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OPTAT DE MILÈVE


hérence vient simplement des circonstances de la publication : Optât n’a pu réaliser son dessein et cette deuxième édition qu’il préparait a été donnée par un disciple aussi maladroit que peu scrupuleux. » P. Monceaux, Histoire littéraire de ï Afrique chrétienne, t. v, p. 255-256.

Occasion.

La date de cette révision peut être

fixée aux environs de 385, puisque la liste des papes de Rome mentionne Sirice qui succéda à Damase en décembre 384. Quant à la date de la première, P. Monceaux a bien resserré les deux termes entre lesquels les critiques antérieurs la situaient, soit 363-378 (règne commun de Valens et de Yalentinien) ; il aboutit par des considérations fort justes à assigner la composition de l’ouvrage aux années 366-367. Op. cit., p. 249.

Telle quelle, cette première édition de 366-367 se présente comme une réponse au chef du donatisme, Parménien, évêque de Carthage. Celui-ci, rentré en Afrique en 362, au lendemain du rescrit de Julien qui annulait l’arrêt de proscription rendu par Constant, avait reformé l’Église dissidente, mise fort mal en point par le fils de Constantin. En même temps, dans une série de pamphlets contre « l’Église des traditeurs », il avait violemment attaqué les catholiques. L’ouvrage d’Optat de Milève se propose de répliquer aux accusations portées par le prélat donatiste, I, vi, P. L., t. xi, col. 895 ; éd. Ziwsa, p. 8, sans toutefois s’astreindre à suivre toujours le même ordre que ce dernier. D’autant que, résolu à élever le débat, l’évêque de Milève voulait discuter l’ensemble du système donatiste ; rien ne valait mieux, pensait-il, qu’une franche explication pour supprimer en Afrique cette pénible division qui durait depuis plus d’un demi-siècle. Ces divers points de vue s’entremêlent donc dans le traité d’Optat : réponse aux calomnies donatistes, discussion théologique des prétentions des schismatiques, invitation à l’union.

Analyse.

 Pour clairement indiquée qu’elle

soit, I, vii, col. 896, p. 9, la division d’Optat n’a peut-être pas toute la rigueur logique que promet l’auteur, et cela tient précisément aux divers points de vue auxquels il se place successivement. Après une observation préliminaire sur deux erreurs de détail de Parménien qui avait qualifié de pécheresse la chair du Christ, I, viii, col. 897, p. 9, et avait affecté de confondre les hérétiques avec les schismatiques, I, ix-xii, col. 898-908, p. 10-15, l’évêque catholique entre dans le vif de son sujet. Le prélat donatiste affectait de considérer les catholiques comme des schismatiques. Pièces en mains, Optât va démontrer que les schismatiques, ce sont proprement les donatistes. L’histoire même des événements qui se sont déroulés à Carthage au lendemain de la grande persécution est reconstituée par Optât à l’aide d’un dossier dont les pièces avaient été rassemblées antérieurement, et dont il possédait à tout le moins une partie. Ct. Monceaux, op. cit., p. 269-276. Elle montre, cette histoire, que les auteurs du schisme étaient eux-mêmes des traditeurs ; que ces traditeurs ont, sans aucune raison légitime, opposé Majorin à l’évêque de Carthage, Cécilien, et que les jugements portés par eux contre les catholiques s’appliquent en toute exactitude à eux-mêmes. Ainsi le livre I er d’Optat constitue une source importante de l’histoire des origines du donatisme.

Le livre II se rapporte davantage à la théologie, puisqu’il tend à départager, au nom des principes, les deux Églises qui, en Afrique, réclament l’obédience des fidèles. Au témoignage de l’Écriture, la véritable Église doit se reconnaître à son universelle diffusion. Or, cantonnée en un coin de l’Afrique, l’Église donatiste ne saurait prétendre posséder ce

caractère, II, i ; vainement aussi réclame-t-elle la possession des dotes : cathedra, angélus, Spirilus, Jons r sigillum, qui, au dire même de Parménien, sont la marque de l’authentique Église du Christ. Ni les donatistes n’ont l’union avec la chaire de Pierre, établie à Rome, et centre même de l’unité : in qua una cathedra unitas ab omnibus servaretur, II, ii, col. 947, p. 36 ; ni ils n’ont, dans chacune de leur communauté, « l’Ange du baptême », lequel est en liaison nécessaire avec les « chaires » authentiques, II, vt r col. 958, p. 42. Dès lors ils ne peuvent avoir non plus l’Esprit Saint, vii, col. 959, p. 43, ni la fontaine d’eau vive, ni le sceau de sanctification, viii, col. 961, p. 44. On remarquera que la démonstration de la légitimité de l’Église catholique par ses notes ou caractères ne coïncide que partiellement avec celle qu’instituent les apologistes modernes. On y découvrirait néanmoins l’amorce des développements actuels sur la catholicité, l’unité, l’apostolicité et la sainteté que doit posséder la véritable Église. Mais Optât est encore fo"rt malhabile dans le maniement de cette argumentation, et son livre II tourne bien vite au récit des violences commises par les donatistes à l’endroit des catholiques.

Le livre III se meut dans le même ordre d’idées, étant l’apologie par l’histoire des entreprises faites par le gouvernement impérial pour ramener en Afrique l’unité religieuse. Tout en reconnaissant que les artisans de cette politique ont eu parfois la main lourde, ab operariis unitatis mulla quidem aspere gesta sunt, III, i, col. 987, p. 67, Optât fait remarquer que, s’ils ont pâti, les donatistes ne doivent s’en prendre qu’à eux-mêmes. Ce sont eux qui, les premiers, ont sollicité en ces querelles l’intervention de l’État ; c’est leur indiscipline, ce sont leurs violences et leurs attentats, après qu’ils ont été déboutés de leurs réclamations, qui ont attiré sur eux la vindicte des lois. Vainement se poseraient-ils en martyrs. Quant aux catholiques, que les sectaires prétendaient traiter en pécheurs dont l’oblation ne mérite que mépris, le livre IV enteprend de montrer qu’ils ne méritent pas semblable reproche. Les pécheurs, ce sont bien plutôt les schismatiques, et les textes sacrés allégués par ceux-ci se retournent contre eux.

Beaucoup plus important aux yeux du théologien se révèle le livre V relatif à la question du baptême et des conditions de sa validité. Fidèles à la vieille doctrine africaine que saint Cyprien avait si malencontreusement défendue, les donatistes considéraient comme nul le baptême conféré en dehors de l’Église véritable, en dehors de la leur par conséquent, et ils réitéraient le baptême aux catholiques qui, de gré ou de force (ce dernier cas n’était pas rare), venaient à leur communion. Depuis le concile d’Arles de 314, les catholiques africains s’étaient ralliés, an contraire, à la vieille doctrine romaine qui reconnaissait, sous certaines conditions, la validité du baptême conféré par les dissidents. De A/rica autem, quod propria lege sua utantur. ut rebaplizent, placuit, ut, ad Ecclesiam si aliquis hæreticus venerit, interrogent eum sijmbolum, et si perviderint eum in Paire et Filio et Spirilu Sancto esse buptizaium, manus lantum et imponatur ; quodsi interre gatus symbolum, non responderit Trinitatem hanc, merito baplizetur. Texte dans Ziwsa, App.. p. 208. Optât s’est fort bien assimilé les arguments qui militent en faveur de la doctrine romaine. Dans la collation du sacrement, ce n’est point à la personne du ministre qu’il faut avoir égard ; les effets merveilleux qu’il opère ct qu’Optât décrit avec complaisance, ne peuvent être attribués qu’à l’action de Dieu : Quis fdcliiim nesciat singulare baptisma virtutum esse vilam, friminum morlein, nativitatem immcrlalem, cselestis regni (omparatio-