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NEWMAN (JOHN-HENRY), ŒUVRES CATHOLIQUES


des Œuvres de Newman, sous le titre de Di/Jicullies oj Anglicans (Difficultés des Anglicans).

Ces conférences furent prononcées durant le printemps et l’été de 1850, deux fois par semaine à partir du 9 mai, à l’Oratoire de King William Street, Strand. L’occasion en fut la suivante : l’évoque d’Exeter avait refusé d’ « installer » dans un bénéfice un clergyman, nommé Gorham, parce que celui-ci avait nié la doctrine de la régénération par le baptême. Le Conseil privé, consulté, donna raison à Gorham. Cette intrusion de l’État dans le domaine ecclésiastique jeta le désarroi parmi ce qui restait de tractariens ; on crut qu’ils allaient se convertir en masse. Newman pensa que ces événements lui faisaient un devoir de commenter la situation, et d’en tirer la morale et, malgré sa répugnance, il obéit à sa conscience. Prenant pour accordée la vérité des principes « tractariens » et ayant prouvé que « le mouvement » (d’Oxford) était étranger à l’Église nationale, et n’en tirait pas sa vie, il entreprit de montrer que son aboutissement logique n’était ni dans l’Église nationale, ni dans un parti anglican, ni dans une « branche », ni dans une secte, mais dans l’Église catholique. Ayant mené ses auditeurs jusque-là, il s’efforçait, au cours des dernières conférences, d’écarter les obstacles qui pouvaient les arrêter encore sur le chemin de la conversion. Ces conférences soulevèrent un intérêt très vif, et l’on remarqua dans l’auditoire beaucoup de personnages considérables. C’était, à vrai dire, la première fois que le catholicisme faisait son apparition dans une tribune publique en Angleterre, et se hasardait à prendre l’offensive. La personnalité et l’histoire du conférencier étaient un attrait de plus. * Vous avez certainement ouï dire, écrivait un contemporain, que Newman fait des conférences à Londres. Il paraît qu’elles sont fort curieuses à entendre » (Extrait d’une lettre de Burgon, successeur de Newman comme’fellow » du Collège d’Oriel, à Mrs Rose, veuve d’un ami de Newman, Hugh James Rose). Publiées en volume, les conférences trouvèrent un grand nombre de lecteurs.

6° Lectures on Calholicism in England (Conférences sur le catholicisme en Angleterre), l re édit., 1851 ; réimprimées dans les Œuvres avec un nouveau titre : Présent position oj catholics in England (La position actuelle des catholiques en Angleterre) ; traduction allemande, Vertrage ùber die gegenwartige Slellung der Katholiken in England, sans nom d’auteur, Ratisbonne, 1853.

Ces conférences furent faites une fois par semaine à partir du 13 juin 1851 ; elles étaient censées s’adresser aux frères du « Petit Oratoire », mais elles visaient en réalité un auditoire plus large. Cependant, la presse les ignora entièrement. Le rétablissement de la hiérarchie avait déchaîné les passions antipapistes ; afin de les réfréner, S. M. Calpes, le premier propriétaire et rédacteur en chef du Rambler, avait suggéré que des catholiques laïques fissent une série de conférences dans les grandes villes. Cette proposition eut comme conséquence indirecte les Lectures on Calholicism. Publiées, à mesure qu’elles étaient faites, en livraisons hebdomadaires, elles furent, avant la fin de l’année, réunies en volume. Newman y prit pour sujet la conception protestante de l’Église ; il entreprit de montrer que, fondée sur des fables et entretenue seulement par la tradition, elle ne reposait ni sur la logique, ni sur aucun témoignage authentique ; qu’elle était faite de préjugés et d’ignorance. Critiqué pour avoir mieux réussi à démolir qu’à construire, Newman répondit qu’il eût été prématuré d’entreprendre un travail constructif, étant donné les dispositions de son auditoire. Du point de vue littéraire, ce volume prend rang parmi le, s meilleurs de ses

ouvrages ; lui-même estimait qu’il était le mieux écrit de tous. Comme exemple de satire prolongée, il n’a pas son égal dans la littérature anglaise.

7° Discourses on the scope and nature of university éducation (Discours sur renseignement dans les universités, son objet, sa nature), 1e édit., 1852 ; 2e (avec des coupures) 1859 ; dans les Œuvres, il forme la 1° partie du volume qui a pour titre Thr idea of a university defined and illustrated.

Le 12 novembre 1851, Newman était nommé recteur de l’Université catholique que l’on se proposait de créer en Irlande ; il entreprit aussitôt de faire connaître le projet au public irlandais, dans une série de cinq conférences faites à Dublin, du 10 mai au 7 juin 1852. Sa thèse était la suivante : une université, si le mot est bien compris, professe la science universelle ; cette science universelle forme un tout cohérent et organisé, dont les différentes sciences sont les parties constitutives. Or, la théologie est, elle aussi, une science et une partie constitutive de l’ensemble ; et si elle est retranchée des programmes d’études, d’autres sciences déborderont sur le terrain laissé libre, ce qui aura des résultats désastreux, non seulement pour elles-mêmes, mais aussi pour la science en général. Newman visait un but particulier ; il voulait convaincre de leur erreur les partisans des universités non confessionnelles dites Queen’s Collèges, alors récemment créées, et dont la théologie était impitoyablement exclue. Dans le volume imprimé, il ajouta cinq autres chapitres, qui n’avaient de conférences que le nom, puisqu’ils n’avaient jamais été lus en public. Il y soutenait que les connaissances professées dans une université avaient leur fin en elles-mêmes, et qu’elles ne devaient avoir en vue aucun objet utilitaire ; puis il examinait les rapports entre ces connaissances « libérales » d’une part, et de l’autre la simple érudition, l’habileté professionnelle, la science religieuse, et l’Église en tant qu’elle exerçait une juridiction sur tout cela. L’ensemble des dix « discours » parut à la fin de l’année 1852, avec une préface de grande valeur et un assez long appendice, où des citations empruntées à d’autres auteurs aidaient à mettre en lumière les principes établis par Newman. Dans la seconde édition, ils upprima l’appendice et le cinquième discours, et fondit les deux premiers discours en un seul. Il nous a donné dans My campaign in Ireland, p. lxi, ses raisons pour laisser de côté le cinquième discours : General knowledge viewed as one philosophy (les connaissances générales envisagées comme constituant une seule philosophie). « Les conférences avaient, semblait-il, très heureusement commencé, mais on fit ensuite comprendre à l’orateur qu’il s’y prenait mal, s’il voulait entraîner le clergé derrière lui. Il en fut vivement désappointé ; car, dit-il, si on l’avait laissé faire, et qu’on l’eût écouté jusqu’au bout, les membres du clergé se seraient trouvés d’accord avec lui. On ne pouvait cependant dédaigner une influence aussi grande que la leur. Il fut donc obligé de modifier ce qu’il avait préparé, et même de remanier le plan d’ensemble de la série ; il dut par exemple reprendre et rapprocher des fragments séparés ; de ce fait la cinquième conférence n’était plus, à son sens, ni en harmonie avec le reste, ni mise en valeur comme il l’aurait fallu : il la retira donc. Il n’entendait pas la condamner par là, car il se proposait de la faire figurer, après correction, dans un volume qu’il voulait publier sous le titre de Pamphlets and papers (Collection de petites œuvres diverses). » En fin de compte, le cinquième discours ne fut jamais réédité à part, mais on le trouve dans My campaign, p. 243-270. Dans la dernière édition des Discourses, Newman sépara de nouveau le premier discours du second, et rétablit quel-