Page:Alfred Vacant - Dictionnaire de théologie catholique, 1908, Tome 11.1.djvu/576

Cette page n’a pas encore été corrigée
1133
1134
ORATOIRE. THEOLOGIENS


ont attaqué ; l’Oratoire a riposté, s’csl trouvé être leur rival. Et, comme les ennemis de nos ennemis sont nos amis, on a fait alliance avec le parti. Les divergences doctrinales entre augtistinistes et molinistes n’ont eu d’abord que peu d’influence, elles se sont développées ensuite. — 4. Ceci reconnu, on n’a pas le droit de dire que les Pères dans leur ensemble étaient jansénistes : c’est quand l’influence de Zamet est grande à Port-Royal (1625-1 634), avant qu’il soit supplanté par Saint -Cyran, qu’ony trouvedavantaged’oratoriens ; en 1648. Gibieuf défend aux Carmcls, dont il est supérieur, tout commerce avec Port-Royal ; en 1657, sur 425 membres, 400, dont Quesnel, signent le Formulaire. Plus tard, 1705 : « Avec quelle passion, dominicains, capucins, carmes déchaussés, bénédictins de Saint-Maur et de Saint-Vanne, prémontrés, chanoines de Sainte-Geneviève, quelques lazaristes même s’étaient enrôlés sous la bannière de l’évoque d’Ypres. Saint-Sulpice seul résistait. » Houssaye, t. i, 9. L’Oratoire ne paraît pas avoir été guère plus coupable que les autres, c’est une injustice de faire du terme oratorien un synonyme de janséniste. Les prédicateurs enseignaient la vraie doctrine. Le P. Amelote, au grand scandale des jansénistes, prit le parti des jésuites dans La défense de la constitution d’Innocent X etd’A lexandre VII avec un traité des souscriptions. in~l°, Paris, 1658-1660. Le P. Le Porcq, (voir le mot) s’efforce de montrer que Jansénius a mal compris saint Augustin, fait voir « que ce que l’esprit de piété dit au cœur de ceux qu’il anime est formellement opposé à la doctrine de Jansénius. » Préface de l’éd. de 1700. 5. Si un trop grand nombre ont été coupables, le régime et l’ensemble de la congrégation est resté uni aux pasteurs légitimes. Le P. Sénault (1663-1672) fit adopter, d’un consentement unanime, un statut d’après lequel « la congrégation se soumettait sincèrement et de cœur aux constitutions d’Innocent X et d’Alexandre VIL » Le P. de Sainte-Marthe (1672-1696), réitère en 1675, la défense d’enseigner aucune doctrine nouvelle et suspecte ; l’assemblée générale de 1678 « interdit aux Pères d’enseigner celles qui sont condamnées par l’Église ou qui pourraient être suspectes des sentiments de Jansénius et de Baïus. » Il prescrit « d’ôter des chambres le livre de Jansénius et autres défendus, » réclame la signature d’un formulaire en 1678 : exclut en 1685, les PP. Quesnel, Duguet et plusieurs autres, qui refusent de signer. Dans une brochure très documentée. Le prétendu jansénisme du P. de Sainte-Marthe, le P. Ingold a montré que celui-ci « a été manifestement calomnié. »

Le P. de la Tour (1696-1733), après la bulle Unigenilus, estima un moment nécessaire l’appel au concile, mais se ressaisit bientôt, amena Noail les à la soumission, exclut de la congrégation les confrères appelants. Le P. de la Valette (1733-1772), vivement attaqué, lors de son élection, par les Nouvelles ecclésiastiques, fit en 1746 rayer le nom des appelants des listes de convocation à l’assemblée, et fut félicité par Benoît XIV de ses efforts pour obtenir la soumission. Les PP. Muly (1773-1779), Moisset (1779-1790), s’efforcèrent de ramener les dissidents ; les querelles au reste s’apaisaient en présence des attaques de l’incrédulité. Le mauvais renom de l’Oratoire en ceci est dû en partie à la célébrité de quelques membres comme Quesnel, Duguet, Soanen (on oublie qu’ils ont été exclus de la congrégation), et à l’effort persévérant des jansénistes à attirera eux des personnages illustres. le P. de Bérulle lui-même, dont le procès de canonisation fut arrêté à cause de leurs intrigues. Voir Houssaye, op. cit., t. iii, p. 548.

4° Les principaux auteurs qui ont écrit sur la théologie ou le droit canon sont : Eustache Gault († 1640), Traité des conciles. — Guillaume Camerarius, Dispu tationes theologicse, ln-8°, Paris. 1639 : Dissertatio théologien de electione angelorum et hominum ad glorinm, in-12, Rennes, 1641. Jérôme Vignier († 1661) compose les deux épîtres dédicatoires mises en tête « les œuvres de saint Augustin récemment découvertes : S, Aurelii Augustini Hipponensis episcopi operum omnium unie annos 1614 tam Basileæ quam Lutctiæ, Antverpiie, Lugduni et Veneliis editorum, supplementum, 2 vol. in-fol., 1654. Claude Arnaud, Abrégé du trésor des cérémonies ecclésiastiques du P. P. <iavanlus, in-12, 1643, le premier ouvrage de ce genre édité en français. - - Nicolas de Bralion, un traité sur le même sujet, (ïieremoniale canonicorum seu institutiones practiac sucrorum S. P. E. riluum, in-12, 1057.--Bon de Merbès, Summa christiana seu orlhodoxa morum disciplina ex sacris litleris SS. palrum monumentis… excerpla, 2 vol. in-fol., Paris, 1685. — Louis du Laurens, Dispute touchant le schisme et la séparation que Luther et Calvin ont faite de l’Église romaine, in-fol., 1655. (Voir le mot.)-- Jean de Wehyte-Le-Blanc, Theoremata ex universa theologiu, parlim notis historicis, parlim sacramentorum praxi illustrata, in-8°, Nantes, 1670. — Jean Cabassut, Notifia ecclesiastica historiarum, conciliorum et canonum…, in-fol., 1680 ; Traité de l’usure ; Juris canonici theoria et praxis, in- 1°, Lyon, 1678. — Cette question du prêt à intérêt préoccupait alors beaucoup. Jacques Thorentier avait écrit pour le condamner L’usure expliquée et condamnée per les Écritures, in-12, Paris, 1673. Au contraire le P. Chaduc la permettait dans Traité de l’usure, in-16, 1674. - Benoist Archimbaud donne Abrégé historique du droit canon, in-12, Lyon, 1682. — Nicolas Joseph Poisson négocia en cour de Rome la condamnation de 65 propositions de morale relâchée déclarées erronées par le décret d’Innocent XI du 2 mars 1679 (Denzinger-Bannwart, n. 1151-1215), et publia Acta Ecclesiæ Mediolanensis a Sancto C.arolo… condita, 2 vol., in-fol., Lyon, 1682-1683 : Delectus actorum Ecclesiæ universalis seu nova summa conciliorum…, 2 vol. in-fol., Lyon, 1706. - - Juénin, Théorie et pratique des sacrements, 3 vol. in-12, vers 1696 ; Instilutiones theologicse ad usum seminariorum, 4 vol. in-12, 1696.

A l’approche de la Révolution, il faut citer encore : Pinel, De la primauté du pape, in-4°, 1770. — Joseph Villa qui a composé plusieurs manuels, Instiiutiones theologicse, 6 vol. In-12, Lyon, 1782 ; Inslituliones philosophicæ, 5 vol. in-12, Lyon, 1782, plusieurs fois réimprimées. — On est obligé de défendre la religion contre le philosophisme, Bargêde écrit La religion chrétienne justifiée au tribunal de la politique et de la philosophie, in-12, Liège, 1788. — Bernardi, Observalions sur le plan d’éducation nationale de M. Mirabeau l’aîné, in-8°. Tours, 1791 ; Vues générales sur l’instruction cléricale ou l’enseignement des séminaires, in-8°. Tours, 1791. — Enfin fabaraud. né en 1744, exilé en Angleterre pendant la Révolution, mort seulement en 1832, défend la religion par toute sortes de brochures.

V. Philosophie.

Augustinien en théologie, le P. de Bérulle était platonicien en philosophie : au Collège de Clermont, il a^’ait pu remarquer comment, sans tomber dans les déclamations de Ramus, les jésuites ne craignaient pas de contredire le Maître qui régnait toujours en Sorbonne, mais dont l’influence était de plus en plus contestée, la réaction contre Aristote devenait passionnée, agressive.

Aux docteurs scolastiques, il préférait les Pères des premiers siècles, qui avaient un culte pour le fondateur de l’Académie : il se plaisait à voir saint Cyrille affirmer que Platon et ses disciples ont entrevu le mystère de la génération du Verbe et de la production du Saint-Esprit, Clément d’Alexandrie trouver dans un texte célèbre une allusion presque prophétique aux souffrances de Jésus-Christ, saint Augustin faire l’éloge