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NICOLE (PIERRE)

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d’Essais, 5 volumes de Continuation des Essais, publiés en 1723, puis 7 volumes, 1719-1728, d’Instructions, et enfin 2 volumes sur la Prière, 1716. Un prêtre du diocèse de Limoges, Fichant, publia, en 1732, (cent) Propositions extraites de 22 volumes de morales de M. Nicole, et il s’applique à montrer que ces propositions contiennent les cinq propositions de Jansénius (Mémoires de Trévoux, juin 1732, p. 1032-1068) ; de leur côté, les Nouvelles ecclésiastiques du 18 octobre 1732, p. 189-190, disent que ces cent propositions donnent une explication parfaite de la bulle dans tous ces points (Mémoires de Trévoux, février 1733, p. 372379). Dans tous ces écrits, Nicole exagère les faiblesses de la nature humaine et l’impuissance de l’homme pour le bien ; il risque peut-être de développer les scrupules par ses analyses subtiles et tout empreintes de pessimisme. Voir Bremond, Histoire littéraire du sentiment religieux en France, t. iv, L’École de Port-Royal, p. 466-472, dont la sévérité à l’endroit de Nicole paraît néanmoins outrée.

Nicole aborda aussi les questions de spiritualité, indirectement d’abord, dans la Lettre des évêques de Saint-Pons et d’Arras au pape Innocent XI, contre les relâchements des casuistes, 1677, et directement dans le Traité de l’oraison, in-4., Paris, 1679. Nicole composa cet écrit pour défendre, contre Barcos, abbé de Saint-Cyran et neveu du fameux abbé de Saint-Cyran, un petit écrit De l’oraison mentale, que la sœur Angélique de Saint-Jean, abbesse de Port-Royal, avait publié, sous le nom de Philerème. Pour éviter des polémiques, Nicole ne publia son écrit qu’après la mort de Barcos, 16 août 1678, et, en 1694, il en donna une troisième édition, sous le titre de Traité de la prière, 2 vol. in-12, Paris, 1694. "Voir Bremond, op. cit., p. 418-482 et 501-553. Nicole fit imprimer, peu après le Traité de l’oraison, une Histoire de Catherine Fontaine, autrement La Prieuse, et la vie de Jeanne Malin, in-12, 1680 ; son but était de désabuser le public au sujet de ces deux prétendues dévotes qu’un prêtre habitué de Saint-Roch, nommé Villeri, exilé à Autun, prétendit justifier, dans un écrit qui a pour titre Abrégé de l’histoire de la vie de Catherine Fontaine, pour répondre à un libelle intitulé : Histoire de Catherine Fontaine, autrement la Prieuse, 1688. Sousletitre : JEqraï animas et dolorem suum lenire conanlis pia in psalmum cxviii soliloquia, Nicole donna une explication libre du psaume cxviii, composée par M. Hamon, et il fit imprimer, en 1687, le second volume des Traités de M. Hamon dont le premier volume avait été publié en 1675. C’est aussi Nicole qui fit imprimer à Paris, en 1689, deux volumes des autres traités de piété de M. Hamon, avec une longue préface où il fait un éloge enthousiaste de ce bon solitaire de Port-Royal.

Aux ouvrages de spiritualité de Nicole, il faut ajouter celui qu’il composa à la demande de Bossuet, après une étude attentive des écrits de Molinos et de Mme Guyon. La Réfutation des principales erreurs des quiélisies, contenues dans les livres censurés par l’ordonnance de Mgr l’archevêque de Paris du 16 décembre 1694, in-12, Paris, 1695, est le dernier ouvrage publié par Nicole lui-même qui mourait le 16 novembre 1695. Cet écrit, mieux que tout autre, montre bien le caractère antimystique de Nicole. Voir Bremond, op. cit., p. 483-488 et 553-588.

Nicole se sépara de Port-Royal sur la question de la grâce, et il eut des polémiques assez vives avec ses amis : Arnauld, le P. Quesnel, le P. Hilarion Monnier, de la congrégation de Saint-Vanne, et le P. Lamy, bénédictin de la congrégation de Saint-Maur. Contre ses amis, il soutint l’existence d’une grâce universelle accordée par Dieu à tous les hommes : c’est la grâce suffisante que Dieu ne refuse à personne, avec laquelle

d’ailleurs, si elle est seule, on ne peut agir réellement. Sur cette question, Nicole paraît infidèle au jansénisme ; il fut combattu, mais, pour éviter tout scandale, les écrits ne furent point publiés, du vivant des principaux antagonistes : Nicole et Arnauld. Ce fut seulement après la mort de Nicole que quelques-uns des écrits virent le jour (voir Préface historique et critique des éditeurs des Œuvres d’Arnauld, t. x, p. xix-xxix) : Le système de M. Nicole louchant la grâce universelle, in-12, Cologne, 1699. C’est un extrait d’un ouvrage qui parut plus tard. Le P. Souâtre, S. J., qui le publia, le donne comme le testament spirituel de Nicole (Mémoires de Trévoux, mars 1702, p. 65-76 ; on en trouve une copie à la Bibliothèque nationale ms. franc. 10593) ; Traité de la grâce générale, 2 vol. in-12, 1715, où on trouve réunis tous les écrits composés par Nicole sur cette question : au premier volume, il y a un long traité que Nicole avait composé en 1674 et cinq lettres qu’il avait écrites sur ce sujet, puis une Réponse à un écrit sur le sentiment de Jansénius touchant la grâce suffisante des thomistes ; le second volume comprend un autre Traité de la grâce générale, beaucoup plus complet que le premier, puis quatre dissertations contre le P. Hilarion Monnier, bénédictin de la congrégation de Saint-Vanne, qui s’était déclaré contre le système de Nicole, et avait écrit sept lettres qui furent publiées en 1716, sous le titre de : Réflexions sur le traité de la grâce générale ; à la fin du volume, il y a un Éclaircissement sur diverses propositions condamnées par l’Inquisition de Rome dans le décret d’Alexandre VIII, puis une Lettre à Quesnel et un Écrit de la part que Dieu a dans la conduite des hommes ; ce dernier travail est l’œuvre de Bourdaille, docteur de Sorbonne. Les théories de Nicole au sujet de la grâce générale soulevèrent de vives critiques de la part des amis de Port-Royal : on peut citer des Extraits de deux lettres de feu le Révérendissime Père général des chartreux sur le système de M. Nicole (Mémoires de Trévoux, octobre 1712, p. 1762-1779).A la Bibliothèque nationale, on trouve : mss. franc. 10, r >93, Le système de M. Nicole touchant la grâce universelle ; 19 303, Le système de M. Nicole sur la grâce ; 10 595, Examen du système de M. Nicole sur la grâce universelle ou générale. A la bibliothèque Sainte-Geneviève, ms. 1 546, Plan du nouveau système de M. Nicole touchant la grâce universelle, et ms. 1 583, Réfutation du système de M. Nicole par M. Duguet. Ce dernier écrit se trouve aussi à la Bibliothèque nationale, ms. franc. 302. C’est en s’appuyant sur la théorie soutenue par Nicole dans ces divers écrits que M. Henri Bremond a pu écrire tout un chapitre intitulé : Nicole ou le janséniste malgré lui, dans l’ouvrage déjà cité, p. 426-466.

Dans le recueil de Lettres choisies de M. Nicole, in-12, Liège, 1702, on a réuni 54 lettres qui, presque toutes, abordent quelques points de morale exposés « avec beaucoup de soin et de délicatesse ». (Journal des savants du 13 novembre 1702, p. 629-636 et Mémoires de Trévoux, mars 1703, p. 371-383.) Elles se terminent par un panégyrique de saint François de Paule. Une seconde édition, qui parut en 1714, contient 103 lettres auxquelles on a ajouté cinq lettres de M. Rancé, abbé de la Trappe. Une autre édition parut en Hollande en 1718, avec un second volume qui a pour titre : Lettres nouvelles. En 1720, fut publié un Traité de l’usure, où l’on traite à fond la question du (aux dépôt, et, en 1724, un Mémoire sur la dispute entre le P. Mabillon et M. de Rancé, au sujet des éludes monastiques. Ce travail, rédigé en 1692, dans lequel Nicole prend la défense de Mabillon, fut inséré parmi les Ouvrages posthumes de Mabillon, in-4°, Paris, 1724.

Nicole laissa un très grand nombre de manuscrits