Page:Alfred Vacant - Dictionnaire de théologie catholique, 1908, Tome 11.2.djvu/100

Cette page n’a pas encore été corrigée
133
1334
OOJ — ORDRE. LA RÉACTION PROTESTANTE


Études, t. i. xxiii. p. 315-336. On se souviendra d’ailleurs de la glose d’Innocent IV : De ritu apostolico invenitur in epistola ad Timotheum, quod manus imponebant ordinandis, et quod orationes fundebant super eos. Aliam autem formam non invenimus ab eis servatam. Unde credimus quod nisi essent formiv postea inventa ?, sufficeret ordinatori dicere : « Sis sacerdos » vel alia wquipollentia verba. Sed, subsequentibus temporibus, formas quæ servantur Ecclesia ordinavit. In cap. Presbuter. Apparalus super Y libros Decretalium, Milan, 1505, ꝟ. 40 v°.

Sur l’essence du sacrement de l’ordre, on consultera Gravina, O. P., Pro sacrosancto ordinis sacramento vindieiæ orthodoxiu, Naples, 1634 ; J. Pons, S. J., Disscrtatio hisloricodogmatica de materia et forma sacres ordinationis, Bologne, 1775 ; dom Chardon, Histoire des sacrements… De l’ordre, dans Migne, Cursus theologicus, t. xx ; Merlin, S. J., Traitéhistorique et dogmatique sur les paroles ou les formes des sept sacrements de l'Église, dans Migne, id., t. xxi ; Arcudius, De amcordantia Ecclesiæ occidentalis et orientalis in seplem sacramentorum administratione, Paris, 1626 ;.1. Morin, Commentarius historicus et dogmaticus de sacris ordinationibus, Paris, 1655 ; van Rossum, De essentia sacramenti ordinis disquisitio historieo-theologica, Fribourg-en-B., 1914 ; A. d’Alês, art. Ordination, dans le Dict. apol., t. iii, col. 1143, et les articles cités au cours du paragraphe, relatifs au décret d’Eugène IV et au pouvoir de l'Église dans la détermination du rite sacramentel (Harent, de Guibert, Galtier, Ami du clergé, Quéra), ainsi que l’article du P. Hannssens concernant La forme sacramentelle dans les ordinations sacerdotales de rit grec, dans Gregorianum. 1924 (2) ; 1925 (1).


IV. La réaction protestante et l'œuvre doctrinale DU CONCILE DE TRENTE.

I. LA RÉACTION priitestaste. —

Les précurseurs lointains du protestantisme, Wicleff, Huss, professent des principes subversifs de l’autorité dans l'Église, et qui semblent parfois aller jusqu'à la négation du sacerdoce chrétien. Cette négation sera, dans le protestantisme, une conséquence directe, quoique déjà assez éloignée, du principe fondamental sur lequel s’appuie toute la doctrine réformée : la justification par la foi. Sous son aspect négatif, comme sous son aspect positif (voir Justification, t. viii, col. 2139-2146), la justification protestante supprime nécessairement l’intermédiaire entre Dieu et l’homme. Puisqu’en effet, seule, la foi justifie, les sacrements ne peuvent plus être le canal, la condition, la cause de la grâce sanctifiante ; ils ne sauraient être tout au plus que des signes attestant notre foi en la promesse que Dieu nous a pardonné nos péchés en vue de Jésus-Christ et nous a adoptés pour enfants. Ils ne sont même plus absolument nécessaires. Ils ne servent qu'à soutenir et à exciter notre foi : mais ils ne renferment aucune vertu intrinsèque ni physique ni morale ; ils ne possèdent par eux-mêmes aucune efficacité. Toute leur action sanctifiante est du dehors. Leurs formules exhortent, mais ne consacrent pas. La grâce peut être reçue sans qu’il soit nécessaire d’y recourir. Si Calvin en recommande parfois l’usage et en vante la dignité, c’est sous des paroles ambiguës qui voilent sa véritable pensée, celle qui découle de sa doctrine sur la prédestination : la grâce n’est donnée qu’aux élus ; elle ne peut donc en aucune façon être attachée à un signe sensible. Luther, qui, pour sa part, admettait une sorte de sanctification par le baptême, expliquait en même temps que cette sanctification était donnée par la foi. Zwingle, plus radical, supprime tout rôle au sacrement, qui ne sert plus que de profession de foi, de signe de ralliement, d’union entre les hommes : recevant le sacrement, le fidèle donne plutôt à l'Église une preuve de sa foi qu’il n’en reçoit lui-même le sceau et la confirmation. Ainsi se trouve éliminé l’intermédiaire — le prêtre — entre Dieu et l’homme. La négation de l'Église

visible et hiérarchique, puis du pouvoir d’ordre ne sera que la conséquence de ces principes.

1° Les précurseurs. — C’est déjà une atteinte au fondement scripturaire du sacrement de l’ordre, que nous trouvons chez Abélard, dans la prop. 12 condamnée à Sens (1141) : Quod potestas ligandi atque solvendi apostolis tantum data sit, non successoribus. Denz.-Bannw., n. 379 (voir Abélard, t. i, col. 45). Mais le mouvement de la Réforme se trouve vraiment quelque peu en germe dans les théories de ceux qui, depuis la fin du xii l e siècle, sous le fallacieux prétexte de réformer les abus de l'Église — vaudois, apocalyptiques et spirituels — s’attaquaient en réalité à l'Église elle-même, à son autorité, à la hiérarchie, en somme, au pouvoir de juridiction et d’ordre.

1. Marsile de Padoue et Jean de Jandun (voir ces deux mots, t. x, col. 153 et t. viii, col. 764). — On a vu plus haut, col. 1311, que la question de la différence entre l'épiscopat et la simple prêtrise a toujours sussité, chez les théologiens catholiques, certaines discussions. Tant que ces discussions demeurent confinées dans les limites où la liberté d’opinion reste permise, l'Église n’a pas à s’y opposer : il lui suffit qu’on proclame l’origine divine de l'épiscopat, son pouvoir de juridiction supérieure et son pouvoir quant à la transmission du sacerdoce et du diaconat. Mais ces limites ne furent pas toujours respectées. Dans la lutte du parti impérial de Louis de Bavière contre le pape Jean XXII, Marsile de Padoue et Jean de Jandun prennent le parti du prince (voir Marsile de Padoue, t. x, col. 155-160). Les empiétements de la papauté les obligent, disent-ils, à délimiter exactement les pouvoirs de l'Église, dont ils ne contestent pas d’ailleurs l’origine divine. Aucun pouvoir temporel n’appartient à l'Église, aucune juridiction au for extérieur. Seul donc demeure d’institution divine le pouvoir d’ordre. Dieu l’accorde aux hommes par l’intermédiaire de rites humains. L’inégalité qui existe entre les membres de la hiérarchie est une institution humaine : s’appuyant sur un texte fameux de saint Jérôme, Marsile établit que les évêques et les prêtres étaient primitivement égaux ; seules des raisons d’ordre social ont créé entre eux une distinction. Le pape lui-même rentre dans la règle générale. D’où la quatrième proposition condamnée par Jean XXII : « Que tous les prêtres, qu’il s’agisse du pape, d’un archevêque ou d’un simple prêtre, sont, en vertu de l’institution du Christ, égaux en autorité et en juridiction. » Il faut peut-être même ajouter : égaux dans leur pouvoir d’ordre, car, « avec saint Jérôme, Marsile se plaisait à admettre, au sens le plus littéral, l’identité primitive des évêques et des prêtres. D’où il concluait à l'égalité du caractère sacerdotal entre ses divers détenteurs : Hune siquidem sacerdotalem characterem… probabiliter mihi videtur quod omnes sacerdoles habent eumdem specie, nec ampliorem habet hune Romanus episcopus aut alter aliquis quant simplex dictas sacerdos quicumque. Defensor, ii, 15 : cf. t. x, col. 170.

2. Jean Wiclef et ses partisans. — C’est encore l’erreur régalienne qui est à la source de la révolte de Wiclef (voir ce mot). LTrbain V (1365) ayant réclamé à Edouard III le tribut annuel de 1000 marcs qui n'était plus acquitté depuis trente-trois ans, le parlement déclara (1366) que Jean sans Terre n’avait pu contracter cette obligation sans le consentement des États, que le roi actuel d’Angleterre ne pouvait pas accéder à une demande qui blessait l’indépendance du pays. A ce moment Wiclef faisait son ascension dans les bonnes grâces du souverain et lorsque, en 1375, il eut ajouté à son professorat la riche paroisse de Lutterworth, il se servit, lui. l’homme de mœurs très