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OCCASION. OCCASIONNAIRES


mier, en ses Décrets du 24 septembre 1665 et du 18 mars 1666, a stigmatisé la proposition laxiste disant : « Le concubinaire ne doit pas être obligé à se séparer de sa concubine, si cette dernière lui est fort utile pour son agrément, vulgairement pour ses plaisirs de la table, lorsque son renvoi lui rendrait la vie trop pénible et qu’un autre régime alimentaire l’affligerait d’un grand ennui, et qu’il trouverait difflcillement une autre servante ». Cf. Denzinger-Bannwart, n. 1141. — Le second par un Décret du Saint-Office, du 2 mars 1679, a de même condamné cette proposition : « Il n’est pas nécessaire de fuir l’occasion prochaine du péché, lorsqu’une cause utile ou honnête s’y oppose. » Ibid., n. 1212. Nous reparlerons plus loin de ces difficultés à propos de l’absolution des occasionnaires et des obligations préalables, que leur imposent leurs diverses situations.

Devoir.

Ces obligations en effet constituent le

troisième élément de leur responsabilité indirecte. C’est que pour être coupable des conséquences fâcheuses de l’occasion du péché, il est nécessaire non seulement de la connaître et d’être à même de l’éviter, mais encore d’être dans l’obligation de s’y soustraire. Ce devoir est strict et évident, lorsque l’occasion est prochaine et source de péchés mortels. Il n’en est pas de même si l’occasion est seulement éloignée ou n’entraîne qu’à des fautes vénielles.

1. L’occasion éloignée est celle qui ne porte que faiblement et indirectement au péché : partant elle n’est point d’ordinaire une cause de chutes graves. Le devoir de la fuir absolument n’existe pas, car il serait pratiquement impossible à remplir. C’est que des occasions de ce genre surgissent sans cesse autour de nous, selon la parole du Livre de la Sagesse : « Les créatures de Dieu se sont tournées contre lui et deviennent tentation pour les âmes humaines. » xiv, 11. Voilà pourquoi saint Paul reconnaît que les chrétiens ne peuvent éviter tous les contacts malfaisants et les mauvais exemples, « autrement, leur dit-il, vous auriez dû sortir de ce monde ». I Cor., v, 10. — Cependant, bien qu’on ait la ferme volonté de repousser toutes les tentations auxquelles elles donneraient lieu, la prudence commande de se garder, autant que possible, contre ces occasions même éloignées. S’y exposer librement et sans motif d’excuse serait en effet un péché véniel. Il faut les surveiller, suivant les sages réflexions de Mgr Gousset : « comme il y a des occasions qui sans être prochaines sont plus ou moins dangereuses, c’est un devoir pour le confesseur d’y faire attention, d’exciter avec prudence et précaution, suivant la nature des occasions, la vigilance des pénitents et de les en éloigner autant que possible : tels sont par exemple certains jeux, les danses, les bals, Jes spectacles. Quoique ces divertissements profanes ne soient pas une occasion de péché mortel pour tous, on doit en faire remarquer le danger à tous sans exiger toutefois, gu’ils y renoncent absolument, à moins qu’ils n’y trouvent le danger probable de pécher mortellement. .. » Cf. Théol. mor., t. ii, p. 310, 311.

2. L’occasion prochaine de péchés véniels.

Avoir la témérité de s’y exposer serait déjà un péché véniel, à moins sans doute que la démarche, qui la constitue-, ne soit en elle-même bonne et utile, et qu’on ait une raison suffisante de la faire. Les sages conseils des confesseurs inviteront à prendre les moyens d’éloigner ces occasions de péchés véniels ; mais, s’il n’y a pas danger prochain de les voir se transformer en occasions prochaines de péchés graves, elles ne sont pas par elles-mêmes un obstacle à l’absolution.

IL L’occasion prochaine de péchés graves. — C’est à son sujet que se pose devant la conscience des confesseurs le problème de l’absolution. Non, encore une fois, que l’occasion soit en elle-même un péché ;

mais elle est cause de chutes répétées en des circonstances, qui permettent de suspecter la loyauté et la sincérité du ferme propos. Le pénitent, qui en est victime, est-il dans les dispositions requises pour recevoir l’absolution ?

Cette occasion, nous l’avons vu plus haut, peut être absolue ou relative à telle ou telle personne I, 1°, 2), volontaire et libre ou involontaire et nécessitée en ses causes I, 2°) ; ajoutons ici qu’elle peut être encore en sa durée continue ou interrompue. Elle est dite continue lorsque sa sollicitation est sans cesse présente, parce qu’elle est, pour ainsi dire, mêlée à la vie de celui qui par exemple a toujours sous la main des livres pervertisseurs, a orné sa maison de statues indécentes ou cohabite avec le complice de ses fautes. Elle est dite discontinue ou interrompue, lorsqu’elle ne se présente que par intervalles : par exemple en la fréquentation d’une salle de jeu, d’une taverne ou d’une maison de débauche.

De ces diverses qualités, qui caractérisent l’occasion concrète, soumise à son jugement, le confesseur devra tenir compte. Quelles seront alors les règles qui le dirigeront ?


Deux hypothèses sont à envisager : ou bien l’occasionnaire se présente au tribunal de la pénitence pour la première fois, — ou bien il revient avec les mêmei fautes et peut être taxé de récidive.

l re Hypothèse : l’occasionnaire n’est pas récidiviste. — 1. S’il se trouve dans une occasion physiquement ou moralement nécessaire et involontaire, c’est-à-dire qu’il souhaiterait s’en libérer, — on peut l’absoudre une première fois, pourvu que son repentir soit sincère et qu’il promette d’employer les moyens capables de transformer l’occasion prochaine en occasion éloignée. Les principaux moyens que lui suggérera le confesseur sont de divers ordres :

a) Les uns auront pour but de diminuer l’emprise de la tentation : réfléchir sur la gravité du péché afin d’en concevoir de l’horreur, afin de reconnaître la vanité des satisfactions passagères qu’il apporte et de se pénétrer des conséquences temporelles et éternelles qu’il entraîne à sa suite. Cela éveillera la crainte de Dieu et le dégoût de chutes si honteuses et si redoutables. Ou encore on conseillera au pénitent, — dans les intervalles, qui séparent telles ou telles visites et démarches dangereuses, exigées par la profession, je suppose, — de s’interdire de songer aux objets, qui constituent l’occasion, ou de s’efforcer de les considérer sous un jour à eux défavorable. Puis, au moment de les affronter, on lui recommandera d’absorber son attention dans la pensée de la dignité, avec laquelle il doit accomplir son devoir d’état et se tenir en toutes circonstances, c’est-à-dire garder son âme contre « la fascination de la bagatelle », selon le mot de l’Apôtre. Par ailleurs il devra éviter tout ce qui favorise l’influence perverse de l’occasion, comme sont les situations risquées en l’absence de témoins. Qu’au contraire il s’attache à ce grand conseil de la prudence : vivre comme dans une maison de verre sous le regard des hommes, des anges et de Dieu.

b) D’autres moyens viseront à établir dans l’âme du pénitent, sa maîtrise sur les concupiscences. Pour cela jl lui sera bon de pratiquer de petites ou de grandes mortifications, de s’exercer à se tenir en mains dans toutes les circonstances, de fuir l’oisiveté, de s’adonner à quelque travail intéressant, de manière à substituer des préoccupations honnêtes à celles de la passion, à fermer par là même son cœur aux sollicitations mauvaises, à y faire naître le goût, le besoin de se dévouer et de dépenser en œuvres charitables ses réserves d’activité.

c) Enfin d’autres moyens, attirant la grâce divine, qui n’est jamais refusée à la bonne volonté, tendront