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NICOLAS III

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Dans la correspondance échangée entre le pape et l’archevêque de Reims, il est question d’un voyage possible de Nicolas en France. Lettre de Nicolas, Jaffé, n. 4445 ; lettre de Gervais, P. L., t. cxi.in, col. 1361 B. Nous n’avons pas d’autres renseignements sur ce curieux projet.

La fête de Pâques de 1060 amena la tenue au Latran d’un concile important. On y régla la situation ecclésiastique de l’antipape qui fut solennellement dégradé, déposé et réduit à l’état laïque : privaverunt eum cmni divino officia, ita ut non esset ausus in presbiterio ingredi od laudes et obsequia deo reddendos, disent les Annales romaines. La rigueur de cette sentence fut d’ailleurs adoucie peu après, et l’infortuné recouvra le pouvoir de célébrer la sainte messe. Plus importante fut une décision canonique relative aux simoniaques Le concile de 1059 avait visé surtout les prêtres mariés ou concubinaires ; on n’avait touché qu’en passant à la simonie. Cette fois elle fut condamnée sans miséricorde dans son principe. Quant aux applications il fallut tenir compte de bien des contingences, [e canon 2 reprend en somme les solutions données h Milan par Pierre Damien et Anselme de Lucques durant l’année 1059 : Pour les clercs ordonnés sans simonie par des prélats simoniaques, ils pourraient conserver leurs ordres, nvais cette miséricordieuse condescendance du Saint-Siège ne donnerait lieu pour l’avenir à aucun précédent (le canon ne tranche pas d’ailleurs la fameuse question de la validité des ordinations simoniaques). A l’avenir celui qui se fera ordonner (même gratuitement) par un prélat notoirement simoniaque, encourra la même peine que le consécrateur lui-même, la déposition : uterque depositus pienilentiam agat et privatus a propria dignitate persistât. Le canon 4 visait le cas particulier de celui qui arriverait au Siège apostolique par des moyens illicites, pecunia, gralia humana, populari seu militari lumultu sine concordi et canonica electione ac benediclione cardinalium episcoporum, ac deinde sequenlium ordinum religiosorum clericorum ; une telle promotion serait nulle de plein droit, les cardinaux-évêques, unis aux autres membres du clergé et aux laïques, auraient le droit de repousser l’intrus par tous moyens, y compris le recours à la force, et de lui substituer un pape canoniquement élu, même en dehors de Rome (il n’y â pas lieu de voir ici une novation apportée au décret de 1059, qui supprimerait le « droit de regard » de l’empereur). Texte dans Mon. Germ. hist., Leg., sect. iv, t. i, p. 550-551.

Il faut regretter que Nicolas n’ait pas eu le temps de mettre lui-même à exécution les mesures réformatrices qu’il avait promulguées. On est fort mal renseigné sur les derniers mois de son pontificat ; on sait seulement qu’il mourut à Florence le 27 juillet 1061.

I. Sources.

Diplomata, epistolæ, décréta, dans P. L., t. CXI.II, col. 1301-1366 ; JafTé, Begesta pontifîctim romanorum, 2e édit., 1885, t. i, p. 557-566 ; I. M. Watterich, Pontificum romanurum vitæ, t. i, Leipzig, 1862, p. 206235 ; la plupart des textes essentiels donnés par Watterich se retrouveront dans L. Duchesne, Le Liber pontificalis, t. ii, p. 280, 335-336 (Annales Romaines), p. 357.

II. Travaux.

1. Histoires générales de la papauté, de Rome ou de l’Église : Gregorovius, Geschichte der Stadt Rom im Miltelalter, 3e édit., t. iv, Stuttgart, 1877, p. 105 sq. ; R. Baxmann, Die Polilik der Pàpsle von Gregor I. bis auf Gregor V II., Elberfeld, 1869, t. ii, p. 269sq. ; J. Langen, Geschichte der rômischen Kirche von Nikolaus I. bis Gregor VII., Bonn, 1892, p. 502-532 ; Hefele-Leclercq, Histoire des conciles, t. », p. 1132-1216 ; J. Gay, Les papes du XI’siècle, Paris, 1926. — Toutes les histoires de Grégoire VII font une place plus ou moins grande au pontifi cat de Nicoias II : voir surtout A. Fliche, La réforme, grégorienne, t. I, La formation des idées grégoriennes, LouvainParis, 192 1 = Spicilegium sacrum Looaniense fasc. 6, p. 308-340.

2. Sur le décret de 1059 relatif à l’élection pontificale, le livre capital reste toujours celui de P. Schefler-Boichorst, Die Neuordnung der Papstwahl durch Nikolaus II., Strasbourg, 1879, qui donne p. 4, n. 1, la recension des opinions antérieures et, du même, l’article Hat Nikolaus IL das Wahldecrei widcrrufen ? dans Millheilungen des Instituts fiir a’Ster. Gesch., t. VI, 1885, p. 550-558 ; et l’article Dos angebliche Diplom Karts des Grossen fiir Aachen und das Redit des Kônigs in der Wahlordnung Nikolaus’IL, ibid., t. xiii, 1892, p. 107-118. ; à compléter par les indications fournies par L. Weiland, dans Mon. Germ. hist., Leg., sect. iv, t. i, p. 537-551.

É. Amann.

3. NICOLAS III, pape du 25 novembre 1277 au 22 août 1280. — Jean Gætani, né à Rome entre 1210 et 1220, appartenait à la famille des Orsini, qui dès ce moment jouait dans la ville un rôle considérable. Son père, Matthieu Rub ; eus, fut « sénateur », en 1242 et en 1246 ; sa mère, Perna, était de la famille des Gætani. On sait peu de choses sur les débuts de Jean, qui de bonne heure entra dans la carrière ecclésiastique ; le 18 mai 1244, il est nommé par Innocent IV cardinal du titre de Saint-Nicolas in carcere Tulliano, titre qu’il conservera jusqu’à son élection au souverain pontificat. C’est en cette qualité qu’il accompagne Innocent lors de sa fuite à Gênes, puis à Lyon ; Alexandre IV (1254-1261) le charge d’une mission en France, et il réconcilie France et Angleterre par le traité de 1258. Aux nombreuses élections pontificales qui eurent lieu après 1264, il joue un rôle prépondérant, et sous les divers pontificats on le voit investi de missions considérables. C’est lui qui, le 28 juillet 1265, donne à Charles d’Anjou, au nom de Clément IV, l’investiture du royaume de Sicile. Adrien V, en 1276, le charge de régler le différend entre Charles et le nouveau roi des Romains, Rodolphe de Habsbourg. Bref, il est dans le Sacré-Collège une autorité de première ordre et sous Jean XXI, qu’il a fait élire, il est tout-puissant. Il est donc tout naturel que la mort de celui-ci, 20 mai 1277, lui donne accès, après une vacance de sept mois, au trône de saint Pierre, 25 nov ambre 1277.

Deux grandes questions dominent toute la politique du Saint-Siège en cette fin du xiue siècle : la croisade et l’affranchissement définitif de l’État pontifical. Grégoire X (1271-1276) s’est attaqué surtout à la première et à la réunion des deux Églises grecque et latine, qui, pour lui, en est solidaire. La forte impulsion qu’il a donnée en ce sens s’est affaiblie sous ses trois éphémères successeurs, Innocent V, Adrien V et Jean XXI. Ceux-ci, d’ailleurs, tout dévoués aux intérêts du roi de Sicile, Charles d’Anjou, ne se préoccupent pas suffisamment du nouveau péril que crée pour l’indépendance pontificale l’ambition de ce souverain. Sans violence, avec une courtoisie parfaite et sous les dehors d’une feinte obéissance, celui-ci est arrivé à occuper dans l’Italie centrale une situation prépondérante. Nommé par Clément IV sénateur de Rome (ce qui lui donne tout pouvoir dans l’administration de la ville), il a reçu en 1268 la permission de garder cette charge pendant dix ans, jusqu’au 16 septembre 1278 ; il a obtenu au même moment le vicariat de la Toscane et cherche à étendre son pouvoir vers le Nord. Ainsi l’encerclement de l’État pontifical, si redouté pari es grands papes du début du xiii c siècle se réalise de plus en plus. En même temps qu’il fait échec à Rodolphe de Habsbourg élu roi des Romains en 1272, Charles menace à Constantinople Michel Paléologue. Bref, ce prince qu’Urbain IV et Clément IV ont suscité