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second concile de Nicée (787) en qualité de secrétaire impérial. Il brillait déjà par une solide formation littéraire, une connaissance profonde des choses ecclésiastiques et une grande éloquente. Cependant il ne

tarda pas à suivre l’allrail qui le poussait vers la solitude. Il se relira dans les environs du Bosphore, sur la côte asiatique, y construisit un monastère et y vécul au milieu de ses livres, sans toutefois prendre l’habit religieux. L’empereur Constantin VI et sa mère Irène le rappelèrent dans la capitale, et lui confièrent la direction du grand hôpital de la ville. A la mort du patriarche Taraise (25 février 806), l’empereur Nicéphore I" jeta les yeux sur lui pour en faire le chef de l’Église. Le projet du souverain ne rencontra d’opposition que chez saint Platon et son neveu Théodore le Sludite, qui auraient voulu un homme déjà dans les ordres, le choix de Taraise, un autre fonctionnaire impérial, ayant déjà été un mauvais exemple. L’empereur maintint son choix. Nicéphore voulut d’abord recevoir l’habit monastique, puis gravit en peu de temps tous les degrés de la hiérarchie ecclésiastique ; enfin, le jour de Pâques, 12 avril, il fut installé sur le trône patriarcal à Sainte-Sophie. Leur opposition valut à saint Platon, à saint Théodore et à quelques autres sludiles un emprisonnement de vingt-quatre jours. L’empereur voulut faire payer au nouveau patriarche la faveur qu’il lui avait accordée. Il lui demanda de réhabiliter le prêtre Joseph que Taraise avait déposé et dégradé en 797, pour avoir béni le mariage illégitime de Constantin VI avec sa concubine Théodote (affaire du moechianisme). L’empereur tenait à faire plaisir à ce personnage qui venait de mettre tin à la révolte de Bardane. Le patriarche résista d’abord aux sollicitations du prince, puis il céda dans la crainte que celui-ci ne fût plus mal disposé pour l’Église. Il réunit donc un synode en 806 ou 807, et rendit à Joseph sa dignité de grand économe et tous ses droits sacerdotaux. Saint Théodore le Studite prit nettement position contre Nicéphore, qu’il accusait d’enfreindre gravement, par faiblesse, la discipline ecclésiastique. Une réunion synodale tenue en janvier 809 condamna l’higoumène et ses partisans ; les studites furent durement persécutés pour leur attitude intransigeante. La réconciliation n’eut lieu que deux ans plus tard. La mort de l’empereur Nicéphore et de son fils Staurace (811) rendit en effet la paix à l’Église. Le patriarche réunit un nouveau synode qui renouvela contre Joseph la sentence de Taraise. Devant ce changement d’attitude, saint Théodore le Studite ne pouvait que se rapprocher de lui. C’est alors seulement que Nicéphore envoya au pape Léon III sa lettre synodale qui renferme une belle formule de foi catholique (P. G., t. c, col. 169200). Il prétend qu’elle avait été empêchée jusque-là par l’empereur, mais il est possible que sa propre conduite dans l’affaire mœchienne lui ait conseillé d’attendre un peu plus de liberté. La paix rendue à l’Église ne fut pas de longue durée. Le 10 juillet 813, le patriarche couronnait empereur Léon V l’Arménien (813-820), qui ne tarda pas à manifester sa volonté bien arrêtée de combattre à son tour le culte des images. Après diverses tentatives infructueuses pour trouver des textes plus probants que ceux qui avaient été produits au conciliabule de Hiéria (753), il demanda au patriarche, en décembre 814, d’enlever les images exposées trop bas à la vénération des fidèles. C’était le prélude de la lutte. A Noël, il baisa encore les icônes, mais il refusa d’en faire autant le jour de l’Epiphanie. Nicéphore résista et se vit abandonné de la plupart des évêques. Ceux-ci le citèrent à comparaître devant eux, et, sur son refus, interdirent de commémorer son nom dans les offices. Enfin, dans la nuit du 13 mars 815, une barque condui sit le patriarche à Sculari. el il fut interné dans le monastère de Saint-Théodore qu’il avait construit à quelque dislance de celle ville. Il y vécul en moine, adonné à ses éludes et soutenant les défenseurs des images par ses écrits et ses conseils. Saint Théodore le Studite alla conférer avec lui dans sa retraite I.’avènement de Michel le Lègue (25 décembre 82n) ne justifia point les espérances des orthodoxes. Le nouvel empereur ne changea guère la politique religieuse de son prédécesseur. Ii offrit au patriarche détrôné de lui rendre son siège, s’il rejetait les divers conciles qui s’étaient tenus au sujet duculledesimages. Nicéphore refusa et sa supplique en faveur du rétablissement des icônes n’eut aucun succès. Il termina ses jours dans le lieu de son exil, le 2 juin 829. Malgré qu’il eût été l’allié fidèle de saint Théodore pendant cette persécution, les studites lui tenaient rigueur de sa faiblesse lors de la reprise de l’affaire mœchienne. Aussi voulaient-ils s’opposer au retour de ses restes après le triomphe du culte des images. Le patriarche Méthode, mieux inspiré, leur imposa silence et déposa solennellement les reliques de saint Nicéphore dans l’église des Saints-Apôtres, le 13 mars 847. L’Église grecque donne au saint le titre de confesseur de la foi et le fête le 2 juin, anniversaire de sa mort ; l’Église latine le 13 mars, anniversaire de la translation de ses reliques. Sa vie a été écrite par Ignace, diacre et skeuophylax, P. G., t. c, col. 41-160 : C. de Boor, Nicephori arehiepiscopi Constantinopolitani opu.sculu historica, Leipzig, 1880, p. 139-217. Outre les récits des chroniqueurs, on a encore comme source de renseignements sur saint Nicéphore le discours sur son exil, et la translation de ses reliques par le prêtre Théophane, P. G., t. c, col. 159-168 ; Th. Joannou, Mv/j(xeïa àYioXoytxà, Venise, 1884, p. 115-128.

IL Œuvres. — C’est surtout pendant son exil que saint Nicéphore les a composées. Il n’avait écrit jusque-là qu’un traité perdu contre les juifs, les cataphrygiens et les manichéens, et un autre au début de la seconde querelle des images, l’Apologeticus minor. Ces œuvres comprennent deux parties bien distinctes. La première, purement théologique, renferme surtout les trois livres d’Antirrhétique, contre Mamonas, c’est-à-dire Constantin Copronyme, et l’Apologeticus major. Ces deux ouvrages, écrits en 817, redressent les erreurs des iconomaques au sujet de l’incarnation du Verbe et du culte des images. On en trouve le texte dans A. Mai, Nova Patrwn bibliotheca, t. v, Rome, 1849, vol. 1, p. 1-144, vol. 2, p. 1-142, vol. 3, p. 1-271, et dans P. G., t. c, col. 201-850. Le cardinal Pitra a édité dans le Spicilegium Solesmense, t. i, p. 302-503, t. iv, p. 265-380, plusieurs autres ouvrages théologiques de saint Nicéphore : un antirrhétique sur les témoignages de Magnés, un recueil de témoignages des anciens Pères, un antirrhétique contre les iconomaques, un autre contre Eusèbe de Césarée II se proposait aussi de publier, dans le tome v de la même collection, un autre anlirrhétiquecontre le faux concile des iconomaques assemblé sous Constantin Copronyme (753), mais ce tome n’a pas vu le jour. Quant au volume spécial qu’il voulait éditer des œuvres de saint Nicéphore (cf. Anale.cla sacra et classica, t. v, Rome, 1888, p. 46), il est encore à paraître.

Les divers ouvrages théologiques de saint Nicéphore qui sont édités témoignent d’un esprit élevé, d’une connaissance approfondie de l’Écriture sainte et de la littérature palristique, d’une grande variété de points de vue et d’une dialectique subtile. Le ton est souvent vif dans ses réponses aux hérétiques, mais il s’explique par l’âpreté de la lutte autour du culte des images.

Les écrits historiques de saint Nicéphore sont au nombre de deux et ont une grande importance. Le premier, qui est le plus étendu et le plus précieux,