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NICOLAI (JEAN ;

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Ces éditions in-folio de saint Thomas par Nicolaï aboutissaient enfin en 1663 à la Somme théologique : Summa theologica S. Thomas Aquinatis quinii Ecclesiæ doctoris jure merito angelici post ante actas omnes ubicumque terrarum ejus ediliones accuratius recognita, et tum a menais expurgala, tum restilutis quorumlibet auctornm veris ac legilimis indicibus et innumeris Patrum. conciliorum, svripturarum ac decrelorum testimoniis ad malerias controversas vel ad moralem disciplinant pcrtinentibus in margine locuplelala, notisque histuricis ac dogmaticis undequaque adjectis aucta, ornata, illustrata ut paulopost subjuncla præfatio plenius indicabit, Paris, 1663, in-folio. En tout 1.350 pages, comportant environ dix mille gloses marginales visant les textes parallèles, les Pères de l’Église, surtout les Pères grecs, la doctrine… IIa II aj, q. xiii, a. 2, ad 3um et Sup., q. ix, a. 3 ; des textes patristiques ont été ajoutés au texte de saint Thomas. Certaines annotations de Nicolaï ont été reproduites depuis par l’édition M igné (4 vol-. in-4° en 1860). Cette édition de la Somme a été le plus gros labeur de la vie de Nicolaï. Dupin, Bibliothèque des auteurs ecclésiastiques, t. xxxv, p. 323. Le travail lui avait pourtant été facilité par de nombreuses éditions de la Somme, faites avec soin pendant toute la première moitié du xviie siècle, en particulier par les dominicains du couvent de Saint-Jacques en 1630, 1638, 1648.

Nicolaï laissait en mourant une édition des commentaires de saint Thomas sur saint Paul. Elle fut publiée seize ans après sa mort, en 1689, à Lyon. S. Thomas Aquinatis… in omnes D. Pauli apostoli commentaria opus exquisitissimum, nunc primum post omnes omnium editiones a mendis innumeris quibus scatebant expurgala, et ad lectionem antiquorum codicum fideliter restituta, nec non auditionis projundas notis et additamenlis ad clariorem elucidationem illustrata. — D’un autre côté, cet éditeur de saint Thomas infiniment plus soucieux d’exégèse et d’érudition positive que ces thomistes qui l’avaient précédé, avait médité le dessein d’une Summa biblica, plus conforme aux besoins de son temps et qui aurait embrassé toute la théologie, selon une méthode ayant à sa base l’étude de l’Écriture. Echard.

Polémiques sur les pratiques religieuses.


Nicolaï qui avait été chargé de composer l’office liturgique du pape dominicain Pie V, lors de sa béatification, était très attaché aux observances monastiques de son ordre. Un Père, Louis Mesplede, ayant publié coup sur coup, entre 1642 et 1648, quatre ouvrages contre ces observances, Apologia… Querela… Noticia… et Commonitorium…, le vicaire général des dominicains pria le P. Nicolaï de le réfuter. D’où 86 pages du P. Nicolaï, in-4°, Paris, 1644. Commonitorii de necsssitate ordinis prædicatorum renovationis analysis et successiva discussio. Mortier, Histoire des maîtres généraux de l’ordre des Frères Prêcheurs, t. vi, p. 321. Echard.

Comme il était arrivé à l’archevêque de Paris de dispenser de l’abstinence des jours de carême, Launoi avait conclu que l’abstinence n’est pas un élément constitutif du jeûne. D’où une réplique de Nicolaï : De jejunii christiani et christianas abstinentiæ vero ac legitimo ritu, juxta veterem Ecclesias uniuersalis usum œcumenica dissertalio contra pseudo aoctrinas et novellas abusiones, Paris, 1667, in-12, 285 p. Nicolaï pensait réfuter Launoi en exposant complètement l’histoire de l’atténuation progressive du jeûne, où l’usage de la viande dans le jeûne n’avait encore jamais paru. Mais par la suite on en viendrait là et Benoît XIV, par sa constitution Non ambigimus, se bornerait à défendre à ceux qui font gras avec dispense d’abstinence de faire plusieurs repas les

jours où ils sont astreints au jeûne (1741). Voir ici l’art. Muratort, t. x, col. 2554.

La dispute reprit avec Launoi qui tenait un certain concile d’Arles pour un concile pleinier dont parlait saint Augustin, tandis que Nicolaï, avec Bellarmin, cherchait ce concile dans le concile de Nicée. D’où deux dissertations de Nicolaï : De concilio plenario quod contra donatistas baptismi quæstionem ex Augustini sensu definivit œcumenica dissertatio, Paris, 1667, in-12, 195 p., et De plenarii concilii et baptismatis heereticorum assertione dissertatio posterior anteriorem firmans, et a pseudo criticis contumeliis cavillisque defendens, Paris, 1608, in-12, 541 p. La dispute rebondit sur la généralité, dans toutes les Églises anciennes, de l’usage de l’Église romaine de ne baptiser solennellement qu’à Pâques et à la Pentecôte. Launoi tenant pour la négative, Nicolaï tint pour l’affirmative. D’où nouvelles dissertations De baptismi antiquo usu…, Paris, 1668, in-12, 305 p. ; une annexe de 108 pages traitait en outre De judœis vel de aliis qui buscumque infidelibus ad baptismum suscipiendum non cogendis, exposé historique d’une grande érudition. Dupin, Bibliothèque…, t. xxxv, p. 324-327. Entre Launoi et Nicolaï, la discussion s’envenimait au plus haut point. Nicolaï écrivait : Ad clarissimum et carissimum sibi sinceræ veritalis ac œquitatis amatorem, in dissertationes contra Joannem Launoium edendas prolusio, et contra ejus nugas et imposturas apologia, Paris, 1668, in-12, 60 p. Extraordinairement emporté, Launoi dans une Dissertationis Hyperaspistes adversus insulsas fralris Joannis Nicolai calumnias, reprochait à un textus inclementis jratris de nombreuses calomnies, de la mauvaise foi, des impostures, audaces et impudences, sans parler des tergiversations, redondances, ignorances et vanités. Launoi, Œuvres complètes, t. ii, vol. 2. p. 686-740. Des amis dominicains de Nicolaï, Launoi disait qu’il « craignait plus leur canif que leur plume ». Bayle, Dictionnaire historique et critique, art. Launoi.

Dans ce genre d’histoire ecclésiastique, Nicolaï laissait encore en mourant un ouvrage qui fut imprimé en 1680, in-12, Paris : De Constantini baptismo, ubi, quando et quo fuerit celebratus, 186 p. On lui a aussi attribué un De ritu antiquo et moderno bacchanaliorum, qui pourrait être à la rigueur de lui, ou encore du philologue saxon, son homonyme, ou encore de l’orientaliste Jean Frédéric Nicolaï, professeur à Iéna.

4° Polémiques gallicanes et doctrine ultramontaine.

— En 1628, Nicolaï déclama publiquement à Rome un poème latin qu’il avait composé pour une fête célébrée en l’honneur de la prise de la Rochelle : De Rupella regiis armis expugnata. En 1644, Nicolaï eut encore à écrire en l’honneur des rois de France. Le P. Mesplede voulant marquer les droits de la France à la Catalogne s’y était pris maladroitement, et dans sa Catalania Gallias vindicata… de 1643, il avait déclaré faux le traité de Corbeil conclu en 1258 entre saint Louis et Jacques d’Aragon. Tout en soutenant les intérêts de la France qui était entrée en possession de la Catalogne, Nicolaï rétablissait la vérité historique dans sa Gallias dignitas adversus prasposterum Catalauniæ assertorem vindicata, sive disquisitio libelli quo Ludovico Mesplede…, Paris, 1644, in-4°, 168 p. Cf. Bourgeois et André, Sources de l’histoire de France, xviie siècle, t. iv, p. 275. Plus tard, le graveur Valdor ayant composé des estampes de la vie de Louis XIII, Anne d’Autriche chargea Corneille de les agrémenter de devises. Le poète Charles Beys fit aussi vingt pièces de vers français. Bary et Estienne firent des appendices documentaires. Alors le petit roi Louis XIV écrivit au P. Nicolaï pour