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    1. NOVATIEN##


NOVATIEN. ENSEIGNEMENT TRINITAIRE

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Sans tirer expressément de tout ceci des preuves en faveur de la divinité du Saint-Esprit, Novatien indique assez que Ja nature de cet être mystérieux participe à celle du Père et du Fils ; il ne présente aucune expression qui tendrait à mettre l’Esprit au rang des adminislratorii spiritus. Tout ce que les macédoniens (voir col. 817) ont pu trouver chez lui qui eût favorisé leurs erreurs, c’est l’affirmation (en un passage où il n’est pas question ex professo de la nature de l’Esprit) que le Paraclet est inférieur au Christ. C. xvi. Voulant prouver ici la divinité du Christ, notre auteur fait état des paroles du Sauveur relatives au Paraclet : De meo accipiel et annuntiabit vobis, Joa., xvi, 14. A supposer, dit-il, que le Christ fût simplement un homme, comment l’Esprit qui est supérieur aux hommes pourrait-il recevoir de lui la doctrine qu’il devra lui-même transmettre. Il ne peut recevoir que de quelqu’un qui lui soit supérieur. Si a Christo aceepit quæ nuntiet, major ergo jam Paraclito Christus est : quoniam nec Paraclitus a Christo acciperel, nisi minor Christo essel. Col. 942-943. Mais il n’y a pas trop à se scandaliser de ce développement. L’infériorité de l’Esprit, par rapport au Fils, est du même ordre que l’infériorité du Fils par rapport au Père. Source et principe de la vie divine, le Père communique celle-ci au Fils, qui lui-même la transmet au Saint-Esprit.

4° Les relations entre les personnes divines. La Trinité. — Sur ce point délicat, Novatien n’avait guère de chance de trouver des indications chez ses prédécesseurs. Tous avaient oscillé plus ou moins entre le trithéisme (ou plus exactement le dithéisme), qui accentuait de façon dangereuse la distinction des personnes, et le modalisme qui supprimait radicalement cette même distinction. Ce que nous avons dit plus haut montre que c’est vers le dithéisme que pencherait notre auteur, col. 822 sq. ; il se raidit d’ailleurs contre cette tentation et les deux derniers chapitres de son ouvrage sont précisément consacrés à montrer que l’admission du Père qui est Dieu, et du Fils qui est Dieu, ce n’est pas l’admission de deux Dieux. C. xxx et xxxi. L’affirmation de l’unité divine est, dit-il, le dogme fondamental de l’Écriture et donc du christianisme ; non moins fondamentale l’affirmation de la divinité du Sauveur. Pour concilier ces deux vérités, en apparence opposées l’une à l’autre, Novatien écrit un long développement, c. xxxi, qui, si on le poussait à bout, serait désastreux ou pour l’unité divine ou pour la parfaite divinité du Fils. L’argument revient en somme à dire : il y aurait deux Dieux si le Père et le Fils avaient les mêmes propriétés, si tous deux étaient innati, ingeniti, invisibiles, incomprehensibiles, immortales, selerni, etc. Mais tous ces attributs n’appartiennent qu’au Père seul, quand au Fils, étant natus, genilus, visibilis, comprehensibilis, etc., il ne peut être mis à côté du Père comme un deuxième Dieu. C’est fort bien, dironsnous, mais alors il n’est plus qu’un Dieu de seconde majesté ; nous n’échappons au dithéisme que pour tomber dans le suboroinatianisme. Voir par exemple cette phrase : Si invisibilis fuissel (Christus), cum invisibili collatus, par expressus, duos invisibiles ostendissel et ideo duos comprobasset et Deos. Col. 979 B. Tout n’estpas à rejeter cependant dans l’argumentation de Novatien. Son grand tort est seulement d’avoir mis les attributs de l’essence divine (invisibilis, incomprehensibilis, etc.) sur le même pied que les propriétés personnelles. Il reste exact au point de vue d’une théologie plus développée que le Père et le Fils différent parce que l’un est ingenitus et l’autre genitus, et la phrase de Novatien, parallèle à celle que nous venons de citer, pourrait être conservée (moyennant une légère explication) : Si enim natus non fuisse ! (Sermo), innatus comparatus

cum eo qui esset innatus, ^quatione ( ?) in utroque ostensa, duos faceret innatos et ideo duos facerel deos. Col. 979 A. C’est en somme l’expression de la théologie postérieure des relations entre les personnes, si peu qu’on veuille l’étendre au Saint-Esprit. Pour désigner cet épanouissement de l’être divin en une pluralité d’hypostases, Tertullien avait employé le mot d’eeconomia, qu’il traduisait aussi par dispensatio, disposilio. Novatien ne conserve que ce dernier terme ; encore n’est-il pas bien sûr que celui-ci corresponde exactement aux expressions de Tertullien.

II n’est pas jusqu’à l’idée d’une circulation continue et réciproque de vie entre les personnes de la Trinité, qui n’ait été entrevue par Novatien. Unus Deus pater piobatur, écrit-il, dum gradatim reciproco meatu illa majestas atque divinitas ad Patrem qui dederal eam rursum ab Mo ipso Filio missa revert itur et retorquetur. Col. 981 A. On a voulu donner à cette phrase un sens hétérodoxe ; on a rapproché ce reeiproeus meatus, qui fait rentrer le Fils dans le Père, de la fâcheuse théorie de la résorption finale attribuée à Marcel d’Ancyre (Harnack). Mais les critiques ont à bon droit rejeté cette explication. Et Fausset n’hésite pas à voir dans les phrases de Novatien la doctrine que l’on désignera plus tard sous le nom de perichorèse, où il conviendrait seulement de trouver une place pour le Saint-Esprit, auquel Novatien n’a pas assez songé.

En résumé, si le prêtre romain ne rejoint pas encore la théologie qui se développera en partant des formules de Nicée, son œure ne laisse pas de marquer un progrès considérable par rapport à celles des apologistes du iie siècle et même des deux grands docteurs du iiie, Hippolyte et Tertullien.

I. Textes.

De Trinilaie.

Il n’existe plus de

ms. de cet écrit : et l’on ne peut dire exactement de quels mss. ont usé les premiers éditeurs : édit. princeps de Gagnée (Gangmeus), Paris, 1545, dans le Tertullien de Beatus Rhenanus ; pais de Gelenius, dans son Tertullien, Bâle, 1550. Sur l’indication des mss., ces éditeurs rangent l’écrit parmi les œuvres de Tertullien. Dans son édit. de Tertullien, Anvers, 1579, Pamelius le donne pour la première fois sous le nom de Novatien. Ed. Welchman en fournit la première édition séparée, Oxford, 1724 ; puis J, Jackson, Londres, 1728. C’est le texte de celui ci qui est passé dans Gallandi, et dans P. L., t. m. Nouvelle édit. de W. Yorke Fausset dans la collection Cambridge palristic Texls, Cambridge, 1909.

De cibis judaicis.

Il en subsiste 2 mss., l’un de

Pétersbourg (autrefois à Corbie), l’autre de Paris (Sainte-Geneviève), copie du précédent. Sur ces mss. et leur utilisation par les divers éditeurs (Gagnée, Gelenius, Pamelius), voir la préface de l’édition G. Landgraf et C. Wey man, Leipzig, Teubner, 1898 (cf. Archiv. fur lat. Lexikographie, t. xi, p. 226-239).

Correspondance et textes pseudo-cyprianiques.

Sur les

questions de mss. et d’édit., voir la préface de I’édit. Hartel, Cypriani opéra, vol. 3, p. lviii sq. ; p. lxx sq.

II. Travaux.

Ils sont extrêmement nombreux ; on ne mentionnera ici que les principaux. — Outre les histoires littéraires générales anciennes (Ceillier, Fabricius) ou modernes (Harnack, Bardenhewer, Schanz, Gesch. der rômischen Lilleratur, 3e édit., t. iii, 1922), il faut signaler quelques monographies récentes : V. Ammundsen, Novatianus og Novatianismen, Copenhague, 1901 (en danois, comme les deux suivants) ; F. Torm, En kritisk Fremstilling of Novatianus’Liv og Forfaltervirksomhed, Copenhague, 1901 ; J. O. Andersen, Novalian, Copenhague, 1901 ; H. Jordan, Die Théologie der neuentdeckten Predigten Nouatians, Leipzig, 1902 ; A. d’Alès, Novatien, Étude sur la théologie romaine au milieu du IIIe siècle, Paris, 1924 (rassemble quelques études publiées dans divers périodiques).

Sur l’attribution du De spectaculis et du De bono pudicitiæ, surtout C. Weyman, Hislorisches Jahrbuch, t. xui, 1892, p. 737-748 ; t. xiv, 1893, p. 330-331. — Pour le Quod idola dii non sint, voir la recension des travaux en sens divers dans Schanz, op. cit., § 720, et H. Koch, Cyprianisclie Untersuchungen, Bonn, 1926, p. 1-3. — Pour le De laude marlyrii, Schanz, § 731, et H. Koch, ibid., p. 334 sq. —