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NESTORIENNE (L'ÉGLISE) SOUS LES SASSANI ]) !  : >


Le christianisme…, p. 51-82 ; M. A. Wigiam, .lu introduction to the htslorg of the assyriun Church, Londres, l’JlO, p. 56-76. Sur l’ensemble de cette période : Mari, édit. Gismondi, p. 16-28, trad., p. 14-24 ; Amr et Sliba, p. 15-20, trad., p. 9-12 ; Chronique d’Arbèles, édit. Mingana, p. 48-61, trad., p. 128-140.

3° L’influence de l’Occident : l'École des l’erses. - — La persécution de Sapor II avait ébranlé l’organisation des chrétientés de Perse ; c’est grâce à l’influence de l’Occident qu’elle put se rétablir. Bien que le concile de Nicée ait eu lieu avant la rupture de l'état de paix entre Perses et Romains, les prélats d’Orient n’y avaient été que très faiblement représentés. La Chronique de Séerl dit que Pâpâ, étant trop âgé pour pouvoir vovager, y délégua ses diacres, Simon bar Sabbâ'ë et Sahdost, qui devaient être ses successeurs ; mais d’autres, ajoute la même chronique, citent seulement comme assistants au concile Sahdost et Jacques de Nisibe ; Élic de Merv enfin et Sahdost, évêque de Tirhan, citent comme participants orientaux au concile : Jacques de Nisibe, Georges, évêque du Sindjar, et Jean, évêque du Beit Garmaï, P. O., t. iv, p. 277 [67]. Les listes grecques ne connaissent pour la Mésopotamie qu’Aytallâhâ d'Édesse, Jacques de Nisibe, Antiochus de Resaïna, Maréas de Macédonoupolis et Jean, de Perse. H. Gelzer, H. Hilgenfeld et O. Cunls, Patrum Nicœnorum nomina…, dans Scriplores sacri et profani…, fasc. 2, Leipzig, 1898, p. lxi. Mais il faut se rappeler qu’au temps du concile les quatre villes citées, y compris Nisibe, appartenaient à l’empire romain. Il n’y avait donc qu’un évêque de Perse, Jean, « du Beit Garmaï, nommé par les listes grecques et les autorités nestoriennes tardives que cite la Chronique de Séert.

Il est constant cependant que l’Occident s’intéressait alors à la chrétienté d’Orient, témoin Arnobe, écrivant dans son Adversus Nationes, II, 12 : Enumerari enim possunt… quæ in India gesla sunt, apud Seras, Persos et Medos…, P. L., t. v, col. 828. Et, si l’authenticité de la lettre des Pères occidentaux en faveur de Pâpâ n’est pas démontrée (voir ci-dessus col. 165), il y a pour la rendre plus vraisemblable cette lettre de Constantin à Sap’or, où il lui parle des chrétiens de Perse, lettre dont malheureusement les circonstances ne sont pas connues, mais dont l’insertion par Eusèbe dans la Vita Constantini rend le témoignage irréfragable ; cf. iv, 9-13, édit. I. A. Heikel, Leipzig, 1902, p. 121-2 ; P. G., -t. xx, col. 1157-1161. L’Orient d’ailleurs, à défaut d’une dépendance hiérarchique, ne tarda pas à rechercher la doctrine de l’Occident. Dès son retour de Nicée, dit Barhadbsabbâ 'Arbayâ, Jacques de Nisibe ouvrit une école dans sa ville épiscopale, et y appela comme interprète le jeune diacre Éphrem. Cause de la fondation des écoles, dans P. O., t. iv, fasc. 4, Paris, 1907, p. 377 [63]. Or, il semble bien que le but de cette école, ouverte à la frontière de la romanité, ait été, dès le principe, d’attirer les chrétiens de Perse désireux de s’instruire et empêchés de le faire par l'éloignement, puis par la persécution, car les Mésopotamiens de l’empire romain pouvaient sans trop de difficulté rejoindre les Syriens à Antioche. Pour tous les historiens orientaux, d’ailleurs, l'école de Nisibe est P « École des Perses » ; et c’est sous ce nom qu’elle devint célèbre lorsque, Nisibe ayant été cédée à Sapor par Jovien en 363, saint Éphrem transporta son enseignement à Édesse. L'École d'Édesse est donc bien la porte de communication entre l’Occident et l’Orient, par où pénètre la doctrine grecque. Si Éphrem et les maîtres syriens ou perses qui lui succèdent à la tête de l'École ont un enseignement personnel, il n’en est pas moins vrai qu’un grand attrait pour les ouvrages grecs s’est manifesté dès lors parmi

les professeurs et élèves de l'École, et nombreuses sont les traductions faites dès le début du ve siècle : philosophie aristotélicienne, histoire, sciences profanes, surtout exégèse et théologie. Sans doute les Syriens aussi voulaient s’assimiler les auteurs grecs, et l’on sait qu’un certain nombre de traductions furent exécutées plus tard dans des couvents de la région d’Antioche, mais il semble certain que les Perses, peut-être parce que beaucoup d’entre eux étaient de race indo-européenne, étaient particulièrement friands de la sagesse grecque, si bien qu’ils ont eu dans l’exécution des traductions anciennes une part prépondérante. Cf. W. Wright, A short hislory of syriac lileralure, p. 57-65 ; R. Duval, La littérature syriaque, p. 246, 311 ; A. Baumstark, Geschichte…, passim, sous les noms des membres les plus célèbres de l'École des Perses.

Tandis qu’une jeunesse cléricale remplie d’ardeur se préparait, au delà des frontières, à former un magnifique cadre pour l'Église de Perse au lendemain de la persécution, le siège de Séleucie restait vacant pendant quarante ans environ, après le martyre de trois pasteurs successifs, Simon bar Sabbâ'ë, Sahdost et Barba’semin. Les deux noms que fournissent les chroniqueurs pour la fin du siècle, après la mort de Sapor II, Tomarsâ et Qayyumâ, n’ont laissé à peu près aucune trace dans l’histoire : d’après la Chronique de Séeit, la vacance dura de la 39e année de Sapor à l’avènement de Bahram IV (348-388), P. O., t. v, p. 305 sq. [193 sq. ]. Tomarsâ s’efforça surtout de reconstruire les églises détruites ; de Qayyumâ, élu âgé, nous ne savons rien que sa démission en faveur du futur réorganisateur de la chrétienté persane, le catholicos Isaac.

Lorsqu’en 399 Yazdegerd monta sur le trône, l’empereur Arcadius lui envoya pour le féliciter une ambassade, dont le chef était l'évêque de Maypherqat, Marouta ; cf. Marouta de Maypherqat, t. x, col. 142149. Celui-ci, comme mésopotamien, devait réussir plus facilement qu’un byzantin à la cour de Perse ; en outre, il était, dit-on, habile médecin et les soins qu’il donna avec succès à Yazdegerd lui assurèrent sur l’esprit de ce monarque une influence considérable. Arcadius, en écrivant à Yazdegerd, l’avait engagé à bien traiter les chrétiens de ses États ; Marouta plaida éloquemment en leur faveur et le monarque promit sa bienveillance. C’est alors qu’un synode partiel se réunit, où Qayyumâ put faire accepter sa démission en faveur dTsaac, dont Mari fait un parent de Marouta, p. 30, trad., p. 26, tandis que Barhébræus le suppose de la famille de Tomarsâ (Barhébræus : Tamûzâ), Chronicon ecclesiasticum, t. iii, p. 47 sq.

Nous n’avons aucune information directe sur les premières années du pontificat dTsaac, mais il semble qu’il trouva, dans ses efforts pour réorganiser l'Église de Perse, une opposition analogue à celle qu’avait rencontrée Pâpâ dans la première tentative d’organisation générale. Lui aussi, sans doute, eut soin de mettre au courant de ses difficultés les évêques d’Occident, car dans l’hiver de 409-410 Marouta revenait à la cour de Perse. Cette fois, il était l’envoyé aes évêques le plus directement intéressés aux affaires des chrétiens de Perse, Porphyre, patriarche d’Antioche, Acace d’Alep, Pëqïdâ d'Édesse, Eusèbe de Telia, Acace d’Amid. Synod. orient., p. 18, trad., p. 255. Ces prélats avaient donné à Marouta des instructions écrites, en forme de lettre, l’invitant à réaliser autant que possible l’unité de doctrine et de discipline entre les Églises d’Orient et d’Occident.

Il était si avantageux pour Isaac de recevoir un code ainsi préparé, qu’il traduisit aussitôt du grec en persan la lettre des prélats de Syrie et Mésopotamie