Page:Alfred Vacant - Dictionnaire de théologie catholique, 1908, Tome 11.1.djvu/438

Cette page n’a pas encore été corrigée
857
858
OBERHAUSER — OBERNDORFER


voulu reconnaître, comme entachée d’ultramontanisme. — 3. Ces Prælectiones furent résumées par lui en un Compendium pra’lectionum canonicarum juxta V libros Decrelalium, à Francfort, 1773 et 1779, en deux tomes in-8°.

Dans son cours de droit canonique Benoît Oberhâuser a le mérite d’exposer sans ambages les thèses maîtresses du système fébronien, qui allaient devenir, en Autriche, les directives générales du joséphisme. IJ amoindrit la primauté du pape aux proportions d’une « prééminence de nom et d’honneur », et dans les limites tracées par les conciles de Constance et de Bâle. Il attaque l’infaillibilité du pape, sa supériorité sur le concile, etc. Il exalte d’autant plus les prérogatives des évêques et, en général du clergé séculier, voire régulier. Vis-à-vis de l’État, l’Église n’a aucun droit de fixer les frontières dans les questions mixtes ; à plus forte raison le pape n’a-t-il aucun droit sur le temporel des princes. Pour la question du mariage, en particulier, le théologien bénédictin de Fulda marquait déjà, dans son cours de 1762, les positions qu’il devait tenir durant près de vingt-jcinq ans et jusqu’à sa mort : séparant le contrat du sacrement-, il attribue à la puissance civile la juridiction sur le mariage en tant que contrat, et à l’Église, en tant que sacrement. Il infère de cette théorie qu’il appartient aux princes seuls de constituer les empêchements véritables ou dirimants, réservant à l’Église de régler ce qui regarde la sainteté du mariage, par des empêchements qu’il appelle impedienlia. Si elle a pu imposer des empêchements dirimants, c’est par concession des princes. Il fait appel, pour cette thèse caractéristique du joséphisme, aux arguments de Launoy, de même que, pour la suprématie du pape, il copiait Van Espen et Fleury.

Ouvrages polémiques.

Pour défendre contre les

condamnations officielles et les attaques privées ces deux points sensibles de son système canonique, dom Benoît fut amené à faire deux séries d’opuscules, des libelles de polémique serrée sur l’une ou l’autre de ces deux thèses, et des résumés tendancieux des historiens français, et d’un canoniste gallican. Voici d’abord la série de ses libelles sur le pouvoir de l’Église en matière d’empêchements de mariage : 1. Apologia historico-critica divisarum potestatum in legibus matrimonialibus impedimentorum dirimentium, Francfort-sur-le-Mein, 1771, in-8°, 54 p. Cet opuscule était dirigé contre le P. dom L. Beck, son successeur à Fulda, qui l’avait accusé d’hérésie sur ce point de la doctrine du mariage. Sept ans plus tard, le libelle fut réédité à Vienne dans la collection canonique d’Eybel, qui devait servir de manuel aux réformateurs. — 2. Mais, dès 1771, à Francfort, et en 1776 à Vienne, une réponse plus ample voyait le jour, sous ce titre : Systema hisloricocriticum divisarum potestatum… ex avilis sanx theologise et juris prudenlise canonicse principiis, un vol. in-8°. — 3. A une nouvelle accusation du jésuite A. Schmidt, Oberhâuser opposa un violent démenti, intitulé : Causa decisa divisarum potestatum in legibus matrimonialibus…, Francfort et Leipzig, 1777, in-8° de 227 pages. Les amis de l’auteur convinrent eux-mêmes que sa réplique était pleine d’aigreur. — 4. A une dernière attaque du capucin Marc-Antoine, qui avait osé publier une Disquisilio canonica causse decisse, Mayence, 1780, dernière réponse du vieux bénédictin de Salzbourg : Pagellse volantes de causa decisa pro studio juris regii inlegri illuslrando, Francfort et Leipzig, 1782, in-8°. Le titre si curieux de cet opuscule et son ton très violent marquent le paroxysme d’une longue polémique de vingt ans ; et les derniers mots du titre : pro studio juris regii inlegri illustrando, ont l’avantage de démasquer les intentions de l’auteur : relever l’autorité des princes temporels, au préjudice des droits de l’Église. Deux autres livres de

polémique concernent la place du pape et des évêques dans l’Église joséphiste : — 5. Spécimen cullioris jurisprudendae canonicse ad justas ideas divini primalus in romana Ecclesia evolvendas, Francfort et Leipzig, 1777, in-8° : l’auteur s’appuie sur les décrets des conciles de Constance et de Bàle pour limiter la primauté du pape plus encore que ne le faisaient la plupart des docteurs gallicans. — 6. De dignitate utriusque cleri lam ssecularis quam regularis dissertatio, Salzbourg, 1781-1786, en deux parties, dont la première seule fut publiée par Oberhâuser, en 1 784 d’après Meusel, en 1785 d’après les autres biographes ; c’est un recueil tendancieux tiré des Pères et des conciles, qui mentionne les prérogatives des évêques et des abbés, que la centralisation romaine avait abolies peu à peu. L’apparition de cette thèse, chère aux jansénistes de Hollande et à Fébronius, coïncide avec l’approbation trois fois répétée du livre de Fébronius parle gouvernement de Joseph II. et doit être regardée comme une contribution manifeste au mouvement joséphiste. La seconde partit, parue à la fin de 1786, après la mort d’Oberhâuser, contenait une biographie de l’auteur, et ne faisait. plus mystère de ses tendances : Auclorilales Palrum ad mentem celeberrimi Dni Zegeri van Espen et secundum illustriora (sic) reformations regix per Auslriam concinnatse.

Traductions tendancieuses.

On peut se con

tenter d’une simple énumération sans marquer en détail les raccourcis systématiques et les notes de circonstance que le bénédictin autrichien commettait dans ces prétendues traductions ; il était assurément très loin de la loyauté et de la sérénité que ses confrères de France surent garder dans ces sortes d’ouvrages ; d’ailleurs il utilisait souvent des adaptations françaises déjà entachées de parti-pris. Il donna dans ce genre : 1. Thomassinus abbreviatus, Salzbourg, 1774, 3 vol. in-4°, de 395, 388 et 225 p. C’était un résumé travesti de l’Ancienne et nouvelle discipline de l’Église de l’honnête Thomassin, fait d’après Héricourt, et rendu conforme au système joséphiste de la dévolution des bénéfices ecclésiastiques entre les mains de l’État.

— 2. D. Zegeri Bernardi van Espen jus ecclesiasticum in epitome redactum ac subjunclis brevibus sententiis atque argumenlis studii palrislici inslruclum, Vienne, 2 vol. in-8°, sans date. Les efforts d’adaptation furent moins grands ici, puisque Oberhâuser s’adressait a l’un des coryphées du mouvement antiromain ; de plus on dit qu’un jésuite, qui avait eu communication du manuscrit y fit des corrections qui déplurent beaucoup au traducteur. — 3. Manuale selectorum conciliorum et canonum aliarumque rerum memorabilium juxta historiam ecclesiasticam D. abbatis de Fleury per brèves epochas XVI sseculorum, Salzbourg, 1776, in-4°. Le livre fut, au rapport de Schulte, condamné par la Congrégation de l’Index dès l’année suivante.

Jôcher-Rothermund, Gelehrlen-Lexicon, t. v, Brème, 1816, col. 836 ; Meusel, Lexicon, t. x, p. 144-146 ; Scriplores ordinis S. Benedicti qui 1750-1880 fuerunt in imperio austriaco-hungarico. Vienne, 1831, p. 322-323 ; Hurter, Nomenclator, t. v, 3e édit., col. 508 ; Hoefer, Nouvelle biographie universelle, t. xxxviii, 1862 ; Michaud, Biographie universelle ancienne et moderne, t. xxxi ; Feller, Dictionnaire historique de biographie universelle, t. iv, Paris, 1337, p. 170 ; A. de Roskovany, Romanus Ponlifex tamquanx primas Ecclesix, t. iii, Nitriæ 1867, p. 735 ; Hirsching, Histor.-litt. llandbuch, t. vi a, p. 337.

P. SÉJOURNÉ.

    1. OBERNDORFER Célestin##


OBERNDORFER Célestin, bénédictin bavarois (1724-4765). — Né le 20 septembre 1724 à Landshut, fit profession à l’abbaye d’Obernaltaich, où il enseigna la théologie dogmatique et morale jusqu’aux environs de 1752. Vers cette époque, il devint professeur de logique au lycée épiscopal de Freising, puis pro