, ne comporte pour l’ordination qu’une prière, une allocution, une brève interrogation de candidat, et la formule consécratoire se réduit à ceci :

N…, En conséquence de ta promesse solennelle, je te consacre et t’ordonne comme légitime ministre de l'Église évangélique, et t’autorise à exercer le saint ministère que le Christ, Notre-Seigneur, a lui-même institué, au nom de Dieu, Père, Fils et Saint-Esprit. Amen.

Suit une dernière prière que clôt le Pater.

Aucune bibliographie d’ensemble sur l’ordre et l’ordination chez les protestants. Il faut ou recourir aux sources mêmes, comme on l’a fait ici, ou se contenter des articles de Dictionnaires ou Encyclopédies protestantes aux mots : Ordination, Consécration, et la moisson qu’on y pourra récolter est la plupart du temps fort maigre.

II. L'ŒUVRE DOCTRINALE DU CONCILE DE TRENTE.

— C’est dans la xxiiie session que le concile de Trente a défini la doctrine catholique relative au sacrement de l’ordre. Nous citerons constamment la dernière édition des Actes du concile, Concilium. Tridentinum, édit. de la Gœrresgesellschaft, Fribourgen-B., 1924.

Travaux préliminaires.

1. Catalogue des erreurs

protestantes. — Dès le 18 septembre 1562, un certain nombre d’articles, extraits plus ou moins textuellement des œuvres des hérétiques, mais à coup sûr reproduisant exactement le sens de leurs erreurs, furent soumis à l’examen des théologiens. Ceux-ci devaient décider si ces articles étaient hérétiques, erronés, schismatiques et dignes de la réprobation du saint concile. Voici ces articles, au nombre de sept.

Art. 1. — Ordinem non L’ordre n’est pas un sa esse sacramentum, sed ricrement ; mais c’est un

tum quemdam eligendi et simple rite qui consiste

constituendi ministros verbi à élire et à établir les mi et sacramentorum. nistres de la parole et des sacrements.

Art. 2. — Ordinem non L’ordre non seulement

solum non esse sacramenn’est pas un sacrement ;

tum, sed potius figmentum mais il est bien plutôt une

humanum excogitatum a fiction humaine, inventée

viris rerum ecclesiaslicapar des hommes ignorants

rum imperitis. des choses ecclésiastiques.

Art. 3. — Ordinem non L’ordre n’est pas un sa esse unum sacramentum, crement un ; les ordres infé nec infimos et medios ordines velut gradus quosdam tendere in sacerdotii ordinem.

Art. 4. — Nullam esse ecclesiasticam hierarchiam, sed omnes christianos ex

  • quo esse sacerdotes, et ad

usuni seu executionem opus esse vocatione magistratus et consensu populi, et qui sacerdos semel fit, eum laicum rursus posse fieri.

rieurs et moyens ne sont pas des degrés tendant vers l’ordre du sacerdoce.

Il n’y a pas de hiérarchie ecclésiastique. Tous les chrétiens sont également prêtres. Mais, pour que ce sacerdoce soit mis en exercice et exécution, il faut l’appel de l’autorité et le consentement du peuple. Celui qui est devenu une fois prêtre, peut redevenir simple laïque.

Dans le Nouveau Testament, il n’y a pas de sacerdoce visible et extérieur, ni aucune puissance spirituelle, soit pour consacrer le corps et le sang du Seigneur, soit pour l’offrir, soit pour absoudre des péchés au for de Dieu. Il n’existe qu’une fonction ayant pour objet l’enseignement de l'Évangile ; et ceux qui ne prêchent pas l'Évangile ne sont pas vraiment prêtres.

L’onction non seulement n’est pas requise dans la collation des ordres ; mais elle est nuisible et il la faut mépriser, ainsi que toutes les autres cérémonies. Dans l’ordination le Saint-Esprit n’est pas conféré. Aussi les évêques commettent-ils une impertinence, en disant aux ordinands : Recevez le Saint-Esprit.

Les évêques ne sont pas supérieurs aux prêtres. Il n’ont pas le droit d’ordonner des ministres ; ou, s’ils ont ce droit, il leur est commun avec les prêtres, et les ordinations qu’ils pourraient faire sans le consentement des fidèles seraient sans valeur.

Par l’exposé qui a été fait plus haut des erreurs protestantes, on peut constater l’exactitude et l’objectivité de ce résumé.

2. Projets divers de textes promulguant la doctrine et les canons relatifs au sacrement de l’ordre. Leur discussion. — La rédaction de l’exposé doctrinal et des anathèmes à terminer contre l’hérésie fut confiée à trois groupes de théologiens, se partageant les sept articles précités. Quinze théologiens devaient examiner les trois premiers ; quinze autres les quatrième et cinquième ; seize enfin, les deux derniers. Seize réunions furent nécessaires pour aboutir à la rédaction d’un premier projet, visiblement rédigé en fonction des erreurs à combattre, puisqu’il comprenait exactement sept anathèmes. Ce projet fut soumis à une commission de huit membres, deux archevêques (Zara et Reggio), quatre évêques (Coimbre, Léon, Nîmes, Czanad), deux supérieurs d’ordres (servites et jésuites).

Ce premier projet fut distribué le 13 octobre 1562. En voici la substance : Il existe dans la Nouvelle Loi un sacerdoce ordonné au sacrifice eucharistique, comportant différents degrés, ordonnés eux-mêmes au degré suprême, le sacerdoce, qui les renferme tous. Le diaconat est affirmé par l'Écriture ; les ordres inférieurs sont nommés avec leurs fonctions dans les plus anciens documents de l'Église. L’ordre, conférant simultanément pouvoir et grâce au moyen d’un rite

Art. 5. — Non esse in Novo Testamento sacerdotium visibile et externum, neque potestatem aliquam spiritualem, sive ad conseerandum corpus et sanguinem Domini, sive ad oflerendum, sive ad absolvendum coram Deo a peccatis ; sed offieium tantum et magisterium prædicandi Evangelium, et eos, qui non prædicant, promis non esse sacerdotes.

Art. 6. — Unctionem non solum non requiri in ordinum traditione, sed esse perniciosam et contemnendam, similiter et omnes alias cæremonias, et per ordinem non conferri Spiritum Sanctum ; proinde impertinenter episcopos, cum ordinant, dicere : Accipite Spiritum Sanctum,

Art. 7. — Episcopos non esse presbyteris superiores, nec habere jus ordinandi, aut, si habent, id illis esse commune cum presbyteris, ordinationesque ab ipsis factas sine plebis consensu irritas esse. Concilium Tridentinum, éd. cit., p. 5.