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ONTOLOG18ME. LES PRECURSEURS


chapitres xxxii à xxxv, dont il tire ce raisonnement, si familier aux ontologistes : « S’il en est ainsi, je presserai l’artiste de nie répondre : où voit-il lui-même cette unité, d’où la voit-il ?… Si vous ne la voyez pas, comment pouvez-vous juger que les corps ne la réalisent pas ?… Nous voyons donc l’unité des yeux de l’esprit. Mais où la voyons-nous ? Si elle était là où est notre corps, où la verrait celui qui, en Orient, juge de l’unité des corps ? Elle n’est donc point contenue par l’espace : elle n’occupe aucun lieu et par sa puissance elle est partout… Le principe de toute unité est l’Unité seule par laquelle tout ce qui est un est un, qu’il la réalise parfaitement ou imparfaitement. » — « Il n’y a rien de créé entre notre esprit qui conçoit (intelltgimus ) Dieu comme père des hommes, et la Vérité qui est la lumière intérieure par laquelle nous le concevons. » De ver. relig., c. lv ; Disc, p. 255.

Du De diversis quæst. LXXXIII, les ontologistes extraient les passages suivants : « Les idées sont les formes ou les raisons immuables des choses ; ces raisons n’ayant pas été formées sont par là-môme éternelles, identiques à elles-mêmes et résident dans l’intelligence de Dieu… Il n’y a que l’âme raisonnable qui puisse les voir, par ses plus nobles facultés, je veux dire par son intellect et par sa raison, qui sont ses yeux intérieurs. » Q. xi.vi ; Disc, p. 254. — « En l’esprit de l’homme se trouve l’intelligence de la vérité, car il est uni à la Vérité sans l’interposition d’aucune créature (hæret enim Veritaii nulla tnlerpostla creatura). » Q. li ; Disc, p. 255. — « Ce qui comprend (ialelligit) Dieu est uni à Dieu. Or l’âme raisonnable comprend Dieu, puisqu’elle comprend ce qui est toujours le même. Si donc elle comprend ce qui est toujours le même, il est clair qu’elle comprend Dieu, Dieu qui est la vérité même à laquelle elle est unie en la connaissant (cui intelligendo jungitur). » Q. lv ; Disc, p. 255.

— L’union de l’esprit humain à la Vérité se retrouve dans le De Gènes, lib. imp., c. xvi, n. 60, cité par Hugonin, op. cit., p. 391 : mens humana nulli cohserel nisi ipsi Veritaii, quæ similitudo et imago Patris et sapienlia dicitur. « Si les hommes ne voyaient pas la Sagesse, ils ne préféreraient pas la vie immuablement sage à la vie variable. Us voient, en effet, que la règle de la vérité qui leur fait préférer l’une à l’autre est immuable, et, cette règle immuable, ils la voient au-dessus d’euxmêmes, puisqu’ils sont soumis au changement. » De docir. christ., t. I, c. viii ; Disc, p. 242. — « J’ai vu au-dessus de mon esprit, la lumière immuable. Celui qui connaît la vérité, la connaît. O Vérité éternelle, vous êtes mon Dieu. » Confess., t. VII, c. x ; Disc p. 276. — « Où donc vous ai-je trouvé pour vous connaître, sinon en vous au-dessus de moi ? Il n’y a pas de lieu où nous soyons séparés, de lieu où nous soyons rapprochés. O Vérité, vous êtes partout présente (prsesides) à tous ceux qui vous consultent. » Ibid., t. X, c. xxvr ; Disc, p. 278. — « Si nous voyons tous deux que vous et moi nous disons la vérité, où le voyons-nous ? Moi, je ne le vois pas en vous ; et vous, vous ne le voyez pas en moi. Nous le voyons tous deux dans la Vérité immuable qui est au-dessus de notre esprit. » Ibid., t. XII, c. xxv ; Disc, p. 243. Texte déjà versé par saint Thomas au dossier de l’ontologisme de saint Augustin, Sum. cont. G., loc. cit. « Si nous savons que les ministres de Dieu doivent vivre ainsi, ce n’est pas que nous le croyons sur le témoignage d’autrui, c’est que nous le voyons audedans de nous, ou plutôt au-dessus de nous dans la Vérité elle-même (in ipsa Veritate conspicimus)… Nous voyons en Dieu (in Deo conspicimus) le type éternel de la justice, selon lequel nous jugeons que l’homme doit vivre. » De Trin., t. VIII, c. ix ; Disc, p. 290. — - « Quel est le moyen à prendre pour savoir

ce que doit être l’esprit humain ?… C’est de contempler la Vérité suprême, afin de savoir ce qu’il doit être d’après les types éternels que cette Vérité contient en elle-même (neque enim oculis corporis mullas mentes videndo, per similitudinem collegimus generalem vel specialem mentis humanæ notitiam ; sed inluemur inviolabilem Verilatem ex qua perfecte, quantum possumus, definiamus, non qualis sit uniuscujusque hominis mens, sed qualis esse sempilernis rationibus debeat). » Ibid., t. IX, c. vi ; Disc, p. 240. — « C’est donc dans la Vérité éternelle, d’après laquelle toutes les créatures ont été faites, que nous contemplons l’archétype sur lequel nous avons été créés (in illa igitur œterna Veritate. .. formam secundum quam sumus… visu mentis aspicimus). » Ibid., c. vu ; Disc, p. 266. Cf. Sum. c. G., loc. cit. — « Les raisons éternelles ne sont pas fixées dans un lieu à la manière des corps, elles résident dans une nature incorporelle où elles sont intelligibles et présentes aux regards de l’esprit (sed in natura incorporali sic intelligibilia præsto sunt mentis aspec^ tibus), comme les objets qui occupent un lieu sont visibles ou tangibles pour les sens du corps. » Ibid., t. XII, c. xiv ; Di’sc, p. 279. — « Telle est la constitution de notre intelligence, qu’en vertu d’un ordre naturel établi par le Créateur, elle est si étroitement unie et subordonnée aux choses intelligibles qu’elle les voit dans une espèce de lumière immatérielle (ut rébus intelligibilibus… subjuncta, sic ista videat in quadam luce sui generis incorporea), comme l’œil du corps voit les objets dans la lumière matérielle. » Ibid., c. xv ; Disc, p. 281. — « Où donc les impies peuvent-ils voir les principes de la justice ? Est-ce dans la nature de leur esprit ? Non, sans doute, puisque ces principes sont immuables, tandis que leur esprit est essentiellement variable. Où donc ? Dans cette lumière qui s’appelle la Vérité (ubi ergo scriptse sunt nisi in libro lucis illius quæ Veritas dicitur ?). » Ibid., t. XIV, c. xv ; Disc, p. 291. — « Nous avons essayé d’appliquer notre esprit à la connaissance de la Nature parfaite et immuable. Nous la contemplions (intuebamur) non pas comme une chose qui était loin de nous, mais comme une chose qui était au-dessus de nous par son excellence et au-dedans de nous par la présence de sa lumière (apud nos esse suo præsenti lumine videretur). » Ibid., t. XV, c. vi ; Disc, p. 244. « Autre chose est ce qui est vu dans notre âme…, autre chose est la lumière même qui éclaire notre âme… : car cette lumière, c’est Dieu lui-même (illud jam ipse Deus), tandis que l’âme n’est qu’une créature. .. Lorsqu’elle s’efforce de regarder cette lumière, elle sent son infirmité et sa faiblesse. Et cependant c’est par elle qu’elle conçoit tout ce qu’elle peut concevoir. » De Genesi ad litter., t. XII, c. xxxi ; Disc, p. 241. — « Nous voyons tout ce qui est présent aux regards du corps ou de l’esprit (videntur quæ præsto sunt, unde et præsentia nominanlur) ; ainsi je vois la lumière et ma volonté, parce que la lumière est présente à mon œil, et ma volonté à mon sens intime. » De videndo Deo (epist. cxlvii), c. ii ; Disc. p. 285.

Socrate, au dire de saint Augustin, aurait enseigné que deprimentibus libidinibus exoneratus animus naturali vigore in œterna se attolleret, naturamque incorporel et incommutabilis luminis, ubi causæ omnium factarum naturarum stabiliter vivunt, intelllgentlæ puritate conspicerel. De civit. Del., t. VIII, c m ; Disc, p. 259.

— » Si l’homme est créé de telle sorte que, par ce qu’il a de plus excellent en lui, il touche (atttngal) celui qui s’élève au-dessus de toutes choses, sans qui aucune créature n’existe, aucune doctrine n’instruit, aucun acte n’est profitable, on doit chercher celui en qui tout est solidement assis, on doit contempler celui en qui tout nous est certain (ipse cernatur, ubt nobis certa sunt omnia), on doit aimer celui en qui tout est droit. »