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NICÉPHORK BLEMMYDE — NICÉPHOHK CALLISTE

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port de cousubstaiitialité, en pose plusieurs autres qui l’accompagnent : 1. Un rapport d’appartenance : le Fils a l’Esprit en lui comme un trésor vivant ; c’est ainsi qu’il est engendré du Père ; 2. un rapport de donation : le Fils est donateur par essence de l’Esprit ; 3. un rapport de dépendance qui n’est pas expliqué autrement que par l’analogie de la main et des doigts ; 1. un rapport de similitude, lequel est réciproque, étant basé sur la consubstantialité. Quant à la relation d’origine, elle est expressément écartée : d’être cause ou principe, même cause avec le Père et de la part du Père, cela est impossible. Heisenbcrg, Curriculum vitse, p. 69. L’exemple suivant montre bien comment lilemmyde conçoit la procession du Saint-Esprit : « Sans aucun défaut, avec un égal honneur proviennent du Père et l’engendré et le procédant, comme de la même source naît l’eau et sort l’esprit uni à l’eau : la source est le principe premier et caché de l’eau, que dans l’eau il y ait l’esprit, l’exhalaison le montre évidemment ; et que personne ne s’attache à cet exemple pour dire que l’exhalaison provient de l’eau, car nous dissertons non de la manifestation, mais de l’existence réelle : ce n’est pas de l’eau que l’esprit a reçu l’existence, mais provenant dans l’eau réellement de la source, il apparaît par son exhalaison et donne, à ceux qui voient, la certitude qu’il était dans l’eau avant l’exhalaison, tenant son existence essentiellement de la source, d’où provient l’eau elle-même. » Ibid., p. 70.

Un tel texte ne nous permet pas de nous méprendre sur la pensée de notre théologien.

Christologie.

Quelques pensées sur l’âme et

le corps du Sauveur : Touchant la psychologie du Christ, Blemmyde dénie au Sauveur la Trpoatpeaiç, electio (le choix) au sens où elle implique une délibération préalable, mais non pas au sens d’élan autonome vers le bien connu. Le Christ en effet n’a pas besoin de délibération, il ne peut vouloir que le vrai bien, et il sait où il est. En lui, dès le début, sont les trésors de la sagesse et de la science ; et la croissance dont parle l’Écriture doit s’entendre d’une manifestation graduelle. Sermo de fîde, P. G., col. 593. « L’âme du Sauveur, avait toute la sagesse divine, ainsi que l’humaine, et toute connaissance du passé, du présent, de l’avenir, non par nature mais par grâce, à cause de son union hypostatique avec celui qui est le seul Sage et qui connaît toutes choses éternellement avant leur réalisation. » P. G., col. 601.

Au sujet du corps glorieux du Christ, Blemmyde pense qu’il ne garde pas les traces des plaies, mais que le Seigneur les fit apparaître quand il le fallut par sa toute-puissance. De plus, le corps glorieux du Christ est non seulement impassible, mais impalpable, àvæpéç, col. 596 ; peut-être Blemmyde veut-il parler de la qualité glorieuse que nous appelons subtilité.

A. Helsenberg, Nicephort Blenunidæ curriculum vitte et cùrmina, Leipzig, 1894, ex +136 pages. La longue introduction est le principal instrument d’étude ; V. I. Barvinok, Nicéphore Blemmyde et ses œuvres (en russe), Kiev, 1911, in-S°, xxx+ 366 + n + |6] pages. On trouvera dans ces deux ouvrages ainsi qu’au cours de l’article toutes les indications bibliographiques nécessaires. Sur Barvinok, voiç le compte rendu de M. Jugie dans Échos d’Orient, t. xvii, p. 153-156, de J. Sokolov, dans Khrist. Tchtenie, 1912, (tiré à part de 40 pages), et de Kudrjavzev, Journal du Min. de l’Inslr. publ., Saint-Pétersbourg, 1912, partie critique et bibliographique, p. 326-359. Ces deux derniers m’ont été inaccessibles ; M. Jugie, Theologia dogmatica orientulium…, t. i, p. 417-418 ; V. Grumel, Nicéphore Blemmyde et la procession du Saint-Esprit, dans Revue des sciences philosophiques et Ihéologiques, t. xviii, p. 34|, -366.

V. Grumel.

2. NICÉPHORE CALLISTE XANTHO POULOS, écrivain ecclésiastique byzantin de la fin du xiii 1’siècle et du début du xiv I. Vie. II. Écrits.

1. Vie. - De la vie de Nicéphore Calliste un sait fort peu de chose, el ce qu’on en a écrit Jusqu’ici n’est point exempt d’erreur. C’est ainsi que Krumbacher, Geschichle. der byzantinischen IJiteratur, 2° éd., p. 293, se fondant sur un contresens de Joseph Lang dans la traduction latine du prologue à l’Histoire ecclésiastique de Nicéphore, P. G., t. cxlv, col. 620 C, lui fait terminer cet ouvrage à trente-six ans, alors que Nicéphore affirme simplement l’avoir commencé à cet âge : [xr^oi sxtou xal Tptaxoaioù -rTjç ïjXixîaç l7r : 16àvTeç èviauToO, Yjvlxa tyj ^payiiaTeia éau-roùç èx8e8a>xa|i.ev. Le même Krumbacher se trompe également en prolongeant l’existence de Nicéphore au delà de l’année 1350, sous prétexte que le patriarche Calliste (1350-1354) est le dernier nommé dans une liste de patriarches de Constantinople attribuée à Nicéphore. Mais cette liste en vers politiques n’appartient pas à ce dernier. Dans le cod. 1537 de la Bibliothèque nationale de Paris, xve siècle, elle est mise sous le nom de Théodore Prcdome et a dû être allongée par un copiste. Notre Nicéphore nous a bien laissé une liste des patriarches byzantins écrite en prose ; mais elle se clôt sur le début du second patriarcat d’Athanase I" (1304-1310). P. G., t. cxlvii. col. 468 D. Des renseignements que nous avons pu recueillir, et que d’autres pourront compléter, il ressort que Nicéphore a dû mourir dans les premières années d’Andronic III, dit le Jeune (1328-1341), vers 1335. Il paraît, en effet, comme auteur de la Vie de saint André le Jeune dans le Paris, græc. 1547 (ancien Mazarinus Regius 2458), qui a été copié en 1286. Cf. Montfaucon, Palœographia grœca, t. IV, c. ix, p. 323. Si on lui accorde, à cette date, trente ans environ, il sera né en 1256, et il aura commencé son Histoire ecclésiastique en 1292. Celle-ci fut terminée, d’après son propre témoignage, sur la fin du règne d’Andronic II le Vieux (1282-1328), alors que cet empereur avait déjà restauré l’église Sainte-Sophie et plusieurs autres édifices, P. G., t. cxlv, col. 581 sq., et qu’il était parvenu à un âge très avancé, ibid., col. 588-589. Or, la restauration des monuments en question ne fut exécutée qu’après la mort de l’impératrice Irène, survenue en 1317. Ajoutons un autre indice qui n’est pas négligeable. Le Cod. Miscellaneus grœc. 79 de la bibliothèque Bodléienne d’Oxford, qui renferme les principales œuvres liturgiques de Nicéphore, est daté par H. O. Coxe, Calalogi codicum manu scriptorum bibliothecæ Bodleianæ, pars I, Oxford, 1853, p. 662, de la fin du xme siècle. Krumbacher a bien tort de contester ce diagnostic scientifique, puisque nous avons déjà trouvé le nom de Nicéphore dans un manuscrit copié en 1286.

Dans ce manuscrit, Nicéphore est qualifié de prêtre de la Grande-Église, c’est-à-dire de Sainte-Sophie. Cela concorde bien avec ce que qu’il nous dit lui-même dans le prologue de son Histoire : Dès sa jeunesse, il a été l’hôte de la Grande-Église pendant de longues années ; c’est dans sa riche bibliothèque qu’il a puisé ses documents ; c’est encore à Sainte-Sophie qu’il trouve le vivre et le couvert, au moment où il termine son grand ouvrage et où il est parvenu à un âge avancé, SîaiTocv xal xaTaycoy/iV èv aÙTTJ ttoXXco tco uiaa> ypôi<ù Swpr, aaix£Vjr) waavel xal u.aïS’joa[jiévir), xai etç t68e YjXixîaç’/)[i.âç xal Xôyou 7rpoaYaYOi>crr ;. P. G., loc. cit.. col. 609 C.

Nicéphore a donc été prêtre et cela ne doit pas nous surprendre, puisque presque toute son œuvre est d’ordre religieux. Il a été aussi moine, vraisemblablement sur la fin de sa vie, s’il faut en croire la su S ription quise lit dans le Vatic. græc. Reg. Suec. 182, fol. 1,