Page:Alfred Vacant - Dictionnaire de théologie catholique, 1908, Tome 11.1.djvu/144

Cette page n’a pas encore été corrigée
273
274
NESTORIENNE (L’EGLISE), LITTÉRATURE


Nuhadrâ, et Sabriso' Rostain, moine d’Izalâ, puis de Beit Qoqâ, auteurs tous deux de plusieurs biographies ; Simon, moine d’un couvent du Kurdistan, qui écrivit la vie de Habban Hormizd, ami de son maître Rabban Yozadaq ; Salomon bar Garaph, dont un travail d’ensemble sur les ascètes célèbres a été utilisé par T ! muas de Marga ; Atqen, moine du monastère d’Apniniaran qui écrivit l’histoire de Joseph de Beit 'Abë. Ces auteurs et d’autres, comme Iso' zkâ, moine de Beit 'Abë, et Salomon de Hédattâ, ont été les sources de deux travaux importants d’histoire monastique, le Livre des supérieurs par Thomas de Marga, et le Livre de la chasteté par Iso' denah de Bassorah.

Thomas était entré dès sa jeunesse, en 832, au fameux monastère de Beit 'Abë « la maison de la forêt » ; il le quitta pour devenir secrétaire du catholicos Abraham (837-850), puis fut évêque de Marga et métropolite du Beit Garmaï. Il était très attaché à son couvent : son histoire, très vivante, des moines nestoriens célèbres est surtout celle des moines de Beit 'Abë. Mais la position qu’il occupait auprès du catholicos, le contact de la cour de Bagdad avaient élargi son horizon : son ouvrage, dépasse de beaucoup la simple histoire monastique, il est rempli de précieux détails sur l’histoire de l'Église nestorienne et à ce titre a été fréquemment cité dans la première partie du présent article.

Le Livre de la chasteté est moins intéressant, car ses notices contiennent généralement peu de détails : elles sont plus courtes que celles consacrées aux mêmes personnages par la Chronique de Séert. Iso’denah cite surtout les fondateurs et les moines auteurs ; à ce titre il est important pour l’histoire littéraire. On trouvera un résumé de ses notices dans R. Duval, La littérature syriaque, p. 222-231. Iso’denah, écrivant en 849, accepte la légende de Mar Eugène, fondateur du monachisme dans le Tour Abdin, avec tout son cercle de disciples attribués comme fondateurs à plusieurs couvents nestoriens dont plusieurs ont été l’objet de biographies isolées, tandis que Thomas de Marga, écrivant en 840, n’y fait aucune allusion ; c’est cette circonstance qui a permis de fixer aux environs de 840 la formation de la légende de Mar Eugène.

Il n’y a plus à signaler pour la période suivante que la biographie par Jean bar Kaldun de Joseph Busnayâ, mort en 979 au couvent de Rabban Hormizd, et une vie en vers de Rabban Hormizd par Emmanuel, évêque du Beit Garmaï († 1180).

L'époque de la domination arabe est très riche aussi en ouvrages de théologie ascétique sous des formes variées, sentences, exhortations, traités et lettres. Jean du Beit Garmaï avait composé un recueil de sentences ascétiques et un règlement pour les novices ; Apnimaran a laissé aussi des sentences ; Simon dëtaybutâ, moine et médecin, écrivit une Explication des mystères de la cellule monastique, un traité sur la conduite spirituelle et sans doute aussi un recueil ascétique en 7 livres de 100 sentences chacun ; Jean leBleu(Azraq ou Zaroqâ), évêque de Hirâh, est l’auteur d’un Livre de l’exhortation et d’un traité de la direction ; Ébedjésus connaissait une collection de 280 de ses lettres. Jean bar Penkayë, qui fut moine dans divers monastères, écrivit un ouvrage ascétique en sept volumes, qui demeure inconnu, et un autre de contenu ascétique, ou Livre du commerçant, dont le P. Vosté a restitué le titre et retrouvé un fragment. Recueild’auteurs ascétiques nestoriens du vu* et VIIIe siècle, dans Angelicum, t. vi, p. 143-206. Jean de Hëdattâ, qui emmené par des brigands dans le Daylom, au voisinage de la mer Caspienne, y fonda un couvent, d’où son nom de Daylomayà avait écrit huil ou neuf traités ascétiques, dont il ne nous est resté que la mention ; sa vie a été écrite par Abu Nûh al-Anbari. -Abraham bar

Dasandad, qui fut, comme exégète à l'école de BaloS, le maître de Timothée I er, d’Iso' bar Nun et d’Abû Nûh al-Anbari, laissa des lettres dont plusieurs de caractère ascétique, un livre d’exhortations, un traité De la voie royale, un autre sur la pénitence et un commentaire sur les discours de Marc le moine.

Joseph Hazzayâ était fils de mage et avait appart cnu lui-même au sacerdoce zoroastrien. Fait prisonnier par les Arabes à la prise de Nemroud et réduit en esclavage, il connut le christianisme chez son second maître, et devint moine au couvent de Rabban Slibâ, passant ensuite à celui de Mar Bassimâ et à celui de Rabban Boktiso', aont il était le supérieur lorsqu’il mourut à la fin du vine siècle. Il écrivit beaucoup sur des sujets mystiques et ascétiques, une partie de ses ouvrages étant placée, on ne sait pourquoi, sous le nom de son frère ' Abdiso', moine au monastère de Rabban Bokt iso'.Ébedjésus prétend qu’il avait composé 1900 traités. Les titres principaux sont, avec le Paradis des Orientaux déjà cité : un livre sur la théorie et ses divisions, le Livre du trésorier sur les malheurs et les châtiments ; un commentaire sur le Livre du commerçant (l’ouvrage de Bar Penkayë, qui avait été solitaire dans le voisinage de Mar Bassimâ) ; un commentaire sur la vision d'Ézéchiel ; un livre sur les causes des fêtes glorieuses ; une explication des Capita scientiæ ; un commentaire aux œuvres du Pseudo-Aréopagite ; des lettres. Iso’denah dit que Joseph fut condamné dans le synode tenu par Timothée I er en 790-791. A. Scher, Joseph Hazzayâ écrivain syriaque du rine siècle, dans Rioista degli sludi orientali, t.în, 1910, p. 45-63. Cet auteur a démontré que Joseph fut condamné non pas comme henanien, mais à cause de ses accointances avec l’enseignement des messaliens ; il a relevé en effet, dans le manuscrit des Capita scientiæ, des propositions montrant que Joseph Hazzayâ se croyait favorisé des révélations de l’Esprit-Saint, d’où son nom de Hazzayâ « voyant ». Il recommandait de prendre le Seigneur pour seul maître dans la vie spirituelle : « Entrons dans la demeure intérieure de notre âme, où l’erreur ne pourra jamais régner… Dans cette demeure, mes frères, il n’y a ni maître, ni disciples, ni docteurs, ni étudiants ; notre Seigneur seul est le docteur, le maître et le directeur de celui qui mérite d’entrer dans cette demeure ; on y voit toujours une lumière sans pareille ; des étoiles visibles y brillent toujours d’une lumière éclatante, de sorte que l’esprit est en extase et dans un ravissement ineffable. » Et encore : « Chaque fois que l’homme spirituel se met à prier dans les demeures cachées du cœur, c’est-à-dire à faire l’oraison mentale, les pensées de l'âme ainsi que les mouvements du cœur seront dans une complète inertie. Alors le feu s’allume dans le cœur et s’empare de tout le corps, à tel point que le visage, par l’effet du Saint-Esprit, devient tout rouge et resplendissant. » Ibid., p. 56. Joseph Hazzayâ avait encore sur d’autres points théologiques des idées particulières, ci-dessous, col. 306. Suspect de tenir les mêmes doctrines que son maître, dont il écrivit la biographie, Nestorius, évêque du Beit Nuhadrâ, fut obligé par Timothée I er de se rétracter avant de recevoir la consécration.

Laissant de côté Isaac de Ninive, qui a été l’objet d’un article spécial, t. viii, col. 10-12, nous avons à citer encore plusieurs noms importants. Jean de Dalyatâ, originaire du Beit Nuhadrâ, avait fait profession de la vie monastique dans un couvent de la montagne kurde, et vécut longtemps comme solitaire dans une localité appelée Beit Dalyatâ, ne se résignant que dans un âge avancé à se renfermer au monastère d’Argol, dont il devint le rénovateur, donnant à ses disciples des institutions très voisines de celles en usage dans les couvents jacobites. C’est sans doute cette circonstance qui favorisa l’extraordinaire fortune