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    1. NOVATIEN##


NOVATIEN. ŒUVRES

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II. LES œuvres. — La notice la plus complète sur l’activité littéraire de Novatien est celle que fournit saint Jérôme. De viris ill., i.xx, P. I… t. xxiii, col. 718 : Novatianus, Romunæ urbis presbyter… saipsit de Pascha, de Sabbalo, de Circiimrisionc, de Sacerdote, de Oralione, de Cibis judaicis, de Inslantia, de Atlalo, multaque(dia, et de Trinikite grande volumen, quasi epitomen operis Tertulliani /ariens, quod plerique ne_scienles Cgpriani existimant. De cette liste imposante, deux ouvrages seulement ont été identifiés avec certitude : le De cibis judaicis et le De Trinitate. Les autres semblent perdus définitivement ; toutefois, guidée par l’indication de Jérôme sur le fait que le De Trinilate a été attribué à suint Cyprien, la critique moderne s’est demandé si, dans le lot d’ouvrages plus ou moins douteux mis sous le nom de Févêquc de Carthage, ou parmi un certain nombre d’écrits anonymes, ne se cacherait pas quelqu’un de ces miilla alia dont parle le De viris.

Ouvrages attribues ù Novatien par saint Jérôme.


1. De cibis judaicis.

Texte dans P. L., t. m (éd. de

1865), col. 981-992 ; voir aussi l’édit. de G. Landgraf et G. Weyman dans Archiv fur lateinische Lexikographie und Grammatil, t. xi, p. 226-239 (et aussi en tirage à part, Leipzig, Teubner, 1898). C’est une lettre pastorale dont l’auteur, séparé de son troupeau pour des raisons indépendantes de sa volonté, met ses ouailles en garde contre la tentation d’attacher quelque importance aux observances juives en matière d’aliments. S’inspirant des mêmes idées qui forment la trame de YEpislola Barnabx, il montre que la Loi doit être interprétée de manière spirituelle ; ce qu’elle prohibe, ce sont les vices et les défauts dont les animaux interdits sont le symbole. Sans aller jusqu’à dire, comme pseudo-Barnabe, que les Juifs ont compris leur loi à rebours, l’auteur pose en principe que cette loi, quoi qu’il en soit de l’obligation qu’elle imposait dans l’ancienne économie, est abolie dans la nouvelle. Ce qui ne veut pas dire, qu’à titre de mortification et d’ascèse, les chrétiens ne puissent s’interdire, à certains jours, tels ou tels aliments ; quant aux viandes immolées aux idoles, ils doivent de toute évidence s’en abstenir. — Le début de la lettre, 1, col. 983 A, fait allusion à deux écrits précédents où l’auteur exposait quid sil vera circumeisio, quid sit verum sabbatum. Ces deux écrits, signalés par saint Jérôme, se mouvaient dans le même ordre d’idées, comme aussi le De Pascha. Ils appartiennent, de toute évidence, à la période schismatique de la vie de Novatien.

2. De Trinitate.

- Dès l’époque de saint Jérôme, il y avait quelque incertitude sur l’attribution de ce traité. Au dire de Rufin, les macédoniens de Constantinople, pour répandre leurs erreurs sur le Saint-Esprit, avaient mis en circulation un traité De Trinitate de Tertullien qu’ils avaient accolé à un recueil de lettres de saint Cyprien ; de la sorte l’œuvre contestable passerait sous le couvert d’un nom vénéré de tous. De adulter. libr. Origenis, 2, P. G., t. xvii, col. 628. Dans sa riposte au livre de Rufin, Jérôme relève la bévue de son adversaire : Dicit Tertulliani librum, cui titulus est de Trinitate, sub nomine ejus Constanlinopoli a Macedonianx partis hæreticis leclilari. In quo crimine mentitur duo. Nam nec Tertulliani liber est, nec Ci/priani dicitur, sed Novatiani cujus inscribitur lilulo. Apol. contia Rufin, II, 19, P. L., t. xxiii, col. -161. Jérôme est bien sévère pour ce pauvre Rufin : n’avait-il pas écrit lui-même dans le De viris que plusieurs (plerique) attribuaient ce De Trinilate à Cyprien ? pourquoi certains ne l’auraient-ils pas attribué à Tertullien’.' C’est sous le nom de ce dernier que le traité a été publié d’abord par Gagny. — Quoi qu’il en soit d’ailleurs de la bonne foi de Rufin, celui-ci se trompait ; le traité en question n’était ni de Cyprien,

ni de Tertullien, et c’est Jérôme qui avait raison, encore que le signalement donné par lui dans le De viris ait risqué d’égarer la postérité. Quasi epilomen Tertulliani facietu, écrit-il. Il pense à coup sûr à’Adversus Praxean, le seul des ouvrages de Tertullien qui traite ex pro/esso la question trinitaire. Or, le De Trinilate est presque double de V Adv. Praxean (71 col. de Migne contre 43), ce n’est donc point un abrégé et, s’il s’inspire de Tertullien, Novatien le fait en toute indépendance. Mais une inexactitude de ce genre n’est pas surprenante de la part de saint Jérôme. Malgré quelques doutes émis ça et là, la critique moderne a ratifié son jugement de fond. L’attribution du De Trinitate n’est plus contestée par personne (l’opinion de Higeminn, qui y voit la traduction latine d’un ouvrage d’Hippolyte, manque de toute probabilité). D’ailleurs la comparaison du texte au point rie vue stylistique avec le De cibis est tout à fait favorable à l’unité d’auteur. Texte dans P. L., t. m (éd. de 1865), col. 911-982 ; excellente édition de W. Yorke Fausset, Cambridge, 1909 (dans les Cambridge patrislic Teits, édités par A. J. Mason).

Le titre actuel (que Jérôm.2 lisait déjà), ne semble pas primitif. Il risque d’ailleurs d’induire en erreur sur la signification générale de l’ouvrage. C’est beaucoup moins un traité sur la Trinité qu’une explication de la Régula veritatis c’est-à-dire du symbole de foi. A la suite de celui-ci, Novatien affirme la croyance au l’ère (i-vin), au Fils, dont la divinité, et l’humanité sont affirmées (ix-xxviii), au Saint-Esprit dont les attributions sont rapidement énoncées (xxix). Les deux derniers chapitres (xxx-xxxi) expliquent de manière assez sommaire comment la triplicité des personnes ne met pas en cause l’unité divine. Le tout clairement exposé, dans un style qui vise à l’élégance et y atteint souvent, qui risquerait pourtant de fatiguer par certaines accumulations voulues de tournures identiques. La composition est soignée et l’ordonnance à peu près impeccable. Ce traité de théologie, le premier qui ait paru à Rome en latin, est vraiment remarquable de tous points. N’oublions pas que, trente ans plus tôt, Hippolyte s’exprimait encore en grec et qu’il était loin de soigner aussi attentivement la composition et le style.

La date ne peut être fixée avec certitude. Les deux allusions faites à Sabellius et à son hérésie (c.xii, col. 933 D et 934 A) invitent à placer l’écrit un peu avant 250. Nulle allusion, d’ailleurs, à une situation schismatique de l’auteur. Un traité de ce genre n’aura pas peu contribué, sans doute, à donner à Novatien la place prépondérante qu’il avait en 250-251 dans le presbylerium romain.

3. Saint Jérôme semble avoir connu une correspondance de Novatien. Écrivant à Paul de Concordia, il lui demmde, entre autres volumes : Epistolas Novatiani, Epist., x, 3, P. L., t. xxii, col. 344. Il est possible qu’il s’agisse ici d’une collection de lettres pastorales à laquelle appartenaient le De cibis, le De circumcisione, le De sabbalo, et peut-être les autres petits écrits dont fait mention la notice du De viris. En dehors de cela, deux lettres de Novatien se sont conservées dans la correspondance de saint Cyprien ; lettres xxx (31) et xxxvi (30) de Hartel, Cgpriani opéra, vol. 2, p. 549-556, 572-575 (P. L., t. iii, col. 9931000 ; t. iv, col. 311-314). L’attribution de la première à Novatien ne fait aucun doute, Cyprien la donnant comme de lui dans Epist., lv (52), n. 3, Hartel, p. 625. L’authenticité de celle-ci entraîne comms conséquence l’authenticité de la seconde ; c’est certainement la même plume qui les a rédigées l’une et l’autre.

2° Écrits attribués avec plus ou miins de sécurité à Novatien par les critiques. — Le grand nom de Cyprien a attiré autour des œuvres authentiques de l’évêque