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NESTORIENNE (L'ÉGLISE), DROIT CANONIQUE

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C’est la conclusion, scinble-t-il, qui doit se dégager d’une étude mêmesommairede la t néologie nestorienne. Pour s'être développée en vase clos, pour avoir été moins mêlée, que d’autres à la vie commune de la catholicité, cette Église n’en a pas moins gardé, dans l’ensemble, les grandes vérités qui forment l’armature du christianisme. Aux belles époques de sa floraison, elle a présenté un ensemble de docteurs, dont elle peut être fière et qui, à un âge où d’autres régions chrétienne étaient dans la barbarie, ont fait œuvre solide. Les malheurs qui ont ensuite accablé cette chrétienté, l’ignorance qui en a été la suite, les abus qui dans la prat ique se sont multipliés, ne doivent pas faire oublier qu’elle fut, à un moment donné, dans une grande partie de l’Asie, le porte-drapeau du christianisme authentique.

Les sources ont été indiquées au fur et à mesure. Pour les références, le lecteur est prié de se reporter à la col. 289, où il trouvera le nom des divers théologiens nestoriens cités avec les éditions d’après lesquelles ils sont cités.

Parmi tes travaux, il faut toujours tenir le plus grand compte de.1. S. Assémani, Bibliotheca orientalis, t. iii, pars 2, en particulier : c. vi, Nesiorianorum schistnata ; c. vii, Seslorianorum veterum et recenliorum errores ; De palriarcha Nestorianorum ; nous avons dit col. 288, l’utilité du travail de G. P. Badger. The neslorians and their riluals, 2 vol., Londres, 1852.

É. Amann.


XII. Droit canonique de l'Église nestorienne. —

L’histoire du droit canonique nestorien et l’analyse de ses dispositions spéciales recevront les développements convenables, dans le -Dictionnaire de droit canonique. Nous nous bornerons ici à donner quelques indications générales sur les sources du droit et le droit personnel du clergé.

Sources du droit.


L'Église de Perse s’est développée en dehors des limites de l’empire romain ; elle s’est trouvée pratiquement exclue de ces assises générales de l'Église enseignante qu’ont été les conciles œcuméniques. Lorsque Marouta de Maypherqat, au synode de 410 « fit ses efforts pour que les lois et les règles divines, les canons orthodoxes et véritables établis en Occident par les honorables Pères-évêques fussent aussi établis en Orient » (Synod. orient., p. 18, trad., p. 25), deux conciles œcuméniques seulement avaient eu lieu. L'Église de Perse n’en a jamais reconnu d’autre. En 420, un autre effort fut accompli pour assim’ler encore un peu de discipline occidentale : on tint compte des dispositions prises par les conciles mineurs, dont Acace d’Amid apportait les actes, Ancyre, Néocésarée, Gangres, Antioche in Encœniis, Laodicée de Phrygie. Après quoi la séparation fut complète : l’influence de l’Occident ne se produisit plus que d’une manière privée, par la connaissance des collections canoniques appartenant aux autres Églises.

La législation de l'Église nestorienne est l'œuvre des synodes réunis par le catholicos, et comprenant tous les métropolites et évêques. En 410, on avait décidé, suivant un canon de Nicée, que le synode se tiendrait tous les deux ans. Synod. orient., p. 25, trad., p. 264. Mais les conditions politiques ne permirent jamais une telle fréquence : sous Babaï, en 497, on fixa la périodicité à quatre ans, ibid., p. 64, trad., p. 313, avec un synode provincial semestriel. Sous Ézéchiel, en 576, on maintint le synode général tous les quatre ans, avec synode provincial annuel. Ibid., p. 125, trad., p. 380. Mais ce sont là dispositions théoriques : les synodes eurent lieu irrégulièrment : nous n’en connaissons que treize de 410 à 775, col. 287, parla collection composée pendant le pontificat de Hënaniso' II, après quoi, celui de Timothée I er en 790, ceux d’Iso' bar Nun et de Jean III nous ont été conservés par Ibn at-Tayyib, et celui de Timothée II, en 1318, par le Momocanon d'Ébedjésus, qui y fut sanctionné.

Les décisions des synodes étaient complétées par la jurisprudence, interprétations ou décisions des catholicos, métropolites et évêques ; nous avons signalé, col. 278 sq., celles de ces décisions qui nous sont parvenues, ainsi que les collections canoniques. L’ouvrage synthétique, où l'Église nestorienne trouve son code, est le Nomocanon d'Ébedjésus, dont Mai a publié le texte avec la traduction latine de J. Al. Assémani (manuscrits originaux de cette traduction à la bibliothèque Vaticane, Borgia latins 162, 163), Scriptorum veterum nova collectio, t. x, Rome, 1838, p. 23-331.

2° Dispositions juridiques concernant la hiérarchie. —

Le catholicos est souverainement indépendant : « Les Orientaux ne pourront se plaindre de leur patriarche devant les patriarches occidentaux. Toute cause qui ne pourra être résolue en sa présence sera réservée au tribunal du Christ. » Synode de Dadiso', Synod. orient., p. 51, trad. p. 296. Le catholicos seul peut ordonner les métropolites et les évêques ; ceux qui seraient ordonnés par un autre que lui ne peuvent exercer leur autorité, sans un complément d’ordination, qui constitue un rite spécial. Bibliotheca orientalis, t. m b, p. dcci-dccv. Beaucoup de décisions synodales ont trait à l'élection du catholicos et à la nomination des évêques ; on sent qu’il faut lutter continuellement contre la simonie, le favoritisme, l’intrusion des influences séculières.

État du clergé.


Les dispositions anciennes déterminaient que les prêtres ne seraient pas ordonnés avant trente ans. Les difficultés qui résultèrent des persécutions d’abord, puis de l’extension de certains diocèses, surtout chez les nomades, amenèrent assez rapidement l’abandon de cette règle. Au Moyen Age, au dire de Guillaume de Rubrouck, on en vint à ordonner prêtres des enfants en bas âge, dans des tribus qui voyaient à peine une fois en cinquante ans le passage d’un évêque. Cette mesure fut possible, parce que déjà, contrairement à la discipline générale des Églises orientales, l'Église nestorienne admettait le mariage des diacres et des prêtres postérieurement à leur ordination. Pendant un temps même, sous l’influence de l’incontinent Barsaumâ, le mariage des évêques fut reconnu. Les usages de l'Église nestorienne, relativement au mariage des prêtres, ont constitué une des plus grandes difficultés que les missionnaires aient rencontrées dans leurs efforts^ pour ramener les nestoriens à la foi romaine. Il était difficile d’autoriser, même à rester dans le mariage sans exercer les fonctions ecclésiastiques, des diacres et des prêtres qui avaient enfreint l’antique législation en se mariant après l’ordination. D’autre part, le cas de ces malheureux, qui avaient été ordonnés avant la puberté, parfois avant l'âge de raison, était pitoyable. Voir plusieurs documents relatifs à cette question dans le Vatic. lat. 8063, par exemple, un exposé de l'évêque de Babylone, Emmanuel de Saint-Albert Balliet, fol. 355 sq.


XIII. La liturgie des Églises nestorienne et chaldéenne. —

L'évangélisation de la Perse s’est faite en partant d'Édesse, ville qui appartenait au patriarcat d’Antioche. Les formules liturgiques, dont se servent aujourd’hui nestoriens et chaldéens, devraient donc dépendre en quelque façon du rit antiochien, mais le développement s’en est fait d’une façon tellement indépendante qu’il n’y a plus grand’chose de commun, au point de vue liturgique, entre les deux branches de l'Église de langue syriaque, jacobite et nestorienne. Laissant de côté tout ce qui concerne la liturgie de la messe, voir Orientale (messe), nous donnerons un aperçu des usages spéciaux aux nesto-