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NICOLAS D’AMIENS — NICOLAS AUDET


pourrait être assez voisine de celle de la mort de l’auteur. Chose curieuse à signaler, le catalogue de Richard de Fournival, chancelier de l’Église d’Amiens (vers 1250), énumère au n. 103 : Nicolai Ambianensis, dicti de Badiando, liber de arliculis fidei ad Clementem papam, et au n. 104 : Ejusdem Nicolai liber annalium sive chronicoruni, describens memorabilia ab inilio mundi usque ad tempus suum. L. Delisle, Le cabinel des mss. de la Bibliothèque nationale, t. ii, 1874, p. 531. Pour important que soit ce témoignage, il se heurte à une très grave difficulté. Le chroniqueur, né en 1147, n’a pu être le disciple, au sens propre du mot, de Gilbert de la Porrée, mort en 1154. Par ailleurs, le ms. de Valencienncs, qui est de la fin du xiie siècle, parle de Nicolas et de ses trois compagnons comme de personnages déjà morts : quorum animée requiescant in pace. Il reste donc que l’identification de l’auteur de la Chronique avec l’auteur de. VArs fidei devrait être abandonnée.

Mais il subsisterait peut-être une autre trace de l’auteur de VArs fidei. Une lettre du pape Alexandre III adressée a l’archevêque de Reims, Henri, le 2 juillet 1169, JafTé, Regesla, n. 11631, intime à celui-ci l’ordre de nommer un certain Nicolas à une prébende d’Amiens, qui aurait déjà dû lui être donnée antérieurement, et dont l’archevêque de Reims peut disposer, parce que le siège épiscopal d’Amiens vient d’être rendu vacant. Cette lettre que les anciens critiques rapportaient à l’auteur de la Chronique (qui n’avait que 22 ans en 1169) pourrait bien parler du Nicolas auteur de l’Ars fidei, qui aurait tiré son surnom de la prébende reçue à Amiens. Quant à une lettre du même pape Alexandre III, adressée le 5 mars’1161, à un maître Nicolas, Jaffé, n. 10658, pour le remercier des services rendus par lui à l’Église, et lui annoncer que le pape le recommande aux archevêques de Sens et de Reims, on s’étonne que des critiques aient pu la rapporter à l’auteur de la Chronique qui avait 14 ans en 1161. Elle a été rapportée beaucoup plus justement à Nicolas de Clairvaux (voir son article) ; ne serait-elle pas plutôt adressée à Nicolas auteur de l’Ars fidei ?

Dans l’état actuel des recherches, il conviendrait donc, semble-t-il, de distinguer deux Nicolas d’Amiens, séparés l’un de l’autre par une quinzaine d’années, mais dont le souvenir a été de bonne heure confondu. Le plus âgé serait l’auteur de l’Ars et des commentaires sur l’œuvre de Gilbert de la Porrée : le plus jeune serait l’auteur de la Chronique.

Texte. — L’Ars fidei a été publié pour la première fois en 1721 par B. Pez, Anecdot., t. i b, p. 476-504, sous le nom d’Alain de Lille et le titre : De arte seu arliculis catholicæ fidei, c’est cette édition qui est reproduite dans P. L., t. ccx, col. 595-618 ; M. Grabmann, Die Geschichte der scholastischen Méthode, t. ii, 1911, p. 460-462, donne le relevé des divers mss., en les classant comme suit : 1. Mss où l’Ars est anonyme : Paris, Bibl. nat., lat. 16082 ; I.aon, n. 412 ; Cambridge, Pembroke-College, 20 I ; Florence, Laurentienne, plut, lxxxii, 17 ; Prague, Université, n. 490 ; Munich, lat. 18971. 2. Mss. où l’Ars est faussement attribué : à un pape Clément (Oxford, Merton-College, n. 140) ; à S. Augustin (Cambrai, n. 474, chiffre rectifié) ; à Mich. Scot. canon. Ambianens. (Erfurt, F 6.). 3. Mss. où l’Ars est attribué à Alain de Lille : Munich, lat. 5844 et 1817 S ; Berlin, Cod. Elect. 768. 4. Mss. où il est attribué à Nicolas d’Amiens : Paris, Bibl. nat., lat. 6506 (Nie. Andranensis ) et 16297 ; Tours, n. 247 ; Oxford, Magdal. Collège, n. 192 ; Dublin, Trinity Collège, n. 275 (Nie. de la Querche) ; Londres, Brit. Mus., King’s Library, 8 C IV ; Vatican., lat. 4245.

Travaux. — Les notices de l’Histoire littéraire de la France : dom Brial, t. xvi, p. 415 (attribution de l’Ars à Alain de Lille) ; Petit-Rade], t. xvii (1832), p. 1-5 ; V. Le Clerc, t. xxi, p. 659-660. Notice de Hauréau.dans Hoeler, Nouvelle biographie générale, t. xxxvii (1863), col. 983986 ; du même une courte note dans Journal des Savants,

1892, p. 237-238 ; M. Grabmann, Die Geschichte der scholastischen Méthode, Fribourg-en-B., 1911, t. ii, p. 431-434 ; 452-476 ; Cl. Baumker, Witelo, ein Philosoph mut S’aturforscher des XIII. Jalirliunderts, dans Beitrâge zur Gesch. drr Philos, des M. A., t. iii, fasc. 2 (1908), p. 322 sq., 337 (sur les preuves de l’existence de Dieu dans Alain de Lille et Nicolas d’Amiens).

. É. Amann.

    1. NICOLAS D’ARRESTORFF##


9. NICOLAS D’ARRESTORFF, de l’ordre des frères mineurs conventuels (xvie siècle). — Originaire de Bavière, il s’est distingué aux temps tumultueux de la Reforme, par son zèle pour la défense de l’Église romaine et par ses attaques repétées contre les erreurs luthériennes et anabaptistes. Il fut consacré évêque d’Accon le 23 ou le 27 novembre 1592, et devint sufïragant du duc Ernest de Bavière, archevêque de Cologne et évêque de Munich, qui le nomma administrateur et pasteur de l’Église primaire Saint-Lambert à Munich. Nicolas y travailla d’une façon si ellicace pour le bien de l’Église catholique, qu’il contribua dans une large mesure à arrêter le flot luthérien dans la Bavière, et à conserver et à regagner le peuple bavarois à l’Église catholique. Il composa quelques ouvrages dans lesquels il attaqua la réforme luthérienne : 1. Nucleus catecheticus, dans il lequel il expose et défend le dogme et la morale catholiques, et réfute les erreurs protestantes ; 2. Conciones et sermones varii, dont la plupart sont dirigés contre la réforme protestante et l’hérésie anabaptiste ; 3. Disputatio theologica de sanctis. complectens omms fere nostri temporis controversias, de illorum origine, canonizatione, veneratione, invocatione, templis, diebus festis, volis, peregrinationibus, reliquiis alque miraculis. C’est l’exposé détaillé d’une dispute ou d’une thèse que Nicolas soutint, en 1584, à l’université de Trêves, et dans laquelle il réfuta, l’une après l’autre, toutes les erreurs protestantes par rapport à la vénération et au culte des saints. Cette séance fut présidée par le jésuite anglais Jean Gibbon. La Disputatio theologica fut imprimée à Trêves en 1584. — Nicolas mourut à Munich vers 1620 et fut enterré dans le couvent des conventuels.

J. H. Sbaralea, Supplementum ad scriplores trium ordinum S. Francisci, 2e édit., Rome, 1921, t. ii, p. 266 ; C. Eubel, Hierarchia catholica Medii fcvi, t. iii, Munich, 1910, p. 105 ; C. Sommervogel, Bibliothèque de la Compagnie de Jésus, Bruxelles, 1892, t. iii, col. 1403-1404.

A. Teetært.

10. NICOLAS ASBOLD (xviie siècle), capucin irlandais et missionnaire célèbre, s’est distingué vers 1650, en Angleterre et en Irlande, par ses attaques vigoureuses et ses polémiques incessantes contre les protestants. Parmi les nombreux ouvrages, dus à sa plume, citons : L De potestate et auctoritate summi pontificis adversus protestantes, 2 vol. in-4° ; 2. Stellio ad Slellam : opus valde ingeniosum de suis congressibus contra hæreticos, in-4° ; 3. De doclrinis præcipuis ab hæreticis controversis,

2 vol. in-4° ; 4. Conciones de tempore et de sanctis,

3 vol. ; 5. Poemata varia sacra et moralia, 2 tomes.

Bernard de Bologne, Bibtiotheca scriplorum ordinis Minorum capuccinorum, Venise, 1747, p. 198 ; A. Zawart, O. M. Cap., The hisiory of franciscan preaching and of franciscan preachers (1209-1927), New-York, 1928, p : 516.

A. Teetært.

11. NICOLAS AUDET, général de l’ordre des carmes et théologien cypriote du xvie siècle. — Nicolas Audet naquit dans l’île de Chypre vers 1482 ; à l’âge de 14 ans, il revêtit l’habit des carmes à Famagouste (Chypre), commença ses études au couvent de Nicosie puis vint en Italie. La date de son arrivée doit être placée au commencement de 1510, car il assista au chapitre généra] de Naples. (19 mars 1510),