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ODORIC DE PORDENONR
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ville ; ou bien, tel éditeur choisissait bien un texte unique, celui d’Odoric, mais il le farcissait des histoires les plus extravagantes de Mandeville. A tout cela vint s’ajouter la fantaisie des illustrateurs, miniaturistes et, plus tard, des graveurs. Ces derniers s’attachèrent surtout à ce qu’il y avait de plus pittoresque, souvent de plus faux. D’où les extraordinaires images d’hommeschiens, d’animaux à têtes humaines et d’autres monstres semblables, dont ils trouvaient d’amples descriptions dans les passages de Mandeville, intercalés dans le texte d’Odoric. C’est donc ici, plus que partout ailleurs, qu’il faut recourir aux manuscrits primitifs, et surtout aux deux suivants : 1. Le manuscrit 343 de la bibliothèque communale d’Assise, 57 feuilles in-folio, écriture du xive siècle. C’est la première rédaction que l’on peut dire officielle de V Itinerarinm. Odoric, revenu de l’Extrême-Orient, la dicta sur l’ordre de Guidotto, ministre de la province de Venise, à son confrère fr. Guillaume de Solagna, près Bassano. La dictée fut faite, en latin, au mois de mai 1330, au grand couvent de Saint-Antoine, à Padoue. Le P. Golubovich, dans Arch. franc, histor., 1917, p. 24, et dans Biblioteca bio-bibliografica délia Terra Sanlae dell’Oriente francescano, t. iii, p. 379, le considère, après J. H. Sbaralea, Supplementum, t. ii, 2e édit., Rome, 1921, p. 236237, comme écrit de la main même de Guillaume de Solagna. Ce n’est donc pas Odoric qui écrivit, mais c’est le frère Guillaume qui écrivit et rédigea. Il le dit lui-même et il prend la responsabilité de la rédaction : « J’ai rédigé, déclare-t-il, ce que j’ai recueilli de la bouche de fr. Odoric, et je n’ai pas cherché à m’exprimer en un latin difficile et orné, mais j’écrivais comme il racontait, afin que tous comprissent facilement ce qu’il a dit et ce que j’ai écrit ». Nous sommes donc ici en présence non pas du style écrit, mais du style oral mis par écrit. Des manuscrits analogues à celui d’Assise se trouvent, d’après Sbaralea, op. cit., à Bâle, bibl. de l’Université, cod. D IV S ; à Brème, bibl. communale, cod. b. 2. d. ; à Cambridge, Corpus Christi Collège, cod. 407, antérieur à 1350 ; à Londres, British Muséum, cod. Arundin. 13 et cod. Reg. 14. C. xiii, tous les deux de la même époque que le précédent ; à Munich, bibh royale, cod. lat. 21259 ; à Oxford, bibl. Bodléienne, cod. Digb. Il et 166 ; à Paris, bibl. nationale, cod. lat. 2 584 ; au Mont-Cassin, cod. 276 ; à la bibl. vaticane, cod. lat. 5 256.

Le second manuscrit est le codex 737 de la bibliothèque de Saint-Omer, écrit à Malines, le 20 février 1448. Tandis que le précédent est sur parchemin, celui-ci est sur papier. Il ne contient pas le même texte, mais bien celui de fr. Henri de Glatz. Celui-ci, se trouvant à Avignon en 1331, y transcrivit une copie de l’ilinerarium que quelques compagnons d’Odoric, après la mort de celui-ci, avaient portée à la Curie, pour la soumettre au souverain pontife. C’est le texte de fr. Guillaume de Solagna, complété avec l’aide des compagnons d’Odoric, particulièrement de fr. Marchesino de Bassano, qui y ajouta, à la fin, trois chapitres. Comme le fr. Guillaume de Solagna, le fr. Marchesino faisait partie de la même province que le bienheureux Odoric et, comme lui, l’avait connu. Cette première transcription, Henri de Glatz, la revit neuf ans plus tard, en 1340, à Prague..C’est cette deuxième rédaction d’Henri de Glatz, celle de Prague 1340, que donne le ms. 737 de Saint-Omer. Un texte analogue se trouve dans les mss. de la bibl. royale de Berlin, cod. theol. qu. 141, et de la bibl. royale de Munich, cod. lat. 903. Le Chronicon compendiosum de mundi exordio usque ad annum 1331, que L. Wadding, Scriptores ordinis minorum, 2e édit., Rome, 1906, p. 181, attribue à Odoric de Pordenone, mais que J. H. Sbaralea, op. cit., p. 297, donne sans preuves à Jean de Mortiliano, est considéré par les continua teurs de Sbaralea, op. cit., p. 298, sur la foi du cod. 341 de la bibl. communale d’Assise et du cod. lat. 5006 de la Bibl. nationale de Paris, comme une œuvre d’un certain frère, appelé Elemosina.

Quant aux Sermones dinersi et aux Epistolæ mullie, que plusieurs auteurs attribuent à Odoric de Pordenone (p. ex. : L. Wadding, op. cit., Fabricius-Mansi, liibliotheca latina mediæ et infimæ œtatis, t. v, Padoue, 1754, p. 150), d’autres ou bien n’en font aucune mention, comme la Catholic encyclopedia, t.xii, col. 281, le Kirchenlexikon, t. ix, col. 697-701 et le Kirchliches Handlexikon, t. ii, col. 1193, ou bien, comme J. J. Lirutî, dans Notizie de’letlerali del Friuli, t. i, Venise, 1760, disent n’en avoir pu retrouver ni exemplaires, ni copies.

Les éditions de l’ilinerarium ont été faites sur l’un ou l’autre des textes signalés ci-dessus. Citons les suivantes :

1° Celle de Richard Ilackluyt : Incipit Itinerarium fratris Odorici fratrum minorum de mirabilibus orientalium Tar tarorum, dans le second volume de l’ouvrage, intitulé : Principal navigations, voyages, traffiques and discoueries of the english nation, p. 39-53, imprimé à Londres chez G. Bishop, R. Newberry et R. Barker, en 1599. Le cod. Reg. 14. C. XIII forme la base de cette édition, de sorte que le texte est conforme à celui de Guillaume de Solagna. Après le texte latin suit, aux p. 53-67, la version anglaise, dans laquelle on a omis les chapitres : De marlyrio fratrum et De miraculis quatuor fratrum occisorum ; — 2° Celle du P. Giuseppe Venni, conventuel, intitulée : Elogio storieo aile gesla del beato Odorico dell’Ordine de’Minori conventuali con la storia da lui deltata de’suoi viaggi asiaiici illustrata da un religioso dell’Ordine stesso, à Venise, en 1761, chez Antonio Zatta, grand in-4° de viu-152 p. L’édition a été faite sur un manuscrit, donnant le texte de Guillaume de Solagna ; — - 3° Celle du P. Marcellino da Civezza, O. F. M., intitulée : B. Fralris Odorici de Foro Julii (Frioul) ordinis mitlorum. lier ad parles infidelium a fratre Henrico de Glars ejusdem ordinis descriptum, nunc vero primo in luce edilum ad fidem mss. codicis bibliothecæ regiæ Monacensis (cod. lat. 903). C’est un appendice à son ouvrage : Storia universale délie missioni francescane, t. iii, Rome, 1859, p. 739-781 ; — 4° Celle du colonel Henri Yule, dans son Cathay and the Wag Thither, collection de notices médiévales sur la Chine, traduites et éditées par le colonel Henri Yule, imprimée par la Hacklugl Society à Londres, en 1866, en 2 volumes in-8° de cclhi-250 ; 253-596 p. avec app. de xcvm pages et 3 cartes. Dans le premier volume, p. 1-162, on a : The Travels of Friar Odoric of Pordenone. Dans le premier appendice, p. i-xlii, du t. n il y a : Latin text of Odoric, from a ms. in the Impérial library at Paris (Bibl. nation., cod. lat. 2584) wilh varions readings. La lecture s’accorde donc avec le texte de Guill. de Solagna Dans un deuxième appendice du même tome, p. xlii, l-xin, on trouve : Old italian text of Odoric, from a ms. in the Palatine library at Florence (E. 5, 9, 6, 7) ivith various readings ; — 5° Celle du P. Teofilo Domenichelli, O. F. M. : Sopra la vitae i viaggi del beato Odorico da Pordenone dell’ordine de’minori. Studi con documenli rari ed inedili del chierico francescano Fr. Teofdo Domenichelli solto la direzione del P. Marcellino da Civezza, O. M., Prado, 1881, in-8°, de 410 p., avec une carte de l’Asie, sur laquelle est tracée l’itinéraire d’Odoric. Le vol. contient, aux p. 153-200, B. Odorici Itinerarium, en latin d’après le cod. lat. 903 de la bibl. royale de Munich. Il donne donc, comme Marcellino da Civezza, le texte de Henri de Glatz. Il donne aussi, aux p. 201-255, une version latine du même itinéraire sur la base du codex Cil. Cl. VI.de labibl. Saint Marc de Venise ; — 6° Celle, enfin, de Henri Cordier : Les voyages en Asie, au XIVe siècle, du bienh. Frère Odoric de Pordenone, religieux de S. François, publiés avec une introduction el des noies, ouvrage orné de fac-similé, de gravures et d’une carte, Paris, Leroux, 1891, grand in-8°, clvh1602 p. ; donne la version française de 1* Itinerarium, faite par Jean Le Long, et contenue dans les mss franc. 1380 et 2810 de la Bibl. nationale de Paris. L.’Itinerarium avait, d’ailleurs, déjà été publié auparavant, d’après la version française du cod. franc. 1380 dans : L’Hystore merveilleux. .. du grand empereur de Tartarie, à Paris, en 1529 et, d’après la version française du ms. franc. 2810, dans : L’Extrême Orient au Moyen Age, d’après les manuscri s d’un flamand de Belgique, moine de Saint-Bertin à Saint Orner,