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ÛNTULOGISMi :. REFUTATION


qua essenlia Dei et essentiel enlium mundi primario secernuntur, consislere débet in eo, quod una careut gradu entis, quam possidet altéra. Sed essenlia Dei omnem plenitndinem seu omnes gradus possibiles entis in suo conceptu incluait, et hsec est nota, qua primario in sua specie constiluitur. Nota iyitur essentiarum creabilium primaria distinclii>a in hoc reponi débet, quod cmnem entis plenitudinem in suo conceptu non includunt ; non enim ulio modo ab essenlia divina distingui possunt. Der Katholik, juin 18(37, n. 672. note. Gradus entis in Crealore jam existens et idem in ipso permanens, extra Mu m de novo actuatur. Ibid., p. 653, note.

Septième proposition : Creatio sic explicari potest : Deus ipso actu speciali quo se intelligit et vull lanquam distinction u determinala creatura, homine, v. g., creaturam producit. — Il restait à expliquer comment Dieu suas quasi-partes absque sui divisione et diminutione extra se penit ; il n’y a pas production d’être, il y a seulement extériorisation, si l’on peut dire, extra se ponit, de tel ou tel degré de l’être divin ; une extériorisation d’ailleurs plus apparente que réelle, car ce degré, disons cette portion de l’être divin qui va constituer la créature, ne sera pas séparée du Créateur, absque sui divisione. Quomodo fiel istud ? La septième proposition nous répond : cela se fera par l’acte même par lequel Dieu se connaît et se veut comme distinct de la créature, de telle ou telle créature déterminée, de tel ou tel degré d’être qu’il renferme en lui-même : il en est d’innombrables ; lorsque le regard de Dieu se porte sur telle ou telle de ses quasi-parties, qu’il se connaît et se veut comme spécialement distinct de cette portion de son être, celle-ci reçoit ainsi une sorte d’existence distincte de celle du tout, extra illum de novo actuatur.

L’onlologisme au concile du Vatican.

Parmi

les amendements proposés pour le c. n de la constitution Dei Filius, il en est deux qui se rapportent à l’ontologisme. On proposait que le début de ce chapitre mentionnât occasionnellement l’impossibilité de la vision immédiate de Dieu affirmée par les ontologistes : « Encore que Dieu habite une lumière inaccessible et qu’aucun homme ne l’ait jamais vii, ni ne puisse le voir ; encore que, durant notre pèlerinage loin du Seigneur, nous ne puissions ni le voir, ni le contempler, non seulement face à face, ce qui est réservé aux seuls bienheureux du ciel, mais encore par une simple vue de notre esprit (sed nec simplici mentis nostrse inluitu)… » Cf. Vacant, Études théologiques sur les constitutions du concile du Vatican, 1. 1, p. 299, 646. Un canon devait correspondre à cette mention et condamner expressément la doctrine ontologiste : Si quis dixerit Deum per immedialam visionem seu inluitum in hac vita naturalibus niribus j ercipi posse, aut in Mo omnia directe videri et conlemplari, anathema sit. Ibid., p. 654. Par l’organe de son rapporteur, Mgr Gasser, la Députation de la foi demanda le rejet de cet amendement, mais en faisant remarquer que l’ontologisme ne devait pas s’en prévaloir : « Au jugement de la Députation, cet amendement ne peut être admis, pour ce seul motif que ce système très considérable de l’ontologisme ne peut être étudié comme en passant et incidemment ; car il importe qu’il soit soumis au Concile, comme l’exige la gravité du sujet, et qu’il soit ensuite étudié conciliairement… Mais, en même temps, la Députation déclare qu’il n’en doit résulter aucun préjugé par rapport à l’ontologisme, que la question reste en son état, et que ce sujet de l’ontologisme n’est omis qu’à cause du seul motif qui vient d’être indiqué. » Ibid., p. 300.

C’est alors que les cardinaux Riario Sforza et Joachim Pecci. présentèrent au concile leur Postulatum

contre l’ontologisme : « de peur que la controverse ne prît un trop long développement, ils proposeraient seulement la condamnation de cette forme de l’ontologisme qui est ouvertement opposée à la doctrine catholique et est le fondement de beaucoup d’erreurs qui sont maintenant répandues au loin ; et cette forme est contenue dans cette proposition : La connaissance de Dieu directe et immédiate est naturelle à l’homme. D’autre part, il ne paraît pas convenable que le Concile garde un silence absolu sur l’ontologisme ; car ce silence ne tarderait pas à donner de nouvelles forces aux cntologistes, qui renouvelleraient leurs controverses, infirmeraient les réponses mêmes de la Congrégation romaine du 18 septembre 1861, créeraient des ennuis et des embarras au Saint-Siège. .. » Cf. Annales de phil. chrél., novembre 1873, p. 326 ; Lennerz, Natùrliche Gotleserkenntnis, p. 88. Le Postulatum développait les raisons théologiques pour lesquelles cette proposition méritait d’être condamnée. — « Le Concile dut se séparer avant de se prononcer sur ce postulatum. » Vacant, ibid., p. 300. Nous apprenons, par une citation d’ « un des Pères les plus instruits et les plus vénérés » du Concile, dont on ne nous donne pas d’ailleurs le nom, que le cardinal Billet-Bilio, prélat de l’ordre des barnabites, complètement dévoué au système du cardinal Gerdil du même ordre, parvint à faire différer l’examen de l’ontologisme dont les cardinaux Sforza et Pecci demandaient la condamnation. Annales de phil. chrét., août 1873, p. 148-149.

4° Le décret du Saint-O/Jice du 14 décembre 1887 (alias 7 mars 1888), Denzinger-Bannwart, n. 18911909. — Comme il concerne exclusivement les doctrines rosminiennes, nous en renvoyons l’étude à l’article Rosmini. Cf. M. d’HuIst, Mélanges philosophiques, Paris, 1892, p. 459-502.

VI. RÉFUTATION DE L’ONTOLOGISME. Comme il

n’y a pas grande difficulté, ni beaucoup de gloire, à tuer les morts, nous n’entreprendrons pas de reprendre dans le détail et de réfuter les arguments apportés par les ontologistes en faveur de leur système : le travail en serait trop fastidieux et vain. On ne trouvera donc ici que quelques réflexions, qui n’ont pas dû manquer de se présenter à l’esprit du lecteur assez patient pour nous avoir suivi jusqu’ici.

L’ontologisme et la raison théologique.

 L’ontologisme

se trouve suffisamment réfuté, du point de vue de la raison théologique, dans l’amendement proposé pour le c. n de la constitution Dei Filius et dans le Postulatum présenté par les cardinaux Sforza et Pecci. — 1. L’amendement disait : licet (Deus) lumen inhabile ! inaccessibilem eumque nullus hominum unquam viderit, sed nec videre possit, non solum jacie ad faciem, quod solis in cœlo bealis concessum est, sed nec simplici mentis noslra’inluitu, dum peregrinamur in corpore, naturaliter videri ac contemplari liceat… Vacant, op. cit., t. i, p. 6 16. C’était mentionner trois textes scripturaires qui s’opposent à l’admission d’une intuition naturelle de Dieu par l’intelligence humaine : I Tim. vi, 16 : qui soins liabet immortalilem, el lucem inhabitat inaccessibilem, quem nullus hominum vidit, sed nec videre potest ; Joa., i, 18 : Deum nemo vidit unquam ; enfin II Cor., v, 6 : scienies quoniam dum sumus in corpore, peregrinamur a Domino (per /Idem enim ambulamus et non per speciem).

2. Le Postulatum réfute l’ontologisme, en montrant d’abord que cette vision de Dieu qu’il admet naturellement dans l’homme est opposée à la foi catholique, puis qu’il ouvre la voie au rationalisme, au panthéisme et à bien d’autres aberrations.

a) Il commence par faire remarquer « que la connaissance immédiate de Dieu est la même chose que