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NICEE (lie CONCILE DE’424

ajouta que, si Moïse a représenté les chérubins sous la forme humaine, c’est qu’ils lui étaient ainsi apparus sur le Sinaï ; ce n’est qu’après que les Israélites eurent manifesté des tendances à l’idolâtrie que Dieu prohiba les images. Taraise fit aussi remarquer que Dieu lui-même avait lutté avec Jacob sous la forme humaine. Mansi, t. xiii, col. 5 sq.

Comme preuves patristiques, le concile cita le panégyrique de Mélèce par saint Jean Chrysostome, qui parle de la vénération des chrétiens pour l’image de Mélèce ; Antipater de Bostra qui rappelle la statue élevée au Christ par l’hémorrhoïsse ; Grégoire de Nazianze parlant de l’image du martyr Polémon ; Grégoire de Nysse qui assure avoir vu un tableau représentant le sacrifice d’Isaac et la description du martyre de sainte Euphémie par Astérius d’Amasée ; le 82e canon du Quinisexte (attribué au VIe concile) ; Léonce de Chypre et enfin les lettres du pape Grégoire II et de Germain de Constantinople contre les iconoclastes. Voir Images (Culte des), t. vi, col. 769774.

Le concile cita aussi de nombreux écrits relatant des faits miraculeux attribuée aux images. A Béryte, des Juifs transpercèrent un crucifix avec une lance, aussitôt de l’eau et du sang jaillirent, doués d’une vertu miraculeuse. Ce récit est attribué par le concile à saint Athanase. Mansi, t. xiii, col. 23 sq. Une femme soutirant de douleurs d’entrailles intolérables gratte une peinture représentant les saints Cosme et Damien, mêle à de l’eau ce qu’elle a gratté et est guérie tout de suite après l’avoir bue. Mansi, t. xiii, col. 67. Une femme, délivrée du démon par le stylite saint Siméon le Jeune, lui érige une icône qui est douée d’une vertu miraculeuse ; le saint était encore en vie. Ibid., col. 75. Des impies qui voulaient enlever une image de saint Siméon le Jeune sont précipités de l’échelle sans pouvoir atteindre leur but. Ibid., col. 78. Constantin de Constantia affirma au concile qu’un iconoclaste de sa ville épiscopale creva un jour, avec son aiguillon, l’œil à une icône de la Vierge exposée dans une église. Immédiatement après, comme il voulait exciter son bœuf avec le même aiguillon, celui-ci se rompit et un fragment lui creva l’œil. Ibid., col. 77. L’évêque de Citium dans l’île de Chypre affirma que, dans sa ville épiscopale, un sacristain voulant fixer une tenture sur le mur d’une église pour la fête du 15 août, enfonça un clou dans le front de l’image de saint Pierre. Rentré chez lui, il sentit immédiatement de violents maux de tête, qui ne cessèrent qu’après qu’on eut enlevé le fâcheux clou. Ibid., col. 77. Le concile cita encore d’autres faits de ce genre tirés des miracles des saints Cyr et Jean, de Sophrone de Jérusalem, du Pré spirituel attribué au même (voir l’art. Moschus) ainsi que de la Vie de sainte Marie l’Égyptienne.

Pour terminer, après avoir anathématisé les iconoclastes, le concile promulgua le décret’suivant : « …Le saint et universel concile réuni par la grâce de Dieu et la volonté de nos très pieux et très croyants empereurs, Irène, la nouvelle Hélène, et le nouveau Constantin… » (suit une brève profession de foi)… « le Christ nous a délivrés de l’idolâtrie par son incarnation, sa mort et sa résurrection. Ce n’est pas un concile ou un empereur qui, comme le soutenait le synédrium juif (d’Hiéria), a guéri l’Église de l’erreur de l’idolâtrie, c’est le Christ Seigneur. A Lui, non aux hommes, en revient la gloire et l’honneur. Le Seigneur, les Apôtres et les Prophètes nous ont enseigné que nous devons honorer et louer tout d’abord la sainte Mère de Dieu, qui est au-dessus de toutes les puissances célestes, puis les saints anges, les apôtres, les prophètes, les martyrs, les saints docteurs et tous les saints, et que nous devons recourir à leur inter cession, qui peut nous rendre agréables à Dieu, si nous vivons d’une manière vertueuse. Nous vénérons, àaTcaÇ6[i.£60e, en outre l’image de la sainte et vivifiante croix et les reliques des saints ; nous acceptons, saluons et baisons les saintes et vénérables images, conformément à l’antique tradition de la sainte Église catholique de Dieu, et en particulier conformément à la tradition de nos saints Pères qui ont accepté ces images et ordonné de les placer dans les églises et en tous lieux. Ces images sont celles de Jésus-Christ, notre Sauveur, fait homme, puis de Notre-Dame toujours vierge et très sainte Mère de Dieu, et des anges immatériels qui ont apparu aux justes sous une forme humaine ; de même les images des saints apôtres, prophètes et martyrs, etc., afin que ces copies nous rappellent l’original et que nous soyons amenés à une certaine participation de leur sainteté. » Voir le texte complet du décret dans Mansi, t. xiii, col. 150 sq.

Tous les membres présents signèrent le décret, les légats romains en ajoutant qu’ils recevraient tous ceux qui abjureraient la doctrine iconoclaste.

re session, 4 octobre. — A la ve session, le concile termina l’enquête patristique sur la légitimité du culte des images. On lut un passage de la deuxième catéchèse de saint Cyrille de Jérusalem, qui blâme Nabuchodonosor d’avoir enlevé les chérubins du temple de Jérusalem, ainsi qu’une lettre du stylite Siméon le Jeune, demandant à l’empereur Justin II de sévir contre les Samaritains qui avaient détruit des images. Mansi, t. xiii, col. 159. Le concile déclara ensuite rejeter comme apocryphe, parce qu’en opposition avec l’Évangile, le livre intitulé TcspîoSoi twv àrcoCTToXcov qui avait fourni au concile d’Hiéria des arguments contre le culte des images. Ibid., col. 167. Le concile fut d’avis de ne faire aucun cas de la lettre d’Eusèbe de Césarée à Constantia, hostile aux images, à cause de l’hétérodoxie de son auteur. Pour la même raison, le concile voulut ignorer les opinions iconoclastes de Sévère, patriarche monophysite d’Antioche, et de Philoxène de Mabboug. Ensuite le concile constata que les iconoclastes avaient enlevé les passages favorables aux images dans les œuvres de Constantin, l’ancien archiviste de l’Église de Constantinople. Ibid., col. 186. Il restait encore d’autres passages à lire, mais le concile se déclara suffisamment éclairé. Après avoir entendu la lecture d’un mémoire du moine Jean, représentant des patriarcats orientaux, suivant qui les Juifs avaient été les premiers instigateurs du mouvement iconoclaste, le concile décida, sur la proposition des légats romains, d’exposer une image sainte dans le local de sa session.

vi’session. — Cette session eut lieu le 6 octobre selon le texte des Actes, et le 5 selon la traduction d’Anastase. Elle s’occupa uniquement de la réfutation du décret dogmatique du concile d’Hiéria. Voir l’analyse de ce décret à l’article Iconoci.asme, t. vi, col. 582. Grégoire de Néocésarée donna lecture du décret iconoclaste et, après chaque passage lu par Grégoire, les diacres Jean et Eutychius intercalèrent une très longue et très diffuse réfutation qui, avec le décret, remplit 160 colonnes dans Mansi. On se fera une idée du ton de cette réfutation en lisant la phrase suivante qu’on ne peut décemment citer que dans la traduction latine : Vere hœc eorum (se. iconoclaslarum ) suni, qui ex ventre eorum pronuntialiones eliciunt, qui saturilatibus stercoralibus conceptis, puiridas evaporationes emittens vesanos et phrenesi captos efficit. Mansi, t. xiii, col. 331. Quant au fond*, la réfutation ne fait que répéter ce qui a été dit aux sessions précédentes.

Quelques remarques néanmoins méritent d’être retenues : L’œcuménicité du concile d’Hiéria est