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NESTORIENNE (L'ÉGLISE). USAGES LITURGIQUES


riens, la définition des livres liturgiques et l’indication des textes imprimes.

Usages liturgiques des nesloriens.

Les nestoriens ne confèrent plus les sacrements de confirmation et d’extrême-onction ; ils ne pratiquent plus la

confession auriculaire depuis le xvie siècle. Le baptême n’est conféré habituellement qu’une fois l’an, à la fête de la Croix (14 septembre). Dans certaines localités cependant, il est administré aux principales fêtes. Il n’est pas rare que des enfants attendent plusieurs années avant d'être baptisés. On n’administre jamais le baptême en dehors de l'église, même en danger de mort. Les nestoriens regardent comme invalide le baptême administré en dehors de l'église ou par un autre que le prêtre. Les parents sont considérés comme coupables, si leurs enfants meurent sans baptême par leur faute, et doivent jeûner quarante jours comme pénitence. Si l’omission du baptême est due à la négligence du prêtre, celui-ci est puni par la suspense a divinis.

Bien que la confession auriculaire soit tombée en désuétude, les nestoriens ne la blâment pas et en reconnaissent l’utilité ; ils attribuent la remise des péchés à une formule d’absolution générale que le prêtre récite sur le peuple, avant la communion pendant le saint sacrifice de la messe.

Les nestoriens n’attachent pas d’importance à la récitation par le prêtre des paroles de l’institution de l’eucharistie, qu’ils omettent habituellement dans la liturgie commune, dite des apôtres Addaï et Mari. Ils croient à la présence réelle, dont ils attendent la réalisation au moment où le prêtre invoque le Saint-Esprit. L’attitude des fidèles qui reçoivent la sainte communion démontre leur foi en la présence réelle. Les adultes reçoivent la communion sous les deux espèces, les enfants au-dessous de douze ans sous l’espèce du pain seulement. Les enfants reçoivent du prêtre une parcelle d’hostie sur la langue, mais les adultes reçoivent la parcelle dans la main droite et se communient eux-mêmes. Un missionnaire dominicain de Mossoul décrit ainsi la distribution de l’eucharistie à Achita. où les usages anciens se sont particulièrement bien conservés : « Tout d’abord, un prêtre lut pendant la messe une formule d’absolution générale sur le peuple ; pendant ce temps, les assistants se tenaient à genoux en se frappant la poitrine. Le moment de la communion étant arrivé, le célébrant s’avança sur le seuil du sanctuaire avec le diacre et le sous-diacre, le premier tenant un plateau sur lequel se trouvait un grand nombre de parcelles d’hosties, le second tenant un vaste calice contenant le Précieux Sang avec une serviette sur le bras. En même temps commencèrent a s’avancer les communiants par le côté de l'épître, les uns derrière les autres, d’abord les prêtres et les cheminas (diacres) non ofiieiants, puis les simples fidèles. Les prêtres et les cheminas ont les reins ceints d’un cordon de laine sur leurs habits ordinaires. Tous s’avancent gravement et d’un air recueilli. A la porte du sanctuaire, du côté de l'épître, est un encensoir fumant. Chaque communiant, en passant devant, s’y parfume les mains, le visage et la poitrine ; puis arrivant devant le piètre et restant debout, il lui baise la main et lui présente sa main droite étendue et croisée sur la gauche. Le prêtre y dépose une parcelle d’hostie que le communiant absorbe aussitôt en léchant sa main, qu’il passe aussitôt sur son front pour l’essuyer ; après quoi il va devant le sous-diacre, baise la manche de son aube, boit au calice, s’essuie la bouche à la serviette et se retire par le côté de l'évangile, tenant sa main sur ses lèvres. Les femmes sont communiées de la même manière, mais à la fin de la messe, après que les 1k mines se sont retirés. Je fus frappé de l’ordre et du recueillement que je vis régner dans cette cérémonie. ».Mémoire manuscrit écrit entre 1890 et 1894, conservé chez les dominicains de Mossoul.

Les hosties de la messe sont préparées par les piètres et les diacres, revêtus des ornements liturgi ques, dans un local attenant à l'église. Le pain est fait de farine de pur froment, délayée dans de l’eau avec du levain, du sel et un peu d’huile d’olive. On y ajoute un peu de malkà ou jermentum, qui est un pain d’autel composé de la même manière que le pain eucharistique ordinaire, mais par l'évêque le Jeudi saint. Chaque église du diocèse reçoit un petit morceau de ce pain, dont il est fait usage pendant toute l’année. Les nestoriens prétendent qu’une hostie ne renfermant aucune parcelle de malkà ne peut être consacrée, et en concluent que le sacrifice des catholiques est incomplet. La communion ne se distribue qu'à l'église, d’où suppression de la communion des malades en viatique.

Les nestoriens tiennent à communier pour Pâques et Noël. S’ils se trouvent un de ces jours dans une paroisse qui n’ait point de prêtres, ils se rendent à l'église, à jeun, prennent de la poussière du sol, s’en frottent le visage, en mangent un peu, puis rentrent chez eux pour rompre le jeune. En général, les prêtres célèbrent rarement ; la messe n’est célébrée chaque dimanche que dans les villages assez considérables, où il y a plusieurs prêtres, chacun célébrant à tour de rôle. Les assistants communient, à jeun, même si la messe est célébrée à l’heure de vêpres. Les prêtres gardent la continence deux ou trois nuits avant de célébrer, de même que les fidèles, avant de communier. Ils réprouvent l’usage, qui s’est introduit parmi les prêtres chaldéens catholiques mariés, de célébrer chaque jour.

Les nestoriens reconnaissent dans l’ordre quatre degrés, lecteur, sous-diacre, diacre et prêtre. Les trois premiers degrés sont généralement conférés ensemble, parfois dans la même cérémonie que la prêtrise. Non seulement le diaconat et la prêtrise se donnent à des he mines mariés, mais il est permis aux prêtres et aux diacres de se marier et de se remarier, jusqu'à six fois et demie, dit ur.e formule par laquelle on entend que diacre et prêtre, atteints par la viduité. peuvent épouser successivement six vierges et ur.e veuve. Nous voilà loin de Yunius uxoris vir ! Les évêques sont souvent consacrés très jeunes, à 14 ou 15 ans, étant choisis suivant le principe héréditaire que Simon IV Basidi instaura pour la succession des catholicos. Le nouvel évêque doit n’avoir jamais mangé de viande ; il devra toute sa vie garder le célibat et s’abstenir de viande.

Le mariage des nestoriens se célèbre toujours à l'église ; le consentement des parties n’est pas considéré, mais bien plus celui de leurs parents. La cérémonie du mariage est accomplie parfois sur des enfants en bas âge, que les parents réunissent ensuite sans cérémonie, après qu’ils ont atteint la puberté. Après la cérémonie du mariage, les jeunes époux restent séparés pendant sept jours, avant d'être conduits au lit nuptial. La célébration des noces est interdite pendant l’avent, pendant le carême, sauf le premier dimanche et le jour des Rameaux, de Pâques à la Pentecôte, sauf le premier dimanche après Pâques.

Ceci dit sur les usages des nestoriens contemporains en matière de sacrements, il y aurait à étudier l’histoire de ces usages. Les deux sources les plus importantes seraient YExpositio officiorum Ecclesia', édit. R. H. Gonnolly, dans Corpus script, christ, orient., scriptores syri. sér. II, t. xci, xcii. et le traité inédit de Timothée II, De septem causis sacramentorum. analysé par J. S. Assémani, Bibliotheca oi ientalis…, t. m a, p. 572-580.

L’année ecclésiastique des nestoriens et des chaldéens commence au premier dimanche de l’avent ou annonciation. qui est le dimanche le plus voisin du 1er décembre. Le cycle liturgique se continue par des