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NICOLAI (LAURENT^ — M COLA IT ES


e : des prières de la liturgie luthérienne, ne peut pas avoir été composé par notre jésuite, ni sous sa direction, ’ni avec son approbation. D’ailleurs la question de date est décisive. A. Theiner a bien montré qu’au moment où se rédigeait cette liturgie, qui est bien l’œuvre personnelle du roi et de son conseiller Fechten, le P. Nicolaï se préparait à Louvain à prononcer ses grands vieux. — Il y aurait intérêt à retrouver une Confessio fldei synodi Upsalensis in regno Sueciæ, A. D. 1593 cclebratæ, c’est, à n’en pas douter, la critique de la confession de foi qui mit fin aux tentatives de romanisation en Suède. Ce ms. figurait autrefois dans la bibliothèque Zaluski.

.1. Baazius, Inventarium Ecclesitv SveoGolhorum, Linkoping, 1642, tout le t. III, et particulièrement c. xxvi sq. ; Sacchini, Historia soeietatis Jesu, pars IV, sive Everardus, Rome, 1652 ; L. Maimbourg, Histoire du luthéranisme, Paris, 1680, t. VI, vers la fin ; Pufendorf, Histoire de Suède avant et depuis la fondation de la monarchie, trad. fr., Amsterdam, 1732, t. H, p. 80 sq. ;.1. N. Schrôlih, Christliche Kirchengescliichte seit der Re/ormation, Leipzig, 1805, t. iv, p. 359 ; Aug. Theiner, Schweden und seine Stellung zumheiligen Stuhl unter Johann 1 1 1., Sigismund III. und Karl IX., Augsbourg, 1838, 2 vol., dont le 2’contient surtout des documents, ouvrage plein de choses, mais extrêmement touffu, voir sur Nicolaï, t. i, p. 421 sq., 431, 433, 438 sq., 442, 446 sq., 450, 463, 496, 543-546, 585 sq., 606, 655, 657 ; t. ii, p. 3, 25 et, ’parmi les documents, p. 147149 ; H. Biaudet, Le Saint-Siège et la Suède durant la seconde moitié du XVIe siècle, t. i. Origine et époque des relations non officielles (1570-1576), Paris, 1907, complété par un vol. de pièces justificatives, portant en sous-titre : Notes et documents, cet ouvrage capital n’a malheureusement pas été continué.

Outre ces ouvrages généraux, voir les diverses Bibliothèques de la Compagnie de Jésus, en particulier Sommervogel, t. v, col. 1707 ; et deux monographies, l’une protestante, A. Brandrud, Klosterlasse, et Bidrag til den jesuistiske propagandas historié i Norden, Kristiania, 1895, l’autre catholique, A. Pcrger, S. J., Jesuitpaleren Laurits Xielssen, saakaldt Klosterlasse, Kristiania, 1896. — Nous avons rassemblé ces divers renseignements dans notre article, Un jésuite professeur de théologie luthérienne « Stockholm en 1576, dans Revue des sciences religieuses, 1929, t. ix, p. 188-210.

É. Amann.
    1. NICOLAITES##


NICOLAITES, secte hérétique de l’âge apostolique Cette secte est fort mal connue ; les renseignements fournis sur elle présentent d’assez notables contradictions. Il semble donc indiqué de rassembler et déclasser d’abord les documents qui en parlent, et de faire ensuite la critique des renseignements ainsi obtenus.

I. Documents qui s’y rapportent. — 1° Écriture sainte. — Le nom des nicolaïtes se rencontre deux fois dans les petites lettres qui forment le début de l’Apocalypse. La lettre à l’ange de l’Église d’Ephèse félicite celui-ci de ce qu’il hait les œuvres des nicolaïtes : toûto ë)(siç Ôti jjuaeîç rà spya tcov NiHoXaïTcov, a xàyà> iligCo. Apoc., ii, 6. L’ange de l’Eglise de Pergame, au contraire, ne paraît pas être assez ferme dans sa lutte contre eux : « J’ai contre toi, dit le Seigneur, quelques petites choses : tu as par là des gens qui tiennent l’enseignement de Balaam, lequel montrait à Balac le moyen de placer une pierre d’achoppement devant les fils d’Israël, de (leur faire) manger des idolothytes et (de les faire) forniquer. Semblablement tu as, toi aussi, des gens qui adhèrent à la doctrine des nicolaïtes, oôtgiç e/eiç xai au xpaxoùvTaç ttjv SiSa^v twv NixoXaïTÔJv ô[xoicoç./6(’rf., ꝟ. 14-15.

De ces deux passages on a rapproché, non sans raison, la lettre à l’Église de Thyatire, qui fait immédiatement suite à la précédente. L’ange de cette communauté est blâmé de son manque d’énergie à l’endroit « d’une femme Jézabel, qui se dit prophétesse, qui dogmatise (StSàaxei) et fait errer les serviteurs de

Jésus en leur enseignant à forniquer et à manger des idolothytes. TrÀocvà tvjç èjjioùç o’o’iXouç Tropveùaat xaî cpâysiv siScoX66ura. t. 20. Elle et ses partisans seront rudement châtiés ; quant aux autres fidèles de Thyatire « qui n’adhèrent pas à cette doctrine et qui ne connaissent pas les profondeurs de Satan, comme on dit, oÏtweç oùx ëyvcoaav tx PaGsa toù Saravà, w ; Xéyoucuv », ꝟ. 21, le Seigneur ne veut pas leur imposer d’autre fardeau. Le rapprochement de la femme Jézabel (avec ses partisans) et des nicolaïtes visés dans la lettre à l’Église de Pergame est justifié par le fait que, de part et d’autre, le même grief est énoncé. A Thyatire, comme à Pergame, se répand un enseignement, Stâor/ ?], qui justifie la fornication » et la manducation des idolothytes ou viandes immolées aux idoles.

A ces quelques phrases se réduisent les indications du Nouveau Testament qui se rapportent directement aux nicolaïtes. Vouloir mettre à leur compte certains mots contre des fauteurs de schisme ou d’hérésie, contre les faux apôtres, qui se retrouvent soit dans l’Apocalypse, ii, 2, soit en d’autres écrits, II Petr., n, 1 sq., Jud., 8 sq., etc., c’est préjuger de la question.

Patristique.

1. Le premier témoignage que

nous ayons dans la Patristique sur les nicolaïtes est celui d’Irénée.

Dans l’énumération des hérétiques qui ont précédé et préparé Valentin (énumération qui fait suite à l’exposé détaillé du système de celui-ci), l’évêque de Lyon situe, entre Simon, Ménandre, Saturnin, Basilide, Carpocrate, Cérinthe et les Ébionites d’une part, et d’autre part, Cerdon, Marcion et les hérétiques postérieurs les Nicolaïtes. Cont. liserés., i, xxvi, 3 : « Ils ont comme maître Nicolas, l’un des sept qui furent ordonnés diacres par les apôtres ; ils vivent indiscrète (doit traduire àSiacpôpcoç = sans souci de la loi morale). L’apôtre Jean, dans l’Apocalypse, indique clairement ce qu’ils sont : ils enseignent qu’il est sans importance de « forniquer » et de manger des idolothytes, nullam differenliam esse dicenles in mœchando et idolothyta edere. P. G., t. vii, col. t187.

Au t. III, où il réfute parles dits de l’Évangile les absurdités de la Gnose, Irénée expose que Jean, le disciple du Seigneur, s’est proposé de combattre l’erreur répandue par Cérinthe et bien antérieurement (mullo prius) par ceux que Ton appelle les nicolaïtes, un rameau de la fausse Science (gnose). Suivant eux (les gnostiques ? les nicolaïtes ? Cérinthe ?), » il y a d’une part un créateur et d’autre part un Dieu père de Noire-Seigneur, d’une part un fils du créateur et d’autre part un Christ d’origine supérieure (de superioribus), qui, tout en demeurant impassible, est descendu en Jésus, le fils du créateur, puis l’a finalement abandonné pour retourner dans le plérôme. Le principe (de tout) c’est le monogène et le Logos n’est que le fils de cet unique engendré. Quant à la création présente (eam condilionem quæ est secundum nos), elle n’est pas l’œuvre du premier Dieu, mais de quelque Vertu très inférieure et privée de toute communication avec le domaine des réalités invisibles et indicibles. » C’est pour couper court à toutes ces erreurs que Jean commence son Évangile en prêchant un seul Dieu qui a tout créé par son Verbe. Cont. hwres., III, xi, 1, col. 879-880.

On voit qu’à ces deux endroits Irénée met au compte des nicolaïtes des erreurs d’un genre tout à fait différent. Au premier passage, il ne s’agit que d’aberrations d’ordre moral ; au deuxième on rend les sectaires responsables d’un enseignement où se reconnaissent les doctrines chères à la Gtiose : la distinction des deux mondes, celui des idées ou plérôme et celui de la matière, l’intervention dans ce dernier d’un des êtres du plérôme. le Christ supérieur, peut-être identifié au