Page:Alfred Vacant - Dictionnaire de théologie catholique, 1908, Tome 11.1.djvu/307

Cette page n’a pas encore été corrigée
599
600
NICOLAS DE CLAMANGES — NICOLAS COCH


discutée. Ad. Miintz a donné tort à Trithème, qui l’inscrit au catalogue des œuvres de Nicolas. Sa thèse, adoptée par Al. Knôpfler, dans le Kirchenlexicon, t. ix, p. 298 sq., art. Nicolaus von Clemanges, a été combattue par G. Schuberth, Nis. v. Clamanges als Verfasser der Schrift de corrupto Ecclesise statu, Leipzig, 1888, et par P. Hemmerle, Nicolaus Poillevillains, genannt Nie. son Clemanges und die Schrift « De corrupto Ecclesise statu », dans Histor. Jahrbuch, 1906, p. 803812. Mùntz ne connaissait aucun manuscrit attribuant l’opuscule à notre auteur : on en a retrouvé plusieurs depuis ; il jugeait le fond. et la forme de l'œuvre incompatibles avec : les idées et le style de Nicolas : des arguments de cette sorte sont difficilement péremptoires, car les idées d’un auteur peuvent changer selon les époques, et son style varier selon le genre d'écrits dont il s’agit. Il faut donc, semble-t-il, s’en tenir, jusqu'à plus ample informé, à l’attribution traditionnelle. Aussi bien, l’inspiration générale du De corrupto Ecclesise statu, révèle-t-elle une réelle parenté avec le De studio theologico. Sans doute, l’auteur emploie les termes les plus durs pour critiquer la fiscalité pontificale qui a fait de la Curie « une caverne de voleurs », la vanité des cardinaux qui cumulent les bénéfices « non par dizaines, .mais par centaines », l’absentéisme des évêques devenus serviteurs des princes plutôt que de Dieu et de l'Église, l’indignité des chanoines « porcs du troupeau d'Épicure » et « jouets des Érynnies », l’ignorance et l’oisiveté du bas clergé tembé dans le mépris public, l’orgueil et la jactance des moines mendiants, « comme si la perfection des parfaits n'était pas de ne jamais se croire parfaits », l’impudeur des moniales, dont les monastères ne sont plus des sanctuaires de Dieu, mais de Vénus. Son but n’en est pas moins d'édifier, non de détruire : il aime cette Église dont il ne fustige les défauts que pour lui rendre sa splendeur passée. Elle est déchirée par le schisme ; c’est, estime-t-il, un châtiment auquel il est vain de vouloir mettre fin, si elle ne mérite, par l’humilité et la réforme, que Dieu lui rende son unité perdue. Tout l’opuscule de Nicolas tend à promouvoir cette rénovation « par le dedans », que réclamaient déjà ses amis Pierre d’Ailly et Gerson. N’est-ce pas à Pierre d’Ailly que Clemanges a dédié le De fructu eremi, et à Gerson qu’il a dédié de De præsulibus simoniacis, Op., p. 180 sq., qui est comme un écho du De corrupto Ecclesise statu ? Ces derniers ouvrages ne font que compléter le De studio theologico ; ils préconisent la réforme morale et disciplinaire, comme celui-ci préconisait la réforme intellectuelle dans l'Église.

Il faut en rapprocher le De novis festivitatibus non instituendis, Op., p. 143 sq., où l’auteur loue les Eglises qui, à l’exemple de celle de Lyon, n’admettent plus de nouvelles fêtes. On sait que la multiplication des jours fériés entraînait beaucoup d’abus et était en passe de devenir un fléau social.

En politique, Nicolas de Clamanges fut avant tout un ami de la paix. Dans l’affaire du grand schisme il est partisan d’une entente pacifique. On le voit intervenir auprès du roi d’Angleterre Henri IV, en 1412, en faveur de la paix d’Auxerre. Dans son De lapsu et reparatione justiliæ, Op., p. 21 sq., adressé au duc de Bourgogne en 1421, il traite de la vertu de justice chez les grands, s'élève contre la guerre civile et suggère, comme remède aux calamités publiques, la convocation des États généraux.

III. Œuvres. — Les œuvres de Nicolas de Clamanges, publiées à Leyde, en 1613, par le pasteur Jean Martin Lydius, sous le titre d’Opéra omnia, comprennent deux volumes in- 1°. Mais on n’y trouve pas le De studio theologico, qui a été publié dans le Spicilegium de d’Achery (édit. in-fol., Paris, 1723, t. i, p. 473-480 ; édit., in-4°, t. vii, p. 138 sq.), puis reproduit

par Fred-Guill. Pistoth Schopfï dans Aurora, t. ii, Dresde, 1857. D’autres écrits ne figurant pas dans les Opéra ont été publiés par du Boulay, Historia Universitatis Parisiensis, t. iv, et v, Paris, 1668 et 1680 ; par Baluze, Misccllanea, t. iv, p. 539 sq., Paris, 1713 ; par Déni (le et Châtelain, Charlularium Universitalis Parisiensis, t. iii, introd., p. xxxi-xxxvii [Laudatio Francise], Paris, 1894.

Avant la publication des Opéra, plusieurs œuvres de Nicolas avaient été imprimées, quelques-unes même à plusieurs reprises. On trouvera une liste des incunables dans le Repertorium de Hain, et des éditions postérieures dans le Manuel de Brunet et le Trésor de Græsse.

A l'époque de la Béforme, on voulut faire de notre auteur un précurseur du protestantisme ; de là, des traductions comme VEscrit de Nicolas Clemangis, docteur de Paris et archidiacre de Bayeux, touchant l’eslal corrumpu de l'Église, Orléans, 1654, et Dass in Concilium irren môge, Augsbourg. 1537.

Sont restés inédits les commentaires sur les soixante premiers chapitres d’Isaïe, que signale Launoy, Regii Navarræ ggmnasii Parisiensis historia, Paris, 1677, p. 579, ainsi que quelques écrits de moindre importance : lettres, poésies ou sermons.

Vnc bonne étude d’ensemble sur Nicolas de Clamanges lait encore défaut. La thèse de A. Mùntz, Nicolas de démanges, sa vie et ses écrits, Strasbourg, 1846, est très sommaire et bien vieillie. Ant. Thomas a précisé depuis, dans Romania, t. xxv, 1896, p. 132, la date de la mort de Nicolas de Clamanges. P. Hemmerle, après avoir restitué à notre auteur le De corrupto Ecclesiæ statu, a étudié sa position à l'égard du grand schisme, puis ses idées sur la religion et la politique religieuse ; ses publications sont intitulées : Nicolaus Poillevillains, genannt Nie. non Clemanges und die Schrift « De corrupto Ecclesiæ statu », dans Historiches Jahrbuch, 1906, p. 803-812 ; Der pariser Theologe Nicolaus Poillevillain, genannt Nicolaus von Clemanges und seine Stellung zum Schisma seiner Zeit, progr., Alringen, 1909 ; Das religiôse und kirchenpolitische System des pariser Theologen Nicolaus Poillevillain, genannt Nicolaus von Clemanges, 1363-1437, dissert., Tubingue, 1911. G. Voigt a fait connaître en Nicolas le latiniste, dans Die Wiederbelebung des klassischen Allertums, t. ii, 3e éd., p. 349-356.

Des notices sur Nicolas de Clamanges se trouvent en tête des Opéra omnia publiés à Leyde (par Lydius) ; dans Oudin, Commentarius, t. iii, p. 2321 sq. ; Fabricius, Biblioth. latina Medice et Infimee jElatis, t. i, p. 360 sq. ; von der Hardt, Magnum œcumenicum Constanliense concilium, Francfort et Leipzig, 1700, 1. 1, p. 71-87 ; E. du Pin, Nouvelle bibliothèque des auteurs ecclésiastiques, t.xii, p. 78 sq. ; Hurter, Nomenclator literarius, t. ii, 3e édit., col. 798-801 ; A. Molinier, Les sources de l’hisloirede France, des origines aux guerres d’Italie, t. iii, Paris, 1903, p. 170-171 ; P. Féret, La Faculté de théologie de Paris et ses docteurs les plus célèbres, Moyen Age, t. iv, Paris, 1897, p. 275-295 ; Kirchenlexicon, 2e édit., t. ix, col. 298-306 (par Knôpfler) ; Realencgclopàdie, 3e édit., t. iv, p. 138-142 (parBess, qui reconnaît en Nicolas « un fils fidèle de son Église » ).

E. Vansteenberghe.

22. NICOLAS COCH, exégète et théologien français des xive et xve siècles, naquit au Puy-enVelay au commencement de la seconde moitié du xiv c siècle, et se fit carme au couvent de sa ville natale, il étudia à l’université de Paris, où il obtint le baccalauréat formé en 1398, la licence le 2 mai 1400 et enfin le doctorat en théologie et en Ecriture sainte. Nicolas enseigna pendant quelque temps à Paris. En 1399, il fut élu socius du provincial de Narbonne, province qu’il gouverna ensuite pendant 31 ans (1420-1451). Il fut bon théologien, exégète d’une grande clarté et prédicateur éloquent. Il mourut au Puy-en-Velay l’an 1451, presque centenaire. Ses œuvres sont : 1. Commentaria in Genesim lib. I ; 2. Commeidaria in Magistrum Sententiarum libri IV ; et 3. un catalogue des généraux de son ordre.