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    1. OBERHAUSER Benott##


OBERHAUSER Benott, moine bénédictin de Lambach, théologien et canoniste, fébronien militant et théoricien du joséphisme (1719-1786). — Il naquit le 25 janvier 1719, à Weidenholz, village situé en la paroisse de Weizenkirch, dans la Haute-Autriche, d’une famille distinguée. Après de brillantes études littéraires au gymnase de Kremsmunster, il suivit le cours de philosophie à l’université de Salzbourg, et fit de sérieuses études de droit civil et canonique à Ingolstadt et à Vienne. Son année de noviciat accomplie, il fit profession à l’abbaye de Lambach, le 13 novembre 1740, et fut ordonné prêtre le 12 mai 1743. Les études philosohiques et canoniques auxquelles il continuait de se livrer le désignèrent à son abbé pour un vicariat à Neukirchen, près de Lambach, où il travailla à ramener à la vraie foi un groupe de fidèles passés au protestantisme. Mais, après un court passage dans la chaire de philrsrphie de Salzbourg (1753), i ! fut appelé par le prince-évêque Joseph, comte de Thun, à enseigner le droit canonique et l’histoire ecclésiastique au séminaire épiscopal de Gurk-Strasbourg en Carinthie. Après trois ans d’enseignement, il obtint, en 1760, le grade de docteur en droit canonique à l’université de Salzbourg et, à la demande de l’abbé de Fulda, il fut nommé professeur de droit canonique à l’académie de cette dernière ville.

Sa carrière professorale s’y trouva brisée moins de trois ans après, à la suite des apologies qu’il fit de Pierre de Marca, de Van Espen, et autres théologiens jansénistes et gallicans, défenseurs du pouvoir civil, et surtout à l’occasion de ses Leçons sur les décrétâtes publiées en 1762, et qui étaient toutes favorables à la nouvelle jurisprudence canonique que l’on cherchait dès lors à introduire en Autriche, et à laquelle Joseph II allait donner force de loi (voir le mot Joséphisme). Le livre de dom Oberhàuser et les thèses qu’il avait fait soutenir publiquement furent l’objet d’une condamnation de l’Index du 16 février 1764. L’auteur fit une soumission publique et solennelle. Cependant le pape Clément XIII écrivit à M. de Bibra, évêque de Fulda, d’avoir à renvoyer ce professeur intempérant, et dom Oberhàuser trouva asile d’abord à Lambach, son monastère de profession, puis à Salzbourg, près du prince-évêque.

Il se mit à écrire contre ses adversaires personnels, et, en premier lieu, contre L. Beck, bénédictin du monastère de Schwarzach en Franconie, qui était devenu son successeur à Fulda et s’était attaqué à l’une de ses thèses favorites sur les origines du droit de l’Église au sujet des empêchements de mariage. Les libelles qu’il publia à cette occasion, de 1771 à 1777, lui attirèrent de sévères réponses du ermp de l’ultramontanisme et lui firent beaucoup d’ennemis. Us lui valurent naturellement une certaine réputation parmi les défenseurs du joséphisme, et le prince Colloredo, archevêque de Salzbourg, le nomma conseiller ecclésiastique, en 1776.

Les dernières années du religieux bénédictin s’épuisèrent en des libelles de plus en plus violents contre ceux qui osaient critiquer son système théologique, en particulier contre le P. A. Schmidt, S. J., et le

P. Marc-Antoine de Hochstadt, capucin de Mayence. Il mourut en pleine lutte, des suites d’une hernie négligée, qui le fit s’aliter le 4 avril 1786, et l’enleva le 20 du même mois.

Dans son épitaphe, rédigée par un confrère et conservée par la chronique de Lambach éditée en 1865 (p. 46), on l’appelle celebratissimus canonici juris consultorum in Àustria eoripheeus, ullramonlistarum validissimus malleus. Il faut dire cependant que, même en son pays, les ouvrages d’Oberhâuser ont perdu beaucoup de leur crédit, depuis que la crise joséphiste a montré la tendance de ces nouvelles théories théologiques et canoniques, imaginées dans des vues hostiles au Saint-Siège et au pouvoir ecclésiastique, et soutenues imprudemment par des écrivains au moins malavisés. Il sera d’ailleurs difficile de faire admettre l’entière bonne foi du théologien de Salzbourg, bien qu’il fail’e faire très grande la part de la tyrannie des préjugés d’école et des méfaits de l’esprit nationaliste en matière de théologie. On ne peut expliquer autrement la ténacité déployée par Benoît Oberhàuser à défendre ses positions. Parle souci même qu’il apporta, dans sa vieillesse, à publier les opinions avancées qui lui avaient valu le blâme du pape, il a plus que mérité l’oraison funèbre de la chronique de Lambach : principiis Quesneltii et Vanespen deceplus illorumque mordax propugnator.

Voici la série de ses œuvres, avec un aperçu de ses principales thèses :

Ouvrages de philosophie.

Deux livres reproduisant

son cours de Salzbourg de 1753-1754 : 1. Syn~ tagma causarum, ex quibus nata, propugnata et emendata philosophia, Salzbourg, 1754, in-4° ; 2. Sensalionis natura et structura, ibid., 1755, in-4°.

2° Œuvres didactiques. — Son grand ouvrage canonique, qui le fit renvoyer de Fulda, parut en deux séries : 1. Prælectiones canonicm juxta titulos Decrelatium, ex monumentis, auctoribus et controversiis melioris notas in 1res primos libros Decretalium, parues simultanément, en 3 vol. in-4°, à Anvers, 1761-1763, et à Lauterbach en 1762-1763. L’édition d’Anvers porte en son titre In V libros Decretalium ; mais la note se trouva fautive, du jour où la publication du commentaire fut arrêtée par le décret de l’Index de 1764 : il ne comprenait encore que les trois premiers livres des Décré taies. — 2. La fin du commentaire parut dans une autre série et dans un esprit légèrement différent : Prœlectiones canonicm in librum IV et V Decretalium, adauctæ et emendatæ per Sebaslianum Schaaf, Utrecht, 1765. Ce supplément fut réimprimé en 2 vol. in-8°, à Francfort-sur-le-Mein et à Leipzig en 1774, puis en 3 vol, in-8°, à Salzbourg, en 1785, mais cette fois par les soins de l’auteur, qui ajouta au titre : hodiernx eruditionis genio et studio aliquando accommodâtes, mine in correctiorem et uberiorem ordinem, plurimis, mutatis, digestæ. Entendons par là que, dans cette réédition définitive et seule vraiment authentique, B. Oberhàuser avait rétabli dans leur intégrité originelle certaines thèses gallicanes édulcorées par Schaaf dans sa première édition, que l’auteur n’avait jamais