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NOUJS — NOTIONS (DANS LA TRINITÉ)


Innocent XI, qui lui succédait en septembre 1070, n’aimait p ; « s les jésuites. Finalement le Saint-Office

rendit une sentence favorable à Noris. Celui-ci, néanmoins, pour Jors professeur à Piso, se tint dorénavant à l’écart des questions brûlantes. Tout au plus, en 1687, se donnat-il la petite joie de rendre coup pour coup à Macédo, qu’il soupçonnait, non sans r.iison, d’avoir mené la campagne de 1676. Dans un appendice à son traité De incarnatione, H>80, le cordelier avait lâché sur la chronologie de saint Augustin quelques opinions paradoxales. Elles furent relevées, avec plus de verve que de charité, dans un travail paru à Leyde, 1681, et dédié à Mabillon : Somnia quinquaginla F. Macedo in itincrario S. Augu&lini post bapiismum Mediolano Eomem excutiebat levi brachio P. Fulgentius Fosseus. Fosseus est certainement Noris.

Appelé définitivement à Rome en 1002 par Innocent XII, Noris y jouit bientôt d’une situation importante dans diverses congrégations romaines ; tout faisait prévoir son élévation au cardinalat. Cela ne faisait pas l’affaire des molinistes : une nouvelle campagne commença contre lui. Innocent XII confia donc à huit théologiens, aussi désintéressés que possible, un nouvel examen de l’œuvre théologique de Noris. Leurs jugements furent soumis au Saint-Office et, dit Benoît XIV, cum nihil anathemate vel alia censura dignum in operibus fuerit adinventum, Pontifex Innocenlius Iheologorum et cardinalium sensum faclo comprobavit : Noris fut nommé consulteur du Saint-Office. Lettre de Benoît XIV à l’Inquisiteur l’Espagne, voir ci-dessous. Cette solution élégante n’empêcha pas la mise en circulation de nouveaux pamphlets : De liis quæ speclant ad fidem catholicam, autore anonymo scrupuloso, et encore : Informatio de libro Ilenrici Noris ab uno theologo Parisiensi, et encore : Leilera d’un cavalier dimoranle in Parigi ad un suo amico in Italia. Tous trois semblent bien avoir le même auteur. On a pensé au P. Hardouin qui avait eu avec Noris quelques différends antérieurs. Quoi qu’il en soit, Noris entendit tirer au clair les chicanes qui lui étaient faites ; il composa et publia à Rome, 1695, une série de dissertations : 1. In historiam controversiæ « de uno ex Trinilate passo », où il expliquait les « variations » des divers papes dans cette fameuse controverse. — 2. Apologia monachoium Scythiæ ab anonymi scrupulis vindicala ; voyant dans les « moines scythes » des augustiniens, Noris se montrait pour eux plein de tendresse. — 3. Anonymi scrupuli circa veteres semipelagianorum seciatores evulsi « c eradicali.

— 4. Responsio ad appendicem auctoris scrupulorum. — 5. Janseniani erroris calumnia sublata. Ces cinq dissertations ont été réimprimées dans l’édition de l’Historia pelagiana de 1702 ; et dans Œuvres, t. iii, col. 7711106. Cette agitation, un peu factice d’ailleurs, n’empêchait pas Innocent XII de nommer Noris cardinal. Cette fois les attaques cessèrent définitivement.

Mais, chose curieuse, quarante ans après la mort du cardinal, et pour des raisons qu’il est difficile de préciser l’Inquisition d’Espagne s’alarmait à nouveau du « jansénisme » de Noris, et l’Historia pelagiana était inscrite à Y Index librorum expurgandorum espagnol. Le pape Benoît XIV protesta aussitôt contre cette démarche par une lettre du 31 juillet 1748 adressée au Grand Inquisiteur d’Espagne. C’est la lettre dont la divulgation causa tant de chagrin à Muratori, voir ici, t. x, col. 2555. Après avoir rappelé que le Saint-Siège avait, en maintes circonstances, évité de mettre à l’Index des ouvrages par ailleurs excellents, mais où pouvaient se glisser quelques erreurs, le pape montrait comment, dans le cas de Noris, il n’y avait même pas eu besoin de cette tolérance. A trois reprises les œuvres de ce théologien

DICT. DE THÉOI.. CATH.

avaient été soigneusement examinées et on n’avait rien pu y découvrir qui fût en contradiction avec des doctrines officiellement définies par l’Église. La façon dont lui et ses confrères exposaient les rapports de la grâce et de la liberté faisait partie de ces opinions qu’il était du devoir du Saint-Siège de laisser se produire en toute liberté. Le livre de Noris fut donc retiré de l’index espagnol. Texte de cette lettre dans une édition de l’Historia pelagiana, parue à Vienne, 1775.

2. En dehors de l’Historia pelagiana et des dissertations ou répliques qui s’y rapportent il faut signaler de Noris plusieurs travaux qui ne parurent qu’après sa mort :

a) Historiée Golliescalcanæ synopsis, dans Œuvres, t. iv, col. 681-718, réhabilitation de Gothschalk et apologie de Gilbert Mauguin qui venait d’en reprendre l’histoire.

b) De sanctitate Siricii papæ, défense de l’attitude de ce pape dans l’affaire de l’origénisme.

c) Une volumineuse Historia donatistarum dans Œuvres, t. iv, col. 1-674 ; ce travail a été compilé par les Ballerini, à l’aide des notes de cours et des rédactions préparées par Noris, mais il n’est pas toujours facile de discerner ce qui est la part du cardinal et celle de ses éditeurs.

rf) On a publié à Mantoue en 1741, une Isloria délie investiture délie dignilù ecclesiastiche, scritta dal P. Enrico Noris contra Luigi Maimburgo, con dugento e quallro lettere parimente non più siampale del medesimo autore in materie erudile, in-fol.

Ellies du Pin, Biblioth. des auteurs ecclés. du Xi II’siècle, et du XVIII’siècle ; F. Bianchini, Vie, dans le t. i, 1708, p. 199, des Vile degli Arcadi illuslri de Crescimbene ; Nicéron, Mémoires pour servir à l’hisloire des hommes illustres…, t. iii, Paris, 1727, p. 247-258 ; P. et J. Ballerini, Vita, en tête du t. iv, des Œuvres, 1732, p. xiii-xlii ; Chaufepié, Nouveau doclionnaire historique et critique, t. iii, 1753 ; Moréri, Le grand dictionnaire, édit. de 1759, t. vu ; Moroni, Dizionario di erudizione storico-ecclesiastica, t. xlvii, 1847, p. 103 ; Hurter, Nomenclator, 3e édit., t. iv, col. 855-862.

F. Bonnard.

    1. NOTES DE L’ÉGLISE##


NOTES DE L’ÉGLISE, voir art. Église, t. iv, col. 2128-2132.

    1. NOTION##


NOTION. — I. Les notions divines. II. Les actes notionnels.

I. Les notions divines.

1. Définition et justification

des notions divines. — On appelle notion, la note ou propriété par laquelle nous discernons une personne de l’autre dans la Trinité. La notion doit donc présenter trois caractères : 1° qu’elle soit un élément propre à la personne qu’on veut distinguer des autres ; 2° que cet élément appartienne aux relations d’origine, en dehors desquelles tout en Dieu est commun ; 3° que ce soit un élément marquant la dignité de la personne.

Pour se justifier en regard de la simplicité divine, la notion doit être comprise comme une manière d’explication adaptée à l’indigence de notre esprit. Elle n’introduit en Dieu aucune composition ; elle est due tout entière à notre façon abstractive de connaître. Une double nécessité a conduit la théologie catholique à marquer par les notions la distinction des personnes. D’abord, la nécessité de répondre à la question : par quoi les personnes divines sont-elles trois ? La divinité commune rendant compte de l’unité de nature, il fallait marquer les propriétés expliquant la trinité des personnes. De là la remarque de saint Thomas relativement à la trinité : Ideo essenlia in divinis ut quid, persona vero ut quis, proprietas autem ut quo, Sum. llieol., I a, q. xxxii, a. 2. Ensuite, les noms concrets, Père, Fils, Esprit-Saint ne suffisent

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