Page:Alfred Vacant - Dictionnaire de théologie catholique, 1908, Tome 11.1.djvu/295

Cette page n’a pas encore été corrigée

.75

NICOLAS D’AUTRECOURT

576

a. D’abord les choses de l’art : le bien est. pour l’artiste, une mesure qui règle son travail ; ainsi de l’architecte : sic fit domus sicut existimat bonum esse eam fieri. Le bien comm inde : voilà le fait. Et il faut qu’il en soit ai si : si non esset bonum, non appareret disposilio sub qua debcret fieri domus, quia malum sive negulio boni est in.fl.nita, et ideo, qua ratione fteret secundum unam dispositionem, eadem ratione secundum aliam, vel modis infinitis, vel nullo modo. Sans la considération du bien, impossible de rendre raison d 1 travail de l’architecte, d’une construction seule réalisée parmi toutes les constructions possibles.

b. Msure des choses dans l’art, le bien est mesure aussi dans la nature. Et cela, ici encore, se prouve de deux façons : par les faits, ex quadam inductione ; à partir de l’idée de cause, comme propositio ex causa. Les faits, ce sont des exemples de finalité, parfois dignes de Bernardin de Saint -Pierre : Non videmus quo/l lapides quorum amabilitas videtur esse ut ex eis fiant monumenta homini, non sunt sursum in celo… Equus non est migniis usque ad celum ; tune homo non possst ascendere supra eum. Dentés anteriores hominis sunt magis < cuti ad diuidendum cibum, etc. Après les faits, le raisonnement : apparet propositio ex causa ut supra in re us artis, quia : malum est inftnitum, et negatio boni ; unde tune non esset intelligibile qnare magis fièrent sub una dispositione quam sub alia, nec sciremuse quibus hnberemus terminare quesita naturatiler que oriuntur in nobis super consideratione dispositionis circa enlitatem rerum in quantitate et qualitate. Seul, le bien donne le pourquoi de la disposition des choses dans l’univers. — Ainsi, du même point de vue, on embrasse l’art et la nature : sicut ergo arti/ex intendit dispositionem convenientissimam effectus, que est sibi placenlissima, sic existimandum [est] quod entia universi sunt sub Ma dispositione que esset magis plaçais intellectui recto. BodL, fol. 2 r°, col. B. — Nous remarquerons d’abord que Nicolas ne craint point de rais mner perfection et finalité. Ensuite, qu’il compare la nature à une œuvre d’art, à l’œuvre d’un architecte. Enfin nous rappellerons l’argument du primus tractatus : illud est ponendum in uni verso ex quo apparet major perfeclio in uniuerso… (supra 4) ; cette proposition initiale se prouvait ainsi : non est existimandum quod aliq ni perfeclio possibilis desit in universo : quia, qua ratione una, eadem et due, et 1res, et infinité inftnilies, et ita non esset terminus… BodL, fol. 6 v°, col. A. Nous enons de citer un argument tout pareil, mais plus clair : quia malum sive negatio boni est inflnila, et ideo, qua ratione fierct secundum unam dispesitionem, eadem ratione secundum aliam vel modis infinitis… Le bien apparaît le cas unique parmi une infinité d’autres cas : le bien, suivant Nicolas, c’est le meilleur. Lui seul, en déterminant les choses, termine notre recherche. Nicolas d’Aut recourt pressent ici Leibniz : il en appelle au principe du meilleur, principe de raison.

b) Second principe. — Quod entia universi sunt connexa ad invicem, ita quod quodammodo unum videtur [esse] propter allerum. BodL, fol. 2 r°, col. B.

c) Troisième principe. — Nihil est quin sil bonum toti multitudini entium ipsum esse. BodL, fol. 2 v°, col. B.

d) Quatrième principe. — Quod universum est semper equaliler perfectum. — - Nicolas établit ce principe de même façon que le premier : quia si fieret declinalio ad aliquem gradum inpcrfectionis posset fieri ad gradum minorem, etc. BodL, fol. 2 v°, col. B ; pour ne point se perdre dans l’indéfini, il faut s’en tenir au bien, au meilleur.

Nicolas ne se donne point pour inventeur de ces principes : istis principiis philosophi usi sunt. Il va s’en servir pour montrer l’éternité de toute chose :

quibus [principiis ] declaralione eorum sic facta, volo uti ut probabilibus ad ostendendum quod hec res parlicularis que nunc est semper sit — négation de la génération et de la corruption. Voici la première façon d’argumenter : pourquoi cela existe-t-il ? — quia bonum est ipsum esse, secundum principium primum suppositum ; est ad bonum locius mulliludinis entium, quia universum est totum connexum secundum secundum et tertium principium ; et unii>ersum est semper perfectum secundum quartum principium. Nécessaire à la perfection du Tout, perfection toujours égale, impossible qu’une chose ne soit pas. — Autre manière d’argumenter : si le principe du meilleur règle toute l’existence dans l’Univers, rien n’existe en vain ; donc, rien ne peut-être enlevé sans désordre. Nos principes règlent les choses non seulement en général, par espèces, mais encore en particulier, par individus : ex principiis suprapositum videtur quod nullum in universo. nec in parliculari nec in universali, possit esse frustra. Le Tout est pareil à un édifice parfaitement construit : [domus] rectissime disposita in qua nullum esset superfluum, nec diminulum ; ce qu’il faut, rien en plus, rien en moins ; on ne peut rien enlever sans rompre l’harmonie de l’ensemble : nullum videtur posse removeri quin ex hoc contingat difformitas in loto. BodL, fol. 2 v, col. A.

Dans l’argument qui suit, Nicolas montre que de l’éternité de toutes choses — omne ens possibile semper esse — procède la plénitude du bien, la perfection achevée : sequitur : semper totale complementum boni erit ; ce qui satisfait parfaitement l’esprit : ipsum esse semper est in placentia apud intellectum, unde et in nobis accidit displicenlia.cum rredimus transivisse rem ad non esse. BodL, fol. 2 v°, col. A. L’idée de corruption choque l’intelligence.

8. Quod esse corruptible includit repugnantiam et contradiclionem. Un être sujet à la corruption, cela répugne à la pensée, cela implique contradiction. — Pris dans sa simplicité, au sens fort, l’article suggère qu’être corruptible, cela fait une contradiction dans les termes. Tel n’est pas le sens que donne le passage du prologue, où on lit : quoniam ens corruptible includit repugnantiam et contradiclionem. BodL, fol. 3 r°, col. A. Cela vient après la declaratio principiorum et l’argument de reprimalione bonorum et punicione malorum ; aussitôt après Yexcusaiio vulpina, nouvel argument : rursus quidem ad principale sic : omnis conclusio si est scibilis, formata in lerminis enlis, est scibilis per conceptus enlis, vel eorum que ens converluntur ; sed hec conclusio : non omnes res sunt elerne, est formata in lerminis enlis et non scibilis per taies conceptus ; ergo non est scibilis, et per consequens non potes dicere islam conclusionem esse demonstratam a perypathelicis. BodL, fol. 2 v°, col. B, ou encore : Soit la thèse d’Aristote : toutes les choses ne sont pas éternelles, il y a des êtres qui passent de l’être au non-être ; voilà une proposition en termes d’être ; pour la savoir, ou la démontrer, il faudrait — rappelons-nous la polémique contre Bernard — la ramener à ses termes, y faire voir un simple développement de la notion d’être. Mais c’est impossible : non est scibilis per conception enlis, quia ex conceptu entis magis videretur concludi eternilas quam defteientia et conceptibililas. BodL, fol. 2 v°, col. B., fol. 3 r°, col. A. Nous savons au moins, dirat-on, la possibilité d’êtres corruptibles : il n’y a pas de contradiction à être, puis n’être pas : quia non est repugnantia in conceptibus quod aliquid nunc sit et postea non sit. Nicolas affirme qu’il y a répugnance à cela, et même contradiction, en rappelant ses principes de finalité -.quoniam ens corruptible includit repugnantiam et contradiclionem, scilicel ut dicatur : ens pars lolius semper equaliler perfecti, corruplibile. BodL, fol. 3 v°, col. A. La pensée refuse l’être cor-