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    1. ONTOLOGISME##


ONTOLOGISME. EN ITALIE

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1. Idea Dei actualis et formalis est ntellectui humano essentialis, ejus constitutiva, prima omnium, sola positiva ac proprie idea. — 2. Existentia Dei est per se nota, non tantum quoad se, sed etiam quoad nos. — 3. Deus in simplicissima sua unitate continet realiter, licet absque tonna, entia omnia distincta et diversa. Unde : a) Deus, ut ens simpliciter, est omne ens existens. b) Supra, extra et prseter Deum nihil est. c) Deus est totum, ita ut non detur médium inter Deum et nihil. d) Ens, quatenus ens, ita est ut nunquam possit non esse.

Le P. Burnichon remarque « que les propositions visées dans l’ordonnance du général des jésuites se retrouvent dans la sentence de condamnation du Saint-Office en 1861. » Ibid., p. 161. On s’explique difficilement alors qu’appuyé sur une lettre de Mgr Jacquemet, évêque de Nantes, au P. Ramière, il se rallie à la thèse des ontologistes (voir col. 1048) sur les intentions des cardinaux et du pape promulguant ce décret : « Telle était donc la vérité objective sur la question de fait. On avait visé les panthéistes allemands, non les ontologistes catholiques. » T. iv, p. 50. Mais alors comment ceux-ci auraient-ils su que leur doctrine philosophique « n’avait pas les préférences de l’Église » ? que, « s’ils ne se sentaient pas en contradiction avec elle », ils « ne pouvaient dire non plus qu’ils marchaient dans sa voie » ? Ibid.

19° « Parmi les ontologistes modernes, celui qui, à mon avis, expose l’ontologisme, sinon avec le plus de profondeur, au moins avec le plus de clarté, est l’auteur qui s’est donné le nom de Jean Sans-Fiel, dans deux opuscules imprimés sous les titres : Discussion amicale sur l’ontologisme, Paris et Nancꝟ. 1865, et De l’orthodoxie de l’ontologisme modéré et traditionnel, Réponse au R. P. Kleutgen, Paris et Nancꝟ. 1869. » Zigliara, . op. cit., t. ii, p. 205. Le but de la Discussion amicale, déclare l’éditeur, « est de montrer d’abord qu’il y a différentes espèces d’ontologismes qu’il ne faut pas confondre ; c’est de faire voir ensuite que l’une de ces théories est parfaitement conforme aux données de la raison, ainsi qu’à la doctrine des grands philosophes chrétiens ; c’est de prouver enfin que ce système n’a pas été flétri par les réponses émanées des Congrégations romaines. » P. 1. Les quatre espèces « principales » d’ontologisme distinguées par J. Sans-Fiel sont : « l’ontologisme panthéiste, l’ontologisme rationaliste, l’ontologisme de Malebranche et l’ontologisme de Fénelon et de Bossuet. » P. 5. « L’ontologisme panthéistique est la doctrine qui attribue à l’homme la perception directe de Dieu à raison de l’identité de notre âme avec la substance divine… Sans identifier l’âme avec Dieu, l’ontologisme rationaliste admet la perception directe de Dieu, non seulement dans ses attributs, mais encore dans sa nature intime et dans son essence elle-même… Malebranche n’enseigne pas, comme les ontologistes rationalistes, que nous voyons l’essence de Dieu ; il soutient seulement que nous percevons ses idées et ses attributs. Quant aux êtres matériels, il prétend que nous ne les voyons pas en eux-mêmes, mais seulement dans les idées divines qui leur ont servi de types. » P. 5-7. L’ontologisme de Fénelon et de Bossuet, adopté par Sans-Fiel, ne se distinguerait de celui de Malebranche que sur ce dernier point : « dans la théorie de Fénelon, la vision des types n’est pas le seul élément qui entre dans la connaissance du contingent ; outre cette intuition, il y a de plus la perception immédiate de la créature elle-même dans son individualité. » P. 8. Le système de l’ontologisme « modéré et traditionnel » se ramène donc à ceci : « La perception immédiate de l’infini, l’intuition des types éternels des créatures et la connaissance directe des êtres contingents dans leur individualité, » p. il ; ou encore « que les vérités nécessaires subsistent en Dieu et qu’elles s’identifient avec Dieu. — que nous percevons ces vérités en Dieu et

dans sa lumière — et que Dieu considéré comme vérité est toujours présent à l’intelligence humaine. C’est précisément la thèse que je soutiens. » P. 47-48.

II. en Italie.

A en croire les ontologistes italiens, l’ontologisme serait la doctrine traditionnelle de l’Italie, la philosophie italienne, la philosophie nationale, et leurs efforts de restauration ou de rénovation de l’ontologisme leur paraissent nécessaires à la formation de l’unité politique italienne.

Telle est la thèse soutenue par Rosmini dans son // rinnovamento délia filosofla in Italia, proposto dal conte Terenzio Mamiani ed esaminato da A. Rosmini Serbati, Milan, 1836. Mamiani, en effet, dans son Rinnovamento délia fllosofia antica in Italia, publié à Paris en 1834, s’était proposé principalement « de montrer que, dans les livres des nombreux philosophes de l’Italie et surtout dans les écrits de ceux qui ont fleuri pendant le xve et le xvie siècles, on trouve tous les éléments nécessaires pour composer une doctrine philosophique conforme aux exigences de l’esprit moderne ; que cette doctrine ne peut être qu’expérimentale, que depuis Laurent Valla et Léonard de Vinci jusqu’à l’école de Galilée, et de cette école à Galluppi, tous les bons esprits de l’Italie l’ont connue, admise et enseignée. » L. Ferri, Essai sur l’histoire de la philosophie en Italie au XIXe siècle, Paris, 1869, t. i, p. 316. Rosmini s’efforça de montrer que la doctrine ontologiste se rattachait directement aux traditions les plus respectables et aux plus grands noms de la philosophie italienne : les philosophes des écoles de Pythagore et d’Élée ont été les précurseurs et les maîtres de Platon ; au Moyen Age, saint Anselme, saint Bonaventure, et, jusqu’à un certain point, saint Thomas, qui concilie saint Augustin avec Aristote, sont les continuateurs du platonisme italien ; la philosophie de la Renaissance, au xve et au xvie siècle, est toute platonicienne avec MarsiJe Ficin, Patrizzi et Giordano Bruno. Ibid., p. 323. La thèse historique de Rosmini est reprise par Vincenzo di Giovanni, cf. Karl Werner, Die italienische Philosophie des neunzehnten Jahrhunderts, t. ii, Vienne, 1885, p. 235 et 245.

Au xixe siècle, l’ontologisme italien est représenté par trois grands philosophes, Rosmini, Gioberti et Mamiani, qui se rallia à l’ontologisme en 1841, dans son Dell’ontologiae dei metodo, publié à Paris ; cf. Ferri, t. ii, p. 24.

Rosmini et son éole.

La doctrine de Rosmini

sera exposée dans l’article consacré à ce philosophe. Il nous paraît cepen riant opportun de signaler ici même l’opinion de certains ontologistes notoires, qui refusent de compter Rosmini parmi les vrais ontologistes et en font un simple « psychologiste », une manière de péripatéticien. C’est d’abord Gioberti dans son Introduction à l’étude de la philosophie : « Rosmini, en établisant l’unité numérique de l’Idée, se rapproche tellement de l’ontologisme, qu’on pourrait presque le croire partisan de ce système, si d’autres endroits de ses ouvrages et en particulier la doctrine fondamentale de son Nouvel essai n’y étaient absolument opposés. » T. i, p. 357, de la traduction française. Ailleurs, t. ii, p. fi, il lui reproche d’avoir suivi la méthode des » psychologistes », d’avoir distingué le « Premier psychologique » du « Premier ontologique », p. 7 ; enfin il ramène toute la théorie rosminienne aux quatre points suivants, où l’on ne peut reconnaître le véritable ontologisme : « 1. Toutes les idées tirent leur origine de l’idée de l’Être. 2. L’idée primitive de l’Être représente seulement [’Être possible. 3. La perception de l’existence réelle des choses créées est une opération du jugement, par laquelle il se fait une équation entre l’idée de l’Etre possible et la perception sensitive. 4. Le concept de la réalité