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ONTULOGISME. EN ITALIE


e l’ontologismo in Sicilia sulla meta del secolo xix, Palerme, 1879.

Vincenzo di Giovanni, « professeur au lycée de Palerme, est un partisan déclaré des idées de Gioberti. Actif, érudit, libéral, il représente honorablement cette partie éclairée du clergé sicilien que ce philosophe a gagnée au patriotisme et au progrès. » Ferri, p. 457. Son œuvre philosophique est considérable : Sullo stato attualee su i bisogni degli studii filosofici in Sicilia, 1854 ; Principii logici estratti dall’Organo di Aristotelee annotati, 1871 ; Principii di filosofïa prima esposti ai giovani italiani, 3 vol., 1878. « Comme son maîlre (Gioberti), le professeur de Palerme est idéaliste objectif ou ontologiste ; il admet l’intuition de l’absolu et modifie légèrement la formule idéale du philosophe de Turin en substituant à la création des existences leur position par l’absolu. Sa formule est que l’absolu pose le relatif, variante qui, du reste, ne change en rien le fond des choses. » Ferri, p. 458. Di Giovanni a aussi beaucoup écrit sur l’histoire de la philosophie : Severino Boezioe i suoi imitatori, 1880 ; Pico délia Mirandola, filosofo platonico, 1882, et surtout Storia délia fllosofia in Sicilia dà lempi antichi al sec. XIX, 2 vol., 1873, que Franck a résumée dans ses Philosophes modernes, p. 116-198. Sur di Giovanni, cf. Revue philosophique, novembre 1878 (Beaussire) ; Werner, p. 234-244.

Selon Werner, p. 246, note, le sicilien Ant. Maugeri, O. M., aurait tenté la fusion du rosminisme et du giobertisme dans son Corso di lezioni di fllosofia razionale, sistema psico-ontologico, 1856, et dans ses Elementi di fllosofia ad uso del seminario arcivescovile di Catania, 1869. « Parmi les écrivains qui ont approprié l’exposition de cette doctrine (le giobertisme) à l’enseignement des écoles secondaires, Toscano et Vittorio Mazzini méritent une mention particulière. Enfin le nom de Fr. Bonucci, connu pour ses écrits relatifs aux sciences naturelles, prouve que la philosophie de Gioberti a aussi trouvé des partisans dans une classe de personnes généralement hostiles à l’idéalisme. » Ferri, p. 461.

L’école de Miceli ou de Monrealc.

« Miceli n’a pas

seulement attaché son nom à un système, il a fondé une école qui a été en Sicile, durant plus d’un demisiècle, le centre des esprits sérieusement épris de métaphysique et qu’on appelle, en souvenir de son berceau, l’école de Monreale. » Franck, op. cit., p. 143.

Miceli (1733-1781), professeur de philosophie et de droit naturel au séminaire de Monreale, petite ville située à quelques kilomètres de Palerme, doit sa notoriété à di Giovanni, qui publia ses écrits philosophiques, restés manuscrits, le Spécimen scientificum et la Prefazione o sia saggio historico di un sistema metafisico, en les encadrant de dialogues, à la Platon, dans ses deux ouvrages : Il Miceli ovvero deW Ente unoe reale, dialoghi ire seguiti dallo Spécimen scientifieum di V. Miceli, 1864, et II Miceli ovvero l’Apologia del sistema, nuovi dialoghi seguiti da scritture inédite di V. Miceli, 1865. A vrai dire, le système de Miceli n’est rien de moins que le panthéisme, cf. Franck p. 144-155, mais il exerça une trop grande influence sur l’ontologisme italien pour qu’on ne lui accorde pas ici au moins une mention. Cf. Werner, p. 245, p. 80 ; Ferri, p. 459 ; Revue des Deux-Mondes, 1 mai 1865 (Perrens) ; Revue des cours littéraires de la France et de l’étranger, IVe année (1867), n. 17, Le mouvement philosophique en Sicile (Beaussire ) ; Dictionnaire des sciences philosophiques.

Le inicélisme fut enseigné au séminaire de Monreale par Flères, le maître et le prédécesseur immédiat de Miceli dans la chaire de philosophie, puis par Spedalieri, Rivalora, Zerbo, Guardi, Aruno et Sca fiti : cf. Werner, p. 245 ; Franck, p. 155-158. Mais la plupart de ces professeurs n’ont pas publié leurs cours ou leurs ouvrages de philosophie ; di Giovanni en a seulement donné des extraits ou des résumés à la fin du deuxième volume de sa Storia délia filosofïa in Sicilia, p. 355-515. Comme bien on pense, le micélisme ne rencontra pas, même en Sicile, que des partisans et des admirateurs ; il fut combattu, du vivant même de Miceli par deux théologiens Guglieri et Bianchi, après sa mort par Raimondi et Rinaldi ; le franciscain Scilla s’en constitua le défenseur. Franck, p. 158-159.

Des micéliens proprement dits, qu’il étudie au premier chapitre de son deuxième volume, di Giovanni distingue les ontologistes, qui font l’objet du chapitre quatrième ; mais on nous avertit « que di Giovanni qualifie d’ontologistes ceux qui, s’inspirant de Miceli, s’efforcent en partie de compléter, en partie de corriger sa doctrine pour la mettre d’accord avec les exigences, soit de la raison, soit de l’orthodoxie religieuse. » Franck, p. 179. Les deux principaux ontologistes siciliens qui se rattachent ainsi à l’école de Miceli sont Rosario Castro (1783-1851) et Benedetto d’Acquisto (1790-1866).

Rosario Castro, chanoine de Biancavilla, député au parlement sicilien, n’a publié, sur les six dont il devait être composé, que les deux premiers livres de son Schizzo di una cosmografia filosofica dedotta dalla Genesi, 1854 ; « on dit que l’auteur, craignant les effets de la réaction monarchique à laquelle il assistait, détruisit son manuscrit. » Cf. Franck, p. 180. « Ce n’est rien de moins qu’une réforme générale de toutes les sciences qu’il prétendait offrir à ses contemporains, » p. 179. En réalité, son système métaphysique se distingue à peine de celui de Miceli. Cf. p. 180-183.

Benedetto d’Acquisto « est un des écrivains les plus féconds et un des penseurs les plus éminents, non seulement de la Sicile, mais de toute l’Italie. » Franck, p. 185. Après ses premières études au séminaire de Monreale, il entre au couvent des frères mineurs réformés de Palerme, y étudie, puis y enseigne la philosophie et la théologie. En 1844, il devient professeur de philosophie morale et de droit naturel à l’université de Palerme, et en 1858, archevêque de Monreale ; il se chargea lui-même de l’enseignement de la théologie dogmatique dans son grand séminaire. De ses nombreux ouvrages, nous ne mentionnerons que ceux où l’on a le plus de chance de rencontrer ses théories ontologistes : Elementi di fllosofia fondamentale : i. Analisi délie facollà dello spiriloumano, o Psicologia, 2 vol., 1836 ; n. Tratiato délie idée, o Ideologia, 1858 ; m. Organo dello scibileumano, o Logica, 1871 ; Saggio sulle legge fondamentale del commercio fia l’animae il corpo dell’uomo, 1837 ; Sistema délia scienza universale, 1850. Cf. Franck, p. 185-187.

Outre l’influence du micélisme, qui fut plus grande qu’on ne le croit et que d’Acquisto ne se l’avouait à lui-même, on reconnaît du premier coup d’œil dans les Éléments de philosophie fondamentale de l’archevêque de Monreale l’influence de Cousin. La méthode suivie par l’auteur est la méthode psychologique ; pour lui, comme pour le chef de l’école éclectique, la raison est revêtue d’un caractère impersonnel, universel et absolu. Cf. Franck, p. 187-188. Ferri voit en d’Acquisto un précurseur de Gioberti : « d’Acquisto établit que l’autorité de l’intelligence humaine a pour condition un rapport naturel à la vérité absolue, que la vérité absolue ou Dieu est l’objet de l’intuition de l’âme et que cette intuition même est l’effet de l’action créatrice de la vérité. P. 159. « D’Acquisto a le mérite d’avoir prévenu Gioberti par sa théorie de la vision intellectuelle de l’acte créateur, et même de