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NOVATIEN — NUMAR

est incontestable néanmoins que l’action combinée de l’Église et de l’État finit par faire disparaître progressivement, dans les grandes villes d’abord, puis dans les campagnes mêmes, les communautés organisées, enfin les derniers représentants de la secte. Il n’est plus question des novatiens, comme d’hérétiques vivants à partir du viiie siècle en Orient. Et à ce moment il y avait bien longtemps qu’ils avaient disparu de l’Occident.

I. Sources. — Elles ont été recensées et critiquées col. 829-831.

II. Travaux. — St. Kenckelius, De harresi novatiana eique oppositis conciliis Carthaginiensi et Romano, Strasbourg, 1651, plus théologique qu’historique, discussion du point de vue luthérien, sur le pouvoir des clefs et la pénitence ; Tillemont, Mémoires, t. iii, au titre S. Corneille, p. 428 sq. ; et au titre Les novatiens, p. 471-493 (mène l’histoire de la secte jusqu’au viie siècle) : C. W. F. Walch, Historie der Kezereien, Leipzig, 1764, t. ii, p. 185-288, très complet à son habitude, avec renvoi aux auteurs antérieurs (les principaux sont indiqués dans U. Chevalier, Répertoire, Topobibliogr., au mot Novatiens) ; H. Hagemann, Die römische Kirche und ihr Einfluss auf Disciplin und Dogma, Fribourg-en-B., 1864 ; A. Harnack, art. Novatian, dans Protest. Realencyclopädie, 1904, t. xiv, p. 223-242 ; Duchesne, Histoire ancienne de l’Église, t. i ; les travaux sur Novatien, mentionnés ci-dessus, col. 828 ; Hugo Koch, Cyprianische Untersuchungen, Bonn, 1926, spécialement le § 6, Die Bussfrage bei Cyprian, p. 211-285, et passim ; voir la table alphabétique au mot Novatian.

É. Amann.

NUGENT François, capucin irlandais (1569-1635). — Né à Mayrath Castle (comté de Meath en Irlande), en 1569, il fit ses études aux universités de Paris et de Louvain et entra dans l’ordre des frères mineurs capucins, le 4 octobrel591. Incorporé à la province belge, il fut envoyé, après son ordination sacerdotale, en 1594, en France, pour y enseigner la philosophie aux jeunes religieux. Il fut un des plus ardents propagateurs du mouvement pseudo-mystique, qui sévit, à cette époque, parmi les capucins belges. A peine rentré de Rome, où il avait été appelé en 1598, pour se justifier, il fut suivi, en Belgique, par le général, Jérôme de Sorbo, canoniste connu, qui vint faire la visite de la province. Il priva François Nugent de sa voix active et passive, ainsi que le provincial sortant, Hippolyte de Bergame. Mais Nugent se justifia au chapitre général de 1599, devant le pape Paul V, de sorte que les peines dont il avait été frappé, furent levées. Nommé gardien du couvent de Tournai, en 1610, il fut chargé, en 1611, de propager les capucins en Allemagne. Il partit, en qualité de commissaire général, avec quelques autres religieux et fonda le couvent de Cologne. En 1615, le pape Paul V le nomma vicaire apostolique et commissaire général de l’Irlande. Il vint habiter à Charleville, où il rassembla plusieurs capucins irlandais. Il partit, en 1634, avec la première mission, composée de deux Pères, en Irlande. De retour à Charleville, en 1625, il repartit pour l’Irlande, en 1629, et, en 1634, il fonda un collège irlandais à Lille. Ayant démissionné, la même année, comme commissaire général de la mission irlandaise, il eut comme successeur le P. Barnabé Barnewall. Il mourut à Charleville le 18 mai 1635 et fut enterré devant le maître-autel de l’église des capucins. François Nugent ne s’est pas seulement rendu célèbre par son zèle à propager son ordre en Rhénanie et en Irlande, mais aussi par ses nombreux ouvrages théologiques, ascétiques et mystiques. J. H. Sbaralea, Supplementum, lui attribue les ouvrages suivants : 1. Cursus theologicus ; — 2. Cursus philosophicus ; — 3. Tractatus contra ministrum acatholicum ; — 4. Epitome Coccey de controversiis ; — 5. Taulerus expensus ac defensus, dans lequel, il se justifie, au chapitre général de 1599, du pseudo-mysticisme, pour lequel il avait été puni, en 1598, par le général ; — 6. Secreta itinera orationis ; — 7. Paradisus contemplationum ; — 8. Liber de meditatione et conscientiæ examine, qui aurait été très répandu parmi les capucins de la Flandre ; — 9. Sermones plurimi ; — 10. Tractatus de Hibernia.

Bernard de Bologne, Bibliotheca scriptorum ordinis minorum S. Francisci Capuccinorum, Venise, 1747, p. 97 ; J. H. Sbaralea, Supplementum ad scriptores trium ordinum S. Francisci, t. i, 2e édit., Rome, 1908, p. 290 ; Michæl a Tugio, Bullarium capuccinorum, t. iv, Rome, 1746, p. 279-280 ; t. v, Rome, 1748, p. 271-281 ; Analecta ordinis minorum capuccinorum, t. xvi, 1900, p. 150, 180-183 et p. 217 ; Father Angelus, O. S. F. C, Pages from the story of the irish capuchins, Cork, 1915 ; Father William, O. S. F. C., The story of the capuchin franciscans in England, Rochdale, 1924 ; A. O’Flanders, Erin, Eenige bladzijden uit lerland’s geschiedenis en zyn betrekkingen met Vlaanderen, Nieuport, 1922, p. 129 sq. ; P. Hildebrand, Un mouvement pseudo-mystique chez les premiers capucins belges, dans Franciscana, t. vii, 1927, p. 256-263 ; Pater Franciscus Nugent, O. M. Cap. (1569-1635), dans Franciscaansch Leven, t. xi, 1928, p. 21-28.

A. Teetært.

NUMAR Christophe, frère mineur de l’observance († 1528). — Originaire de Forli, il fit ses études à Bologne. Après s’être enrôlé dans l’ordre des frères mineurs de l’observance, il continua et compléta ses études à Paris, où il devint docteur en théologie. Chargé d’abord de l’enseignement auprès de ses jeunes confrères, il fut élu, en 1507, vicaire-général des provinces cisalpines de l’ordre et, en 1517, il devint le premier ministre général de la branche franciscaine réformée des frères mineurs de l’observance. Un mois plus tard, il fut créé cardinal de Sainte-Marie in Aracœli, par Léon X. En 1520, il fut élevé au siège épiscopal de Isernia, en Italie, et, en 1526, à celui de Riez, en Provence. Christophe doit avoir été chargé également du diocèse d’Alatri, puisque nous lisons, dans les actes consistoriaux, que Philippe de Herculanis devint évêque d’Alatri, le 20 avril 1528, après la mort de Christophe Numar. D’importantes missions lui furent successivement confiées : délégué apostolique, d’abord, auprès du roi de France, il devint ensuite nonce apostolique et exerça les fonctions de commissaire pour la construction de la basilique vaticane. Pendant le siège de Rome, en 1527, par les soldats du duc de Bourbon, Christophe fut insulté, maltraité et fait prisonnier. Son héroïque conduite lui valut des lettres de condoléance, en même temps que de félicitation, de la part de Clément VII, de François Ier, et de Henri VIII. Il mourut à Ancône, le 23 mars 1528 et fut enterré dans l’église du couvent d’Aracoeli.

A côté d’une exhortation, adressée à François Ier pour l’engager à prendre les armes contre les Turcs : Exhortatio ad Galliarum regem Franciscum I. in Turcos, Christophe a laissé plusieurs lettres, dans lesquelles il prie François Ier et d’autres princes de libérer le pape Clément VII. On peut les trouver dans Historia Foroliviensis, l. II, ad ann. 1517, de Paulus Bonolus et dans Vitæ virorum illustrium Foroliviensium, lib. I, c. v, de Georgius V Marchesius. Il était aussi l’auteur de nombreux écrits théologiques et ascétiques qui, malheureusement, ont péri pendant le siège de Rome.

L. Wadding, Annales minorum, t. xvi, Rome, 1736, p. 48, 60, 140, 236 et 255 ; J. H. Sbaralea, Supplementum ad scriptores trium ordinum S. Francisci, t. i, Rome, 1908, p. 207 ; Picconi, Cenni biografici sugli uomini illustri della francescana provincia di Bologna, t. i, 1894, p. 380 ; Christophor von Forli, dans Kirchliches Handlexikon, t. i, 1907, col. 926 ; P. Robinson, Christopher Numar of Forli, dans The catholic encyclopedia, t. xvi, New-York, 1914, p. 25.

A. Teetært.