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NICÉPHORE GRÉGORAS

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se rapporte diictement le Comput pascal dont les Idées, émises devant l’empereur et l’élite de Constantinople, avaient été approuvées à l’unanimité. Il nous a été conservé au moins en sept mss. ; cf. R. Guilland, Essai sur Nicéphore Grégoras, p. xxxii. Ce traité, plus didactique, avail été précédé d’un Mémoire, où, sous forme de lettre, la même question avait été traitée. On peut lire le morceau dans [’Histoire byzantine, I. VIII, C. xiii. P. G., t. cxlviii, col. 549 sq. Citons, pour linir, deux ouvrages perdus de Grégoras : un traité Contre les Lutins qu’Acindynos trouvait remarquable ; cf. H. Guilland, Correspondance, p. 276, 277, et un Éloge de sa patrie, si tant est que celui-ci ne doive pas être Identifié avec la Ici Ire de même objet adressée à un compatriote, Maxime, higoumène de Chortaïto.

III. Doctrines. - Il est difficile de parler d’une théologie ou d’un système théologique propre à Grégoras. Son œuvre en cet ordre est essentiellement polémique. L’originalité, si originalité il y a, est du côté de Palamas. Contre ce novateur, Grégoras se pose en traditionaliste, en orthodoxe. Il offre ce spectacle remarquable d’un Byzantin qui prend, dans une controverse allumée entre Latins et Crées, le sentiment des premiers, tout en leur étant opposé dans le reste. Il cul beau protester que l’hostilité des Latins à Palamas n’était pas une raison d’absoudre celui-ci ou de le canoniser : il eut beau avoir pour lui le bon sens, l’éloquence et la tradition : la passion nationaliste l’emporta.

I.a doctrine palamite sera étudiée en son lieu (voir art. Palamis.me) il suffit d’en prendre le contrepied pour connaître celle de Grégoras. Il combat le palamisme à grand renfort de citations patristiques et utilise aussi ses connaissances philosophiques. Son leitmotiv perpétuel est le dogme de la simplicité divine. En Dieu, aucune composition n’est possible. Palamas incitait en Dieu une distinction réelle entre la substance et les opérations, entre l’essence et les perfections divines, vie, sagesse, vérité, etc. entre ces perfections elles-mêmes, et c’était là le fondement de tout son système. Grégoras identifie tout cela en Dieu. Il reproche à Palamas, de renouveler par toutes ces entités distinctes les théories platoniciennes qui placent des idées-formes intermédiaires entre Dieu et le monde créé, de les dépasser même en y voyant autant de réalités incréées. P. G., t. cxlviii, col. 1302. Palamas retombe ainsi dans le polythéisme. La doctrine de la simplicité divine est absolue chez Grégoras : et sur la question qui divisera plus tard suaréziens et thomistes, c’est du côté de ceux-ci qu’il se serait rangé : il enseigne, en effet, expressément l’identité en Dieu de l’essence et de l’existence.

Vis-à-vis des Latins, Grégoras ne montre aucune sympathie. Il les combattit même. Il nous manque son traité disparu Contra Latinos pour pouvoir apprécier cette lutte. Dans son Histoire, on le voit leur reprocher l’ « addition » (du Filioque), mais surtout leur revendication de la primauté : les Latins se prétendent les successeurs des apôtres : mais ils sont d’autant plus coupables qu’ils agissent d’une manière indigne d’eux. P. G., t. cxlviii, col. 708. Saint Pierre n’a pas recommandé à saint Clément d’établir des dogmes à sa fantaisie, mais de lier ce qui doit être lié, et de délier ce qui doit être délié. Eux, ils en ont fait à leur guise : ils ne craignent pas de passer par-dessus les normes établies autrefois, soit par les empereurs (noter ceci) soit par les docteurs de l’Église. Et Grégoras d’énoncer cette règle (selon lui) traditionnelle : que les questions dogmatiques ne peuvent être résolues sans la consultation de tous les patriarches.

Pour finir, relevons le précieux témoignage de

Grégoras sur l’eucharistie, d’autant qu’il a passé inaperçu des auteurs de la Perpétuité de lu foi. Grégoras reproche aux palainites de ne pas croire que le pain et le vin deviennent, par la consécration, en toute vérité le corps et le sang de Notre-Seigneur, et de ne voir dans les dons sanctifiés fine la figure de ce corps et de ce sang. P. G., t. c.xi.vm, col. 1425. lit il cite les témoignages pat rist iq ues les plus formels qui enseignent ce mystère, col. 1125-1131. Il raconte ailleurs que Palamas, un jour que par accident le saint cal i<e s’était répandu, avait ( ranquillisé l’assista née en disant que, puisque le sang du Christ avait été foulé par les Juifs, il ne fallait pass’él onncrqu’uncchosc semblable arrivât par hasard à ce qui a été consacré par des hommes. Voyez, conclut Grégoras, il ne croit donc pas que le pain et le vin consacrés par le prêtre deviennent le vrai corps et le vrai sang du Christ, mais il leur donne un rang inférieur. P. G., I. cxlix, col. 61. J’ai toujours confessé, dit-il encore, que les saints mystères sont vraiment le corps et le sang de Dieu incarné, et non pas leur image ou le résultat d’une énergie sans substance. » Ibid., col. 120.

I. Soukces.

1° Polémiques, comprenant les écrits dirigés contre Grégoras. — Au premier rang des adversaires de Grégoras se place Palamas ; nous lui devons un exposé en quatre livres des Mensonges et de l’impiété de Grégoras écrivain. Inc. Mî7a)a-/ = îv iOLûoç tôv Pp^yopâv. L’auteur n’a pas signé son œuvre ; d’où une certaine fluctuation dans l’intitulé des mss. dont plusieurs (v. g. le Coisl. gr. 100, fol. 232) le donnent encore comme anonyme, tandis que d’autres (v. g. les Mosq. 232 et 252) l’attribuent au moine hagiorite Constantin. C’est à tort qu’on a fait (cf. M..lugie, Tbeolog’a dogmatica christianorum orienlalium, Paris, 1926, t. r, p. 438) des deux traités sur la lumière thaborique deux opuscules a part. Car ils sont dans les divers mss. partie intégrante de l’ouvrage dont nous avons relevé l’incipit. Seuls, quelques extraits du premier livre ont été édités par Ouspenskij dans la revue Cliristianskoj Vostok, n. 41, p. 737, d’après un ms. de la Grande Laure. On trouve aussi dans les mss. (v. g. Lniirf gr. 87, fol. 200 ; Coisl. gr. 100, fol. 287 ; ’Mosq. 249, fol. 185) un autre opuscule, intitulé Lettre à X qui l’a interrogé au sujet d’un passage de saint Basile évoqué devant le sgnode et couvert d’opprobres par Grégoras. Inc. : A = c Lai àva)xaT6v èttiv.

Deux patriarches de Constantinople eurent à cœur de soutenir le père de l’hésychasme dans sa lutte personnelle contre le savant rhéteur : Philothée, l’auteur de 12 livres antirrhétiques composés sur la demande de l’empereur Jean Cantacuzène pour la défense du « tome » de 1351 (Inc. : ’G VpyyoçA< ; Ntxr^of o ;, édité d’abord dans leTo^oç’Ayijtt )< de Dosithée et reproduit par P. G., t. cliv, col. 7731186), et Calliste dont nous avons deux homélies, l’une Contre Grégoras le blaspbéinaieur de la lumière divine, l’autre Contre l’impie Grégoras (inédites dans l’Alhon. 927).

Nicolas Cabasilas, un ancien ami, composa, lui aussi, un pamphlet : Contre les folies délirantes de Grégoras. Inédit dans le Paris, gr. 1213 et le Coisl. gr. 315.

Enfin, nous devons à un autre adversaire de moindre envergure, le protostrator Phacrasés, une relation abrégée de la dispute publique qu’eurent devant l’empereur et le synode assemblés, Grégoras et Palamas. Cette version ollicielle de la célèbre conférence s’oppose au récit que nous en a laissé Grégoras lui-même (cf. supra). Elle est conservée en de nombreux mss : Paris, gr. Sup. 1178 ; Coisl. 100 ; Mosq. 238, 249, 252. etc. Quant au traité que Joseph Calothétos aurait écrit contre Grégoras (cf. R. Guilland, Essai sur Nicéphore Grégoras, p. 49) il fut en réalité dirigé contre Gabras. Voir les descriptions concordantes des deux mss. qui nous ont conservé les œuvres de l’auteur en question dans la Byzanl, Zeitschr., t. xvii, 1008, p. 88 et dans la revue’ExxXï)(rt « t : -Lt, 'A>.r/Jc<3, t. iv, 1884, p. 222. Il faudrait, pour être complet, releverici toutes les œuvres polémiques qui, dirigées, en premier lieu, contre Barlaam ou Akindynos, mettent constamment en cause Grégoras. On en trouve la nomenclature à l’article Palamisme.

2° Historiques. — En premier lieu vient l’Histoire rédigée par l’empereur Jean Cantacuzène où sont relatés, du point de vue hésychaste et avec une partialité plus criante que chez Grégoras, les événements qui se déroulèrent de 1320 a