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ONTOLOGISME. LES PRECURSEURS


extra nos per vesligiutn, intra nos per imaginent, et supra nos per lumen quod est supra mentem nostram, quod est lumen veritalis ivterniv, cum ipse mens nostra immédiate ab ipsa verilute formatur. N. 50 ; Disc., p. 214. — C’est l’Être divin qui est le premier objet aperçu par l’intelligence et ce sans quoi elle ne pourrait rien connaître : Volens igitur contemplari Dei invisibilia, quoad essentiæ unilatem, primo defigat aspectum in ipsurn esse… Esse (igitur) est quod primo cadit in intelleclu, et illud esse est quod est punis actus. Sed hoc non est esse particulare, quod est esse arctatum, quia permixtum est cum potentia, nec esse analogum, quia minime habet de actu, eo quod minime est. Restai igitur quod illud esse est esse divinum. Mira igitur est excitas intcllectus, qui non considérât illud quod prius

    1. VIDET ET SINE QUO NIHII##


VIDET ET SINE QUO NIHII, POTEST COGNOSCKRK. N. 58 00 ; Gioberti, p. 434 ; Disc, p. 174, 177. — Mais nous ne remarquons pas que nous possédons cette intuition de l’Être divin : « de même que l’œil… ne voit pas la lumière par laquelle il voit tout le reste, ou, s’il la voit, n ? la remarque pas, de même l’œil de notre esprit… ne remarque pas l’être même qui est en dehors de tout genre, quoique celui-ci se présente le premier à l’esprit (licet primo occurrat menti, et per ipsum alia, tamen non advertit)… Habitué aux ténèbres et aux fantômes des choses sensibles, en voyant la lumière même de l’Être suprême, il lui semble qu’il ne voit rien (cum ipsam lucem Summi esse inluetur, videtur sibi nihil videre). N. 60 ; Disc, p. 177.

Ces textes ont paru si clairs que des philosophes non ontologistes n’ont pu s’empêcher de reconnaître en saint Bonaventure un précurseur de l’ontologisme. « On reconnaît ici, dit A. de Margerie, les traits principaux de la vision en Dieu que saint Augustin a empruntée au platonisme épuré par le dogme chrétien, que Malebranche, en la popularisant par l’éclat de son style, a déconsidérée par ses exagérations idéalistes, à laquelle enfin Bossuet a donné sa forme la plus sublime et la plus précise, et Fénelon ses plus magnifiques développements. » Essai sur la philosophie de saint Bonaventure, p. 201, cité par J. Sans-Fiel, Disc, p. 178, note. Zigliara lui-même « avoue ingénument qu’il y a dans ce raisonnement de saint Bonaventure [il s’agit de ce que nous venons de voir au c. v de Vltinerarium], identique au fond et dans sa marche logique à celui du troisième chapitre, des expressions telles qu’au premier abord elles semblent n’avoir d’autre sens possible que l’ontologisme ; je dirai même que, prises littéralement, elles sont ontologistes. Je tiens à faire franchement cet aveu, parce que, avant tout, j’aime la vérité. » Op. cit., t. ii, p. 476477. Récemment encore, M. Menesson soutenait que Vltinerarium accorde à l’homme la connaissance immédiate de Dieu : « Il est possible que Bonaventure ait repoussé la connaissance immédiate de Dieu dans les Sentences ; il paraît indiscutable qu’il l’ait admise dans Y Itinerarium. » Rev. de philos., 1910, p. 125, cité par Gilson, La philosophie de saint Bonaventure, p. 382, note 2, Paris, 1924. Cf. encore l’interprétation de Pestalozza, disciple de Rosmini, reproduite par J. Sans-Fiel, Disc, p. 185-186, note. — Zigliara, op. cit., p. 397-484, Ramière, Revue du monde catholique, 1864, t. viii, p. 115-123 ( « à mon avis, dit-il, c’est sur le terrain de saint Bonaventure que la querelle de l’ontologisme a plus de chance de se vider », p. 123), longuement réfuté par Fabre, Réponse aux Lettres d’un sensualiste contre l’ontologisme, p. 124-148, et Gilson, op. cit., p. 362-387, essayent de disculper’saint Bonaventure de l’accusation d’ontologisme.

Saint Thomas.

Faut-il s’étonner que certains

ontologistes se soient réclamés de saint Thomas lui-même ? J. Sans-Fiel en nomme quatre : Fabre. Ubaghs. et les PP. Milone et Vercellone, Disc, p. 164, et cite

les textes du Docteur angélique sur lesquels ils s’appuient, p. 158-163. Mais il développe avec une prédilection évidente « les preuves à l’appui du sentiment qui range saint Thomas au nombre des psychologistes », p. 164-172. Ubaghs lui-même « avoue qu’après s’être efforcé longtemps de s’étayer de l’autorité de saint Thomas, il avait été contraint de reconnaître l’opposition qui existe entre sa doctrine et l’ontologisme. » Rev. du monde cath., 1864, t. x, p. 186 ; cf. ci-dessus, col. 1004-1005.

4° Henri de Gand est invoqué par les ontologistes comme ayant distingué en Dieu « deux espèces de quiddités ou essences, qui correspondent à l’essence rationnelle et à l’essence réelle [des ontologistes]. Voilà pourquoi il enseigne en même temps les deux propositions suivantes : Absolute concedendum est quod quidditas Dei et essenlia ab homine est cognoscibilis, non solum in fuluro sed in pnesenti ; et : Deus non potest cognosci immédiate cognitione visionis quid est per essentiam ex puris naturalibus, neque in vila ista de communi gratia. Disc, p. 116, note. Cf. Al. Schmid, Erkenntnisslehre, t. n. p. 387-389.

5° Gerson distingue trois espèces de visions divines « qu’il appelle, la première, facialis et intuitiva ; la seconde, specularis et abslractiva ; la troisième, nubilaris et œnigmatica. Celle-ci tient le milieu entre les deux autres ; il la compare à l’aurore, tandis que l’abstractive et l’intuitive sont assimilées par lui à la lune et au soleil. Or la vision énigmatique n’est autre chose que l’appréhension immédiate de l’intelligible ; ce fait résulte des paroles suivantes : Visio Dei nubilaris et eenigmatica concomitatur quamlibet aliam cujuscumque rei visionem ; sicut colorum visioni cornes est visio lucis seu luminis, ita nihil videre possumus nisi per irradiationem divini luminis directe vel oblique, absolute vel confuse se monslrantis. » Gioberti, op. cit., t. ii, p. 438.

6° Denis le Chartreux est cité par les ontologistes comme un précurseur de leur identification entre la conception et la peiception de Dieu. In omni intellectione actuali, reali et vera est aliquod verum et reale objeetum ; sed ulraque ista Dei cognilio (il s’agit de la théologie ordinaire et de la théologie mystique) est vera realis et actualis intellectio Dei ; ergo habet verum et reale objeetum circa quod versatur et oui infigitur ac intendit… In omnibus his (il s’agit des propositions dogmatiques, par exemple : Dieu est l’acte pur) apprehendo œternum et increatum objeetum de quo solo verificantur. et illud aliquo modo intelligo et agnosco, ergo et illud intueor, cum istud intelligere sit mentaliter intueri. » Cité par J. Sans-Fiel, Disc, p. 18, note. Cf. p. 117-118.

/II. DANS LES TEMPS MODERNES. — 1° Marsile

Ficin. — C’est Thomassin qui paraît s’être appuyé le premier de l’autorité de Ficin ; la liste de la Theologia Platonica qu’il cite en ses Dogmata theologica, 1. 1, p. 2425 de l’édition Vives, Paris, 1864, est simplement reproduit par les ontologistes postérieurs tel qu’elle se trouve en Thomassin. En voici les principaux passages : Quod si veritas ipsa et bonitas Deus est, sequitur ut Deus toties hominum menlibus illucescat, quolies per Deum, tanquam normam, vera et bona dijudicamus… Ipsum ergo esse absolutum, qui Deus est, primum est, quod mentibus miro quodam pacto sese offert, quod illabitur, quod effulget, quod cætera omnia patefacit… Non tamen istud animadvertimus, sicut neque oculus considérai se videre solis lumen continue, ceeteraque per ipsum atque in ipso.

Malebranche.

Gioberti s’est chargé de recueillir

dans les œuvres de Malebranche les principaux passages qui se rapportent à la « vision idéale », c’est-à-dire à l’ontologisme ; cf. Introduction, t. ii, p. 357-365. Le principe fondamental de l’ontologisme. l’identification de l’être en général et de Dieu, est expressé-