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NICOLAS D’AUTRECOURT — NICOLAS RARSOTTO


d’identité, qui nous découvre qu’Aristote ne sait pas ce qu’il enseigne : ainsi, dans les lettres à Bernard et Gilles ; de là, l’aspect critique de la prima cedula.

2° Une épreuve dialectique, principalement appuyée sur le principe du meilleur, qui oppose aux conclusions d’Aristote des thèse antagonistes, qu’elle fait apparaître comme des probabiliora : c’est VExigit ordo ; les articles que l’on en a extraits ont une apparence dogmatique.

Ce sera notre conclusion, notre hypothèse : Les articles condamnés de Nicolas se réfèrent à une œuvre essentiellement polémique : à une mise à l’épreuve de l’aristotélisme. S’ils ont, ici ou là, une apparence de m idcrnité, c’est que Nicolas rencontre et utilise des liaisons d’idées que d’autres, plus tard, retrouveront pour d’autres fins : thèses sur le principe du meilleur, sur l’inévidence logique du lien causal. La modernité serait plutôt dans le besoin d’évidence, opposé à la tradition d’école. Laconclusion de Nicolas, c’est l’inévidence, l’invraisemblance même de l’aristotélisme. Mais Nicolas ne semble apporter ni une méthode spéculative, ni une philosophie nouvelle, au sens dogmatique. Son œuvre paraît uniquement signifier : incertitude de la doctrine aristotélicienne, vanité de la culture d’école ; ce que voyant, l’élite se consacrera à accomplir et à faire accomplir la loi chrétienne. Telle fut, à notre sens, la position du maître condamné en 1346.

IV. Paradoxes logiques et moraux.

Nous

classons sous ce titre, quelques propositions extraites de textes que nous ne possédons pas, qui font paraître le tour d’esprit de Nicolas et s’éclaireront sans doute lorsque son milieu doctrinal sera mieux connu.

1° L., p. 31*, 1. 8 : quod hec proposilio : homo est anim’d, non est necessaria secundum fidem, non attendens pro tune connexionem necessariam predictorum terminorum ;

2° L., p. 31*, 1. 14 ; p. 41*, 1. 22 ; cf. p. 41*, 1. 24 : quod Deus et creitura non sunt aliquid. — Proposition réprouvée le 29 décembre 1340 : quod nullus asserat absque distinction ? vel expositione, quod « Socrates et Plato, vel Deus et creatura nichil sunt », quoniam illa verba prima facie maie sonanl, et quia talis propositio sensum unum habet falsum, videlicet si negatio in hac dictione « nichil » implicita intelligeretur cadere non solum super ens singulariler, sed et supra entia pluraliier. Denifle, Chartul. Univ. Paris., t. n a, p. 506-507 ; L., p. 47*, n. 7 ;

3° L., p. 34*, 1. 12 ; p. 37*, 1. 15 : quod contradictoria ad invicem idem signifîcant ; quod propositiones : Deus est, Deus non est, penitus idem signifîcant. — Thème repris par Pierre d’Ailly, qui écrit à ce propos, de Nicolas, quod multa fuerunt condemnala contra eum causa invidix. Prantl, Geschichte der Logik im Abendlande, t. iv, Leipzig, 1870, p. 112, n. 470 ;

4°L., p. 40*, 1.33 ; p. 41*, 1. 31 ; p. 42*, 1. 1 et L. 12, paradoxes moraux dont l’étude de Jean de Mirecourt permettrait d’éclaircir au moins une part.

Les textes publiés et les études essentielles (Lappc, Gilson), sont déjà cités dans notre étude. On trouvera une liste complète dans : Ueberweg-Geyer, Grundriss der Geschichte der Philosophie, t. ii, 11e édition, 1923, p. 783. Nous espérons qu’à cette liste on pourra joindre bientôt l’édition de traité Exigit ordo, préparée par A. Rirkenmaycr, qui renouvellera notre connaissance de Nicolas d’Autrecourt.

I’. Vignaux.

14. NICOLAS BAECHEM D’EGMOND,

théologien et prédicateur carme desxvet xvie siècles. Nicolas Bæchem, dit aussi Bacehem, naquit à Egniond, en Hollande vers 1470 (d’autres disent vers 1462, ce qui semble peu probable). En 1488, il vint à Louvain suivre les cours de la faculté des

arts au Collège du Faucon, où, en 1491, il fut proclamé premier entre vingt-huit concurrents lors de la promotion générale à la licence. Tout en étant chargé d’un cours de philosophie au même collège, il s’appliqua à la théologie et obtint le doctorat le 2 décembre 1505. L’année suivante, il embrassa l’état religieux chez les carmes et prononça ses vœux le 1 er mars 1507 au couvent de Malines. Le 1 er août 1510, nous retrouvons Nicolas à Louvain, où ses supérieurs l’avaient envoyé prendre la direction du collège de l’ordre, agrégé à l’université depuis 1469, et y enseigner en même temps. En 1517, il fut élu prieur et régent des études du couvent de Bruxelles, mais, en 1518, il rentra dans ses anciennes fonctions à Louvain jusqu’au moment où Charles-Quint le nomma inquisiteur, en 1520. Nicolas mourut à Louvain le 28 juillet (le 24 août, d’après d’autres) 1526 ; son corps fut inhumé dans la salle capitulaire de son couvent d’origine, à Malines, où on lui érigea un monument, détruit en 1580. Nicolas Bæchem fut un excellent défenseur de la foi ; car, tant dans ses œuvres que dans ses prédications et ses cours, il combattit vigoureusement les doctrines protestantes et les opinions hasardées d’Érasme. On lui doit plusieurs œuvres importantes, restées inédites, et dont les manuscrits périrent malheureusement pour la plupart dans la tourmente religieuse de la seconde moitié du xvie siècle. Entre autres : 1. Prælectiones academicæ, dont Érasme fait souvent mention ; 2. Censurée in Novum Testamentum Desiderii Erasmi, in ejusdem Colloquia et Moriam ; 3. Commentarius in Evangclium Mallhsei ; 4. In epislolas Paulinas ; 5. In seplem epistolas calholicas ; des sermons et des discours.

Érasme, Opus epislfflarum, édit. Allen, Oxford, 19061928, epist. 1, § Est Lovanii ; episl. 483, 597, 627, 878, 948 ; t. i, p. 21-26 ; t. ii, p. 374 ; t. iii, p. 50, 416, 544, 645 ; Valère André, Fasti academici studii generalis Lovanii, Louvain, 1650, p. 98 ; J.-B. de Lezana, Annales, R.ome, 1645-1656, t. iv, p. 887, n. 3 ; Daniel de la V. M., Spéculum carmelitanum, Anvers, 1680, t. ii, p. 969, n. 3405 ; p. 1109, n. 3931 ;.Jean Molanus, Hisloriæ Looanicnsium libri XIV, édit. de Ram, Bruxelles, 1861, p. 511 ; Cosme.de Villiers, Bibliotheca carmelitana, Orléans, 1752, t. ii, col. 478-479, n. Il ; Paquot, Fasli academici, ms de la bibl. royale de Belgique, Bruxelles, n. 17567 et 17568, t. i, p. 57 et 198 ; Jacques Goyers, Corrections manuscrites apportées à la Bibl. carm. de Cosme de Villiers. Ms. de l’univ. de Gand ; Biographie nalionale de Belgique, Bruxelles, 1866 sq., t. i, col. 616-618.

P. ANA.STASE DE SAINT-PAUL.

15. NICOLAS BARSOTTO de Lucques,

capucin (xviie siècle). — Italien de naissance, il appartint cependant à la province des capucins de Bohême. Homme universellement cultivé, versé dans les sciences théologiques, philosophiques, mathématiques et astronomiques, il fut avant tout un prédicateur célèbre et recherché. Écrivain fécond, il produisit de nombreux ouvrages : 1. Spirituale humaine semper peregrime mortulis ville remigium, liabens porlum suum immortalem xternam vitam, en italien et en latin, publié à Vienne, en 1647 ; 2. Cgnosura, seu Maria Stella polaris duodecim diffusa radiis, septenisque sphærica planitie circumplexa orbibus… longius, latius, pleniusque explicans et illuslrans universis prœcelsum Marias nomen pie colentibus ad spectandum et observandum delineata, proposita et oblata ab omnium inflmo lanlæ Reginæ cliente Nicolao Lucensi ; cet ouvrage, dédié à Léopold I er, roi de Hongrie, fut imprimé à Vienne, en 1656 et en 1657. Cette dernière édition porte pour titre : Cgnosura, sive Mariana Stella Polaris Christo Jesu Sole amicta, exornata, illustrata… Numéro supra numerum arcme. maris, aquarumque guttas, nec non et stellas, qua : lucent in firmamento cseli, quasi lolidem radiis in hac secunda