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NESTORIENNE (L'ÉGLISE). LITTERATURE


Salomon, métropolite de Bassorah, qui vécut dans la première moitié du xme siècle, appartient encore à la série de ces savants prélats, qui gouvernèrent l'Église nestorienne sous les califes. Son Livre de l’Abeille, divisé en GO chapitres, contient dans les 32 premiers chapitres une histoire abrégée de l’Ancien Testament, où abondent les détails légendaires ; dans la seconde partie, après 14 chapitres sur la vie, la passion et la glorification de Notre-Seigneur, quatre chapitres, (xlvii-l) sont consacrés aux apôtres et un (li) aux catholicos nestoriens, avec mention du lieu de leur sépulture (liste complétée par les copistes au delà de Sabriso' V). Le c. lu est une histoire schématique des dynasties, suivie de considérations générales sur les successions (c. lui). Le c. lxiv traite de Gog et Magog. Le c. lv de l’Antéchrist, les c. lvi-lx des fins dernières. Salomon avait écrit aussi un livre sur l'état du ciel et de la terre, de caractère cosmographique, un traité sur le calendrier, des prières, de brefs traités sur divers sujets.

Élie de Nisibe, parlant aux musulmans, tirait argument en faveur du christianisme de ce que les chrétiens s'étaient occupés avec fruit de grammaire, de lexicographie et de rhétorique. Les nestoriens s’acquirent en effet une grande réputation auprès des califes et de leur entourage, comme traducteurs des ouvrages grecs et comme savants dans les sciences profanes. Les plus célèbres sont Gabriel bar Boktiso', médecin de Haroun ar-Rasid, qui composa le premier dictionnaire syriaque-arabe en plus de nombreux ouvrages médicaux ; Hunayn ibn Ishàq, diacre et médecin, attaché à la personne d’Al-Mutawakkil, qui est le Johannicius des traductions latines : son œuvre comme traducteur et comme auteur d'écrits originaux sur la médecine est considérable ; il composa aussi des sentences ascétiques à la manière d'Évagre, une grammaire et un lexique. Plus important du point de vue théologique est un court traité sur la manière de démontrer la vérité du christianisme, où il développe des considérations très habiles sur les Sommes de la connaissance de la vérité et des intérêts pouvant servir à déterminer la vérité ou la fausseté d’une religion. G. Graf, Christliche Polemik geyen den Islam, dans Gelbe Helfte, t. ii, p. 829. Élie d’Anbar montra son talent de philologue dans une explication des termes difficiles du Paradis de’Enaniso'. Iso' bar 'Ali et Abu’l-Hasan bar Bahlûl ont compilé des dictionnaires qui sont les meilleures sources que nous possédions, pour une connaissance historique de la langue syriaque. Iso’yahb bar Malkon écrivit une exposition en prose de la grammaire syriaque que l’on trouve écrite sur deux colonnes, en syriaque, et arabe. Deux de ses compositions métriques traitent de grammaire, tandis que plusieurs autres sont de caractère liturgique. Jean bar Zo’bi poussa plus loin encore l’art du grammairien : dans sa grammaire en prose.il marque l’apogée des études grammaticales chez les nestoriens.

Il n’y a guère de poésie en dehors des hymnes religieuses et des memrë ou traités en vers sur les sujets les plus variés : on peut citer cependant les compositions d’Iso’denah de Bassorah (éloge de Yaunan en 22 parties). Georges Wardâ, Maria bar Mesihayê, Le catholicos Yahballàhâ II écrivit en syriaque des maqâmât ou séances dans le genre de celles de Hariri.

4° La littérature nestorienne après la prise de Bagdad par les Mongols. — Jean bar Zo’bi a été dénoncé par A. Baumstark, p. 310 sq., comme le type des écrivains, qui employèrent la forme poétique pour traiter des matières les plus diverses ; il s’en servit en effet pour un exposé de la théologie dans le mètre heptasyllabique, pour une explication de la liturgie eucharistique en vers de douze syllabes, pour un traité sur l’eucharistie, le fermentum et l’eau baptismale, pour une

grammaire, pour un traité de ponctuation, pour un exposé sur quatre problèmes fondamentaux de la philosophie. Ce genre faux est presque le seul qui ait subsisté, dans la débâcle de l'Église nestorienne après l’invasion mongole.

Le grand polygraphe, que fut Ébedjésus (Abdiso' métropolite de Nisibe, pour lequel nous avons réservé la forme latinisée du nom, afin de le distinguer des autres Abdiso') est à peu près isolé au début de la période post-arabe ; cf. les articles Abdiésu ou Ebedjésu par J. Parisot, t. i, col. 24-27, Ébedjésus bar Berika, par F. Nau, t. iv, col. 1985 sq. Nous ne pouvons en rapprocher qu’Amr (' Amr) ibn Mattaï, évêque de Tirhan, dont l'œuvre, comme nous l’avons dit, col. 158, fut retouchée dès 1332 par Slibâ ibn Yuhannâ, prêtre de Mossoul. La Tour d’Amr a été conservée dans un manuscrit mutilé, Vatican arabe 110, qui semble autographe ; la recension de Slibâ, dont la bibliothèque Vaticane possède un exemplaire, Neoflli 54 (olim 41), est également incomplète. Le Vatican arabe 110 est analysé dans A. Mai, Scriptorum veterum noua collectio, t. iv, part. 2. p. 224-227 ; voici le contenu des sections les plus intéressantes : Partie II, préface 2 : sur l’appellation de nestoriens donnée aux chrétiens orientaux ; préface 5 : sur la signification de l’union et de la filiation. Partie III : épilogue sur les empereurs chrétiens de Constantin à Héraclius, d’après Eutychiuset Sévère ibn al-Moqalïa'. Partie IV : sur les nations, les sectes et les conciles, sur les Juifs, sur les Samaritains, sur les Grecs et les Romains ; sur les hérésies, de Simon le magicien aux monothélites, d’après Eut ychius, sur les conciles occidentaux et les canons rendus en synode par les catholicos nestoriens. Partie V : sur le Christ et ses apôtres (19 chapitres) ; sur les catholicos nestoriens jusqu'à Yahballàhâ III (partie éditée par H. Gismondi, supra, col. 158) ; sur la foi orthodoxe, avec extraits d'Élie I er sur les fondements de la foi, d'Élie de Nisibe sur la vérité de la foi, de Georges de Mossoul, de Makikâ II ; profession de foi composée par Michel, métropolite de Diarbékir, mise en arabe par Slibâ (qui était donc le contemporain, peut-être le collaborateur d’Amr) ; extraits du livre d'Ébedjésus sur les fondements de la foi ; profession de foi d’Iso’yahb bar Malkon ; traité envoyé par Makikâ II, lorsqu’il n'était encore que métropolite de Ninive, à un chrétien d’Ispahan ; discussion de Sabriso' bar Paulos avec un Juif sur la divinité du Christ ; discussion sur la maternité divine de Marie, d’après Iso’yahb bar Malkon : arguments divers contre les jacobites et les melkites.

Kamis bar Qardahë composa un grand nombre de poésies liturgiques, dont certaines en strophes alternées, en syriaque et en mongol ; dans le recueil très considérable du manuscrit Vatican syriaque 186, se trouve une série de 454 pièces de 4 ou 8 strophes, de nature très variée, contenant jusqu'à des formules de lettres d’amitié et des odes amoureuses. Il eut plusieurs imitateurs dans la poésie profane. A. Baumstark. p. 322 sq. Gabriel Qamsâyâ écrivit un long éloge en vers du fondateur de son couvent Sabriso' d’BeitQoqâ : Brikiso' versifia un éloge de son maître Samli ; Iso’yahb bar Mëqaddam, qui laissa 50 lettres et bon nombre de répons liturgiques, composa une grammaire en vers heptasyllabiques et se fil remarquer par ses distiques ; l'œuvre capitale d’Isaac Qardahë est une longue composition en 29 parties sur l'économie du salut, de la création à la fin du monde : Sargis bar Wahlë mit en vers une histoire des catholicos nestoriens jusqu'à Timothée II ; nous avons encore une composition de Slibâ bar David sur Nestorius. qui a été souvent copiée, et plusieurs autres morceaux. Mais tous ces auteurs ne sont que de médiocres versificateurs ainsi que Simon, métropolite de Diarbékir. Attàyê